samedi 3 septembre 2022

Badiou et l’anarcho-communisme – Chronique du 4 septembre

Bonjour-bonjour

 

L’Obs publie (ici) une tribune d’Alain Badiou sur le choix nécessaire du communisme, sous forme de 13 thèses (faisant sans doute allusions aux Thèses de Marx sur Feuerbach, qui n’étaient que 11). J’avoue être en difficulté pour commenter cette longue recherche si claire et si nettement structurée : le cadre de ce Blog ne s’y prêterait d’ailleurs pas.

 

Ne parvenant pourtant pas à rester passif devant cette Tribune, je me contenterai de faire écho à sa conclusion.

« Il existe aujourd’hui deux voies pour l’organisation générale de l’humanité, la voie capitaliste et la voie communiste. La première n’est que la forme contemporaine de ce qui existe depuis la révolution néolithique, il y a quelques milliers d’années. La seconde propose une deuxième révolution globale, systémique, dans le devenir de l’humanité. Elle propose de sortir de l’âge néolithique. » (Thèse 8)

Comme on le voit la thèse d’Alain Badiou prend du champ par rapport à l’histoire puisqu’elle considère que le capitalisme est l’aboutissement d’un processus commencé il y a plus de 10000 ans. Cro-Magnon et Elon Musk : même combat.

 

Mais sortir de cette voie suppose que le peuple prenne le pouvoir et l’exerce par lui-même 

            * sans s’en laisser déposséder par des partis politiques (voie démocratique) (1)

            * ni par des cliques l’exerçant sous couvert de représentation de ses intérêts (totalitarisme). (2)

L’État, quelle que soit sa forme, ne peut en aucun cas représenter ou définir la politique d’émancipation (Thèse 12). La position d’Alain Badiou arrivée à son terme, nous lâche dans le vide (je résume) : « Desserrez la carcan de l’État, émancipez-vous de sa tutelle, ici et maintenant, soit en luttant contre son oppression, soit en constituant des zones de liberté en dehors de sa tutelle ; et arrivés là, inventez tout ce que la vie et l’histoire vous laisseront désirer. »

 

Refusant la démocratie représentative parce que la représentation est un leurre, Alain Badiou refuse à l’organisation politique toute légitimité autre que celle d’organisation concrète du travail. Il demande aux jeunes d’inventer leur vie sans se soucier d’une quelconque vocation politique. Nul doute que le mouvement des Gilets-Jaunes donne une image assez précise de ce qu’il voudrait voir réaliser.

La parade de l’État contre ces mouvements populaires consiste non pas à les réprimer mais à les reconduire vers leur position d’assisté en lâchant des milliards de subvention (3).

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(1) « La forme Parti classique est aujourd’hui condamnée parce qu’elle s’est définie elle-même, non pas par sa capacité à faire ce que dit la thèse 9, à savoir le travail de masse, mais par sa prétention à « représenter » la classe ouvrière, ou le prolétariat.

(2) « Il faut rompre avec la logique de la représentation sous toutes ses formes. L’organisation politique doit avoir une définition instrumentale, et non pas représentative. Du reste, qui dit « représentation » dit « identité de ce qui est représenté ». Or il faut exclure les identités du champ politique » (Thèse 11)

(3) Voir les 10 milliards de subvention accordés le 10 décembre 2018

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