mardi 28 septembre 2021

Heu-reux ! – Chronique du 29 septembre

Bonjour-bonjour

 

Vous savez quoi ? Ce matin les français sont heureux. Oui, heu-reux ! Et pourquoi ? Parce que Yannick Jadot a été élu à la primaire EELV ? Pas du tout. Parce qu’ils vont pouvoir aller chez leur psy gratis (ou presque) ? Mais non ! Parce que la pénurie d’électricité en Chine montre que les consignes environnementales y sont enfin respectées ? Mais enfin, où allez-vous chercher tout ça ?

C’est quand même simple : les français sont heureux parce que Lionel Messi a enfin marqué un but au cours d’un match avec le PSG. Parce que, voyez-vous, à aduler un homme à ce point, on se met en situation d’être déçu. Mais voilà. Ouf ! L’exploit est arrivé et il est à la hauteur attendue. Écoutez ça : « Presque à l’arrêt et indifférent aux événements, il part de son côté droit, change de rythme brutalement, dribble, prend appui sur un partenaire (Kylian Mbappé) avant de décrocher une frappe chirurgicale de son pied gauche » Et c’est un propos lu dans le Monde, journal pourtant peu sensible aux émotions footballistiques.

Voilà donc un joueur tellement supérieur à tout ce qui arrive autour de lui : à ces gens qui courent partout après un ballon comme s’ils étaient dans la cour de récré, à cette adrénaline qui en pousse d’autres à taper dedans comme des malades comme si leur avenir en dépendait... Non - lui, à l’arrêt, indifférent, il part, il accélère, il s’appuie sur un camarade (Mbappé, juste bon à ça), et là (attention, soyez vigilant, ça va aller très vite) il décoche une frappe chirurgicale : BUT ! – et du pied gauche encore !

C’est trop de bonheur. Parce que, voyez-vous, tout cela s’est déroulé dans une micro seconde, alors qu’on attendait depuis si longtemps... Certes on avait confiance : Lionel Messi est trop bon, il ne peut décevoir ses supporters ; mais toutes ces mini-déceptions, ça finissait par faire beaucoup d’aigreurs. Et l’entraineur qui le sort au moment où il commençait à bouger ; et le méchant adversaire qui tente de lui démantibuler le genou !  

Mais voyez comme le monde est bien fait : plus vous attendiez, et plus votre désir s’accroissait ; et plus il s’accroissait plus le plaisir promettait être grand – immense... Et il fut grandiose !

Car, comme disait notre vieux Corneille : « le désir s'accroît quand l'effet se recule »

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