Bonjour-bonjour
Nous sondons le passé pour comprendre le présent : ainsi de la réussite d’Homo sapiens en concurrence avec Homo néandertalensis. Si nous comprenions grâce à quelle faculté nos ancêtres ont réussi à s’imposer là où l’espèce Neandertal triomphait depuis des centaines de milliers d’années, alors nous saurions peut-être mieux à quelle faculté nous confier pour réussir face aux dangers de l’avenir.
Voyez cette photo : à gauche Sapiens ; à droite Neandertal. Vu comme ça, il n’y a pas beaucoup de différences, sauf pour la forme du crane : front bombé pour l’un, crâne tiré en chignon pour l’autre. C’est peu et c’est beaucoup, car avec son front bulbeux le sapiens a eu la possibilité de loger dans l’espace frontal d’avantage de neurones que son cousin : « La production de neurones dans le néocortex au cours du développement fœtal est plus importante chez l'homme moderne qu'elle ne l'était chez l'homme de Neandertal, en particulier dans le lobe frontal », résume Wieland Huttner dans ce récent article. « Il est tentant de supposer que cela a favorisé les capacités cognitives humaines modernes associées au lobe frontal. »
Bref, ce qui est la marque de l’homme moderne, ce sont ses capacité cognitives car ce sont elles qui lui ont permis de dominer la réalité – non seulement en la comparant au passé, mais encore en évaluant son évolution grâce à des projections sur l’avenir. Et pour cela il a suffi d’une toute petite mutation de rien du tout, qui a facilité la prolifération des neurones (cf. art. cité).
- La cause est entendue : ce sont nos facultés cognitives qui seules peuvent nous sauver des dangers du monde, à commencer par les changements climatiques induits par… les productions de notre intelligence.
L'intelligence serait donc capable du pire comme du meilleur ? Voilà le doute qui s'installe : faut-il se réjouir ou se désoler du triomphe de Sapiens ? Où en serions-nous si c’était Néandertal qui s’était imposé ? Lui qui devait gérer sa vie uniquement avec ses émotions (1) et les traditions qui les canalisaient, n’aurait-il pas su mieux que nous préserver les ressources de la planète ? Les humains seraient peut-être moins nombreux aujourd’hui, mais justement n’est-ce pas cela que la Nature nous impose avec violence à présent ? À quoi bon cette anticipation rationnelle si c’est pour se désoler du résultat ?
Dans ce cas, le philosophe du jour c’est Rousseau – celui du Discours sur les sciences et les arts.
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(1) Sur la production des émotions dans le cerveau moderne, voir ceci
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