Bonjour-bonjour
Tout au fond du parc du château de Vaux-le-Vicomte, en Seine-et-Marne, on peut admirer l’immense statue d’Hercule : silhouette athlétique, torse bombé, muscles saillants. Son corps est idéalisé, tout est bien proportionné sauf… son sexe qui est minuscule.
Voici une des innombrables copies de cette statue intitulée « Hercule Farnèse » :
On y voit un Hercule fatigué s’appuyant sur sa massue. Dans sa main, cachée derrière son dos, les pommes du jardin des Hespérides. Il est doté d’une musculature impressionnante et … d’un micropénis.
Ce micropénis est-il une particularité anatomique propre à Hercule ? Non. Toutes les autres statues antiques sont au même régime pénien. Les grecs ont systématiquement doté leurs statues masculines d’organes virils plus petits que nature, façon de valoriser la tempérance sous le règne de la raison, par opposition au « gros sexe » des satyres qui sont supposés esclaves de leurs pulsions animales. (Lire ici)
Satyre ityphallique, 6ème siècle av. J-C
- Il y a une histoire des représentations du sexe masculin, avec au passage la phase de la censure totale quand les italiens ont affublé toutes les peintures de la Renaissance de feuilles de vignes. Par exemple avec le « Grand culottier » que fut Daniele Ricciarelli, un peintre et sculpteur italien de la Renaissance tardive. À la demande de Charles Borromée, il recouvrit les parties génitales des personnages du Jugement dernier de Michel-Ange par des « repeints de pudeur », ce qui lui fait gagner le surnom de Il Braghettone (littéralement : le « faiseur de culottes »).
Plus philosophiquement relevons ceci : l’opposition entre raison et passion chère aux philosophes antiques repose sur une hiérarchie des passions qui culmine avec la passion sexuelle. Il est donc manifeste que c’est la sexualité virile qui est directement opposée à la méditation philosophique, d’où la modestie de la taille du pénis supposée manifester la modération du désir copulatif.
Mais à ce compte les femmes auraient dû être considérées comme les mieux disposées pour user de leur raison, ce qui ne fut pas le cas.
Sans doute parce qu’à cette époque on estimait qu’elles ne possédaient pas de raison.