Bonjour-bonjour
La plage (de Saint-Malo) vue de St Malo et cette même plage vue de Paris : ce n’est pas la même, n’est-ce pas ? Et pourtant elle est l’objet du même interdit, comme si les habitants de la fière cité corsaire avaient l’idée fixe d’aller se blottir les uns contre les autres, sur cette plage immense, comme des petits canards mouillés. Non, les malouins vont sur le bord de l’eau et fixent l’horizon du regard en déclamant Chateaubriand : « Sans la femme, l’homme serait rude, grossier, solitaire, et ignorerait la grâce qui n'est que le sourire de l’amour. La femme suspend autour de lui les fleurs de la vie, comme ces lianes des forêts qui décorent le tronc des chênes de leurs guirlandes parfumées. » (1)
- Les parisiens, quant à eux ont un rapport différent aux femmes et donc à la plage. C’est là en effet qu’ils exhibent leurs chairs bronzées, prenant la pose mollement étendus sur le sable, leur tête reposant sur l’abdomen de leur chérie.
--> D’où l’interdit absolu de fréquenter ce lieu, puisque le virus risque de passer de l’une dans l’autre.
--> D’où l’interdit absolu de fréquenter ce lieu, puisque le virus risque de passer de l’une dans l’autre.
Oui, cela vaut bien sûr pour les citadins qui font de la plage un lieu où faire exploser leur sensualité. Mais pour le breton, descendant des poètes romantiques, comment imaginer que la plage soit autre chose qu’un espace mythique où les sens prennent leur envol comme l’albatros qui tourne dans le ciel ?
On voit donc que ce confinement – et le déconfinement progressif qui va lui succéder – ne saurait être uniforme. Partout où comme au bord de la mer l’homme peut se confronter à l’infini comme Zarathoustra sur sa montagne, le virus ne peut circuler
Caspar David Friedrich – der Wanderer
C’est une marque de la petitesse d’esprit des équipes de censeurs du ministère de la santé publique que d’avoir ainsi confondu extase et le régal de la chair.
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(1) François-René de Chateaubriand Génie du christianisme - Chapitre X - Le mariage
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