vendredi 6 octobre 2023

Une galerie d'abrutis – Chronique du 7 octobre

Bonjour-bonjour

 

Bientôt les élections européennes, et c'est sans doute en raison de ce contexte que la série « Parlement » diffusée par france.tv a vu sa troisième saison débuter le 29 septembre.


- Nombreux sont les téléspectateurs qui se sont réjouis de retrouver ce programme à la fois humoristique et documentaire sur le Parlement européen. Seulement il y a quelques réfractaires dont je suis qui n’ont pu se décider à le faire, affectés qu’ils sont par la façon dont les eurodéputés sont présentés : « Une galerie d'abrutis, de feignants ou d'imbéciles » (Lire ici)

J’ai eu l’occasion de dire combien l’humour est délétère lorsqu’il contribue à décrédibiliser des personnes ou des institutions. Ici, ce sont les deux qui sont affectés : pas comme on pourrait le croire par la caricature qui ridiculise en grossissant le trait, mais plutôt par son réalisme dont l’effet humoristique s’efface rapidement devant l’accablement. Si le Parlement européen fonctionne avec des gens comme cela, se dit-on, alors l’Europe n’est rien qu’une vitrine et il n’y a rien dans la boutique.

Certains députés de Bruxelles comme Manon Aubry (LFI), penchent pour le réalisme ; écoutons-la : « La manière dont les négociations se déroulent, le poids et l'influence des lobbys, le fait qu'on puisse gagner une première étape et perdre à la deuxième... Quasiment tout est vrai", note la députée européenne LFI. "Ce qui est caricatural, c'est qu'un homme totalement incompétent accède à la fonction de président ». Merci pour la nuance !

 

D’où la question : "Caricaturale" ou "réaliste" ? 

Moi je penche pour « réaliste » et c’est pour cela que je ne pourrais regarder cette série sans une grande tristesse.

jeudi 5 octobre 2023

Ne faites plus d’enfants ! – Chronique du 6 octobre

Bonjour-bonjour

 

Vous cherchez quoi faire de bon pour la planète ? Alors, ne faites plus d’enfants !

Rejoignez les Ginks, ces gens qui ont pour conviction qui estiment que dans l'état de surpeuplement qui selon eux caractérise la Terre, procréer contribuerait à l’aggravation du problème et à l'épuisement des ressources naturelles. (GINK est l'acronyme de )

Donc, si vous êtes Gink, vous êtes adeptes de la décroissance. Mais « pas que ».

Les Ginks développent en outre une vision pessimiste de la vie de leurs enfants potentiels : « Ne les mets pas au monde, c'est une poubelle » (voir ici)

Vous voilà donc également pessimiste – rappelons que la formule du pessimiste est « Quel malheur que d’être né »

C’est ainsi qu’en France, les 200 membres (en 2018) de l'association « Démographie responsable » incitent à une décroissance progressive de la population et réclament que le taux de fécondité cesse d'être encouragé par le gouvernement.

Voilà qui est en apparence sans appel ! Sauf que la nature a prévu cette situation et y répond justement … par les nouvelle générations porteuses de mutations favorables à l’adaptation. On lira en annexe le texte d’un chercheur en biologie évolutive : nos enfants seront mieux adaptés que nous aux conditions futures de la vie sur terre – Donc continuons à procréer.

 

- J’entends d’ici les Ginks protester : « Le problème n’est pas de nous adapter, mais d’empêcher qu’on ait besoin de le faire en protégeant l’environnement ». 

Et alors ? Pourquoi ne pas essayer d’abord de nous adapter ? Nous avons détraqué le climat ? Nous détériorons l’environnement ? Nous n’aurons bientôt plus d’eau à boire ni d’air à respirer ? Éh bien adaptons-nous à tous ces changements, par exemple en favorisant les population à la peau noire qui résisteront à la chaleur, et de taille inférieure à la moyenne pour moins consommer.

Je n’invente rien : lisez ce texte.

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N.B. « Timothée Bonnet, chercheur en biologie évolutive, nous livre ses conclusions : « Nous avons constaté qu'en moyenne le changement génétique en réponse à la sélection était responsable d'une augmentation de 18,5 % par génération de la capacité des individus à survivre et à se reproduire.

Cela signifie que la progéniture est, en moyenne, 18,5 % « meilleure » que ses parents. Autrement dit, une population moyenne pourrait survivre à un changement environnemental qui réduit la survie et la reproduction de 18,5 % à chaque génération »

Oh ! Punaise ... Chronique du 6 octobre

Bonjour-bonjour

 

Les punaises de lit… LES PUNAISES de lit… LES PUN…

Bon, ça va, on a compris. On en fait trop avec ces parasites – la preuve, ce matin un lycée a vu ses profs refuser faire cours au nom de leur droit de retrait, estimant que leur établissement était infesté de punaises. Et des chaines d’info 24/24 faire des débats avec la question : « Est-ce qu’on en fait trop avec les punaises ? »

 

- Évidemment ce n’est pas une raison pour relayer l’info, mais éventuellement pour s’interroger sur l’origine de cette hantise. À l’heure où les neurobiologistes n’arrêtent pas d’épier notre cerveau pour savoir quelle zone se met en fonction dès qu’on éprouve telle ou telle émotion, on se demande si, par hasard, ce ne serait pas la même qui serait à l'oeuvre dès que nous avons une réaction de crainte. Hier, les étrangers (et les musulmans) ; aujourd’hui les punaises de lits, et demain ? Sans doute le croisement des deux, à savoir que les étrangers sont responsables de l’invasion de ces parasites – et peut-être même 1) les étrangers 2) musulmans 3) porteurs de punaises : la totale. On peut continuer à empiler comme ça les rejets, ce qui compte c’est de comprendre que c’est avec notre cerveau que nous tremblons, et que nous réagissons violemment.

- Car voilà l’essentiel : c’est de la même façon que s’expliquent nos violences et nos exclusions. Entendez que c’est avec notre cerveau, le quel s’adapte à la situation nouvelle avec de vieux mécanismes sans doute issus de millénaires de sélection naturelle. Supposons que ce soient les plus violents, les plus intolérants d’entre nos aïeux qui aient finalement réussi à survivre dans des périodes de crises, hé bien nous serions porteurs des mêmes gènes et donc des mêmes comportements.
Sauf qu’aujourd’hui on sait que l’expression des gènes est soumise aux circonstances extérieures, les quelles dépendent de la façon dont elles sont rendues manifestes par l’environnement humain.

L’enseignement de l’empathie pourrait donc y faire quelque chose, à condition de s’y prendre très tôt.

mercredi 4 octobre 2023

Où l’on reparle du référendum d’initiative citoyenne – Chronique du 5 octobre

Bonjour-bonjour

 

Le chef de l'État a confirmé vouloir élargir le champ du référendum à travers une révision constitutionnelle. Ce qu’ont reçu 5/5 les députes LFI, qui demandent non seulement que le nombre des signatures requise pour le référendum d’initiative partagée soit descendu à 1 million, mais encore que ce soient les citoyens eux-mêmes qui soient à l’œuvre pour proposer le sujet du référendum, et non plus les députés. Bref, que le référendum soit désormais une initiative populaire.

 

Ici on dresse l’oreille : le souvenir des Gilets-jaunes, avec leur revendication de démocratie directe permettant aux citoyen de chasser par référendums les élus jugés incompétents refait surface – avec la démocratie directe.

Cette menace sur la représentation démocratique est en effet un défaut de la cuirasse des démocraties modernes. Alors que le souvenir des ouvrages de Rousseau prônant cette démocratie où le citoyen est immédiatement en mesure d’infléchir le pouvoir reste vivace, on constate que la nécessité de la représentation par élection de députés est assez mal établie.

- Est-elle dûe au fait que la démocratie directe est justifiée simplement en raison de l’étendue du nombre de citoyens à consulter ? Pourquoi pas ? 

- Mais alors qu’en est-il de la nature de la délégation accordée aux élus ? Sont-ils là pour réaliser le programme qui les engage et pour lequel ils ont été élus ? Ou bien les citoyens en votant leur ont-ils délégué le pouvoir de choisir et de décider pour eux – renonçant du même coup à leur volonté ?

Le problème est que la souveraineté détenue par le peuple ne peut réellement se déléguer, sauf à dire qu’elle cesse d’exister – du moins le temps que ses représentants l’exercent.

La démocratie serait alors un régime où le peuple détient le pouvoir une fois tous les cinq ans – un peu comme le système de dictature chez les anciens romains (voir ici)

mardi 3 octobre 2023

Marie Curie, Katalin Kaliko : deux femmes, un seul destin – Chronique du 4 octobre

Bonjour-bonjour

 

Katalin Karikó, la découvreuse géniale du vaccin à ARN-m a été récompensée avec Drew Weissman (co-découvreur du procédé) par le prix Noble de médecine.

Katalin Karikó est d’origine Hongroise ; Marie Curie était Polonaise : la ressemblance ne s’arrête pas là.

 

--> Née en Hongrie,  Katalin Karikó poursuit ses recherches et ses études postdoctorales au Centre de recherche biologique (CRB) de l'Académie hongroise des sciences Mais ce centre est démuni et manque de moyens financiers. (Sur ceci et ce qui suit, voir Wiki)

* Elle quitte la Hongrie, en 1985, avec son mari et sa fille de deux ans. La famille cache toutes ses économies dans un ours en peluche et franchit le rideau de fer. Ayant gagné les États-Unis, elle est recrutée au département de biochimie de l'université Temple dans le domaine des sciences de la santé dirigé par Robert Suhadolnik 

 

Les débuts sont difficiles :

* Son mari, ingénieur lorsqu'il travaillait en Hongrie, assure désormais le ménage ou le gardiennage

* En 1995, elle est écartée de la liste des titularisations, rétrogradée au rang de simple chercheuse. Cette placardisation l'empêche d'accéder au professorat

* Avec Drew Weissman (aujourd'hui co-lauréat du prix Nobel), ils fondent une entreprise. 

* Ayant découvert le principe du vaccin à ARN messager, ils déposent un brevet qui reste la propriété de l'Université de Pennsylvanie, la quelle vend la licence à Gary Dahl, le directeur d'une société de fournitures de laboratoire

* Lorsque Flagship Pioneering, la société qui soutient Moderna Therapeutics la contacte pour négocier une licence sur le brevet, tout ce que Karikó peut répondre, c'est : « Nous ne l'avons pas »

* Tout au long de son cursus, ses interlocuteurs sont dubitatifs : « On me demandait pour quel homme je travaillais, comme si ce n'était pas possible que j'en sois arrivée là »

 

--> Marie Curie était quant à elle, polonaise, et les difficultés qu’elle rencontra ne furent pas moindres, ainsi qu’en témoigne sa biographie (lue ici) :

* Marie Curie souhaitait faire des études supérieures, mais cela est interdit aux femmes dans son pays natal. 

* Lorsque sa sœur Bronia part à Paris étudier la médecine, Marie elle la suit et s'engage comme gouvernante dans une famille de province pour financer le projet de sa soeur.                 

 * C'est à son mariage avec Pierre Curie qu'elle dut de devenir française et de passer l'agrégation.

o-o-o

Marie Curie a parcouru ce cursus à la fin du 19ème siècle ; Katalin Karikó au début du 21ème. Mutatis mutandis, ces deux destins restent étonnamment voisins. Et surtout on voit combien le fait d’être femme complique ces parcours déjà semés d’embûche pour des étrangers.

 

Mais il y a deux différence : 

* Katalin Kariko, victime comme Marie Curie du patriarcat des milieux universitaires, a eu pour elle l’opinion publique, scandalisée par l’injustice dont elle fut victime en tant que femme.

* La même opinion publique a aussi réagi aux graves injustices dues au système américain qui a abouti à la déposséder de la propriété de ses découvertes au profit d’une entreprise incompétente mais disposant du capital pour s’accaparer le brevet.

lundi 2 octobre 2023

Le faux nombril des chinoises – Chronique du 3 octobre

Bonjour-bonjour

 

Un passionnant article dans Philosophie magazine de ce mois nous invite à la réflexion sur… le nombril, en nous révélant cette mode aux … faux nombrils arborés par les jeunes chinoises.

 

Faux nombrils : qu’est-ce donc ? 

Voyons à quoi ça ressemble : 

 


Et puis lisons : « Semblables aux tatouages ​​​​éphémères, ces petites bandes adhésives sont placées au milieu du ventre, quelques centimètres au-dessus du vrai nombril, qui est lui-même dissimulé sous un pantalon ou une jupe taille haute. Cette combine permettrait de créer l’illusion d’une silhouette affinée et allongée, deux critères de beauté toujours aussi prépondérants dans le pays. Les proportions corporelles seraient ainsi plus « flatteuses » aux yeux de celles, nombreuses, qui s’y adonnent. » (Lu ici)

 

Maintenant, venons-en à l’analyse de cette tendance à montrer (en apparence) tout en cachant (en réalité) son nombril : que signifie donc pour nous cette partie de notre anatomie ?

« Le nombril évoque une région inconnue, inconnaissable de nous-même, un abîme sur lequel nous reposons sans jamais pouvoir le regarder de front, une faille insaisissable … qui est, dira Derrida, le signe que quelque chose en nous demeure « impénétrable, insondable, inexplorable, inanalysable ». (Réf. citée)

 

- Voilà le tout : alors que les zones de notre corps qui attirent notre attention – zones érogènes mais aussi ouvertures simplement fonctionnelles (nez, oreilles) – sont facilement explorées, le nombril est une pseudo-ouverture, un cul-de-sac, qu’à défaut de pouvoir explorer, nous devons interpréter. Les psychanalystes en font des tonnes sur « ce trou que l’ombilic suture » et on n’y ferait pas vraiment attention si en faisant cela on ne reprenait un mythe célèbre de Platon, lorsque, racontant l’origine de l’humanité, il la concevait peuplées d’être découpés verticalement en deux et dont la faille béante était réparée par la suture du nombril. (Lire ici)

 

Les faux nombrils matérialiseraient donc une tendance paradoxale qui consisterait à montrer tout en cachant ce point si intime de l’être : n’est-ce pas là la définition même de l’illusion ?

Il s’agirait de faire croire qu’on se révèle, comme avec les crop-tops, mais de façon à prendre les voyeurs à leur propre piège : « Tu veux me mater ? Alors, vas-y ; tu ne verras rien de la réalité – mais seulement ton propre fantasme »

Mais on l’a vu plus haut : pour les jeunes chinoises les faux nombrils n’auraient pas cette volonté pour origine ; il s’agirait d’une autre illusion : faire croire qu’elles sont plus grandes qu’en réalité avec ce faux nombril plus haut que le vrai.

Comme quoi une illusion peut en cacher une autre. 

dimanche 1 octobre 2023

Une invasion peut en cacher une autre – Chronique du 2 octobre

Bonjour-bonjour

 

Il l’a fait ! 

- Fait quoi au juste ? S’interroger avec des précautions hypocrites sur la responsabilité de la vague migratoire à propos de la recrudescence des punaises de lit : une invasion peut en cacher une autre. Pour mémoire, rappelons que les nazis prétendaient qu’à Auschwitz on ne gazait que les poux, oubliant au passage de dire qu’ils considéraient les juifs comme des rats porteurs des poux de la peste.

- Et qui a commis cette ignominie ? Pascal Praud, le brillant animateur de plateaux de CNews. Pas de quoi s’étonner, ni pour l’auteur de cette saillie – ni pour la chaine, propriété de Vincent Bolloré. (Voir ici)

Inutile d’évoquer la célèbre « loi de Godwin » ici : il ne s’agit pas d’un argument, mais seulement d’un constat. Pas la peine de se soucier de soulever les apparences pour découvrir en dessous des intentions = tout est là, au grand jour.

Je veux dire : les immigrés sont dénoncés, par leur simple présence, comme un danger pour les autochtones que nous sommes. Inutile de calculer combien ils nous coûtent, combien ils nous prennent d’emplois, combien de femmes ils ont violé. Il suffit qu’ils soient là, prostrés en bas de notre immeuble pour que leur malfaisance apparaisse, bien sûr pas dans nos lits (quoique…) mais dans nos bus, dans nos hall d’immeubles, dans nos cinés (?)

 

La peur comme arme de guerre contre les ennemis de classe, on connaissait depuis longtemps. La même peur contre les étrangers, ça semblait aller de soi pour les xénophobes. La voilà maintenant mobilisée par l’intermédiaire des insectes, supposés véhiculés par ces étrangers – non pas que leur nature soit responsable (ouf !), mais parce que leur hygiène douteuse serait en cause – ce qu’on sait faux. 

- Pascal Praud a rétropédalé – en apparence – en affirmant que ces étrangers ne sont pas nos malheureux demandeurs d’asile, mais les touristes ( ?) ce que l’infestation de l’aéroport de Roissy manifeste.

Ces concessions ne suffisent pas, et c’était voulu : faites pour désarmer les plaintes portées contre lui, Praud se contente de suggérer : la haine des étrangers fera le reste.