Bonjour-bonjour
Parmi les déclarations de nombreux témoins, juristes, spécialistes interrogés à propos des attentats du Bataclan, l’une d’elle a retenu mon attention. Son auteur (dont j’ai oublié de nom) déclarait en substance que ces attentats ne peuvent rien contre les États, tant leurs dégâts réels sont infimes, mais ils pèsent sur l’opinion, et nos pays sont particulièrement sensibles à de telles agressions.
On découvre à cette occasion qu’il y a deux leviers pour agir sur la vie des peuples : l’un qui est la réalité : la famine entraine des émeutes alors que la prospérité favorise la stabilité politique – ça c’est l’effet du réel sur l’histoire des peuples. Et puis les discours, les prêches, les paroles en général font aussi pencher la balance politique en démocratie – ça c’est l’effet du symbolique. Ce sont également ces deux forces que Kant distinguait dans son article consacré à l’Histoire universelle (1) : ce que les hommes ne font point par raisonnement, ils le feront contraints par la nature à savoir : instaurer la paix pour consacrer leurs forces à la production des biens indispensables à leur vie.
La violence entre les hommes les mène à dissiper une quantité de force inimaginable, et seuls les efforts pour vaincre la mort – comme les grandes pyramides égyptiennes ou le tombeau du premier empereur en Chine – peuvent être comparée à ces énormes gaspillages que sont les grandes batailles. On pourchasse aujourd’hui les gaspillages des ressources naturelles et les pollutions que cela entraîne. Se demande-t-on combien coûte à la planète la construction d’un porte-avion et quel est le bilan carbone d’un char Leclerc ?
C’est tellement vrai que la paix mondiale depuis 1945 a été attribuée à la réussite de la dissuasion nucléaire, chaque puissance craignant que lors d’une guerre atomique son éventuelle victoire ne soit payée par des destructions inimaginables. A quoi bon espérer la victoire si c’est une victoire à la Pyrrhus ?
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(1) Kant -Idée d’une histoire universelle du point de vue cosmopolitique (1784). Voir en particulier la septième proposition.
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Tu es traité comme un chien parce que tu es un porc ! – Chronique du 9 septembre (2)
Re-bonjour
Hier au procès des terroristes du Bataclan, on a entendu le principal accusé, Salah Abdeslam, crier, debout dans le box : « On est traité comme des chiens »
- Parce que t'es un porc, rétorque à haute voix une partie civile présent à l'audience.
- T'avais qu'à pas faire 130 morts ! lâche une autre. (Lu ici)
Si on veut réagir dans l’émotion, alors oui, cet homme ne peut se plaindre de ne pas être traité dignement lui qui a massacré d’autres hommes en leur niant leur qualité d’homme, eux les kouffars, indignes de vivre – au point que les exterminer ouvre à leur assassin les portes du paradis d’Allah !
Mais si à notre tour nous voulons tirer vengeance de ces meurtres, alors nous donnons la victoire à ces barbares assassins. Car ce que veulent ces hommes, c’est détruire nos sociétés édifiées sur la base de l’humanisme et non sur celle des décrets divins. Les hommes que nous voulons être ne se prosternent devant aucune entité religieuse, et surtout pas devant celles qui prônent la guerre sainte. Alors, faute de nous détruire physiquement, ce qu’ils veulent c’est détruire notre civilisation. Et crier vengeance, c’est déjà leur donner la victoire.
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