Bonjour-bonjour
La sortie du livre de Camille Kouchner qui dénonce les agressions sexuelles dont son beau-père Olivier Duhamel s’est rendu coupable sur la personne de son frère jumeau alors âgé de 14 ans continue à entretenir l’indignation. En dehors de ces actes pédophiles, Olivier Duhamel aurait organisé des soirées fines où les invités — ainsi que leurs enfants et leurs nounous – étaient invités à libérer leurs pulsions par des attouchements, des baisers et plus en cas d’affinité. C’était dans les années 80, et la libération sexuelle était encore le maitre mot d’une bourgeoisie aisée.
« Camille Kouchner se rappelle « l’injonction à jouir » qu’elle a reçue de sa mère, alors qu’elle n’avait que 12 ans (on était alors en 1987) » précise l’article consulté, et c’est cette injonction qui parait aujourd’hui encore sensible. Car, délivrée à une gamine prépubère on arrive à une prescription à peu près aussi impérative que de se laver les dents ou de se lever quand le réveil sonne. Il y avait alors une sorte de folie qui a parcouru cette période, et beaucoup de ceux qui l’ont vécue ont aujourd’hui encore du mal à faire leur deuil.
Tous ces papys du baby-boom, qui ont jeté leur gourme dans les années 70, tous ces hommes et toutes ces femmes ont découvert que la vraie la jouissance n’était pas par nature sexuelle, mais qu’elle survenait quand on transgressait les interdits imposés à la sexualité par l’ordre bourgeois (c’est comme ça qu’on appelait les interdits communément adoptés qui interdisaient de faire l’amour à quelqu’un avec qui on n’était pas régulièrement marié). Les voilà bien silencieux à présent : qu’ont-ils à nous dire ?
On imagine : « C’est vrai qu’on s’est dévergondés pendant les vacances à Benidorm, mais on n’a jamais entrainé des gamins avec nous »
Sauf que les récits précédents montrent bien qu’on croyait dur comme fer que la jouissance sexuelle était naturelle et qu’elle ne pouvait pas être mauvaise dès lors qu’elle appartenait à la nature humaine. Et on ne manquait pas, à grand coup de freudisme, de dire que la sexualité commençait au berceau et que la période de latence était une fumisterie inventée par Freud qui était lui aussi coincé du zizi.
Chacun pourra contester ces propos au nom de son expérience personnelle. Reste que l’idée du caractère traumatisant de la sexualité n’était pas d’actualité et qu’elle n’était pas prioritairement évoquée par le MLF qui mettait au premier plan le droit à l’avortement et la lutte contre l’oppression des femmes par le pouvoir des hommes (comme on l’a dit récemment, on ne parlait pas à l’époque de patriarcat mais de phallocratie – mais c’était la même chose).
On dit que les jouisseurs d’hier sont devenus les bourreaux d’aujourd’hui. Serait-il possible que certains de ces jouisseurs d’hier soient devenus les victimes d’aujourd’hui ?
… Mais j’arrête là : Finkielkraut s’est fait virer pour moins que cela.
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