Bonjour-bonjour
Parmi les expériences faites durant le « Grand confinement » (mars-mai 2020) il en est une qui fut particulièrement traumatisante : celle de la présence à la maison des enfants privés d’école. Et les parents de se lamenter devant l’humiliation de constater leur échec à aider leurs enfants confrontés à des problèmes qu’eux-mêmes échouaient à résoudre. Mais il y a eu une autre lacune très grave : c’est l’absence de discipline, faite d’organisation de la vie courante et des contraintes socialement imposées, comme l’école seule peut en instituer pour des enfants de cet âge. Kant considérait cette lacune comme irréparable, du fait des contraintes de l’âge : il y a un âge pour apprendre l’obéissance indispensable, et passé ce temps, plus rien ne permet de réparer la sauvagerie originelle (1).
Voilà une réflexion que nos sciences cognitives actuelles n’ont pas manqué de faire : les apprentissages sont liés pour la plupart au développement de l’enfant et si certains de ces apprentissages sont liés à la scolarité, alors la fermeture des écoles provoque un mal irréversible. Kant fait observer (Cf. note infra) que si on peut perfectionner son savoir à tout âge, en revanche la discipline de la nature humaine ne peut se faire que par dressage précoce des tendances rétives à la contrainte sociale.
Bien sûr on pourra rejeter cette observation d’un philosophe prussien adepte de l’obéissance et du devoir. Mais on risquerait de jeter le bébé avec l’eau du bain. Car voilà l’occasion de constater que l’apprentissage de la vie sociale est indispensable et que, si autrefois il se faisait dans la cour de la ferme, il se faisait quand même et que, le confinement dans l’appartement familial, est un pire cadre pour cela.
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(1) « Le manque de discipline est un mal pire que le défaut de culture, car celui-ci peut encore se réparer plus tard, tandis qu’on ne peut plus chasser la sauvagerie et corriger un défaut de discipline. » (Kant Doctrine de la vertu p. 314. Cf ici)
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