lundi 23 janvier 2023

Versailles : un patrimoine en pleine actualité – Chronique du 24 janvier

Bonjour-bonjour

 

Catherine Pégard, nommée en 2011 à la présidence du domaine de Versailles, est en intérim de son poste depuis deux ans et le gouvernement cherche à la maintenir jusqu’aux Jeux olympiques. Elle aura alors 70 ans. En effet, en 2024, le domaine de Versailles sera un site important des Jeux olympiques pour les concours hippiques. 

 

- Ce n’est pas pour attirer votre attention sur l’âge de la conservatrice du Château de Versailles que je porte aujourd’hui mon regard dans cette direction. C’est pour noter que, si on ne parvient pas à remplacer cette dame qui est au travail bien au-delà de l’âge de la retraite, même revue et corrigée par le Président Macron, c’est parce qu’elle a su animer le Château et le maintenir dans l’actualité d’une façon pleine de sens. Et en effet, faire que les concours équestres aient lieu dans le parc du Château de Versailles, c’est bien vu : on imaginera les cavaliers d’aujourd’hui avec leur chevaux évoluant dans le décor du Parc dessiné par Le Notre comme si leur toques étaient des chapeaux à plumes, et réciproquement le Grand siècle versaillais s’animera bien mieux qu’avec des sculptures abstraites installées dans la Galerie des glaces.

C’est l’occasion de revenir sur la notion de patrimoine dont nous sommes particulièrement friands – et pas seulement nous, car il suffit de voir affluer des visiteurs des quatre coins du monde pour s’en persuader. Il est facile en effet de considérer que le patrimoine est fait de biens matériels, châteaux, églises, objets d’art, livres etc. venus du fond des âges et que nous nous efforçons de conserver en l’état. Encore faut-il que nous en ayons envie, qu’ils représentent quelque chose pour nous, aujourd’hui. Que ce château du 17ème siècle soit encore admirable aujourd’hui, au 21ème siècle, cela suppose qu’on ait encore quelque chose à imaginer, à faire dans ces lieux. Conserver un patrimoine ce n’est pas seulement l’entretenir, c’est aussi l'animer de façon adaptée, en organisant par exemple des spectacles son et lumière dans des ruines médiévales, des concerts dans la salle de bal du château de Fontainebleau, ou dans des églises.

 

Reste quelques tentations auxquelles il faut peut-être résister, comme de vouloir reconstituer une époque. A Versailles on n’imagine pas faire de faire évoluer des chevaux pour un carrousel, que pourtant la cour aurait apprécié : les concours hippiques sont bien d’aujourd’hui mais il y a moyen pour notre imagination de faire la synthèse avec le décor. Par contre on se rappelle qu’en 2004 les Jeux Olympiques avaient eu lieu à Athènes avec, tenez-vous bien, le concours de javelot à Olympie ! J’en rêvais tant… Mais le jour venu : déception ! Des athlètes perdu dans un décor de pâturage pelé, en totale contradiction et avec les jeux actuels et surtout avec ce qu’on imaginait des jeux antiques pour lequel les grecs avaient unanimement posé les armes. La patrimoine s’était évanoui sans que rien ne soit venu le détruire. La magnificence n’était pas au rendez-vous – et comment l’aurait-elle été, puisqu’on ne sait pas grand-chose de la façon dont les jeux étaient organisés il y a 2 millénaires et demi ? Le mieux dans ce cas est de laisser le public imaginer tout seul cette réalité évanouie : même si la réalité historique n’est pas là, il n’y moins a du moins pas de déçus.

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