samedi 11 mai 2019

MILITAIRES TUÉS AU BURKINA FASO : DES "RISQUES MAJEURS" PRIS PAR LES OTAGES

"La zone où étaient nos compatriotes était considérée depuis déjà pas mal de temps comme une zone rouge, c'est-à-dire une zone où il ne faut pas aller, où on prend des risques majeurs en y allant. Et c'est ce qu'il s'est passé malheureusement." déclare Jean-Yves Le Drian. (Lu ici)
Le problème est que le Parc National de la Pandjarie au Bénin n’était pas en zone rouge au moment de l’enlèvement, mais qu’il l’a été il y peu, au moment de leur libération.
- Alors, mensonge ou ignorance ?
Le point-du-journe s’intéresse pas à ces polémiques, mais seulement aux problèmes véritables, surtout quand ils sont d’ordre moraux. Ici, la question n’est pas de savoir si la zone était rouge ou seulement rose, mais surtout si on doit faire porter aux victimes la responsabilité de leur malheur – et principalement quand celui-ci a été l’occasion de la mort de deux soldats.
Le chef d’Etat-major le dit : « Nous militaires, nous ne connaissons qu’une chose : la mission. Dès lors que le pouvoir politique nous donne un ordre, nous l’exécutons et nous n’avons pas à nous demander s’il aurait dû être différent. » Bien sûr cela ne change pas essentiellement le problème, ça ne fait que déplacer l’interlocuteur : le pouvoir politique doit-il donner des ordres de libérer les otages par tous les moyens, y compris au risque de la vie des soldats engagés dans l’opération ? Plus encore : l’Etat doit-il protéger la vie des citoyens, quelle que soit l’origine des dangers aux quels ils s’exposent ? Ou bien, devrait-on dire parfois "ces gens-là ont été imprudents, alors qu'ils se débrouillent : ils doivent maintenant assumer les risques qu’ils ont pris" ? Un peu comme lorsque des alpinistes novices sont partis en montagne contre l’avis des guides chevronnés, et qu’on laisserait geler sur des pentes devenues impraticables ?
Au fond tout cela n’est pas nouveau : il s’agit de savoir si des impératifs catégoriques de type kantien existent ou pas ? Doit on dire : « Sauver ces gens : il le faut, parce qu’il le faut » ? ( = aucun être humain ne doit périr de l'indifférence des autres) - Ou alors : « On ne les  sauvera que s’ils ont pris un risque raisonnable ».
Comme toujours donner la réponse à ce genre de question suppose qu’on fasse un choix que rien de strictement rationnel ne peut jamais cautionner totalement. Il faut qu’on se mouille un peu…

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