dimanche 31 mai 2020

Le rêve américain – Chronique du 1er juin

Bonjour-bonjour

Georges Floyd : les afro-américains n’en sortent pas de la violence des blancs, de leur mépris, de leur injustice. 150 ans après l’abolition de l’esclavage, les noirs américains ne sont toujours pas devenus des citoyens à part entière, malgré la lutte pour leurs droits civiques. 
Du coup vous avez le sentiment que rien ne change, que les hommes seront toujours ce qu’ils sont aujourd’hui ; qu’ils sont à présent ce qu’ils étaient autrefois ; et autrefois… ce qu’ils ont toujours été. Et vous cherchez des exemples ?
Alors viennent en premier les cas de cruauté, de passions destructrice, l’esclavage, la guerre, les violences faites aux plus faibles… Bref : les passions tristes de Spinoza.
Il faudrait comprendre comment ces passions agissent sur nous, pourquoi elles restent inchangées au cours du temps. Je renvoie au commentaire que Deleuze fait de Spinoza (extrait ici) : les passions tristes sont l’effet sur nous des corps (= des êtres) incompatibles avec nous. A distinguer des passions joyeuses qui sont occasionnées par la coïncidence des êtres, par leur fusion et par les actions qui en découlent.
« Il y a des passions qui augmentent ma puissance d’agir. Ce sont les passions de joie. Il y a des passions qui diminuent ma puissance d’agir. Ce sont les passions de tristesse. » tel est le commentaire de Deleuze : la tristesse on l’a compris n’est pas un affect psychologique, elle est la perception d’un état d’affaiblissement, quand je me sens diminué par une situation, ou par quelqu’un.  Ainsi les évènements actuels nous font comprendre que les américains (du moins les « wasp » : blancs/anglo-saxon/protestant) se sentent dépossédés par les noirs de quelque chose qui les constitue, qui fait partie de leur être – par les noirs et par les minorités ethniques. 
Dépossédés par les noirs ? Mais dépossédés de quoi ? Certains américains l’ont dit (ça a été relayé par la presse) : « Le rêve américain c’était notre rêve, le rêve des fondateurs des États-Unis, et de leurs descendants directs ». Quand on a intégré les anciens esclaves à ce groupe, quand on a voulu en faire un seul peuple, alors ce rêve s’est brisé, car les noirs ont voulu le reprendre à leur compte. Bien sûr les autres groupes ethniques (latinos, jamaïcains etc.) ont fusionné avec les noirs pour réclamer leur intégration au peuple des blancs. Et ça n'a pas marché...
Est-ce bien sûr ? Ne s’agit-il pas simplement de rumeurs alimentées par les complotistes ? Hélas ! Il suffit de regarder les chiffres des morts par le covid’ pour s’en rendre compte : les minorités ethniques sont bien plus touchées que les blancs par le virus, comme si celui-ci effectuait un tri par races. Mais le virus n’est pas raciste : simplement, il frappe les pauvres, les faibles, ceux qui avaient besoin de la protection de l’État et qui ne l’ont pas reçue. Ceux-là ne sont pas les destinataires du « rêve américain ».
Ce n’est pas nouveaux. Mais de temps à autre, les noirs crient à l’injustice, particulièrement quand les policiers assassins de noirs sont acquittés par les jurys blancs (comme à Los Angeles en 1991, tel que rappelé hier). Aujourd’hui, ils demandent que les assassins de Georges Floyd soient condamnés pour ce qu’ils ont fait.

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