"La comparaison avec la Chine [effectuée par Manon Aubry] n'est pas pertinente", juge toutefois Mary-Françoise Renard, responsable de l'Institut de recherche sur l'économie de la Chine (Idrec). Car, explique-t-elle, "la Chine était à la fin des années 1970 l'un des pays les plus pauvres du monde" et "le niveau de vie y a ensuite augmenté", au gré d'un développement économique à marche forcée, "en engendrant de très fortes inégalités".
(Toutefois) en Chine, d'importants investissements ont en effet été décidés par un pouvoir central très dirigiste dans la santé et l'éducation en faveur des classes populaires et moyennes.
Les démocraties européennes pourraient mettre en place de telles mesures sans se renier aucunement, juge l'expert. L'Europe résiste certes mieux que de nombreux pays à la montée des inégalités sur le temps long, mais ne doit pas négliger le fait que l'on pourrait mieux faire si on le voulait." (Lu ici)
Donc on ne pourrait sans risque d’erreur faire une telle comparaison, sauf à vouloir pointer des opérations de justice sociales particulières, comme celles concernant la santé et l’éducation ? Mais ce n’est évidemment pas à cela que pensait la tête de liste des Insoumis. L’idée est de cibler un modèle d’inégalités sociales et de nous comparer à ce repoussoir : si on fait pire que la Chine alors on est sûr d’avoir le gouvernement le plus détestable. Mais pourquoi avoir besoin de nous comparer ? Tantôt à l’Allemagne, tantôt à la Chine, tantôt à… ? Je ne sais pas trop quels autres pôles choisir, mais il est sûr qu’on ne se contente jamais de notre propre ressenti. Ne sommes-nous pas en réalité à la recherche de preuves établissant à quel point on devrait se sentir malheureux ? Et pourquoi tant qu’à nous comparer ne pas rechercher des comparaisons qui montrent combien nous sommes enviés ailleurs ? Par exemple, lorsque nous pleurons après le désert médical français ne pas aller voir ce qui se passe au Venezuela ? Voilà un pays développé, qui il y a quelques années encore avait dans ses grandes villes de très beaux hôpitaux ; et les voilà aujourd’hui réduits au pire – pire encore que les hôpitaux des villes sub-sahariennes, car ceux-ci ont sans doute une alimentation en eau courante, ce qui n’est même plus le cas au Venezuela.
Le parti mélanchonien a eu la marotte de nier en bloc les descriptions catastrophistes concernant le Venezuela : est-ce la raison pour la quelle Manon Aubry ne l’a pas choisi pour effectuer sa comparaison ?
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