samedi 4 janvier 2020

Le véganisme est une « croyance philosophique » protégée par la loi, estime un tribunal britannique

La justice britannique du travail a jugé vendredi que le véganisme éthique constituait une « croyance philosophique » protégée par la législation contre les discriminations, dans le cadre d’une affaire sur un licenciement contesté. C’est du moins ce qu’a déclaré le juge Robin Postle, du tribunal prudhommal de Norwich (est de l’Angleterre, ndlr). Lire ici
La loi de 2010 sur l’égalité définit la « croyance philosophique » comme une croyance authentique, et « non une opinion ou un point de vue basé sur l’état actuel des informations disponibles». Elle doit aussi être compatible avec la dignité humaine et ne pas entrer en conflit avec les droits fondamentaux d’autrui. 
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En tant que philosophe je suis particulièrement intéressé par cet arrêté du tribunal britannique, et en tant que cartésien, scandalisé de lire que la philosophie pouvait nourrir des croyances spécifiques « authentiques » c’est-à-dire non fondées sur une quelconque probabilité. On comprend que c’est dans ce sens que la formule « Credo quia absurdum (Je crois parce que c’est absurde) » prend sa valeur : rien de ce qui conforterait ou rejetterait un savoir n’a d’intérêt ici. Il n’y a pas de croyance crédible à 50% ou à 75%
La philosophie se borne à émettre des jugements simplement non démontrés, à dignité équivalentes qu’ils soient philosophiques ou religieux. On est alors dans le cœur de la philosophie positiviste anglo-saxonne qui ne retient comme vrai que ce qui est logiquement démontré, autrement dit ce sur quoi on peut construire des déductions valables – en admettant par ailleurs que rien de ce qui n’est pas démontré rigoureusement ne peut être vrai. Bien sûr, rien n’est démontrable avec le jugement « les animaux doivent être protégés et respectés » ; moyennant on est dans le cadre de la croyance.
Du coup, tout ce qui tombe à l’extérieur de ce cadre de vérité peut être protégé à titre de conviction impliquant des comportements spécifiques, à condition que ceux-ci soient « compatibles avec la dignité humaine et les droits fondamentaux d’autrui ». Mais je vous demande alors : pourquoi s’échiner à fabriquer des raisonnements philosophiques et à vouloir les démontrer ?

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