lundi 11 septembre 2023

Le nain et le géant – Chronique du 12 septembre

Bonjour-bonjour

 

Guerre en Ukraine – Moscou se rapproche de Pyongyang : « Le respecté camarade Kim Jong-un rencontrera et s’entretiendra avec le camarade Poutine au cours de la visite », ont précisé les médias d’État de Pyongyang.

 

Cette visite intervient alors que Washington soupçonne la Russie, largement isolée depuis son assaut contre l’Ukraine et en quête d’armements, de vouloir acquérir du matériel militaire auprès de son allié nord-coréen. (Lu ici)

 

Ainsi, voilà que le minuscule État nord-coréen, dont la population exsangue parvient tout juste à survivre lorsque la situation climatique ne lui est pas favorable, est en état de secourir son allié géant, la Russie, héritière de l’URSS dont l’Armée Rouge soutenait la réputation d’être l’une des plus grandes du monde. Comment une telle chose est-elle possible ?

            * D’abord remarquons que la guerre est devenue aujourd’hui non plus le fait de la bravoure des combattants qui affrontent la boue des tranchées et la charge héroïque, mais de techniciens installés à des milliers de kilomètres du champ de bataille et qui pilotent un drone à l’aide d’un joystick. A ce compte, peu importe l’envergure du pays frère, ce qui compte c’est le développement technologique.

            * On notera en suite que, si la grandeur d’une armée repose en grande partie sur ses combats passés, elle ne résiste pas à l’épreuve de l’affrontement réel. Le culte des héros morts au combat s’efforce de faire croire que leur sacrifice passé est gage de victoire du présent, mais on voit bien que ça ne résiste pas à l’épreuve du réel.

            * Enfin on peut voir aussi dans ce rapprochement et le faste qui l’entoure la preuve que la Géante-Russie est à ce point isolée que la voilà bien heureuse de se savoir soutenue par le Nain nord-Coréen.

La Fontaine en aurait fait une fable.

dimanche 10 septembre 2023

Il faut bien que quelqu’un le fasse – Chronique du 11 septembre

Bonjour-bonjour

 

Les sondeurs sont formels : les femmes sont majoritaires à revenir de vacances fourbues, pour avoir été en charge des soucis de la famille pendant que leurs maris, s’estimant déchargé de toute responsabilité parce qu’en vacances, se sont reposés.

 

En cause la charge mentale, qui affecte la vie féminine durant le reste de l’année et qui s’alourdit au moment des vacances : « On a les corvées à gérer, faire à manger, le ménage. Ça dépayse, mais ce n’est pas du repos. Toutes ces tâches, c’est moi qui les fais. ». (Déclaration de Stéphanie en camping dans le Périgord – Lire ici)

 

On l’a compris : cette liste interminable et inépuisable qui affecte les femmes plus que les hommes serait la trace d’une inégalité homme-femme, laissant aux homme la tranquillité d’une répartition des tâches ménagères très avantageuse. Ces messieurs se seraient arrangés pour avoir une « liste de choses à faire » close, alors que celles des femmes est une liste ouverte, qui sans cesse s’allonge – Il faut bien que quelqu’un le fasse !

 

Les ouvrages qui proposent des méthode pour échapper à la charge mentale font florès, on s’y reportera à l’occasion. 

--> Reste que c’est ici l’occasion de remarquer :

            * D’abord que la fatigue peut être d’origine mentale, ce qui signifie qu'elle n'a pas de fin comme ce serait le cas pour un travail physique, comme le montre ce dessin :


 

            * La représentation d’un travail est donc déjà un travail.

            * Il existe ainsi une fatigue d’origine cérébrale qui ne relève pas de la fantaisie et qui peut se comparer à la fatigue physique.

            * C’est un cas dans lequel on rangera le travail intellectuel, dont il faut se reposer régulièrement.

… Mais comment faire pour se décharger de la charge mentale qui dépend d’une disposition psychologique et non d’un règlement social ?

En étant soi-même prise en charge ? Par son compagnon ? 

samedi 9 septembre 2023

Un monde sans âme – Chronique du 10 septembre

Bonjour-bonjour

 

Le tremblement de terre marocain a eu des effets dévastateurs dont un, particulièrement frappant, a été celui de l’effondrement du minaret de la mosquée de la Kasbah, dans la médina.

 

La mosquée de la Kasbah (12ème siècle). Vu ici

On se souvient peut-être du retentissement qu’avait eu, au 18ème siècle, le tremblement de terre qui avait partiellement détruit Lisbonne, et qui effondrant les églises au moment de l’office dominical, avait provoqué la mort de très nombreux fidèles. C’était la divine providence qui avait alors été interrogée : pourquoi Dieu dont la bonté et l’amour de l’humanité sont infinis avait-il frappé ainsi ceux-là même qui l’adoraient ? Voltaire avait ironisé là-dessus dans Candide.

Or, voici que personne ne s’interroge aujourd’hui : en détruisant, outre quelques milliers de fidèles, le minaret de sa mosquée, Allah a-t-il voulu dire aux marocains "Je ne veux plus de vos prières: non seulement je ne les exaucerai pas, mais je ne veux même plus les entendre !" Ça n’intéresse personne. Et puis qu’avaient donc fait les marocains pour être ainsi frappés par Allah ?

Oh, bien sûr je ne doute pas que certains fondamentalistes religieux en aient profité pour remettre en cause la libéralisation des mœurs qui s’épanouit ici et là au Maroc. Mais pour l’essentiel on n’en a pas entendu parler, ce qui signifie qu’il ne s’agit pas d’un fait social ; et pourtant la mode du complotisme aurait pu, selon la terminologie contemporaine, rendre cette idée virale.

Pour ma part je ne suis pas étonné de ce fait : on a perdu l’habitude de chercher une cause intentionnelle à des évènements naturels, et, à part ceux qui voient le dérèglement climatique comme une punition qui nous est infligée par la Nature entendue comme une puissance douée de volonté et de passion, personne ne voit dans l’orage une colère des Dieux.

Notre monde est un monde sans finalité : sans raison d’être, sans intention, nous n’avons pas à nous interroger sur un éventuels message que la Nature nous aurait envoyé : notre monde est un monde sans âme. 

La seule préoccupation est de savoir comment échapper à ses conséquences.

vendredi 8 septembre 2023

Testeur de fakenews – Chronique du 9 septembre

Bonjour-bonjour

 

Gabriel Attal a été interpellé par un élève du lycée Gilbert Dru de Lyon : « Est-ce que vous allez interdire les coupes dégradées chez le coiffeur ? » (Lu ici) 

 


Coupe homme dégradée (vu ici)

 

L’élève qui a posé cette question s’est vraisemblablement appuyé sur un article du Gorafi, connu pour publier des parodies d’articles d’actualité. On lira sur le site du Gorafi le désopilant article mentionnant le fait et demandant l’interdiction de la « coupe dégradée » ainsi que la fermeture des boutiques de coiffure à 10 euros soupçonnées d’être responsables. Bien sûr ça nous fait tordre de rire (MDR), sauf que… certains s'y laissent prendre et du coup ça ne les fait pas rire du tout.

Ça aussi devrait nous faire rire, sauf que…


Comprenons que cette situation est plus sérieuse qu’on ne le croit, et que ces fakenews grossières dont l’énormité nous plonge dans le second degré, ne sont tout compte fait pas si invraisemblables que cela.

On en arrive alors à cette conclusion : puisqu’on ne comprend pas en quoi l’abaya est religieuse, alors tout autre signe, même le plus farfelu est susceptible de le devenir – y compris la coupe dégradée. 

--> Devenir crédible dans l’énormité, et du coup  suggérer une critique de l’actualité : là est le « plus » apporté par le Gorafi. Je crois que le Président devrait méditer un peu les pseudo-informations publiées par ce site. Et se dire que la bévue du jeune lycéen n’est pas si ridicule que ça.

L’Élysée devrait avoir des testeurs de fakenews en la personne de ces jeunes qui, dans la candeur de leur jeunesse disent tout haut ce que beaucoup pensent sans trop oser le dire

jeudi 7 septembre 2023

Une mondialisation peut en cacher une autre - Chronique du 8 septembre

Bonjour-bonjour

 

À Nairobi (Kenya) « les pays participant au premier Sommet africain sur le climat ont trouvé une voie commune résumée dans la « déclaration de Nairobi. » Pour les pays africains, il est nécessaire d’agir pour ralentir le réchauffement climatique, tout en gardant le cap de l’industrialisation et de la croissance. Ils préconisent des mesures globales, et notamment une taxe carbone mondiale. Le continent africain ne représente que 4% des émissions de gaz à effet de serre, pour 17,2% de la population mondiale. Ce sont donc les pays du Nord, plus riches et pollueurs, qui sont pointés du doigt, pour n’avoir en particulier pas respecté leurs propres accords climatiques. » (Lire ici)

Cet article est illustré du dessin ci-dessous :

 

Comment mieux illustrer le fait que constitue la mondialisation ? Petits producteurs de CO2, mais (à leur corps défendant, bien sûr) aussi gros consommateurs que le reste de l’humanité, les africains voudraient de surcroit se développer comme les autres pays, donc en pillant les ressources de la planète et en la polluant désormais au même niveau que les pays développés.

Car une mondialisation peut en cacher une autre : celle de la dévastation ne doit pas faire oublier le modèle dévastateur mondialement partagé parce qu’on ne sait toujours pas par quoi le remplacer. 

mercredi 6 septembre 2023

La guerre du feu n’a pas eu lieu – Chronique du 7 septembre

Bonjour-bonjour

 

Si nous ne sommes pas tous frères, nous sommes néanmoins tous cousins

C’est ce que montre cette découverte récente d’un « goulot d’étranglement de population » durant l’évolution de notre espèce il y a 900000 ans, au cours duquel nos ancêtres (des « Homo heidelbergensis ») auraient vu leur nombre fondre pour atteindre… 1300 exemplaires ! 

 

 

Goulot d’étranglement génétique (voir ici)

 

A supposer que l’éloignement de cet évènement le rende trop incertain pour affecter notre jugement, sachez que le même épisode a dû se répéter plusieurs fois au cours de l’histoire de l’espèce. (Dans le schéma ci-dessus il se situerait plutôt à - 400000 ans)

Mais ce qui compte, c’est qu'on estime que cet épisode s’est répété au cours des temps, jusqu’à limiter notre espèce à 15000 individus il y a 70000 ans.

 

D’où plusieurs faits significatifs :

            *D’abord cette réduction nous libère du fantasme d’une humanité en lutte contre elle-même, s’autodétruisant durant une « guerre du feu ») : les conditions naturelles sur lesquelles nous n’avions à l’époque aucune prise sont la cause exclusive de ces quasi-apocalypses. 

            * Autre fait important : nous sommes largement consanguins puisque ce faible nombre d’ancêtres fait de nous des cousins ; c’est d'ailleurs ce que les analyses génétiques des hommes d’aujourd’hui établit.

            * Les divergences raciales perdent alors tout intérêt : survenues après ce dernier « goulot », elles n’affectent pratiquement pas le patrimoine génétique humain établi, rappelons-le, depuis moins de 70000 ans.

 

--> Reste que cette différenciation accélérée montre s’il était nécessaire que l’évolution de notre espèce a toujours fonctionné, n’en déplaise aux créationnistes.

C’est d’ailleurs ce qu’explique excellemment le Chat de Philippe Geluck :



mardi 5 septembre 2023

Le temps des records – Chronique du 6 septembre

Bonjour-bonjour

 

- Des records de chaleurs en journée mais aussi pour la nuit de lundi à mardi ont été battus

Records nocturnes… Température record relevée dans la nuit du 4 au 5 septembre à Gluiras avec 20,4°C.

(Lire ici)

 

Vous l’aurez deviné, je suis ce matin étonné par cet engouement pour les records que ce soient ceux de la chaleur, de la déconsommation, du nombre des repas servis aux Restos du Cœur ; bref, rien de ce qui arrive désormais ne nous intéresse à moins de franchir un cap, un maximum, une limite… Nous en voulons toujours plus et sans cela c’est sans intérêt.

 

Bien entendu cette attitude est trompeuse : que la température ne soit que de 43,4° et non de 43,5° degré ne la rend pas moins dévastatrice et nous devrions lui accorder toute notre attention. Mais voilà : ce qui nous motive c’est la nouveauté, l’extraordinaire – et tout autre situation semble incapable de nous exciter – sauf à entendre les vieux du pays inondé nous dire qu’ils n’ont jamais vu pareille chose.

- D’où vient cette étrange attitude ? Sommes-nous victimes des chaines info en continu qui doivent, pour maintenir branché leurs public, trouver des informations assez violentes pour cela ? Dans ce cas, les records ne seraient qu’un procédé dont nous sommes intoxiqués.

- A moins que nous ne soyons victimes que de la recherche d’information, laquelle ne peut exister sans la nouveauté – donc le jamais-vu. 

--> Rappelons la « théorie de l’information » de Shannon établit qu’une information est proportionnelle à son improbabilité ; et donc que le récepteur (= vous, moi, n’importe quel auditeur) ne reçoit comme information que la nouvelle (nom révélateur !) jamais entendue encore. La course aux records est une garantie de recevoir une info encore jamais reçue. (Voir ici)

 

Bien sûr ces deux hypothèses peuvent se combiner, les médias devant pour garder leurs auditeurs leur faire croire que c’est une nouveauté qui leur est apportée. Mais peu importe. Ce qui compte c’est de comprendre que notre attitude par rapport à l’information n’est pas une démarche cognitive mais une recherche de divertissement. Situation pour laquelle les anglosaxons ont inventé un mot valise : infotainment.

Alors il n'est bien sûr pas question de croire que toutes les chaines d'info donnent dans ce sensationnalisme; mais seulement celui-ci est une attente permanente du public et une raison pour la quelle il accorde ou non son attention.