mardi 18 juin 2019

REIMS : EN PLEINE ÉPREUVE DE PHILOSOPHIE, DES PROFESSEURS S'ALLONGENT DEVANT LES LYCÉES CONTRE LA RÉFORME DU BAC

Ce lundi 17 juin, plus de 80 professeurs de lycées ont participé à une action symbolique à Reims. En protestation contre la réforme Blanquer du baccalauréat, alors que les terminales se penchaient sur l'épreuve de philosophie du bac 2019, ils se sont couchés devant les grilles du lycée Marc Chagall.



On pouvait voir de nombreux rictus et entendre quelques rires gênés. Si les professeurs voulaient alerter l'opinion contre la réforme, ils étaient loin d'être tous à l'aise ce 17 juin. / © Johanna Albrecht / France 3 Champagne-Ardenne

Pour la plupart habillés en noir, ils veulent dénoncer ce qu'ils appellent désormais "l'enterrement de l'Education nationale". Sur le côté, deux manifestants brandissent une banderole "Avis de décès : bac, lycée". 
Cette action, volontairement peu bruyante, ne vise pas à déranger le déroulement de l'épreuve de philosophie du bac. Si certains des professeurs présents comptent parmi les grévistes, qui ne se sont donc pas présenté à l'épreuve qu'ils devaient surveiller, ce n'est pas le cas de tous les manifestants présents. 

Depuis les Gilets jaunes on a pris l’habitude de manifester non pas pour montrer de façon symbolique son opinion, mais seulement pour provoquer le pouvoir en bloquant son fonctionnement. Ici, point de signification occulte (puisque la tenue de deuil signalée par le reportage n’apparaît pas vraiment) à moins d’admettre que se coucher par terre soit une nouvelle formule de sit-in ? Ne serait-ce pas plutôt pour devenir très visible, le plus visible possible en profitant de la présence des journalistes venus couvrir le début des épreuves du bac ? On ne serait donc pas invités à nous étonner de leur présence en se disant « Tiens : après les prières de rues, voilà les siestes de rues ? Les profs ils n’ont même plus un endroit pour ça ? », mais plutôt embarrassés par cet encombrement du trottoir.

Alors, plutôt que de penser à un sit-in, je penserai aux manifestations des Femens. Comme elles, ces manifestants se soucient peu de savoir ce qu’on va penser en voyant leurs corps étendus sur la chaussée : il s’agit d’attirer de façon irrésistible le regard des passants par le choc de leur attitude. Les Femens ne cherchent pas à faire remarquer leur poitrine, ni admirer leurs jolis tétons. Non – Elles savent qu’elles vont de façon invincible attirer les regards et c’est pour cela que c’est sur leur seinsqu’elles ont écrit les slogans dont elles veulent imposer la lecture.
Oui, n’est-ce pas, c’est bien cela et on admettra que de ce point de vue c’est plutôt réussi (sauf que la jeune dame au premier plan arbore un large sourire qui est en décalage avec le motif de sa présence sur le bitume : son visage devrait au contraire revêtir une expression de mécontentement raccord avec l’inquiétude qui hante l’esprit les enseignants). Manquent quand même les banderoles avec les slogans expliquant la raison de leur mouvement bien en vue au milieu de ces corps allongés sur le trottoir.

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