Bonjour-bonjour
Permettez-moi de revenir aujourd’hui sur l’affaire Judith Godrèche, non pas pour épiloguer sur les gestes dont elle a été victime, mais pour réfléchir sur la « présomption d’innocence », qui a été récemment rappelée à son propos par Rachida Dati (lire ici).
Et c’est vrai que depuis plusieurs années le simple fait de dénoncer les violences sexuelles, sans que la moindre preuve ait été apportée suffit à déclencher l’ostracisme dont sont frappées les personnes incriminées. La dernière en date étant le report sine die de la sortie en salles du film de Jacques Doillon « CE2 ».
La présomption d’innocence, qu’est-ce que c’est ? « La présomption d'innocence est un principe de justice : avant qu'une accusation n'apporte la preuve de sa culpabilité, un individu est considéré comme innocent. » nous dit « Vie publique » le site officiel de l’État.
On découvre alors que ce principe est strictement procédural et qu’il énonce le fait que la charge de la preuve repose sur l’accusation. On sait que par ailleurs cette preuve est la plupart du temps impossible à fournir, le consentement de la victime étant dans les affaires de viol invoqué avec succès par la défense.
Bon – Tout ça on le sait. Par contre ce qu’on oublie un peu trop c’est que l’ostracisme dont est frappé l’accusé (ici, l’impossibilité pour Benoît Jacquot ou Jacques Doillon de continuer leur activité) tombe en dehors des obligations faites au nom de cette présomption.
La présomption d’innocence interdit en effet de prononcer des paroles impliquant la culpabilité de l’accusé avant son jugement. Mais les réseaux sociaux n’ont que faire de cette restriction de liberté : pour eux il ne s’agit pas de juger l’accusé, mais de constater son ignominie. On est bien au-delà de l’accusation. On est dans le constat des faits.
Reste que confondre des faits et des opinions, ça gène un peu. Voyons ça.
De quoi parlons-nous ? De jugements non fondés au regard de la procédure ? D’accusations portées sans preuves ? Non – On a à faire à des opinions qui consistent à dire : « mon avis est que : … » ; et cet avis, c’est tout ce dont on a besoin, car ici la vérité n’existe pas autrement.
« J’ai l’idée que le gouvernement ne fait pas son travail ; je suis sûr que des Illuminatis gouvernent en secret le monde ; etc… » De quelle preuve avez-vous besoin ? C’est mon engagement dans l’affirmation qui fait preuve. Plus je m’engage et plus c’est vrai. D’où le mystérieux rôle des retweets et des followers qui en démultipliant mes paroles leur donne un poids d’autant plus important qu’il est soutenu par le grand nombre.