lundi 27 septembre 2021

Polemos et Philia – Chronique du 28 septembre

Bonjour-bonjour

 

Maintenant que les élections allemandes sont passées, on se plait à comparer la campagne qui vient de finir outre-rhin avec celle qui commence ici même. Alors que chez nous tout n’est que bruit, fureur, haine et plaintes en diffamation – là-bas, ce sont débats feutrés, capacité à s’entendre pour gouverner ensemble qui dominent ; on dit même que le mot « immigré » n’a été prononcé qu’une fois au cours de leurs débats ! On peine à le croire.

 

Mais que l’Allemagne et la France s’opposent sur ce point ne serait pas inquiétant si les philosophes ne venaient à mettre leur grain de sel, déplorant que ces deux tendances soient opposées de part et d’autre du Rhin au lieu d’être présentes, mélangées même, dans chacun de ces deux pays. Car depuis Héraclite, cela est bien connu : il faut que Polemos et Philia soient unis pour que le monde soit.

C'est Héraclite – le « philosophe obscur » – qui le dit cette fois clairement : rien ne serait s’il n’y avait des conflits, des combats, bref, si rien ne s’opposait à rien : pour que le monde soit, il faut au moins deux termes distincts, mis en relation et en opposition par Polemos, le principe du conflit. Mais il faut aussi qu’ils soient réunis par Philia, principe de la concorde et de l’amitié.

D’où l’idée que la guerre est nécessaire entre les peuples, qu’elle répond de leur dynamisme et de leur vitalité ; mais comme en même temps les nations isolées dépériraient il faut qu’une force opposée les réunisse. Ainsi les grecs passaient leur temps à se faire la guerre et aussi à conclure des alliances entre les cités. Jamais aucune troisième tendance, synthèse de ces deux-là n’a été réalisée, elles subsistaient sous l’empire du « En même temps » bien connu de Notre-Président.

Héraclite avait raison : c’est cela qui rend possible la vie politique ; sans jamais se confondre ni se mélanger, les partis politiques doivent savoir conserver leur identité tout en renonçant à une partie de leurs prérogatives pour gouverner en commun - ce qui est leur véritable finalité 

- Mais alors : à quoi conduit la séparation de ces deux principes dans chacun des pays qui bordent le Rhin ? Les français ont choisi une règle électorale telles que l’un des deux protagonistes soit terrassé au soir des élections : Polemos vainqueur ne laisse triompher qu’un seul parti : celui du Président. On a bien l’unité mais pas la diversité. En Allemagne où les résultats de l’affrontement sont moins tranchés, Polemos s’efface devant Philia, cédant le terrain à une coalition... garantie par un engagement des partis concernés de soutenir le gouvernement pendant 4 ans. Toutefois on sent bien que quelque chose cloche : l’amitié soutenue par engagement volontaire, est-ce bien sérieux ? En tout cas, c’est ce qui arrive quand le conflit est éradiqué ... par la force.

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