L’Assemblée nationale a abordé ce lundi la politique migratoire de la France, comme le président de la République s’y était engagé dans la foulée du grand débat. Mais cet après-midi, dans les couloirs du Palais Bourbon, le projet n’emballe pas vraiment l’opposition.
« Ce débat ne peut être ni celui des postures, ni celui des impostures. Notre responsabilité est de sortir de l’affrontement de deux camps, qui ne brandissent que des symboles, jamais des solutions», résume à sa manière Stanislas Guérini, le patron de La République en marche. (Lire ici)
D’un côté la dénonciation d’une posture électoraliste, de l’autre la réclamation d’une recherche véritable de solution : comme on le voit peu de députés croient à l’intérêt d’un tel débat (sans vote il est vrai). Mais recherchons dans ces déclarations les sous-entendus qui s’y cachent. Laissons de côté les dénonciations de l’opposition, très convenues, et tournons-nous vers celle de la majorité : en l’occurrence celle de monsieur Guérini. Car voilà : on y lit qu’il faut « chercher des solutions » (cf. ci-dessus). Qui dit solution, dit problème. Quel est donc le problème posé par l’immigration en France ? Quel est le scandale qui ébranle jusque aux villages où jamais on ne verra un migrant et pas même un français d’origine exotique ? Quelle vision inquiétante s’infiltre ainsi dans les représentations collectives au point qu’il faille prendre des mesures, faire des lois, pour en éloigner la cause ? Ne s’agirait-il pas des images de musulmans qui font leur prière dans la rue et qui refusent de serrer la main d’une femme ? L’assassin de la préfecture de police se refusait dit-on à le faire : demandons à nos concitoyens ce qu’ils en pensent – je crois que beaucoup se disent qu’un tel homme ne mérite même pas la citoyenneté français.
Le Président s’inquiète de ne pas laisser à l’opposition le thème de l’immigration : ne s’agirait-il pas plutôt de celui de l’islam ? Et si dans les quartiers on fermait les boucherie hallal pour les remplacer par des charcuteries, et si on y célébrait la « Fête des voisins » à coup de pinard et de saucisson : n’aurait-on pas pacifié le pays ?
Eh bien : voilà le problème – il est là. Je veux dire que le problème ce ne sont pas les « étrangers » ; c’est la xénophobie – et l’islamophobie.
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