A l’heure actuelle on demande la sobriété à tous, en excluant toutefois les pauvres qui sont dans la sobriété sans avoir à s’y plier volontairement. La vertu ne serait donc pas à la portée de tout le monde ? Y aurait-il, avec les pauvres, des gens qui n’y auraient pas droit parce qu’incapables de la réaliser ?
Par exemple : peut-on être généreux en étant pauvre, alors qu’on parvient à peine à se suffire à soi-même ?
La générosité a un signe distinctif : elle donne sans compter, mais du coup on se demande si elle est à la portée de tout le monde : le nécessiteux qui fait appel à la générosité des autres peut-il à son tour être également généreux ? Et si oui, qu’a-t-il à donner ?
Albert Camus écrivait « La pauvreté est un état dont la vertu est la générosité. »
Si nous le suivons, nous pourrons répondre affirmativement car il peut y avoir toute sorte de générosités, et même ceux qui ne possèdent pas de ressources financières peuvent encore être généreux :
- parce que même dans le dénuement, on a encore quelque chose qui est du temps, de la durée ; le retraité passe bénévolement une après-midi entière à trier le courrier pour l’Assoc’.
- parce qu’étant vivants, les pauvres peuvent encore prodiguer leurs sentiments, comme de la compassion ou les prières des dames patronnesses.
- Albert Camus note pour sa part que la générosité est plutôt une vertu qu’un acte simplement objectif. La générosité réside dans la façon de donner plus que dans l’acte : on peut donner de son temps ou de son attention de plein de façons différentes, par ouverture aux autres – mais aussi par désir égoïste de se faire admirer.
Par nature la générosité consiste à ne pas distinguer le « mien » du « tien », mais il y a aussi des manières fort peu généreuses de donner à tout vent : le riche qui distribue des billets de banque fait peut être simplement preuve de prodigalité ; la belle femme qui ne ferme pas tout à fait la porte de la salle de bain est peut être exhibitionniste…
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