samedi 11 septembre 2021

La sieste : unité de mesure du temps – Chronique du 12 septembre

Bonjour-bonjour

 

Cherchant un thème léger pour un dimanche encore ensoleillé, j’épluche l’actualité : rien d’ensoleillé, je vous l’assure. Voyez plutôt l’image de ces femmes « talibanes » manifestant en faveur de leurs maitres : 

 


Brrrr... Cherchons ailleurs.


Je me suis alors souvenu d'avoir évoqué il y a longtemps (très longtemps, c’était en 2007) un thème surprenant : celui du baiser considéré comme unité de surface. Étonnant, non ? En plus c’est Diderot qui nous souffle cette idée.

Je partais en effet d’une citation de Diderot : « [C’était] une grosse dondon dont je vous dirais volontiers (…) qu’on la baiserait pendant deux mois sans relâche, sans la baiser deux fois au même endroit. ». Diderot - Lettre à Sophie Volland (7 octobre 1760)

- Voici ce que je disais alors :

« …  « on la baiserait pendant deux mois sans relâche » : ceux qui ont ricané en lisant ça devraient rougir de honte. Diderot veut simplement dire qu’on pourrait déposer des baisers sur le corps de cette dame pendant deux mois, sans que ça se chevauche.

Voici donc une nouvelle définition pour notre dictionnaire :

Baiser subst. masc. Unité de mesure de surface de la peau.

Ex. : Chéri, j’ai encore pris trois baisers de tour de taille ce mois-ci.

On croit badiner, et tout à coup le propos se révèle sérieux. Car depuis la révolution française, on utilise des unités de mesure abstraites. C’est ainsi qu’un mètre peut servir aussi bien à mesurer la taille d’un homme que les dimensions d’un champ, ou encore (sous forme de kilomètres) la distance entre deux villes.

Or, si dans l’ancien régime les mesures étaient tellement nombreuses, c’est qu’elles n’étaient pas abstraites : certaines d’entre elles étaient en rapport directe avec ce qu’elles servaient à mesurer (1). Exemple : le baiser pour mesurer le tour de taille d’une femme ? Oui, mais plus sérieusement : le journal qui servait à mesurer la surface des champs, et dont l’aire était définie par la surface labourable par un homme en un jour (= journal). 

Car la mesure nous apprend quelque chose de ce qui est mesuré : alors que 100 hectares ne signifient pas grand-chose en eux-mêmes (s’agit-il de terre labourable, de prairie, de désert, on ne sait), le journal nous dit « voici de combien de jours un homme aura besoin pour cultiver ce champ ». Supposons qu’on dise : « Ce terrain de foot mesure 3 journaux » ce serait absurde, non pas parce qu’inapproprié, mais parce que ça ne correspond plus à notre époque : à chaque époque son unité de mesure. 

Alors aujourd'hui, justement, l’unité fréquemment utilisée est le terrain de football – exemple : un hangar d’Amazone grand comme 3 terrains de foot ; une salle de conférence grande comme un terrain de foot, etc. C’est également inapproprié, sauf que ça nous parle plus que les unités de mesures abstraites de la physique. Car l’unité de travail d’une force (le joule) sert aussi bien à mesurer l’énergie que je dissipe en tapant sur les touches de mon clavier, que ce que j’absorbe en mangeant mon yaourt. Abstraction pure.

Je propose donc qu’on revienne à un système de mesure concret, dont les unités aient un sens.

Pour commencer :

- La sieste. Unité de temps servant à mesurer une durée dans la journée d’un homme

Ex. : ce travail m’a pris trois bonnes siestes. »

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(1) Attention à ne pas confondre avec l’usage de ces unités de mesure, telles que la coudée, le pied, etc., qui pouvaient servir à mesure n’importe quoi. Leur particularité était seulement d’être définies à partir du corps, ce qui dispensait d’aller chez Castorama pour trouver un triple mètre rétractable.

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