Bonjour-bonjour
Reposez-vous bien ! Cette phrase, vous avez pu l’entendre bien des fois, principalement si comme moi vous avez attrapé la covid, et surtout si vous êtes entré en phase de convalescence. On va l’a dite comme si c’était une fin en soi, et donc comme si en vous reposant vous faisiez quelque chose d’important. Or, si vous êtes convalescent, déjà vous ne faites pas grand-chose – voire même : rien du tout. Vous voilà installé dans votre canapé, les fesses soudées aux coussins, et on vient vous conseiller de continuer comme ça : ça énerve… Pour moi, ce repos est l’antichambre du néant, cette zone grise où la personne se délite, où sa conscience s’obscurcit sans toutefois perdre la perception de l’état lamentable où elle s’abime. Pour peu que ce conseil vous vienne d’ami(e)s bien intentionné(e)s alors vous voilà assigné au repos par le devoir de l'amitié.
- Pour moi, le conseil que j’entendrais plus facilement ce serait de me secouer les puces et d’aller faire un tour ; sans quoi, si c’était vraiment dangereux pour moi, on devrait me conseiller de rester bien au chaud - oui, mais avec un bon livre ou un bon opéra.
Suivant le conseil de lire un bon livre, j’ai commencé la lecture de l’histoire de la fatigue de Georges Vigarello. Car il y a une histoire du repos qui suit exactement celle de la fatigue : si hier comme aujourd'hui on a toujours subi la fatigue par déperdition de nos forces après une activité excessive, celle-ci n’a pas toujours été considérée de la même façon. Au moyen-âge la fatigue du chevalier au combat était glorieuse alors que celle du vilain n’était que misérable. Bien sûr le repos qui prend place sur cette échelle de valeur va du glorieux repos du guerrier au sommeil de bête de somme du paysan recru de fatigue.
Reposez-vous bien : si ce conseil succède à la fatigue d’une activité qui consommé les ressources de votre organisme, tout va bien. Par contre s’il s’agit de vous reposer alors que vous n’êtes pas fatigué, alors ça ne va plus du tout.
On peut d’ailleurs écouter Kant sur ce sujet : « le meilleur repos est ... celui qui suit le travail. » disait-il dans ses Réflexions sur l’éducation. Le repos suit la fatigue, et en dehors de celle-ci il ne vaut rien.
À méditer pour occuper ce dimanche, jours du repos dominical.
(N.B. D'ailleurs le Seigneur-Dieu ne s'est reposé que le 7ème jour - après avoir créé le monde.)
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