Bonjour-bonjour
Aujourd’hui, du bruissement. Venu de tous nos médias, il résulte des murmures de protestations tous azimuts : les uns parce que le muguet ne s’est pas vendu, les autres parce que les compétitions de foot ont été annulées, d’autres encore parce que leur département est rouge plutôt que vert sur la carte de France du déconfinement. Bref, personne n’est content ou du moins les mécontents sont plus bruyants que les autres.
Et alors ? N’est-ce pas une totale banalité ? Ne décrivons-nous pas là ce qui arrive constamment en France ? Depuis quand nos concitoyens seraient-ils réputés pour leur docilité, ou du moins pour leur discrétion dans le mécontentement ? D’ailleurs hier, 1er mai, jour de colère ouvrière, les calicots qu’on ne pouvait promener dans les rues étaient affichés aux fenêtres. – Quoi de plus banal en effet ?
Sauf que la période actuelle nous a placés dans une autre logique : non plus celle des mots, mais celle des choses. Nous ne pouvons avec des mots de colère chasser la maladie ni faire sortir des usines les marchandises qu’on ne peut plus y fabriquer, ni de terre les légumes qu’on ne cultive plus. Nous ne sommes plus au moment des décisions politiques mais à celui de la gestion des sociétés savantes. Ce qui ne fait pas toujours une grande différence puisque les deux formes de raisonnements peuvent arriver à un projet commun. Mais aujourd’hui on le voit plus nettement : alors que les politiques décident sur la base de choix venus de principes fondamentaux de la société, les savants quant à eux ne peuvent raisonner que sur les lois qui ordonnent les faits et donc décider selon les prévisions appuyées sur celles-ci. Comte le disait : « Savoir pour prévoir afin de pouvoir ».
La confusion actuelle entre ces deux ordres consiste pour l’essentiel à confondre les vérités scientifiques avec les opinions : on a fait il y peu un sondage d’opinion pour savoir si les gens interrogés considéraient que la chloroquine était un bon médicament pour lutter contre le covid19. Autant demander si on devait expulser le virus hors de nos frontières.
Bref, il y a une asymétrie entre les choix politiques et les décisions scientifiques. L’un est fondé sur des principes issus de notre esprit, l’autre sur l’ordre des choses ; et on sait depuis longtemps que l’ordre des choses n’est pas forcément le même que celui voulu par notre esprit.
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