dimanche 31 août 2025

Chez les profs aussi le niveau baisse – Chronique du 1er septembre

Bonjour-bonjour

 

C’est la saison de la rentrée scolaire et donc aussi celle des constats désolés : le niveau des élèves baisse de plus en plus et les réformes qui se sont amoncelées au fil des ans n’y ont rien changé. La nouvelle « réforme-de-la-réforme » du bac est là pour en témoigner.

 

Mais il y a pire : les syndicats alertent l’opinion sur le niveau des enseignants, qui est en baisse si on le juge d’après le projet de réforme des concours de recrutement. En témoigne la suppression de deux années de formation (ramenée de 5 à 3 ans) mais aussi le contenu des épreuves du concours.

--> « Dans certaines disciplines, les exercices élaborés au ministère de l’éducation nationale ont stupéfié les formateurs qui préparent aujourd’hui les étudiants au CRPE (concours de recrutement de professeurs des écoles) au point que plusieurs représentants syndicaux confient avoir cru à un « canular ». C’est notamment le cas en mathématiques ou en histoire-géographie, où les questions consistant à classer des nombres par ordre croissant ou des événements par ordre chronologique (sans les dater), ainsi que celles sous forme de questionnaires à choix multiples, ont interpellé par leur apparente facilité. » (Lire ici)

 

Ce jugement se retrouve à propos du CAPES de lettres ou de maths, avec de  surcroît une précision fort éclairante : : « Ces exigences sont revues à la baisse d'année en année à mesure que ceux-ci n'ont pas assez d'admissibles pour le nombre de postes à pourvoir » selon l’estimation des formateurs.

Il s’agirait donc d’un mal qui ne résulterait pas de capacités déclinantes des candidats, ni d’un environnement culturel défaillant : simplement les étudiants donnent l’équivalent de ce qu’ils vont toucher comme paie. Autrement dit, ils ne se donnent plus le mal d’acquérir des connaissances affutées dans un domaine scientifique tel que l’histoire ou la physique ; mais seulement ce dont ils estiment avoir besoin en fonction du salaire qui va leur être versé.

Ce constat a le mérite de rattacher l’ensemble des insuffisances constatées dans les résultats de l’école française à une seule source. Trop facile ? Soit – prenons le temps de vérifier. Mais l’idée est quand même qu’il ne suffira pas de décréter une plus grande sévérité dans la délivrance des diplômes tels que le bac pour améliorer les résultats de l’École française.

samedi 30 août 2025

1 homme sur 2 est une femme - Chronique du 31 aout

Bonjour-bonjour

 

"Aux grands hommes et femmes, la patrie reconnaissante" propos d’Elisabeth Borne qui veut dégenrer l'inscription sur le fronton du Panthéon :



- Laissons de côté la polémique sur la confusion du genre et de l’espèce : que l’espèce humaine qui comporte les femmes se nomme de la même façon que le genre masculin est un défaut certes, mais qui ne troublait pas du tout il y a quelques années. Personne ne s’étonnait alors que l’on demande « Quelle heure est-il ? » et non « Quelle heure est-elle ? » (Cf ceci)

- Peut-être faudrait-il s’interroger sur les conséquences de cette énumération supposant que le terme générique ne suffit plus – car après les hommes rétrogradés du genre humain tout entier à un seul élément constitutif, il va falloir aussi détailler « Droits de l’homme, de la femme et du citoyen-citoyenne » - ça fait du monde ! Et puis ça affaiblit la portée de ces droits qui ne sont plus universels, mais seulement applicables à des groupes qu’on doit énumérer. Car, dès lors qu’on suppose que les hommes ne sont que des êtes genrés, alors pourquoi ne pas ajouter les enfants ?

- Mais plus modestement je remarque que cette correction répond au même souci que l’écriture inclusive : il s’agit de rendre la présence des femmes visibles. Ça ne leur donnera aucun droit supplémentaire, mais à chaque occasion on se rappellera non seulement que les femmes sont aux cotés des hommes – et puis aussi que les hommes sont aux cotés des femmes. 

Susceptibilité exacerbée ?

 

vendredi 29 août 2025

Le freinage fantôme (suite) – Chronique du 30 aout

Suite à l'article du 8 aout


Bonjour-bonjour

 

En ces temps de déplacement de vacances où la voiture est sollicitée assez longuement pour devenir un objet de réflexion, les dispositifs d’aide à la conduite – tels le freinage automatique d’urgence et le dispositif d’aide au maintien dans la file – sont largement interrogés. En particulier le soupçon selon lequel ils seraient au service des fabricants de smartphone : « Les dispositifs comme l’aide au maintien dans la file ou le freinage automatique d’urgence, on les installe pour que les gens puissent continuer à téléphoner en conduisant. » (article à lire ici)

 


Pourtant la résistance à ces dispositifs a quelque chose d’instinctif. Comme le fait observer Jean Savary, dans son article (référencé plus haut) « Désormais, l’électronique se permet d’actionner les freins, la direction et la pédale d’accélérateur, soit ce par quoi s’exerce la domination de l’homme sur la machine et ce en quoi consiste le plaisir de l’exercice.

Forcément, cela déplaît, jusqu’à devenir un véritable remède contre la vente de voitures neuves. »

Autrement dit, deux forces contraires se trouveraient en concurrence ici : 

- d’une part le plaisir de continuer à bricoler sur son smartphone

- d’autre part le déplaisir de se sentir dépossédé de la maitrise que nous exerçons sur notre voiture à cause d'un dispositif qui (par exemple) bloque le volant pour se rabattre après avoir doublé parce qu’on n’a pas actionné le clignotant.

Mais il y a mieux : certains rappellent que, dans les années 70, l’imposition des ceintures de sécurité a été décriée comme une atteinte à la liberté fondamentale de faire ce qu’on veut – dans sa voiture comme ailleurs. Il est significatif qu’aujourd’hui les automobilistes ne se lèvent pas contre la présence de cette électronique (qu’on peut d’ailleurs toujours débrayer) mais qu’ils en réclament une meilleure expertise.

On ne mobilise plus les droits fondamentaux de l’être humain pour si peu.

jeudi 28 août 2025

C’est mieux aujourd’hui – Chronique du 29 aout

Bonjour-bonjour

 

Je vous livre un dialogue surpris hier à une terrasse de café, entre un grand-père et son petit-fils, un adolescent fort curieux de comprendre le monde tel qu’il va.

o-o-o

- Alors Léo, comment ça va en ce moment ? Tes études ? Tu vas entrer au lycée : as-tu déjà une idée de l’orientation que tu vas choisir ?

- Bof… J’suis pas sûr de savoir déjà… Et puis tu sais, Papy, j’ai l’impression qu’en France aujourd’hui rien ne marche. Quand je vois qu’on rêve de tout bloquer j’ai l’impression qu’on va si mal qu’on veut tout changer à n’importe quel prix. Alors choisir un avenir, ça me parait un peu risqué.

- Je vais te dire une chose Léo : il y a des gens pour qui ça va mieux aujourd’hui qu’autrefois.

- Ah bon ? Et qui donc ? On ne les entend pas beaucoup en ce moment.

- Ce sont ceux qui comme moi ont plus de 65 ans et qui ont une retraite assez confortable : pour eux, pas de menace de licenciement et pas trop de souci en fin de mois.

- Ouah ! Ça existe, des gens qui n’ont pas de souci en fin de mois ?

- Ben oui, Léo, ça existe. Ne crois pas les médias qui t’abreuvent de mauvaises nouvelles, de gémissements et de larmes. Des français malheureux, ça existe, oui. Mais pas au point de saturer l’espace social.

- Explique-moi, Papy, toi qui as vécu plus d’un demi-siècle au travail et maintenant en retraite : pourquoi ça serait mieux aujourd’hui qu’hier ?

- Ça va être tout simple : autrefois, je devais travailler pour gagner ma vie, et en plus fiancer la retraite des autres. Aujourd’hui, je n’ai plus à travailler, chaque fin de mois ma pension arrive sur mon compte en banque, payée par un tas de braves petits gars, que je ne connais pas, mais qui font bien consciencieusement leur devoir.

- Ça, Papy, c’est du blabla : personne n’est heureux de vieillir, d’avoir des rhumatismes et le zizi en berne.

- Détrompe-toi, Léo : alors oui, on préfère être retraité jeune plutôt que vieux - mais on veut être retraité quand même. As-tu écouté les gens au moment des manifs pour maintenir l’âge de départ en retraite à 60 ans ? Ils disaient tous que les deux années de retraite qu’on allait leur voler étaient les meilleures de leur vie et que pour les conserver ils étaient prêts à tout casser.

- Alors, si je te comprends bien, Papy, les gens qui menacent de bloquer le pays pour améliorer leur vie aujourd’hui, ce sont des irresponsables qui n’acceptent pas le contrat : moins à 20 ans pour plus à 60 ?

- Oui - Sauf que ça n'est plus tout à fait à 60 qu'on sort du souci de gagner sa vie. C'est là que ça bloque. 

mercredi 27 août 2025

Budget : le complexe de Cassandre – Chronique du 28 aout

Bonjour-bonjour

 

Depuis la guerre de Troie on sait que les prophètes de malheurs n’ont pas bonne presse : on se rappelle l’histoire de Cassandre dont le malheur, justement, fut de ne jamais être crue par ses compatriotes. On en a même tiré une expression qui a été familière : « Le syndrome ou complexe de Cassandre », qui désigne les situations où on ignore des avertissements ou préoccupations légitimes.

 

Cassandre – Vu ici

 

Notre actuel Premier Ministre peut légitimement se vanter de jouer le rôle de Cassandre des temps modernes avec 30 années de dénonciation de la dette française – années au cours desquelles il a régulièrement décrit les malheurs qui allaient frapper la France si elle s’enfonçait dans ce gouffre financier. Perte de la capacité d’action, plus de ressources pour une justice sociale, et pour finir une mise sous tutelle dont la Grèce nous a donné il y a une quinzaine d’années une effrayante représentation.

- Pour être tout à fait juste, ce n’est pas l’annonce de la proximité de la déconfiture française qui constitue aujourd’hui le message refusé par la classe politique – et par une majorité de citoyens. Tout le monde admet peu ou prou que l’endettement français est en passe de devenir insoutenable. Mais ce sont bien les moyens de sortir de cette ornière qui constituent le message rejeté : alors que François Bayrou appelle à une réduction des dépenses sociales et une aggravation des ressources des plus pauvres, qualifiant ces mesures comme seules capables de ramener la France dans la trajectoire des pays économiquement sûrs, la gauche désigne les riches comme responsables de la misère des pauvres. La solution consiste à aller chercher l’argent là où il se trouve, c’est-à-dire dans les poches de Bernard Arnaud.


 

Le problème avec le syndrome de Cassandre c’est que le fait de ne pas croire en ses annonces ne les empêche pas de se réaliser.

mardi 26 août 2025

La panne – Chronique du 27 aout

Bonjour-bonjour

 

Ce matin, chers amis, c’est la panne : aucune inspiration n’est venue me visiter à la lecture des articles d’info-Google. Rien, sauf à revisiter inlassablement les mêmes désastres ou à annoncer les mêmes catastrophes.

Je préfère donc vous communiquer quelques réflexions repêchées dans mes archives et qui sont suscitées  1) par l’amour tel que les humains le vivent plus particulièrement quant à la différence après le coït entre les hommes et les femmes. 2) Et puis par quelques réflexions sur l’orgasme. 3) Et enfin une fantaisie sur l’amour revu par Descartes en recherche de l’évidence de l’existence.

1)

- « Nos plaisirs furent suivis d'affreuses lassitudes sombres (...) où (...) mon âme (...) sanglotait humiliée, meurtrie de toujours retomber au spasme bref de la chair. Elle aussi, après la volupté, n'avait plus que l'immense stupeur triste de la bête » Citation de Camille Lemonnier, notre auteur du jour dans : Homme amour, 1897)

Post coitum omne animal triste est, sive gallus et mulier (Après le coït, tous les animaux sont tristes, à l’exception du coq et de la femme) – Galien

La femme est-elle, comme le pense Galien, le seul animal avec le coq à ignorer la dépression post-orgasmique ? Camille Lemonnier (notre auteur-du-jour) tient cette opinion pour inexacte : si la femme a une âme, elle aussi doit subir, après la volupté l'immense stupeur triste de la bête.

Certains esprits mal tournés soutiendront comme Galien que la femme ignore cette dépression, tout bonnement parce qu’elle n’a pas d’âme – alléguant pour cela le débat du concile de Mâcon (en 585). Or, cette légende étant connue pour être totalement fausse (= voir ici) la propager ne fait que révéler une misogynie hors de propos..

2)

- Reste qu’on voudrait bien savoir : qu’est-ce qui se passe après l’orgasme (« ce spasme bref de la chair » comme dit notre auteur-du-jour) ? Allons-y de notre enquête : qu’est-ce qui se passe en vous, dans votre corps, dans votre tête ? Le sujet est un peu épineux et je me vois mal interrogeant mes amis : « Et toi, dis-moi : après avoir tiré ton coup, qu’est-ce que tu fais ? Tu ris ? Tu pleures ? Tu fumes une cigarette en méditant sur la condition humaine ? Ou bien tu t’endors ? » Vous pouvez aussi leur demander de filmer leurs ébats avec leur smartphone et de vous envoyer la vidéo pour étude comparative. Après tout, les sextapes, ça se fait beaucoup.

Hum… Pas sûr qu’avec ça vous gardiez beaucoup d’amis…

Recherchons donc des données objectives s’il y en a. Lisons l’article Wiki : « /Après l’orgasme/, un partenaire seul ou le couple entier peut ressentir la plénitude. Ce sentiment est dû à la sécrétion d'endorphines dans le cerveau lors de l’orgasme… /A l’opposé/ il serait normal de ressentir de la tristesse après un rapport sexuel, la pensée reprenant son cours normal, le néo-cortex ses fonctions, le flot d'hormones sa place. »

Les réactions les plus extrêmes se côtoient, nous voilà bien avancés…

 

3) 

Coït cartésien :

Entre 2 spasmes :

- Lui : je baise donc je suis

- Elle : ça reste à prouver

Les mêmes, 3 spasmes plus tard :

- Lui : moi je dis que / Pour baiser il faut être / Or je baise / Donc je suis

- Elle : si ça se trouve tu fais simplement un rêve cochon

- Lui : Il existe un Dieu infiniment puissant et bon qui ne permettrait pas de telles choses

lundi 25 août 2025

Le meilleur des mondes – Chronique du 26 aout

Bonjour-bonjour

 

Alors, c’est pour bientôt le fond de la piscine ? Probablement car si on suit la trajectoire politique de la France ou plutôt si on la devance, voici ce qu’on devine : après la crise politique, voici venir la crise économique ; après la chute du gouvernement Bayrou, les mesures appelées de leurs vœux par les oppositions devraient, si toutefois elles pouvaient se coordonner, précipiter la déroute de l’économie française, jusqu’à ce que les possédants, menacés dans leurs privilèges sifflent la fin de la récré : fini la démocratie avec ces manifestants qui font la loi et ces sondages d’opinion qui suffisent à retourner une politique. Désormais ce sera un homme autoritaire qui fera la loi. Et ça marche !

- Là je sens que mes lecteurs les yeux exorbités se lancent dans une longue diatribe : « Propos irresponsables ! Preuve d’une ignorance crasse – à moins qu’il s’agisse d’une misérable entreprise de déstabilisation ! Qu’on supprime ce blog de la Toile » 

Hé bien, chers amis, j’ai quand même des preuves : voyez Milei en Argentine : sa tronçonneuse à la main il a supprimé toutes les mesures sociales, déclenchant une misère épouvantable – Résultat ? Un redressement financier et une reconnaissance internationale qui lui permet de poursuivre le massacre. 

 


Ça ne vous suffit pas ? Écoutez Donald Trump : « Je ne suis pas un dictateur et pourtant les américains aiment les dictateurs, ils voudraient en avoir un pour les gouverner » (Lire ici) Quant à l’effondrement économique des Etats-Unis, il se fait toujours attendre.

- Alors, les pessimistes de tout poils, les tenants de la loi de Murphy, ceux qui considèrent que « demain sera pire » peuvent aller se faire rééduquer en Corée du nord : le pire est la source du meilleur.

Vous ne me croyez pas ? C’est que vous n’avez pas la patience d’attendre suffisamment longtemps, que du désastre naisse le meilleur des mondes.

Quoique… Dire que le pire et le meilleur ne font qu’un, c’est peut-être cela le vrai pessimisme.

dimanche 24 août 2025

C’est comment qu’on freine ? – Chronique du 25 aout

Bonjour-bonjour

 

Suite aux problèmes de « freinage fantôme », on a critiqué les programmes d’IA prétendus capables d’adapter automatiquement la vitesse du véhicule  à la situation du trafic. (Cf. Post du 8 aout)

« Parler d’intelligence pour un véhicule est donc, au mieux, une image. » conclut l’auteur de l’article (ici)

Voilà une critique contre l’IA bien convenue : chargées d’adapter à l’environnement, elle serait incapable de tirer de sa base de données une réponse à la situation nouvelle qui requiert l’intuition humaine. Autrement dit le « freinage fantôme » ne résulterait pas d’un banal dysfonctionnement de la voiture mais bien d’une incapacité du système informatique qui en gère la vitesse. Comme le chante Bashung « L'allume-cigare je peux contrôler / Les vitesses c'est déjà plus calé / C'est comment qu'on freine » (écouter ici)

... Tout ça me rappelle un sujet de philo du bac qui, il y a quelques années, demandait : « Ce qui est imprévu était -il imprévisible ? » Autrement dit, dans un monde strictement déterministe, tout ce qui arrive se produit selon des lois universelles de la nature, il n’y aurait donc rien d’imprévisible. L’imprévu est simplement l’effet de notre ignorance, ce qui s’applique donc aux situations de la circulation routière où les voiture sont des mobiles soumis aux lois physiques et aux déterminismes psychologiques et sociaux. L’Intelligence Artificielle fonctionne avec des lois, comme n’importe quel ordinateur elle fournit des réponses aux situations de la circulation routière.

On objectera que la machine, si « savante » soit-elle ne peut anticiper les interactions aléatoires entre ces lois. On sait d’ailleurs que c’est là la définition du hasard selon Cournot : « Interférence de deux séries causales indépendantes » : aucune loi, même dans un monde déterministe, ne peut prévoir ces situations soumises à l’aléa de déterminismes indépendants – par exemple comment soumettre les comportements réglés par la société et ceux déterminés par la biochimie cérébrale ? Peut-être en effet que l’intuition humaine l’emporterait alors sur les informations issues de la base de données de la machine ?

Mais qui nous dit que l’aléa en question est bien ce qu’il nous parait, à savoir un phénomène encore jamais apparu et donc impossible à prévoir ? Peut-être qu’il est plus fréquent qu’il n’y parait et que, hasard ou pas, la machine en a déjà enregistré l’apparition avec une certaine fréquence. Auquel cas, l’IA des machines actuelles serait simplement à court de base de données – mais qu’on lui laisse le temps de s’informer avec d’avantage d’items et ces freinages fantômes péché de jeunesse disparaitront.

Et avec eux notre sotte présomption de détenir grâce à notre intuition une supériorité sur les machines.

samedi 23 août 2025

En quoi le désir est-il un sujet écologique ? – Chronique du 24 aout

Bonjour-bonjour

 

Ça devait arriver : l’écologie et l’érotisme, cher à la culture des année-68, devaient fusionner, faire un enfant ensemble.

C’est chose faite depuis un certain temps sans qu’on le sache (du moins : moi). On trouvera une description détaillée de l'interview de Cy Lecerf Maulpoix et de Myriam Bahaffou publié ici par Reporterre) – article trop détaillé pour qu’il soit possible d’en faire la recension ici : chacun pourra le lire à loisir à l’adresse indiquée.

o-o-o

- Je voudrais quant à moi indiquer de quelle façon ce sujet m’est apparu décisif. Il s‘agit d’une conception du désir sans laquelle nulle théorie des enjeux érotique de l’écologie ne saurait avoir de sens. Il faut en effet concevoir l’écologie comme décrivant l’humain comme étant en lien avec le monde naturel, traversé par ses forces et nourrissant le désir de vivre cette union comme une jouissance.

--> Une définition du désir et de sa force érotique est alors nécessaire et je la retrouve chez Georges Bataille. Voyez plutôt de quelle façon le désir se définit chez lui, selon cet article :

« l'érotisme serait le désir de continuité de l'homme dans sa vie discontinue. Par continuité, Bataille entend le fait de se retrouver dans l'autre, de s'étendre à travers une autre personne que soi, de prolonger qui nous sommes dans l'autre ».

De même que cette définition éloigne l’érotisme de Bataille de sa version libertine, l’érotisme relié à l’écologie mis en jeu par ces mouvements écologiques refuse toute assimilation avec la pornographie – qui, outre une marchandisation fascisante du corps humain, soumet la jouissance à des règles culturellement définies.

Alors bien sûr il y a de l’excès dans cette théorie du rapport entre désir et écologie, comme de voir dans les actes de protection de l’environnement des actes d’amour en réponse à une excitation ressentie en présence du milieu naturel. Mais on peut aussi y trouver une nouvelle vision de cette relation à autrui qui efface les barrières et les différences avec eux comme l’occasion d’une pénétration « multiopérée ». Voyez plutôt cet appel de Myriam Bahaffou : « J’invite quant à moi à penser l’interdépendance comme un rapport réellement corporel, celui de la pénétration ; être pénétré·e de, c’est reconnaître que je suis composé·e d’autrui, c’est m’ouvrir à l’autre, c’est désacraliser la notion d’humain, de genre et de race, comme des « identités » fixes. » -.

Ça ouvre des horizons n’est-ce pas… mais ça invite aussi à voir les choses avec sérieux.

vendredi 22 août 2025

Jésus que ma joie demeure… – Chronique du 23 aout

Bonjour-bonjour

 

Voici une nouvelle qui me parvient ce matin : « Un implant cérébral sort un patient de trente ans de dépression et lui permet à nouveau de ressentir de la joie » (Lu ici)

Ainsi on est parvenu à évincer des symptômes dépressifs profonds ayant entrainé plusieurs tentatives de suicides, et cela grâce à des électrodes « qui ont été reliées à de petites batteries implantées sous la peau, au niveau des clavicules. Ce dispositif, comparable à un stimulateur cardiaque (ou pacemaker), envoie de courtes impulsions électriques plusieurs fois par jour, en toute autonomie. » (Article cité)

On est donc parvenu à stimuler la production de joie grâce à des impulsions électriques directement sur le cerveau, prouvant ainsi que ce sentiment éminemment spirituel, ce « sentiment de plénitude qui affecte l’être entier » (CNRTL) dépend en fait de phénomènes relevant de la physique.

D’où l’idée de faire germer dans la conscience toute sorte d’émotions, de sentiments, d’affects par simple stimulation de neurones. 

Ainsi : dans le choral de la cantate BWV 147, Bach fait dire au chœur « Jésus que ma joie demeure, / Le réconfort et la sève de mon cœur / Jésus réduit tout chagrin, / Il est la force de ma vie, / Le délice et le soleil de mes yeux, / Le trésor et la félicité de mon âme ; / Donc je ne laisserai pas Jésus / Loin de mon cœur et de ma vue ». (Air connu – à lire ici)

--> Aujourd’hui, plus besoin de Jésus ; une petite décharge dans le cerveau et hop ! voici « le soleil et la félicité de l’âme etc. » qui vous envahissent, même si vous n’avez pas la foi.

Et puis pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Votre chérie commence à vous lasser, vous ne ressentez plus votre âme tressaillir quand vous entendez sa voix ? Vous n’avez plus de papillon dans le ventre dès qu’elle apparait ? Qu’à cela ne tienne : encore une petite décharge et ça repart.

 


Reste à ne pas se tromper de zone à stimuler. Les chercheurs du Minnesota qui ont pris en charge le dépressif dont nous parlons ont déterminé la présence dans son cerveau d’un « réseau de saillance » anormal sur le quel ils sont intervenus avec succès. Il ne reste plus qu’à en faire autant dans les autres cas pour ne pas se tromper.

… Encore que… Supposez que vous activiez la zone de la foi religieuse au moment de réactiver le sentiment amoureux : quel serait le problème ?

jeudi 21 août 2025

Opération dopamine – Chronique du 22 aout

Bonjour-bonjour

 

Si le bonheur est une notion bien difficile à appréhender, les neurosciences se sont débrouillées pour la remplacer par une autre notion : la « récompense » liée à des situations bien définies et associée à des substances parfaitement connues.

1°) Et d’abord, la nature de la récompense : « En neurosciences, on identifie deux grandes sources de récompense : « La première est liée aux plaisirs dits “hédoniques”, c'est-à-dire la recherche d'une satisfaction facile et immédiate. La deuxième, appelée “eudémonique” résulte d'un sentiment de réalisation personnelle ; on a réussi à se dépasser, on a mené à bien une tâche ardue, on a donné du sens à son action, etc. » (selon le psychiatre David Gourion – lu ici)

Or, des études scientifiques révèlent que ce plaisir différé, lié au travail et à l'effort, est une source de récompense plus intense et plus durable que le plaisir immédiat, et contribue davantage à notre bonheur. » Autrement dit c’est l’effort qui produit cette substance source de bonheur.

2°) La substance donc : il s’agit de la dopamine dont on voit qu’elle est produite essentiellement par notre cerveau : « La dopamine est souvent surnommée « hormone du bonheur », car elle est libérée par notre cerveau lors d’expériences associées au plaisir. Elle a une influence sur le comportement, le bien-être, le désir… Plus notre organisme en produira, plus nous serons motivés et mieux nous nous sentirons.

La dopamine joue notamment un rôle dans l’amour et le plaisir sexuel, tant chez l’homme que chez la femme. » (voir ici)

La question n’est plus alors que de trouver la meilleure façon de diffuser de la dopamine dans notre cerveau et le tour sera joué. 

3°) Or c’est ici que les assurances qui viennent de nous être données plus haut sur la moralité et la haute valorisation des efforts sources de dopamine se révèlent un peu surfaites. On constate en effet que les recettes pour créer de la dopamine sont multiple et pas toujours très « morale ». Il y a bien entendu l’effort physique et les activités socialement valorisées, comme d’écouter de la musique - seulement ça, on peut le faire vautrés sur son canapé. 

 


Et puis on a aussi tout ce qui accompagne la sexualité et qui n’est pas forcément très méritant sauf à envisager l’intérêt de la sexualité pour la reproduction et la survie de l’espèce.

Moralité : si on cherche dans la nature la source de comportements exclusivement vertueux, on risque bien d’être déçus. Car la nature n’a aucune volonté, ni aucune intention. Elle comporte seulement des mécanismes dont certains effets peuvent être statistiquement favorables au développement de la vie. Mais elle n'a rien à opposer au détournement de ces  mécanismes vers des satisfactions strictement individuelles - comme (entre autre) le plaisir sexuel. 

mercredi 20 août 2025

Internet : la mort en direct – Chronique du 21 septembre

Bonjour-bonjour

 

Ce que vous allez lire ne va pas vous faire plaisir : mais l’ignorer volontairement revient à faire l’autruche


 

 

Et vous savez ce que disait Rabelais : « Si les signe vous fâchent, Ô combien vous fâcheront les choses signifiées ! »

 Bref vous l’avez déjà compris : je veux parler de ce cas invraisemblable et pourtant vrai de cet homme martyrisé avec son consentement (sic) dans des scènes filmées et diffusées en direct sur Internet, et qui est mort sous « l’œil » des caméras hier. 

- Mais le pire n’est pas encore là. Ce sont les membres de la communauté assistant en direct à ce spectacle qui commanditent les violences dont cet homme a été victime (injures, humiliations, violences…) ; il leur suffisait de payer quelques euros pour activer les bourreaux.

Lorsqu’Hannah Arendt parlait de la « banalité du mal » elle entendait décrire la passivité des bourreaux exécutant les ordres de la « solution finale ». On sait que l’expérience de Milgram a mesuré le rôle de cette passivité dans des tortures infligées à une victime potentielle. Mais ici les bourreaux sont payés par des spectateurs qui ne cherchent qu’à se divertir du spectacle de la souffrance subie effectivement par une victime dont la seule justification est de savoir bien souffrir. Il ne s’agit plus de la banalité du mal, mais de la banalité de l’abjection.

Et qui sont donc ces sadiques ? Des pervers évadés de la prison ou d’un asile ? Que nenni !

Ce sont des jeunes gens fort ordinaires, comme le sont vos petits chéris – ou vous-même il y a quelques années ?

Quand je vous disais que ça n’allait pas vous plaire.

mardi 19 août 2025

L’objecteur persistant – Chronique du 20 aout

 «Covenants, without the sword, are but words » (Pactes sans sabres, ne sont que palabres)

Hobbes - Léviathan, II, XVII

 

 

Bonjour-bonjour

 

concernant l'Ukraine, la France ne croit pas qu'on puisse admettre qu’un traité de paix sans autre garantie que la promesse de l’État Russe puisse être suffisant ; il faut en plus une force qui contrôle en permanence que la violence armée ne va pas revenir.

Cette nécessité de la force de réassurance nous le dit : avec certains partenaires les traités ne sont que des mots, et pour que leur obligation soit robuste, il faut que la force soit présente. Autrement dit la paix ne peut exister là où on l’imagine car la menace de guerre toujours présente. Certes, bien en sécurité derrière les frontières on pourrait croire la paix assurée – et puis un jour arrive quelqu’un qui se moque de ces conventions. Quelqu’un qui dit : « Vos traités (par exemple) commerciaux ne valent rien pour moi. Un trait de plume les a ratifiés, un autre les supprime. Et si vous contestez il faudra le faire les armes à la main. » 

Notre époque est particulièrement riche en exemples - à commencer par les traités commerciaux piétinés par l’actuel Président des Etats-Unis, même s’il n’a pas encore convoqué son armée, il a du moins promis d’utiliser la force toutes les fois qu’il le jugera nécessaire.

L’actuel Président russe conteste la validité des traités assurant l’Ukraine de son indépendance : aucun traité ne peut valoir devant cette évidence : l’Ukraine fait partie de la Russie. On lira ici que cette contestation relève de la catégorie bien connue des spécialistes dite de « l’objecteur persistant » stipulant que la coutume l’emporte sur les traités internationaux. 

--> On comprend alors qu’aucun traité fraichement conclu entre les Nations ne peut forcer la soumission de ceux qui invoquent la force de la coutume (ici : l’Ukraine faite historiquement partie de la Russie). Se trouve alors validée la formule de Hobbes « Pactes sans sabres, ne sont que palabres » : si le sabre doit rester dégainé c’est que le Traité ne fait rien que délimiter un cadre, mais que son respect ne vient pas de son existence mais d’un rapport de force dissuasif.

lundi 18 août 2025

Un gisement d'hydrogène blanc en Moselle – Chronique du 19 aout

Bonjour-bonjour

 

« L’Europe est un vieux continent qui a déjà extraites et utilisées toutes les matières premières que contenait son sous-sol. » Cette opinion est un truisme qui sert d’ailleurs à expliquer les conquêtes coloniales du 19èmeet du 20ème siècles.

Pourtant la définition de la notion de matière première, à savoir « des matières extraites de la nature ou produites par elle et que l'Homme utilise soit directement, soit pour les transformer en biens de consommation. » aurait dû nous alerter : une « matière première » suppose pour exister la combinaison de deux éléments, à savoir : 1°) de la matière et 2°) des procédés de consommation. Donc ce qui est défini comme tel ne peut exister que là ou ces procédés techniques existent. C’est ainsi que le pétrole a été appelée « eau de goudron » du temps où on ne savait rien en faire d’autre qu’alimenter des lampes huile.

Tout ça pour dire qu’un élément présent dans le sous-sol a été jusqu’ici négligé, et c’est l’hydrogène. Or, voici ce qu’on vient de découvrir : contenu dans des poches souterraines, « un gisement colossal d’hydrogène blanc, estimé à 46 millions de tonnes, a été mis au jour à Folschviller en Lorraine /…/ L’hydrogène blanc, extrait sans transformation chimique, se distingue par sa pureté et son potentiel écologique » Cette découverte n’aurait pu être faite auparavant, car on n’avait pas de raison pour rechercher une telle substance lorsque les énergies fossiles suffisaient pour alimenter l’économie. Mais aujourd’hui, l’hydrogène est en passe de devenir le meilleur carburant possible pour les voitures et autres moteurs qu’on tente actuellement d’alimenter à l’électricité. (lire ici)

 

- J’ai fait récemment un Post consacré à ITER, le futur réacteur thermonucléaire : les civilisations humaines sont aujourd’hui toutes à la recherche d’une nouvelle énergie « propre » et renouvelable. Je ne doute pas que l’hydrogène soit un candidat pour occuper une place de choix dans les découvertes espérées dans ce domaine. Mais surtout, je note que c’est la conquête des sources d’énergies nouvelles qui est devenue un facteur primordial de la survie de l’humanité.

Mais au fond, rien de vraiment neuf ici. Nous savons depuis bien longtemps que la rupture anthropologique – je veux dire : celle qui sépare les humains des autres espèces animales – passait là. Qu’au lieu de chercher à prélever dans la nature leurs ressources vitales avec leur moyens naturels, comme le font les animaux, les hommes devaient inventer des moyens artificiels – comme l’a été le feu grâce à Prométhée.

dimanche 17 août 2025

Coopération pacifique : le cas d’ITER – Chronique du 18 aout

Bonjour-bonjour

 

« Les forts écrasent les faibles ; les puissants réduisent les chétifs en esclavages ; les hommes exploitent les femmes… » - et puis « La guerre… La guerre… La guerre » : voilà les quelques maximes que l’actualité suggère aux esprits désabusés attentifs aux évènements. Quels cas de coopération pacifiques et désintéressés pourrait-on évoquer ? Aucun.

 

- Un cas pourtant permet de s’inscrire en faux ; c’est celui de la construction du futur réacteur thermonucléaire expérimental ITER, dont on a publié hier cette photo :

 

 


L’aimant supraconducteur pour le projet ITER en France.

 

Ce que vous voyez là, c’est l’aimant, partie intégrante du solénoïde central, essentiel à l’initiative internationale visant à exploiter l’énergie de la fusion. 

« Malgré les défis et retards rencontrés, l’importance d’ITER comme projet phare de l’énergie de fusion reste intacte. La réussite de l’installation des modules témoigne de la planification minutieuse et de l’exécution rigoureuse nécessaires à la réalisation de cet exploit. ITER, observé par le monde entier, représente un espoir pour un avenir énergétique propre et durable. » (Lire ici)

Oui, une part importante de l’humanité incarnée par des nations avancées dans le domaine de la recherche scientifique a su conclure un traité de coopération financièrement contraignant pour construire ce qui sera un jour une manne énergétique pour l’humanité entière. Et non seulement chaque nation a su coopérer avec les autres, mais comme on le voit pour cet aimant, les firmes habituellement concurrentes dans le même pays (ici : les Etats-Unis) se sont associées pour inventer et produire un objet aussi extraordinaire.

 

Certains voudront critiquer cet enthousiasme jugé naïf : « Coopération au bénéfice de l’humanité … Hum… qu’est-ce qui dit que ce réacteur une fois inventé ne servira pas à déchainer des forces inouïes contre ceux qui ne disposeront pas de cette technologie ? A-t-on vu l’énergie nucléaire se limiter à produire de l’électricité pour tous ? »

Le progrès n’est pas une loi de la nature en ce sens qu’il produirait toujours le même effet. L’augmentation de la quantité d’énergie produite a fait beaucoup pour la destruction et la mise en péril de l’humanité. Mais c’est elle également qui a accompagné la possibilité pour un plus grand nombre d’hommes de vivre mieux et plus longtemps.

Si c’est être naïf que de croire que les futures découvertes dans le domaine thermonucléaire iront aussi dans ce sens, alors j’admets être naïf.

samedi 16 août 2025

Le jour où on ne meurt pas – Chronique du 17 aout

Bonjour-bonjour

 

Dans mon souci d’ajouter l’utile à l’agréable, mon billet du jour va non seulement vous divertir, mais encore vous donner à réfléchir à une question existentielle : « Quel comportement adopter pour éviter de mourir ? » Vous avouerez que cette interrogation est importante. Comment y répondre ?

En lisant ceci : « Les statistiques de l’Insee sont claires : le 15 août est le jour de l’année où le nombre de décès est le plus bas en France. »

Et voilà ! Malheureusement le 15 aout est passé et il va falloir tenir une année entière pour en profiter de nouveau. Comme on ne peut jouer les répétitions avec le calendrier, recherchons les raisons éventuellement reproductibles de cet étrange propriété du 15 aout.

« Ce phénomène qui s’explique en partie par la météo… et par les blocs opératoires au repos.

… Au milieu de l’été la mortalité est généralement plus faible qu’en hiver, déjà parce que les virus saisonniers, comme la grippe, sont alors absents, ce qui réduit les décès liés aux complications respiratoires. »

Pour éviter de mourir il suffit d’éviter d’être malade : c’est assez banal… Mais attendez ! Lisez plutôt la suite : « l’explication la plus déterminante est médicale : en plein mois d’août, et surtout un jour férié, il y a très peu d’interventions chirurgicales programmées. Or, même si elles sont majoritairement sans danger, toute opération comporte un très faible risque de décès. Moins d’opérations, c’est donc mécaniquement moins de décès. Heureusement, les maternités, elles, sont ouvertes. »

Donc, pour éviter de mourir, même si on ne peut éviter de tomber malade, on peut au moins éviter de se faire soigner - et en particulier éviter de se faire opérer. Le chirurgien et son scalpel sont les véritables agents de la mort.

 


Hum… Je sens comme un doute dans votre esprit ; et si ce genre d’affirmation venait plutôt des complotistes ? Aurait-on une confirmation objective ? Oui, car « à l’inverse, c’est le 3 janvier qui détient le triste record, avec environ 1 900 décès en moyenne. En cause : le pic de grippe hivernale et la reprise des opérations chirurgicales après les fêtes. »

La vérification, confirmée par les statistiques est sans appel : le bloc opératoire est l’antichambre de la mort, y entrer c’est risquer d’en ressortir « les pieds devant », selon l’expression bien connue.

- Bof.. Tout ça c’est de la blague, parce qu’on le sait bien : ne pas se faire soigner, c’est aussi une bonne façon de rencontrer la mort. 

Peut-être… Mais la nouvelle que je viens de relayer a quand même un intérêt véritable : celui de montrer qu’en attribuant la cause de la mort à ses circonstances immédiates on arrive à des interprétation bouffonnes  : il y a ceux qui meurent sur la table d’opération, mais aussi ceux qui meurent en copulant, et encore ceux qui trépassent en mangeant le poulet du dimanche...


On voit où je veux en venir : notre époque, entièrement soumise aux lois statistiques confond la coïncidence et la causalité. Comme si les circonstances dans lesquelles un évènement se produisait étaient aussi sa cause. 

Que des migrants soient coupables de crimes divers, est-ce que cela prouve que c’est la migration – et non la misère – qui soit responsable ?

vendredi 15 août 2025

Le banquet cannibale : un roman préhistorique – Chronique du 16 aout

Bonjour-bonjour

 

Entendu ce matin une info, certes en marge des évènements urgents, mais raccord avec l’intérêt habituel du public. On y relate la découverte paléontologique, faite dans une grotte Espagnole, d’un grand nombre d’ossements venus du même groupe humain et portant des traces significatives de découpes, de cuisson et de morsures. Ces ossements sont identifiés comme des restes issus d’un « banquet cannibale » datant de 6000 ans. (Voir ici)

- L’intérêt de cet article réside dans l’interprétation donnée. Qu’on en juge : « Grâce à des analyses des dents des victimes, les chercheurs ont pu déterminer que ces victimes étaient de la même région que le clan qui les a dévorées. » 

Jusque-là, pas de problème. Mais lisons la suite :

« D’après leurs observations, tout s’est passé très vite. Ils pensent donc à un affrontement violent entre des communautés agricoles voisines, au sujet d’un territoire peut-être, un conflit qui a poussé ces hommes préhistoriques à éliminer toute une famille, d’où la présence d’enfants parmi les victimes. Le cannibalisme ne serait pas, ici, lié à des rites comme cela se pratiquait en Amérique Latine, ou à la nécessité de manger, mais plutôt à la volonté d’éliminer littéralement son ennemi. » (art. cité)

- Pointons ce qui est certain :

1°) Ces restes ont été dépecés et mangés par des humains

2°) Ces victimes viennent du même groupe humain que les « consommateurs »

3°) Des ossements d’enfants ont été retrouvés dans le même gisement

A partir de là, hypothèses :

1°) Il s’agit d’un affrontement entre communautés agricoles se disputant un même territoire

2°) Cet affrontement avait pour but d’éliminer la totalité d’une famille, y compris les enfants (genre : solution finale)

3°) Le cannibalisme répond donc à la volonté de faire disparaitre totalement l’ennemi

4°) S'y ajoute l’idée d’un banquet, dans le genre du folklore de nos campagnes

 


- J’exagère ? Peut-être un peu, mais pas totalement. La préhistoire (et il faut ici englober tout ce qui va des premiers hominiens aux éleveurs-agriculteurs du néolithique) est l’occasion de romancer, à partir de données effectivement scientifiques, le devenir des sociétés humaines.

On dispose d’un point d’appui objectif : les découvertes paléontologiques ; puis d’un autre tout aussi objectif : la manière dont les peuples premiers vivent de nos jours. Et on passe d’un point à l’autre par un chemin simplement probable, voire même simplement possible, en inventant un récit dont l’intérêt essentiel est l’attrait pour le lecteur contemporain. Intérêt qui relève de l’identification de comportements exceptionnels de nos jours dont on trouverait l’origine dans ce lointain passé. Comme l’idée que nos banquets ont pour origine la célébration d’une communauté par le partage d’un repas commun.

- Allons plus loin, car ce genre d’hypothèse stimule l’imagination. Freud avait déjà en son temps utilisé ce ressort avec Totem et tabou. Vous vous rappelez ? Il s’agit du partage cannibale du corps assassiné du père par la communauté des fils.

De là trouver dans cette grotte espagnole le reste de ce banquet freudien, il n’y a qu’un pas. 

Franchissons-le ensemble !