Bonjour-bonjour
Lorsqu’on est seul, à quel moment se sent-on le plus seul ? Ne serait-ce pas lors du partage de la galette des rois ?
- En effet : voici revenue l’épiphanie et sa traditionnelle galette des rois que l’on partage en famille ou avec des amis, selon un rituel bien rôdé, le petit dernier sous la table pour guider la distribution des parts : l’innocence est convoquée pour que l’attribution de la fève soit bien l’effet du hasard… voire même du destin.
Cette année on trouve des galettes des rois à la taille … d’une personne, la fève restant bien sûr incluse :
« Tout le plaisir d'une bonne galette des rois d'artisan dans une version individuelle très gourmande. Avec en plus la certitude d'avoir la fève. » peut-on lire ici.
--> Créer un semblant de confraternité avec une galette qui permet de simuler la présence de la famille traditionnelle : on devine quelle détresse se cache derrière ce subterfuge. Imaginez l’homme ou la femme esseulé qui à la fin de son repas sort cette galette, la cache sous une serviette pour l’attribuer… au seul convive présent. Quel est donc ce roi qui ne règne sur personne, parce qu'il est un roi solitaire? Quelle souffrance de solitude faut-il imaginer pour comprendre qu’on puisse se livrer à ce stratagème – et y croire.
C’est l’occasion de sonder la souffrance de la solitude : à quel moment est-elle la plus forte ? Quand on se lance dans une entreprise nouvelle sans que quiconque suive nos pas ?
- Peut-être mais ce n’était pas l’avis de Schopenhauer : "chacun fuira, supportera ou chérira la solitude en proportion exacte de la valeur de son propre moi", disait-il (1)
- De son côté, revenant au partage du repas, Kant disait qu’à ce moment l’essentiel n’est pas ce qu’on mange, mais avec qui on mange : car un repas est fait pour échanger des propos agréables et édifiants (2). Encore faut-il avoir des commensaux.
- Quant au Chat, sa philosophie reste éminemment relativiste :
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(1) « …chacun fuira, supportera ou chérira la solitude en proportion exacte de la valeur de son propre moi. Car c'est là que le mesquin sent toute sa mesquinerie, et le grand esprit, toute sa grandeur ; bref, chacun s'y pèse à sa vraie valeur ». Schopenhauer - Le Monde comme volonté et comme représentation.
(2) « Manger seul (solipsismus convictorii) est malsain pour un philosophe. » Kant – Anthropologie du point de vue pragmatique (Didactique anthropologique – Livre III, Du bien physique et moral suprême)
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