Joël Le Scouarnec l'écrit lui-même, le 10 avril 2004 : "Tout en fumant ma cigarette du matin, j'ai réfléchi au fait que je suis un grand pervers. Je suis à la fois exhibitionniste (...), voyeur (...), sadique (...), masochiste (...) scatologique (...), fétichiste (....), pédophile (...). Et j'en suis très heureux". (Lu ici)
Cette phrase renvoie aux vieux sujets de dissertation de morale du temps où ça existait :
Y a-t-il un bonheur pour les méchants ?
Et d’évoquer les illusions qui faisaient oublier que le bonheur dans l’harmonie humaine était sans équivalent : bonheur que les méchants ne pouvaient goûter.
Et d’évoquer les illusions qui faisaient oublier que le bonheur dans l’harmonie humaine était sans équivalent : bonheur que les méchants ne pouvaient goûter.
Un pervers heureux ? Autant dire qu’il y a un bonheur pour les sadiques, pour les tortionnaires, ou tout simplement pour les plus cruels.
Et alors ? Est-ce que ça remet en cause notre vison du sens de la vie ?
- D’abord cela remet-il en cause quoique ce soit concernant l’idée qu’on se fait du bonheur ? Si comme le disait Kant « le bonheur est l’état dans le monde à qui tout arrive durant sa vie entière selon ses désirs et ses penchants », alors sauf à croire qu’une telle exigence est irréalisable pour un pervers comme notre chirurgien on doit se rendre à l’évidence : il y a une vie de bonheur possible pour un sadique ou un pervers narcissique. En tout cas il a exactement autant de chance que nous (= nous, « les justes ») de vivre heureux – ni plus, ni moins.
- Ensuite il faut se rendre à l’évidence : si un tel homme jouit du bonheur dans le crime, et donc si sa vie est une vie d’injustice, alors être juste n’est pas une condition du bonheur. Il est même fort possible qu’un juste soit malheureux pendant que l’injuste est heureux. Que des hommes dont la vie fut exemplaire soient extrêmement malheureux – par exemple dans les camps de concentration nazis, pendant que les SS vivent dans la félicité, y compris en jouissant de les faire périr voilà qui dérange, certes, mais qui a toutes les chances d’avoir été réel.
- On dira peut-être que le bonheur n’est pas donné, mais qu’il requiert une lutte durant la vie entière. Que pour accéder au bonheur, cette lutte soit une lutte avec soi-même admettons-le. Mais cela ne dit pas qu’un tel duel ait un objectif nécessairement moral.
Et si les bourreaux aussi s’efforçaient d’être de plus en plus cruels et impitoyables ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire