samedi 4 septembre 2021

Ayez le courage de ne rien faire ! – Chronique du 5 septembre

 


Au congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), il a été question de pollution, mais aussi des espèces vivantes, de biodiversité et de forêts primaires.

- Selon le botaniste Francis Hallé : « Pour recréer une forêt primaire en Europe, il ne faut rien faire, juste laisser la nature travailler par elle-même ». C’est un projet qui réclame le courage de ne rien faire pour laisser la forêt être elle-même pour des siècles et des siècles. Cet épisode de Futur simple s’intéresse à l’importance des forêts primaires (1) et à la possibilité de laisser à la nature le droit de grandir sans intervention de l’homme. (Lire ici)

 

Bonjour-bonjour

 

« Ayez le courage de ne rien faire ! » Voilà chers amis un projet de sauvegarde de la planète qui sonne agréablement à mes oreilles en ce dimanche matin : je peux sans aucune honte retourner à ma couette douillette et repartir au royaume des songes...

Seulement, voilà : il va falloir attendre entre 5 et 10 siècles pour juger du résultat. Et encore ! La condition sera de continuer à ne rien faire dans cette forêt inimaginable : en 2921 pourrons-nous aller pique-niquer dans cette « nouvelle » forêt le dimanche ? Surtout pas, ça risquerait de déranger les bébêtes inconnues qui y auront vu le jour. Et y cueillir du muguet le 1er mai ? N’y pensez surtout pas ! D’ailleurs y aurait-il du muguet dans cette forêt primaire new-look ? Nul ne le sait.

Revenons à Francis Hallé, qui porte ce projet et auquel on a tendu les micros en ces journées de sauvegarde de la planète. Lorsqu’on lui dit qu’un tel projet dont nous ne verrons pas l’aboutissement, ni nous, ni nos enfants, ni les enfants des enfants de nos enfants, etc. il part dans une franche rigolade : « Mais 10 siècles c’est un clignement d’œil à l’échelle géologique ! » C’est vrai... Mais on le voit bien : les gens préfèrent s’intéresser aux espèces en voie de disparition, parce qu’on peut voir le résultat en quelques décennies quand des oiseaux se remettent à pulluler dans l’habitat où ils s’étaient raréfiés ou quand les girafes réapparaissent dans leur savane natale.

Seulement voilà : la durée n’est pas seulement une expérience subjective du temps ; c’est aussi la réalité du changement éprouvé sous l’angle de la temporalité, et Bergson a écrit là-dessus plein de choses passionnantes, en ajoutant : « Il faut attendre que le sucre fonde ».... et que les chênes repoussent.

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(1) Une forêt primaire, c’est une forêt vierge, c’est-à-dire une forêt qui n’a jamais été détruite ni exploitée par l’homme. Pour plus de détail lire ici.

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