Barbara Cassin et son « épée laser »
"Ni globish ni nationalisme".
Neuvième femme seulement accueillie à l'Académie française depuis sa création en 1635, la philosophe et philologue Barbara Cassin a profité jeudi 17 octobre de son discours inaugural sous la Coupole pour fustiger le "global English" et plaider pour le plurilinguisme. (lire ici)
Babara Cassin voudrait qu’on parle nos langues nationales, et aussi – pourquoi pas ? – l’anglais de Shakespeare, d'Emily Dickinson ou de Churchill. Voilà une académicienne attachée à la pensée qui peut naitre de chaque langue et des mots qui portent à présent dans leurs flancs des trésors de sens hérités d’une longue histoire des créateurs de pensée : à présent ils ne demandent qu’à nous enrichir l’esprit pour peu qu’on fasse l’effort de les comprendre avant de les utiliser à notre tour.
Seulement voilà : beaucoup de personnes sont nées dans un milieu où les mots ont perdu ces virtualités sémantiques, et on l’a vu récemment quand (pardonnez l’exemple) les supporters de foot ont entendu, éberlués, qu’on leur interdisait le mot « enculé » comme « discriminant homophobe » : eux ils croyaient à une banale insulte du genre de « conard ».
J’ai tout particulièrement apprécié l’interview de Marlène Schiappa par Jean-Jacques Bourdin, éberlué lorsque la ministre lui a fait une explication de texte en analysant l’origine du sens de ce terme. Monsieur Bourdin voulait croire que la banalité de l’usage éliminait le sens des mots, l’usant pour le rabaisser à la simple intention d’humilier. Marlène Schiappa faisait le travail que Barbare Cassin souhaite que chacun fasse : utiliser les mots en se souciant de ce qu’on dit réellement.
Voilà : c’est exactement ça ; et si nous parlons globish nous devrions avoir encore et toujours le même souci – même si ça devient plus difficile avec un pareil langage.
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