mercredi 11 janvier 2023

Solidarité intergénérationnelle : porter un vieux sur une épaule et un jeune sur l’autre – Chronique du 12 janvier

 

 

Énée fuie Troie en flamme en portant Anchise et son fils Ascagne – Statue du Bernin

 

 

 

Bonjour les amis,

 

Regardez bien cette statue, elle ne vous dit rien ? Cet homme qui porte sur son dos son vieux père et son jeune fils : ne serait-ce pas vous, tel que le financement des retraites des vieux et de l’éducation de vos enfants vous l’impose ?

Car, oui : on s’emberlificote dans le calcul de ce qui faudra payer pour, dans 30 ou 40 ans, avoir droit de ne rien faire ; et pendant ce temps, on finance au jour le jour les retraites payées maintenant – et à celles-là, au nom de la solidarité intergénérationnelle, s’ajoute tout ce qu’il faut pour financer la vie et les études des petits. 

Je parlais récemment de Marx et de sa théorie de l’aliénation par le travail. On peut y revenir avec l’identification, chère au capitaliste, du travailleur à la machine qui fonctionne dans l’atelier. Une machine, dit Marx doit fournir de la valeur pour financer son remplacement lorsqu’elle sera usée : c’est ce qu’on appelle son amortissement. Il faut donc que le salaire du travailleur lui permette d’avoir des enfants et de les élever, de sorte qu’ils viennent, lorsque leur vieux père sera usé par le travail, prendre sa place dans l’atelier. Dans ce schéma, il n’y a pas de financement des retraites envisagées : le vieux, incapable de travailler disparaitra naturellement comme la machine mise au rebut.

Ça, c’est l’implacable logique du capital. Par contre aujourd’hui, où nous voulons une société du travail à visage humain, nous avons mis l’existence individuelle au centre de nos préoccupation : il faut que chacun, par son travail ait une « bonne » vie, celle qui mérite d’être vécue. Et cela, non seulement demain, quand nous serons retraités, mais déjà aujourd’hui même. Et c’est pour cela que l’absence de travail est primordiale. Vivre sans travailler, tel est l’idéal des générations du 21ème siècle.

Si une telle utopie est impensable, du moins, travaillons dans l’espoir (pour bientôt) de ne plus travailler du tout.

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N.B. Je n'ai pas évoqué ici la théorie selon la quelle c'est dans l'entreprise que doit commencer la recherche du bonheur.

Peut-être... Mais de toute façon c'est une confirmation que, bien plus que le travail, c'est le plaisir individuel qui constitue la valeur qui oriente la vie.

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