lundi 18 novembre 2019

Le président de la République a loué la « fraternité sur les ronds-points »

« Le jaune de la détresse »
Evoquant « la colère drapée dans le jaune de la détresse », il a salué dans « ce mouvement spontané » des ronds-points  « l’aspiration française de nos concitoyens à la communauté ». « Au-delà des revendications où nous devons apporter des réponses, les Français en sortant de chez eux, en se réunissant sur les ronds-points, ont retrouvé en bien des endroits la chaleur des liens, la fraternité, l’entraide ». Même si « d’aucuns ont perverti cela et recherchent l’anomie, la violence », a dit le chef de l’Etat en décorant Vanik Berbérian, le président de l’Association des maires ruraux de France

Manoeuvre politique consistant à découpler un mouvement populaire d’une de ses branches ? Ou bien analyse pertinente soulignant une contradiction essentielle dans son développement ?
- Les gilets jaunes sont des brav’gars, mais en cherchant la fraternité ils ont trouvé l’anomie. Pas de chance…
Mais on n’a pas tous fait l’ENA, et on se demande : l’anomie, quésaco ?
Lisons Durkheim : chez lui, ce terme désigne l’absence des lois et des règles doivent garantir la régulation sociale. « Si l'anomie est un mal, c'est avant tout parce que la société en souffre, ne pouvant se passer, pour vivre, de cohésion et de régularité. Une réglementation morale ou juridique exprime donc essentiellement des besoins sociaux que la société seule peut connaître » Émile Durkheim - De la division du travail social
L’essentiel est donc de distinguer l’anomie de l’anarchie, car, même si ces deux termes désignent finalement la même situation objective, il faut noter que le second correspond à un besoin très vifs ressenti par certains individus qui veulent s’affranchir des règles et des impératifs qui pèsent sur leurs décisions, alors que le premier correspond à une crise liée au fait qu’un besoin social ne soit pas satisfait. Car, chez Durkheim, la société aussi a des besoins que les individus ignorent comme tels, mais qui, lors qu’ils sont insatisfaits, provoquent une crise qui atteint les individus également. Ainsi de l’isolement des volontés qui provoque les suicides ou de la division du travail lorsque celle-ci ne correspond pas en même temps à une structuration des groupes sociaux.

Occasion de penser aux méfaits de l’hubérisation du travail qui ne se limitent sans doute pas à la perte des droits sociaux.

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