lundi 21 octobre 2019

«POURQUOI LES FOURMIS DEVRAIENT-ELLES FINANCER LES CIGALES ?»

Geoffroy Roux de Bézieux (Président du Médef) : « Créer une pension plancher à 1000 euros, pourquoi pas ? – Evidemment sans puiser dans les économies d’autres régimes. Pourquoi les fourmis devraient-elles financer les cigales ? … On ne peut vouloir plus d’équité sans recettes supplémentaires. » (Interview dans Libé du 16 octobre dernier – Lire ici)

On trouvera dans l’article cité tous les détails mais je crois qu’on a ici une déclaration tout à fait explicite : la notion de solidarité est inconnue du Président du Medef, qu’il s’agisse de retraite comme ici ou de santé publique. Soyons plus précis : chaque centime alloué à une personne qui n’a pas produit sa contrepartie par son travail doit être financé par le travail d’autres salariés, et non par l’entreprise. On peut discuter à perte de vue sur le rôle des entreprises et de leurs actionnaires, sur leur participation active à la justice sociale, au lien social qui en résulte et aux bienfaits que le capitalisme doit prodiguer à la société qui lui permet de réaliser ses profits. – On en sera pour ses frais (si j’ose dire !) parce que dès le départ cette idée que chacun a des devoirs envers tous les autres individus faisant partie du même peuple (sans parler de l’humanité entière) est totalement étrangère au monde de l’entreprise que représente monsieur Roux de Bézieux.
On dit en Amérique que pour s’aventurer dans le monde de l’économie il faut supposer que ses partenaires sont à la fois égoïstes et rationnels. Si nous voulons avec un si maigre bagage comprendre comment fonctionne une société capitaliste il faut admettre que la morale ne fait pas partie du voyage ; d’ailleurs on sait bien qu’en Amérique l’assistance publique est dans une large partie financée par des dons issus de la bienfaisance de groupes charitables liés à la religion. Ce que la morale ne fait pas, le pasteur l’obtient. Et encore : peut-être que ce minimum de justice sociale est in fine justifié par le besoin de maintenir au calme les bas-fonds de la société : quoi de plus rationnel pour qui veut continuer à prélever un profit maximum sur le produit du travail ?

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