mercredi 1 septembre 2021

Pas vacciné ? Vous êtes viré ! – Chronique du 2 septembre

Bonjour-bonjour

 

Alors que l’obligation vaccinale arrive aujourd’hui pour les soignants dans un concert de protestations (voir ici), voici que nos amis américains, toujours aussi pragmatiques, nous montrent comment traiter ce problème avec la plus grande simplicité. C’est ainsi que devant une recrudescence de l’épidémie aux États-Unis en raison du refus du vaccin dans certains États, les chefs d’entreprise n’hésitent pas, comme le rapporte ce bulletin de France-info : « Les entreprises ne veulent pas avoir à refermer leur business une nouvelle fois. Et si ça doit passer par la vaccination obligatoire, elles le feront » déclare Dorit Rubinstein Reiss, professeure spécialisée en droit du travail et de la santé. » (Lu ici)

 

On est ici encore une fois en présence du contraste entre la loi naturelle et celle des États – c’est ainsi qu’on peut être dans la rue de deux façons différentes : soit parce qu’on manifeste pour infléchir une décision politique jugée inique ; soit parce que la misère vous y a jeté. D’un côté, la liberté de choisir d’être ou non vacciné ; de l’autre la nécessité naturelle.

Mais cette nécessité est-elle vraiment naturelle ? La manière de la rencontrer peut varier d’une période à l’autre de l’histoire – ou aussi d’une civilisation à l’autre. Les pauvres soumis faute de soin aux rigueurs de la maladie ne peuvent pas lutter contre elle – pas plus que nous ne serions capables de dévier la trajectoire d’une météorite qui va nous percuter. Dans d’autres pays, c’est la nécessité de réaliser du profit qui aimante la boussole des contraintes : que vaut la liberté individuelle devant les dividendes versés par les entreprises ? Ainsi, l’histoire de l’humanité n’est pas celle de l’apparition de nouvelles bases pour vivre ensemble, mais seulement celle du changement des moyens d’assurer son pouvoir sur les autres.

 

Autrefois la circulation des biens était assurée par l’alternative pillage/don. La loi du plus fort était toujours aussi présente, au pillage guerrier issu de la violence succédaient les libéralités par les quelles le chef de guerre récompensait ses soldats. Avec le progrès, l’échange s’est généralisé, en même temps que l’argent devenait le moyen de faire circuler les richesses – donc de les acquérir et de les accumuler. C’est ce système qui sert de base aux sociétés dès lors que la sécurité relative a été assurée. 

Car, pourquoi vivons-nous ensemble ? Pour échapper à la faiblesse et à la mort ? Et quoi d’autre ? Pour obtenir la sécurité de l'avenir pour nos enfants ? Mais comment y parvenir ? Ne serait-ce pas en accaparant des ressources et en réduisant d’autres hommes à la servitude ? C’est en tout cas ce que Hobbes montre : la sécurité ne nous est jamais garantie pour l’avenir sauf si on a accumulé suffisamment de pouvoir pour empêcher nos semblables de nous ravir nos biens. Soit en les intimidant ; soit en les obligeant à nous servir.

Faut-il voir dans cette "loi de nature" (Hobbes) la justification du mécanisme d'accumulation capitalistique ? Peut-être, mais pour nous, qui nous limitons à l'évocation du l'obligation vaccinale, l'essentiel est ailleurs.  

On arrive en effet à la conclusion suivante : y aurait un double ressort à cette obligation 1° par rapport à nous-mêmes c’est le besoin d’assurer notre survie ; 2° par rapport aux autres, c’est la nécessité subie ou imposée de continuer à alimenter les profits du capital par notre travail. 


Mais alors, quid du souci humanitaire ?

- Que nous importe que les peuples autochtones d’Amazonie ou  d’ailleurs meurent massivement faute d’avoir les doses que nous nous réservons pour une 3ème injection de vaccin ?

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