jeudi 21 mai 2020

Il n’y a plus d’après… – Chronique du 22 mai 2020

Bonjour-bonjour

Vous connaissez la chanson de Guy Béart : « Il n’y a plus d’après / A Saint-Germain-des-Prés / Plus d'après-demain / Plus d'après-midi / Il n'y a qu'aujourd'hui », chanson à la fois nostalgique et légèrement dépressive ? C’est cette chanson dont les paroles me reviennent à chaque fois qu’on évoque « le monde d’après » – sous-entendu « après épidémie ».

Et si justement le monde de demain était comme celui d’aujourd’hui ? Que l’horloge de l’histoire reste coincée au 17 mars 2020 ? Beaucoup le craignent, d’autres le souhaitent : ce sont les « décroissants », ceux qui espèrent que l’activité humaine desserrera son emprise sur l’environnement, qu’on continuera de voir des biches sur la A6 et des herbes folles envahir les trottoirs ; que nous accepterons de fabriquer nous-mêmes nos produits ménagers et que nos pulls ou nos chandails seront tricotés par les pensionnaires des EHPAD.
Et puis il y a ceux qui croient que si le monde d’après n’existera pas, c’est parce qu’il sera identique au monde d’avant. Pas d’après quand on ne fait que retourner en arrière. Et ceux qui espèrent que la parenthèse va se refermer cet été et qu’on n’y pensera plus ne sont pas forcément des bobos impatients de faire ronfler le moteur de leur 4x4 ou de rouvrir les volets de leur chalet à Megève. Ce sont aussi les petits travailleurs qui bouclent leur fin de mois en livrant chez Uber-eat ou qui font des travaux de peinture au black pour augmenter un salaire de misère.
La situation est en effet celle-ci : nous sommes bien sympathiques de vouloir réduire l’activité économique au risque de réduire la plus-value qu’elle produit. Reste que notre ancienne manière d’agir, si nocive pour l’environnement, produisait de quoi nourrir le peuple – et je dis « nourrir » non par métaphore mais de façon délibérément objective, car on sait qu’aujourd’hui faute de cette économie sous-jacente certains foyers manquent de nourriture et que les banques alimentaires explosent leur distribution de repas. (Lu ici)

- Si la contamination d’aujourd’hui donne espoir, si un monde de demain reste un horizon auquel on aspire, c’est parce qu’elle impose une nouvelle forme de mondialisation : celle de la pandémie qui nous oblige tous à repenser notre économie. Que les chercheurs décident de mettre leur génie au service des innovations bénéfiques à l’environnement, que les États enchainent en se mettant d’accord pour imposer une fiscalité de guerre sur les plus hauts devenus, et on pourrait faire naitre une économie verte qui offre des revenus décents à tous en épargnant les ressources de la planète.
Et là, il y aurait un après à Saint-Germain-des-Près et ailleurs.

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