« Le penseur du conservatisme versaillais, se retrouve écrasé entre les deux machines électorales Macron et Le Pen.
La pensée conservatrice a conquis dans les médias une place disproportionnée par rapport à son impact réel sur la société. Elle est distancée par la xénophobie popu du RN et par l’élitisme libéral d’En Marche. Le peuple ne se met pas en transe quand on lui parle «racines chrétiennes» et famille tradi ; la bourgeoisie pense moins en lisant des livres qu’en tâtant son portefeuille. » - Edito de Laurent Joffrin dans Libé (à lire ici)
Laurent Joffrin profite de la déroute électorale des partis traditionnalistes, tels Les Républicains (version Wauquiez) et autres réacs de droite, pour constater que l’élection européenne a été aussi le signe de l’impuissance des médias et de leur cohorte de chroniqueurs qui émargent à la droite conservatrice. Les Gilets jaunes avaient bien tort de s’enflammer contre les chaines de télé 24/24 qui, comme BFM, relayaient des fakenews défavorables à leur action : ces ennemis sournois n’ont eu aucune influence sur le vote.
Admettons que l’analyse de Joffrin soit exacte, et elle doit l’être au moins dans la mesure où on ne retrouve pas chez les électeurs les engagements relayés par ces chaînes – ne serait-ce que par le score du parti du Président que l’on imaginait s’écroulant ; du coup, ne devrait-on pas s’étonner que les médias n’aient pas eu du tout d’effet sur les électeurs ?
Certains diront qu’il faut y voir la preuve que les informations qui ont de l’importance aujourd’hui se retrouvent sur les réseaux-sociaux qui sont produits par les consommateurs d’information eux mêmes ? Qu’aujourd’hui comme autrefois on achète un journal non pas seulement pour être informé mais surtout pour être confirmé dans son opinion en la retrouvant relayée et confortée par les journalistes et les publicistes ; mais qu’aujourd’hui on trouve quand même plus proche de nous les infos produites par … nous-mêmes ! A l’ère du numérique on nous a fabriqué la boite-à-outil nécessaire : il ne restait plus qu’à s’en emparer et à s’y coller : l’info ? Do it yourself !
Oui, c’est sûrement ça… sauf que les électeurs n’ont pas confirmé cette tendance. J’y vois comme Laurent Joffrin la preuve que ces derniers n’ont pas regardé les réseaux sociaux pour décider de ce qu’ils devaient voter, mais qu’ils ont cherché ce qui avantageait leur compte en banque. Preuve qu’il y a moins de pauvres qu’on croyait.
Bonne nouvelle.
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