dimanche 8 janvier 2023

Brésil : un coup d’éclat ou un coup d’État ? – Chronique du 9 janvier

Bonjour-bonjour

 

Après l’assaut contre le Capitole américain par les « trumpistes », il y a juste deux ans, voici que les lieux de pouvoir du Brésil (le Congrès, la Cour suprême et le palais présidentiel à Brasilia) ont été pris d’assaut par les militants pro-Bolsonaro. Lire ici.

 

Le rapprochement de ces deux informations  peut troubler : 

1° Certes considérer qu’on a là deux manifestations identiques du populisme, avec son indifférence à la démocratie et son complotisme voyant dans la perte du pouvoir la preuve d’un trucage électoral peut tenter. Toutefois il serait plus exact de dire que la contestation du résultat des élections repose moins sur la dénonciation d’un trucage que sur la certitude de connaitre intuitivement la volonté populaire, qui ne peut perdre et qui s’incarne dans la personne du chef. On a affaire à une conception organique de la vie politique, qui fait du chef une tête pensante et agissante, qui se ramifie dans ces partisans-activistes sorte d’extension de sa volonté.

 

2° On peut aussi observer que la prise des lieux de pouvoir n’a pas été soutenue par l’armée, ou du moins par sa passivité bienveillante – tandis que la foule populaire venue proclamer un chef charismatique comme nouveau président a fait défaut – ce qui aurait été le cas avec un coup d’État classique. Et en effet, dans le cas du Capitole américain comme dans celui de Brasilia la police a suffi à chasser les manifestants, ce qui montre que ceux-ci étaient sans soutien véritable. 

Là encore, ces assauts étonnent :  comment ceux qui y ont participé n’ont-ils pas imaginé que leur coup d’éclat ne se transformerait jamais en coup d’État, faute de soutien militaire ?

La seule hypothèse plausible est qu’ils ont cru que leur conviction, illustrée par leur violence, suffirait à faire basculer l’opinion, qui reconnaitrait d’un coup leur légitimité .

- En saccageant les lieux de pouvoir ils ont montré la fragilité de ceux qui les occupent, donc leur nullité politique. Car pour eux, le seul gage de la légitimité est la violence incarnée dans la destruction.

--> D’ailleurs, en France les Gilets-jaunes, s’ils n’ont pas pris le Palais Bourbon d’assaut ont quand même investi et saccagé ce lieu symbolique que constitue l’Arc-de-triomphe.

Il s’agit donc d’un phénomène assez large pour que la science s’y intéresse.

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P.S. Je rédige cette note le 9 janvier au petit matin : les conséquences des événements du Brésil sont encore incertaines. Peut-être l'armée sortira-t-elle de ses casernes, au quel cas il me faudrait réécrire ce Post.

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