lundi 6 septembre 2021

Il est où, le monde nouveau ? – Chronique du 7 septembre

Bonjour-bonjour

 

Hier je vous annonçais bravement : « Si vous vous demandez comment « croitre » avec la décroissance, lisez ce blog demain, mardi »

Ce matin je découvre cet article de France Info en ligne qui nous promet (encore plus témérairement) de nous faire tout comprendre à la « décroissance » (1). Correct, me dis-je, preuve que j’ai bien perçu l’impact de cette actualité. Mieux encore, parcourant le dit-article, je tombe sur cette question : Comment concilier réduction du temps de travail et besoin accru de main-d'œuvre lié à une plus faible utilisation de la technologie ?

– Voilà ma question me redis-je on va voir ce qu’ils en pensent. Et je lis cette réponse de Dominique Bourg : « Tout le monde tâtonne là-dessus depuis dix ans et on n'a pas encore la réponse. Le design d'une société compatible avec la durabilité de la Terre est quelque chose qu'on doit encore créer et qu'on n'a pas devant nous".

Patatras ! Personne ne sait donc comment faire plus avec moins : plus de biens pour plus de gens, avec moins de production. Alors, faut-il utopiser ?

 

On peut faire appel à des utopies facilement applicables du moins en théorie : à savoir limiter la consommation en fonction des besoins réels et non en fonction des effets de modes et des manipulations de la société de consommation. Oui, mais qui donc va décider de ce qui est normal et ce qui est excessif en matière de besoins ? En cette matière, ou bien c’est la nature qui parle (comme au paléolithique), ou bien c’est la coutume (comme chez les amish) ; ou encore ce sont les circuits de distributions (avec le consumérisme (2)). Je peux très bien être favorable au mode de vie néolithique en randonnée dans les Cévennes, vouloir vivre comme un amish chez mes vieux potes barbus du Larzac, et quand même rester accro à mon iPhone 12 (3). Qui donc va décider des besoins superflus à retrancher au nom de la Planète ? On voit chaque samedi des citoyens hurlant à l’assassinat de leur liberté parce qu’on les oblige à présenter leur pass. Attendez de voir ce qu’ils vont dire quand on leur refusera l’achat d’un nouveau jean parce que le précédent a moins d’un an.

--> Où est le nouveau Mao Zédong qui va faire passer ça ?

 

Plus sérieusement, on nous propose quand même des prémices non pas de réduction de l’activité économique mais plutôt de sa réorientation vers une consommation durable. 

« Entre autres exemples, on peut citer un fourmillement d'initiatives locales autour de la low tech, de la permaculture, des circuits courts, mais aussi des espaces comme des ressourceries ou le site de seconde main Leboncoin » propose l’article cité

Re-patatras ! On n’est pas vraiment au niveau de l’innovation demandée par Dominique Bourg. Ça c’est l’avenir de la planète vue du côté des bobos qui songent à la fin du monde mais qui n’ont pas de soucis pour la fin du mois. Alors, aurions-nous plus de chance en modifiant légèrement notre question : « Dans la décroissance des besoins, n’y a-t-il que de la souffrance, ou bien peut-on chercher une vie meilleure dans des conditions de vie frugales ? »

On en reparle demain ?

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(1) Certains refusent ce vocable soupçonné d’être un repoussoir, et proposent d’autres termes tels que « minimalisme » voire même « acroissance » (avec un « a » privatif) - ou encore des périphrases telle que « frugalité choisie ». Je suis ici rigoureusement d’accord avec Pascal, les mots sont sans importance, car ils ne sont que des étiquettes destinées à nous mettre à l’esprit la définition à laquelle ils sont attachés.

(2) Pris au sens de « idéologie économique où la consommation de biens et services dispose d'une place capitale dans la société » Lire ici

(3) J’en voient qui rigolent : « Parce que tu crois que tu auras du réseaux dans le Larzac ? » Hé bien oui, je l’ai vérifié en passant à proximité de la bergerie de José Bové : on avait du réseau. C’était il y a 15 ans déjà... 

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