lundi 16 janvier 2023

Message aux survivants du « blue monday » - Chronique du 17 janvier

Bonjour-bonjour

 

Nous sommes mardi 17 janvier : si vous me lisez alors c’est que vous ne vous êtes pas suicidé hier, lundi 16, le jour le plus déprimante de l’année (ou pour parler comme les anglo-saxons le « blue monday »).

 

Inutile de revenir sur les raisons qui ont poussé à considérer cette date comme étant la plus favorable à la dépression ; notons simplement qu’on a fait tout ce qu’on pouvait pour qu’il en soit ainsi en concentrant sur le mois de janvier les augmentations des taxes, les interdits – y compris le fameux « janvier sec » (c’est-à-dire sans une goutte d’alcool).

Qui donc nous aidera à nous sortir de cette situation ? 

--> Demandons à Spinoza.

 

Selon Spinoza, nous sommes sujets à des « affections » (ce que certains traduisent par « passion ») qui sont des sentiments qui agissent sur nous en augmentant ou en diminuant la « force d’exister », « la puissance d’agir ». On comprend que ces sentiments (que nous avons baptisés « passions tristes ») font partie de ces affects. « Il s’agit de la crainte, du désespoir, du sentiment d’impuissance (« humilité »), le sentiment d’infériorité (« abjection »), la haine, la honte, le repentir et même la pitié… Pour résumer, rappelons que Spinoza définit la tristesse comme « une passion par laquelle l’âme pousse à une moindre perfection ». (Résumé inspiré de cet article)

Il y a donc des affections qui réduisent nos forces et qui nous attristent. A l'opposé, y aurait-t-il des affection joyeuses ? Oui, à condition d’entendre par-là ces affections actives, qui ont la particularité d’être issues de notre propre personne, lorsque nous parvenons à gouverner nos sentiments à l’aide de la connaissance que nous en avons. Dans ce cas, on ne pâtit pas de nos affects : on agit sur eux, selon les idées « adéquates » que nous en avons, ce qui nous conduit (toujours selon Spinoza) à la sobriété, la chasteté… mais aussi à l’amour, tant que la raison veille. 

Devons-nous donc vivre comme des moines trappistes et nous priver de tout ce qui réjouit habituellement les hommes ? Certes non, et le texte qu’on pourra lire en annexe a justement pour rôle de refuser cette situation.

Car, pour éviter les affects qui réduisent notre force d’exister, il ne faut pas éviter toutes sortes d’occasions où nous les rencontrons, mais nous devons simplement gouverner leur usage : ce qui suppose que nous soyons attentifs à ce qui réjouit les différents parties de notre être. Car l’essentiel est là : notre corps a des besoins variés selon les parties qui le composent : le plaisir à manger gras par exemple peut bien être utile pour certains de nos organes et constituer un poison pour d’autres. D’où l’idée de modération sous la double contrôle de notre intellect : d’une part qu’il sache ce qui est bon pour nous ; d’autre part qu’il sache également à partir de quand cet aliment devient un poison.

Comme le disait Paracelse : « C’est la dose qui fait le poison ».


--> Allez-y, les amis : picolez mais dans la juste mesure de vos facultés organiques. (Pour en être assuré lisez ici le joyeux sermon de l’archevêque de Mayence)

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Annexe :

« Il est d’un homme sage de se refaire et de se recréer en mangeant et buvant de bonnes choses modérément, ainsi qu’en usant des odeurs, de l’agrément des plantes vertes, de la parure, de la musique, des jeux qui exercent le corps, des théâtres, et des autres choses de ce genre dont chacun peut user sans aucun dommage pour autrui. Car le corps humain se compose d’un très grand nombre de parties de nature différente, qui ont continuellement besoin d’une alimentation nouvelle et variée pour que le corps soit également apte à tout ce qui suit de sa nature, et par conséquent pour que l’esprit soit lui aussi partout également apte à comprendre plusieurs choses à la fois. » - Spinoza, Éthique IV, Proposition XLV, Scolie du corollaire II

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