Bonjour-bonjour
Oui, la Reine Elisabeth 2 est morte et beaucoup de britanniques ont le sentiment d’avoir perdu leur grand-mère.
- Leur grand-mère, peut-être – mais pas leur reine. Car celle-ci est immortelle en tant que dépositaire de la souveraineté qui constitue la part incorruptible des monarques ; Elisabeth 2 est morte mais elle s’est immédiatement réincarnée en la personne de Charles 3, son fils. Tel est le sens de l’adage « Le Roi (ou la Reine) est mort(e), vive le roi » signifiant que le roi succède à la reine dans l’instant même de son dernier souffle. Cette théorie distingue le corps naturel faillible, sujet à la maladie, à la décrépitude et à la mort – du corps social, qui survit à la mort du roi et des sujets, qui les incorpore, et n’est soumis ni à la maladie ni à la décrépitude.
Le théoricien qui a dégagé le premier cette conception (1) voulait montrer que cette représentation de la souveraineté est directement issue de la théologie christique : Jésus est en effet à la fois homme et donc mortel, et en même temps Christ ressuscité qui trône à la droite du Père. « Le roi, dans son corps naturel et charnel, est un homme mortel tout comme Jésus de Nazareth, qui fut crucifié sous Ponce Pilate et mis au tombeau. Le même roi, succédant à son prédécesseur défunt (« le roi est mort, vive le roi »), oint lors du sacre, paré de ses insignes, de la couronne, du globe et du sceptre, est semblable au Christ ressuscité, tête de l’Église des croyants, qui est son corps sur terre » précise cet article de Wikipédia.
… Tout ça est bien beau, mais voilà que nous sommes en train de comparer le nouveau roi Charles 3 au Christ – rien que ça.
o-o-o
- Que va-t-il devenir maintenant que sa maman n'est plus là ?
- Moi, ce qui m’intéresse c’est de voir comment les britanniques aux prises avec une crise économique sans précédent vont digérer cette perte. Vont-ils comme pour Diana se réunir afin de pleurer tous ensemble ? Ou bien sans attendre la fin de la trêve de 12 jours de deuil, vont-ils ressortir les banderoles et installer des piquets de grève ?
----------------------------
(1) Il s’agit de Ernst Kantorowicz, professeur à Princeton, qui publia en 1957 « Les Deux Corps du roi. Essai sur la théologie politique au Moyen Âge », repris en Folio histoire n° 293.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire