lundi 6 mai 2019

PROCÈS DES SUICIDES À FRANCE TÉLÉCOM : UN HARCÈLEMENT INSTITUTIONNEL ?

Les syndicats et associations de victimes veulent faire du procès des suicides de France Télécom, qui s’ouvre ce lundi, le procès d’«un système de harcèlement institutionnel d’une rare violence», celui «de toute une organisation du travail». Le mode de management de l’opérateur aurait poussé dix-neuf personnes au suicide entre 2007 et 2010 et douze autres auraient tenté de le faire. (Lire ici)

La première journée du procès a permis de se faire une idée de son envergure sans précédent : il s’agit de démontrer que le harcèlement au travail n’est pas ici le produit d’une relation interpersonnelle, entre un supérieur cruel et un subordonné victime, mais bien une structure de l’entreprise visant à détruire les résistances psychologiques des employés en vue de les contraindre à démissionner. Un peu comme les camps d’extermination nazis ne faisaient plus de la mort des déportés l’affaire d’un assassinat commis par des bourreaux jouissant de la mort atroce infligée à des déportés sans défense, mais bien une organisation complexe établie par des fonctionnaires qui jamais peut-être ne rencontreront leurs victimes. De la même manière à France Télécom la cruauté n'était alors plus une affaire interpersonnelle, ce qui empêche les victimes de se révolter : car contre qui s’emporter, quand c’est tout un service qui est du jour au lendemain viré de son bureau et mis sur des plateformes de phonie ? Alors qu’une relation entre des personne, même lorsqu’elle est pourrie a du sens, celle d’un individu à une organisation impersonnelle n’a plus aucun sens : dans l’absurdité, le suicide reste alors la seule issue.

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