vendredi 27 janvier 2023

Homo loquens – Chronique du 28 janvier

Bonjour-bonjour

 

J’aime bien quand les bulletins d’actualité dispensés par Google-news se répondent – sans bien sûr que cette coïncidence ait été voulue.

- Ainsi de cette information concernant les progrès des machines à traduire, qui viennent relayer ceux du logiciel de « chat » capable de tromper les utilisateurs qui ignorent qu’ils dialoguent avec un logiciel. Après tout, le « test de Turing » destiné à établir si nous parlons à une machine ou à une être humain reste d’actualité.

Voici qu’aujourd’hui des chercheurs prennent cette capacité de la machine à traduire des textes d’une langue dans une autre comme marqueur des progrès de l’intelligence artificielle, concluant que dans 7 ans elle aurait acquis l’autonomie par rapport aux interventions de l’homme.  

--> Et c’est dans le même temps que je tombe sur cet édito de Yannick Haenel qui rappelle que le langage est une activité spécifiquement humaine dans la mesure où elle ouvre un horizon de création inépuisable : aurons-nous jamais fini de commenter par exemple les Écritures bibliques ?

Toutefois, si le langage est inépuisablement renouvelé, ce n’est pas un fait constant ni irréversible. « La platitude des énoncés qui envahissent continuellement la planète témoigne d’une volonté d’oblitérer la dimension poétique et spirituelle du langage, dont l’appauvrissement actuel est organisé avec application » déclare Yannick Haenel.

Qui ajoute : « La poésie est cette part sacrée qui, dans le langage, échappe à l’emprise de la société. En cela, elle est irréductible : ainsi y a-t-il en elle de l’indemne, c’est-à-dire étymologiquement ce qui est non damné – ce qui échappe à l’enfer. »

 

Bref : à vouloir tout déléguer aux machines, nous perdons ce qui fait notre richesse : ce n’est pas la machine qui se met au niveau de l’homme, mais l’homme qui se met au niveau de la machine. Que nos intelligences artificielles soient capable de réciter de façon tout à fait élégante et même convaincante des contenus de leur base de données : soit. Qu’elles nous fassent un commentaire définitif d’Une saison en enfer : non !


Henri Fantin-Latour - Rimbaud à l'âge de 18 ans

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N.B. Homo loquens : Être humain comme le seul être parlant, distingué des autres animaux.

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