jeudi 19 septembre 2024

Le dernier examen de l’humanité – Chronique du 20 septembre

Bonjour-bonjour

 

Depuis Alan Turing, la question de la rivalité homme/robots est posée. Turing la posait de manière fort pragmatique : Quel est le test permettant de savoir si on a affaire à un homme ou à une machine. La réponse connue sous le nom de « Test de Turing » consistait à l’origine à déterminer si on dialoguait (via l’écran d’un ordinateur) avec un homme réel ou avec un ordinateur. On devine que les machine actuelles pourvues d’IA ont depuis longtemps triomphé de ce test devenant indiscernables des hommes véritables lors de pareils dialogues.

- Les tests actuels pour évaluer l’intelligence artificielle sont donc déjà dépassés. « Des spécialistes de l’IA viennent de faire appel au public pour créer un nouveau questionnaire bien plus difficile, baptisé « le dernier examen de l’humanité» » peut-on lire dans cet article.

Le fait de faire appel au public devrait répondre au souci de délaisser la compétition entre les super-capacités de certains hommes (joueurs d’échecs, mathématiciens, compilateurs de données, etc…), pour en venir à des preuves d’humanité plus essentielles. Car pour être homme il ne faut pas nécessairement être joueur d’échec ou rédacteur émérite de rapports.

On devrait donc se demander non pas : quel est le domaine dans lequel le plus doué de hommes est battu par la machine ; mais bien au contraire : quel est la plus élémentaire preuve d’humanité dont une machine est incapable ?

La réponse à ce test pourrait bien avoir été fournie lors d’une fouille dans une grotte datant de plus de 35000 ans. « Les archéologues travaillant sur le chantier de fouilles de la grotte de Manot en Galilée occidentale, qui a déjà livré des trésors de vestiges paléolithiques, ont découvert les restes des ossements du pied d’un jeune adulte, datant de 36 000 à 38 000 ans, portant les signes d’une fracture grave remarquablement bien ressoudée. » (Lire ici) L’homme rendu momentanément invalide par cette fracture aurait succombé avant qu’elle ne se ressoude s’il n’avait pas reçu des soins suivis de la part d’autres hommes. La coopération et l’empathie font partie des éléments sans lesquels aucun homme ne pourrait faire partie d’une société humaine. Certes cet altruisme disparait du comportement des hommes dans certaines conditions ; mais cela ne signifie pas qu’il en était absent originellement – ni surtout que les sociétés humaines pourraient subsister sans cette capacité à secourir autrui. Rousseau avait déjà abordé la question.

Bref : cette empathie pourrait-elle venir des machines ? Serait-elle l'ultime test de Turing ?

mercredi 18 septembre 2024

Ça a fait BOUM ! – Chronique du 18 septembre

 

Bonjour-bonjour

 

Il est courant de souligner combien les hautes-technologies sont fragiles et, en temps de guerre, susceptibles de tomber en panne, voire d’être détournées par l’ennemi. C’est ainsi que le Hezbollah a vu dans les smartphones utilisés dans son armée des moyens pour Israël de pirater des informations sensibles. Au vu de quoi les chefs de l’armée ont imposé à leurs troupes l’abandon du smartphone remplacé par des antiques bipeurs. Mal leur en a pris : mardi ces appareils explosaient dans tout le pays occasionnant des blessés et des morts. Ces attentats ont été attribués à Israël, d'autant que le lendemain les talkies-walkies de l’armée connaissaient le même sort faisant des dizaines de morts et des centaines de blessés.

Après les smartphones, les bipeurs ; après les bipeurs les talkies-walkies. Au Liban, le Hezbollah a beau descendre les degrés de la low-tech, rien n’y fait : ses moyens de communications sont toujours vulnérables. Et là où les smartphones menaçaient la sécurité de l’information, la destruction des bipeurs menaçait le vie de ceux qui les portaient.

On a déploré la mort et les souffrances occasionnés par ces sabotages, mais on a passé sous silence leur effet le plus certain : la désorganisation des communications dans l’armée, devenue incapable de faire circuler les ordres – peut-être à la veille d’une attaque d’envergure.

 

- Que faire? Descendant encore un degré vers la low-tech, il reste encore au Hezbollah les pigeons voyageurs :


 

 

Plus lents à transmettre les messages, ils n’en sont pas moins un peu plus fiables. 

- Mais pour nous ces péripéties font apparaitre quelque chose de plus général : de nos jours, les armées obéissent à la même logique que les groupes de chasseurs paléolithiques : dans tous les cas il est nécessaire à ces hommes de se coordonner pour ne former qu’un groupe, agissant comme un seul individu. Les chasseurs de mammouth devaient sans doute agir comme les commandos qui combattent l’armée israélienne.

Certains paléologues cherchant une hypothèse pour expliquer l’irruption du langage dans les groupe d’hominiens, ont imaginé qu’un système de cri nommé « call-system » servait aux chasseurs à s’alerter mutuellement, ce qui aurait stimulé la production d’un « protolangage » – pourquoi pas ?

Plus sérieusement, en qualifiant ces sabotages d’actes terroristes on pointe effectivement l’effet le plus évident de ces explosions, mais on oublie quand même qu’ils constituent aussi un acte de guerre destiné à affaiblir l’ennemi.

… Et accessoirement à souligner le rôle de la communication en temps de guerre.

mardi 17 septembre 2024

La masculinité : une représentation collective – Chronique du 18 septembre

Bonjour-bonjour

 

L’un des sujets de débat autour du procès des viols de Mazan, est… la masculinité – et il s’agit d’une réflexion venue de la liste des violeurs recrutés par le mari de la victime, comme en témoigne ce passage venu de cet article de La Provence : « Ils sont 50, ils sont un peu tout le monde. Ils sont tous accusés de viol /…/ Ils n’ont pas de pathologie mentale et pour la plupart, pas d’antécédents judiciaires. Certains ont été victimes avant d’être bourreaux. Leurs vies sont à la fois singulières et banales » (Lire ici)

 

La question est alors : qui donc doit se sentir coupable ? Les seuls violeurs ou bien les hommes en général, tous les hommes y compris ceux qui ont respect et admiration pour les femmes ? Et en effet, la liste erratique des inculpés invite à croire que personne – à condition d’être un homme – n’est à l’abri ; par contre la généralité de l’accusation engendre le doute.

La réponse est complexe.

- Le responsable de ce crime est la manière dont le fait d’être un homme permet d’envisager le rapport aux femmes. L’un des accusés s’est défendu en disant que cette femme n’avait pas à être consentante, le consentement de son mari étant bien suffisant : « C’est sa femme, il fait ce qu’il veut avec ». Cette réflexion montre comment la masculinité apparait non pas chez tel ou tel individu, mais dans une représentation collective encore vivace dans certains milieux. 

Quels milieux ? En voici un échantillon tel qu’il apparait dans la liste des violeurs (« maçon, jardinier, journaliste, précaire, infirmier, militaire, ingénieur, gardien de prison, retraité, pompier, conseiller municipal » selon l’article cité). Une telle variété s’enracine dans une souche profondément enfouie dans l’histoire sociale.

- Mais cette représentation de la masculinité et le rapport aux femmes impliqué n’est pas du tout ce qui est vécu par les hommes. C’est là que le malentendu se noue : certes les hommes en général sont aujourd’hui respectueux avec les femmes et susceptibles de vivre avec elles des relations très positives. Mais le système de représentation sociale du rapport homme/femme comporte encore des images venues du patriarcat, qui surgissent de temps à autre et qui rendent possibles – ou du moins pensables – ces relations toxiques.

C’est pour cette possibilité-là que les féministes invitent tous les hommes à réfléchir à la responsabilité de leur masculinité. Seulement certain(e)s oublient le coté culturel de la chose pour n'y voir qu'un fait naturel : ils (elles) mettent alors le curseur un peu plus haut : « Vous tous, les hommes, êtes des violeurs en puissance »

Et là, on ne se comprend plus.

lundi 16 septembre 2024

Ça va faire BOUM !!!! – Chronique du 17 septembre

Bonjour-bonjour

 

Une image vaut parfois mieux qu’un long discours. En voici une qui devrait décrire de façon figurée la vie politique française pour les mois à venir :

 


- Pour ceux qui le souhaitent, cette image peut être expliquée : le Rassemblement National s’organise pour faire sauter le gouvernement au moment qu’il aura choisi, provoquant une nouvelle dissolution qui lui permettra de se retrouver devant les électeurs au moment qu’il aura voulu, sur les thèmes qu’il aura pris soin, longtemps en amont, de mettre sur le devant de la scène.

- Elle peut aussi être commentée : alors que le Président avait semble-t-il finement joué avec la dissolution en juin lui permettant de ravir l’initiative aux partis qui voulaient mettre le gouvernement par terre lors du vote du budget en octobre, le voici confronté, cette fois de manière inéluctable, aux manœuvres de l’extrême-droite.

On souligne la brutalisation de la vie politique qui charrie les pires insultes et les fausses nouvelles à foison. Et si ces immondices cachaient quelque chose de beaucoup plus subtile, telle une partie d’échec ? On dit que le joueur d’échec doit prévoir les cinq coups qui vont suivre : nul doute que le Président savait que cette menace nucléaire pesait sur l’après-élection. Mais ce n’était qu’un scénario parmi bien d’autres.

Alors, maintenant que même nous, citoyens de base, pouvons prévoir cette future dissolution qui donc va nous annoncer les quelques coups suivant ? Je veux dire : « Suivant la démission du Président »

dimanche 15 septembre 2024

Éloge de la boite à chaussure – Chronique du 16 septembre

Bonjour-bonjour

 

A propos d’une exposition de photos j’entends parler des albums photos, eux-mêmes parfois recherchés par les collectionneurs. Dans une classification sommaire, on les oppose alors aux boites à chaussures où étaient entassées pêle-mêle les photos de la famille, laissant au hasard le soin de les ordonner.

J’en déduis que, du temps où on avait des photos-papier, il y avait deux catégories de gens : ceux qui avaient des albums et ceux qui préféraient la boite à chaussure.

 

- J’ai écrit « ceux qui préféraient la boite à chaussure » pour souligner que certains – et j’en fais partie – préfèrent ne pas anticiper l’apparition d’un élément dans un ensemble de photos ordonnées. C’est pour ceux-là que les platines CD d’autrefois avaient une fonction « hasard » pour diffuser les morceaux enregistré sur le disque de façon aléatoire. C’est une sorte de mixage sans D.J. qu’on attend du hasard, et c’est cela que rend possible la boite à chaussure.

 

- C’est l’occasion de mettre en évidence le rôle du hasard, souvent ignoré dans la vie quotidienne, mais présent un peu partout.

Telle est la fonction du jeu et de son double, le pari. Comme disait Kant si on attendait d’être certain du résultat, on ne ferait pas grand-chose dans notre journée. Par contre suivant pour cela la pente du désir, nous faisons comme si ce que nous espérons arrivera – justement parce que nous l’espérons.

Peut-on aller jusqu’à interpréter comme cela la dissolution de l’Assemblée qu’a actée le Président alors qu’il n’y était pas contraint ? Beaucoup le lui ont reproché, considérant qu’il s’agissait d’un pari – au demeurant très risqué.

C’est vrai. A condition toutefois de mettre cet aléa en balance avec une certitude : ce faisant, le Président retrouvait l’initiative dont il était privé.

Mais, rêvons un peu : le Président a une vieille boite à chaussure dans laquelle il a mis des bouts de papiers sur les quels sont inscrites des prescriptions, telles que « Dis oui », « Dis non » « Donne raison (ou tort) au prochain qui entre dans ton bureau », etc. Et lorsque la décision est en balance, il tire un papier de sa vieille boite à chaussure…

 

Tout cela a l’air bien farfelu, mais l’expérience a été tentée avec un résultat surprenant. Il ne s’agissait pas des décisions politiques, mais de la gestion d’un portefeuille bousier. Deux gestions virtuelles étaient testées avec le même portefeuille, l’une de façon rationnelle par des spécialistes et l’autre de façon aléatoire par des ignorants. Vous l’aurez deviné : c’est la seconde qui s’est révélée la plus performante.

samedi 14 septembre 2024

Des nouvelles de… Bruno Le Maire – Chronique du 15 septembre

Bonjour-bonjour

 

Lu ici : « À compter du 23 septembre, le ministre de l’Économie démissionnaire, Bruno Le Maire, débutera son nouveau travail loin de Bercy. Il interviendra à raison de deux fois par semaine en tant que « professeur invité » au centre Enterprise for Society (E4S), en Suisse. 

L’ex-homme politique contribuera à l’enseignement du master en management durable et technologie /…/. Il donnera également des cours de géopolitique aux étudiants de bachelor de la Faculté des HEC de l’Unil, ainsi que des cours de Business and Public Policy aux étudiants de MBA à l’IMD. Selon Jean-Philippe Bonardi, codirecteur d’E4S « Le partage de son expérience en tant qu’ex-ministre offrira aux étudiants des aperçus pratiques sur la manière dont les politiques peuvent être conçues et ajustées pour répondre aux besoins sociétaux ».

 

Ouf… C’est un peu long, mais il fallait bien ça pour tourner la page et prendre conscience qu’il y a une vie après la politique.

Quoique… Dire que Bruno Le Maire vient de « tourner la page » de la politique relève peut-être d’une approche superficielle. Car la politique, ce n’est pas seulement des responsabilités officielles ; c’est aussi une approche de la vie réelle, celle qui court tout au long de la journée pour chacun d’entre nous. Or que va faire l’ex-ministre de l’Économie ? Il va comme on vient de le lire : « offrir aux étudiants des aperçus pratiques sur la manière dont les politiques peuvent être conçues et ajustées pour répondre aux besoins sociétaux » Autrement dit, il fait ce que nous faisons tous : adapter les prescriptions officielles aux réalités de la vie quotidienne, qui consistent par exemple à fixer les choix du ménage en matière de budget : Le Maire a fait ça pour la France en tant que Ministre. Maintenant il fait la même chose pour aider les étudiants suisses à tirer parti de la théorie enseignée.

- Pourquoi faire appel à un Ministre expérimenté par sept années d’expérience à Bercy ?

Parce qu’à un certain niveau l’expérience individuelle ne suffit plus : ce qu’il faut gérer c’est la satisfaction des besoins sociétaux. Car à côté des besoins individuels, dont on vient d’évoquer la gestion avec la question du budget des ménages, il y a des besoins « sociaux »

« Les besoins sociaux incluent des aspects très diversifiés tels que différentes sortes de sécurité « (revenu, physique, psychologique) impliquant l’accès à des soins de santé, à des services sociaux, accès à des services juridiques, et même l’accès à des services de loisir, ou de développement de relations sociales » nous explique (ici) un réseau universitaire québécois.

On comprend donc que si la satisfaction des besoins sociaux est différente de celle des besoins individuels, en revanche l’arbitrage entre les injonctions extérieures et les besoins vécus suppose qu’on passe par-dessus la distorsion entre le collectif et l’individuel – ce que la théorie enseignée dans les universités ne suffit pas à faire.

Mais au fait : est-il sûr que l’expérience du gouvernement soit la meilleure possible pour arriver à répondre à ces besoins sociaux ?

vendredi 13 septembre 2024

La nature humaine est bonne, ses abus la rendent démoniaque – Chronique du 14 septembre

Bonjour-bonjour

 

Le Pape vient de dire ceci : « Les gens bons, les gens, les gens qui font le bien - tu as cité l’abbé Pierre - plus tard, malgré tout le bien (qu’il a fait), on découvre que cette personne est un terrible pécheur. C’est notre condition humaine »

Tout comme nous, le Pape François est incapable d’expliquer le double comportement de l’Abbé Pierre, considéré comme un saint pour sa bienfaisance et comme un « terrible pécheur » pour ses agressions sexuelles.

Soyons juste – François a quand même précisé ceci : « On doit être clairs sur ces choses, ne pas dissimuler, le travail contre les agressions est une chose que nous devons tous faire. Pas seulement contre les agressions sexuelles, mais contre tout type d’abus : l’abus social, l’abus éducatif, changer la mentalité des gens, attenter à la liberté… l’abus est, à mes yeux, une chose démoniaque ! »

Sans détailler les péchés énumérés ici (liste qui comporte les conversions forcées), notons qu’en l’homme le bien et le mal se côtoient sans se mélanger. L’homme créé bon par Dieu, a développé, sans que cela ne détruise le bien qui est en lui, une propension à faire le mal, sous l’effet du Tentateur. Plus explicitement, si le Créateur a donné à l’Homme des facultés bonnes en elles-mêmes, comme la sexualité, leur abus est radicalement mauvais.

Et c’est ainsi qu’on peut expliquer que l’Abbé Pierre soit devenu un agresseur sans cesser d’être un bienfaiteur (reste à expliquer qu’il fut parfois les deux en même temps, agressant des femmes qu’il venait de secourir). C’est à mon sens l’intérêt de la doctrine catholique que de donner à comprendre que c’est par essence que cette dualité est dans l’âme humaine. Dualité non pas faite d’un mélange de deux principes qui ne peuvent ni ne doivent se confondre, mais d’un principe (« Tout ce que Dieu a fait est bon ») et de son usage (« L’abus de ces facultés est démoniaque ») 

 

C’est difficile à comprendre ? C’est que nous sommes alors sommés de comprendre le Créateur 

jeudi 12 septembre 2024

Une espèce multiplanétaire – Chronique du 13 septembre

Bonjour-bonjour

 

Regardez-moi ça :


 


 

Cette capture d’écran montre le milliardaire américain Jared Isaacman, commandant de la mission Polaris Dawn de l’entreprise d’Elon Musk, sortir de la fusée de SpaceX lors la première sortie spatiale d'un civil de l’histoire. On le voit ici émerger de la capsule : « C’est magnifique », a-t-il déclaré.

La mission de l’entreprise d’Elon Musk marque une nouvelle étape dans l’exploration commerciale de l’espace : « Permettre à l’humanité de devenir une espèce multiplanétaire » 


… Et pendant ce temps-là, on lit dans le journal Sud-Ouest que « La grande pauvreté s’installe en France : 2 000 enfants dorment dans la rue, dont une soixantaine dans le Sud-Ouest » (selon le rapport de l’Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS)). 

--> Ce n’est pas Bombay, mais on y pense quand même.

 

Le rapprochement de ces informations risque fort de faire jaillir des indignations porteuses de projets tous plus dystopiques les uns que les autres : au fond de tout ça un régime de dictature s’annonce, porteur de violence et de misères comme l’a montré le bolchevisme.

 

Bolchevisme? Comment cela?

Mais si, on le sait bien: on imagine un Etat capable de confisquer les profits des entreprises pour les redistribuer - ou pas - selon une logique qui lui appartient.

Bien sûr, mais ce n’est même pas cette dystopie qui nous fait peur. Sommes-nous prêts à cautionner un régime qui taxerait les revenus au point de supprimer les bénéfices au-delà d’un certain montant empêchant - par exemple - des fêtes dispendieuses d’advenir afin de secourir les nécessiteux ?

Les fastes exorbitants des Olympiades de Paris ont donné à voir ce que ça donne : beaucoup de joie pour presque tous et pour ceux qui n’ont rien le spectacle désolant d’un gaspillage gigantesque qui les prive des secours qu’on aurait pu financer avec tout ça. Non seulement on a toléré ça, mais en plus on a éloigné les SDF pour que leur spectacle ne gâche pas notre joie.

Et avec ça on n’avait même pas l’ambition de devenir « multiplanétaires » !

Vous vous étonnez peut-être qu’on ait toléré ça ; mais faites donc un référendum pour savoir qui est prêt - aujourd'hui même - à interdire les Jeux Olympiques tant qu’il y aura un seul SDF dans les rues de Paris. 

- Mais on reste une espèce multiplanétaire: ce sont les SDF de Mars qui vont se réjouir de nous voir arriver.

mercredi 11 septembre 2024

Lorsque accusation vaut preuve – Chronique du 12 septembre

Bonjour-bonjour

 

L’affaire Ibrahim Maalouf, évincé du festival de Deauville après avoir été désigné pour entrer dans le jury, et cela en raison d’une affaire de baiser forcé dont il a été innocenté, laisse un malaise.

- C’est devant la menace d’agitation des féministes à l’annonce de cette participation que la Présidente, évoquant son esprit de responsabilité, avait finalement écarté Maalouf – lequel était dans le même temps prié de partir sans faire de bruit.

J’avais d’abord été frappé par cette lâcheté et cette hypocrisie. Mais la publication par Caroline Fourest du « Vertige #meetoo » fait revenir au premier plan ce fait : en matière de violence faite aux femmes, accusation vaut preuve et entraine condamnation du public – quand bien même les juges auraient prononcé un non-lieu. On lira un bref compte-rendu ici.

La raison ? La parole des femmes doit être « entendue », ce qui pour certaines signifie « crue ».

Trois raisons à cela : 

- La foi. Car croire sans preuve, uniquement parce que la parole des femmes une fois libérée doit être nécessairement authentique, cela relève de la foi.

- L’essence des hommes. Pour soutenir cette foi, il y a la certitude des femmes que, même innocent et non-accusé, l’homme, quel qu’il soit porte en lui cette violence qui ne s’est peut-être pas exprimée, mais qui représente une menace pour les femmes. Un homme en prison c’est un violeur de moins. Pour preuve je renvoie à l’attitude d’une avocate féministe à propos des viols de Mazan, soulignant la banalité des violeurs : ils viennent de partout dans la société ce qui est normal vu que tout homme est susceptible de devenir un violeur.

- L’inutilité du pardon. Pardonner signifie « Je sais ta faute, mais j’accepte de faire comme si elle n’existait pas. » Seulement lorsque la violence est une constituante de l’essence des hommes, le pardon est sans objet car celui qui le demande n’existe pas : la culpabilité est dans sa nature (un peu comme le péché originel)

C’est ce que montre cette brève histoire de nos origines à nous tous, les hommes.




mardi 10 septembre 2024

Nietzsche et les Bisounours – Chronique du 11 septembre

Bonjour-bonjour

 

Comment allez-vous mes Chouchous ? Je vous trouve un peu chiffon ce matin. Vous trouvez que le monde est gris et que les méchants sont partout autour de vous, surtout quand vous écoutez les infos ?

Et alors, scrollant sur votre smartphone vous tombez sur un site plein de Bisounours qui vous invitent à voir partout le bon, le beau et le bien (pour parler comme Platon)

 


Et en effet, si les philosophes se sont éclipsés de la pensée courante, restent les influenceurs qui nous expliquent l’essentiel : « Dans le monde des Bisounours il y a un méchant qui souffre et veut répandre la souffrance. Il s’appelle Cœur-dur. Il a donc un cœur mais ne veut pas s’en servir. Alors il souffre et répand sa souffrance autour de lui. Et les bisounours l’en empêchent. Ils lui envoient de l’amour alors qu’il n’en veut pas. » (Lu ici)

 


C'est ici également que vous y lirez le détail de la vie et de l’action des Bisounours, mais retenez la leçon essentielle de cet article : la méchanceté des autres n’est autre que notre perception de la souffrance qui, régnant sur nous, nous déchire et engendre alors au sein de notre cœur le cynisme et le goût de faire mal.
C’est cela qu’on devrait désigner par « la banalité du mal » pour signifier que le mal est ordinaire.

 

- Notre influenceuse est donc là pour nous expliquer l'essentiel : notre souffrance et les vices du monde que nous percevons sont en réalité le reflet de ce que nous éprouvons. C’est cela la réalité, et non cette croyance que, si nous souffrons, c’est parce que ce monde est mauvais : « il faut bien qu’il y ait des méchants pour que je souffre ». Cette révélation d’un mécanisme qui projette à l’extérieur ce qui vient de l’intérieur n’est pas la révélation d'une illusion chargée de rendre la réalité supportable, comme le dit Nietzsche; c'est le dévoilement d'un processus délétère qui ne fait que redoubler notre angoisse.

- Et c'est donc pour porter cette volonté du Bien qu'on a inventé les Bisounours avec leur petit cœur dessiné sur le ventre, pour nous rappeler ce qui doit nous importer.

 

Attention ! Notre influenceuse nous met en garde  à l’égard du contre-sens. Bien sûr la souffrance est réelle et ce serait faire preuve d’un « positivisme toxique » (lire ici et note infra) que de croire qu’elle n’est qu’illusion et que la volonté suffirait à la dissiper - on serait alors dans le déni. Pour notre influenceuse ce qui se cache dans le réel, ce n’est pas cela, c’est le divin, c’est ce que nous révèle l’amour du divin.

On a donc enfin la vérité sur les Bisounours : ce sont des messagers du divin, c’est cela que signifie le cœur dessiné sur leur petit ventre.

Laissez donc l’amour de dieu vous envahir, et les Bisounours vous indiqueront la Voie à suivre.

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(1) " Le positivisme toxique c’est se forcer à être heureuse à chaque seconde, c’est faire semblant que tout va bien. En utilisant la pensée positive pour forcer un changement intérieur, il y a abus de pouvoir sur soi. C’est aussi s’interdire de ressentir de la douleur, de la peur, de la colère, des pensées agressives envers soi et les autres. C’est s’empêcher d’être traversée par ce qui est vrai dans l’instant présent. Cela crée selon moi plus de douleur et de frustration puisqu’on est dans le contrôle totale de soi et de son ressenti." (article cité)

lundi 9 septembre 2024

Faire payer les riches – Chronique du 10 septembre

Bonjour-bonjour

 

Comment augmenter les ressources de l’État sans créer des nouvelles taxes source de mouvements sociaux risquant de soulever les classes populaires ?

- Nos amis suisses ont peut-être trouvé une solution : fixer le montant des amendes pour infraction routière en fonction des ressources du contrevenant.

Soit l’exemple de la contravention pour non-respect de la distance de sécurité entre deux véhicules. Alors qu’en France le contrevenant est assigné à payer 135€, en Suisse on calcule le montant de l’amende en fonction des revenus du conducteur : dans le cas évoqué ici, le contrevenant, propriétaire d'une BMW Série 5 a dû s’acquitter d’une somme de 108 500 francs suisses soit l'équivalent de 115 760 euros au cours actuel.

 

Bien sûr, ce n’est pas avec un tel expédient qu’on va remplir les caisses de l’État ; mais supposez que ce procédé soit utilisé pour d’autres infractions ? Par exemple que les amendes pour stationnement interdit soit modulées en fonction de l’impôt ? Qu’avant de vous envoyer la facture, la préfecture de police fasse un tour chez le percepteur pour la calculer en fonction du montant de votre imposition ? Même minime, l’augmentation démultipliée par le nombre des contrevenants ferait du chiffre.

 

- Mais on pourrait faire beaucoup mieux en généralisant l’idée. Par exemple, comme on le rappelait plus haut, le prix du carburant avait révolté ceux qui se proclamaient être « la France d’en bas » ; hé bien établissons le prix du litre d’essence en fonction des revenus de l’automobiliste. Comment faire ? Créons une carte de payement individualisée, établie par les services fiscaux. On devra payer à la pompe avec cette carte, la quelle calculera votre facture en fonction de vos ressources.

Et si on reproche à cette méthode de considérer les automobilistes encore et encore comme des vaches à lait, étendons le procédé de la carte de payement fiscalisée à d’autres achat : l’alcool et le tabac, les produits de luxe, les frais d’hôtel et de restaurant, etc… A terme, seuls les produits de 1ère nécessité pourraient être « défiscalisés »

 

J’en vois qui lèvent les yeux au plafond tout en haussant les épaules : trop compliqué, rejeté par tous avant même d’être évalué, ça ne marchera jamais.

… Sauf que, dans le même temps, vous supprimez la TVA et vous annoncez que vous remplacez une taxe, forcement injuste avec les plus pauvres, par un impôt progressif.

Ça c’est une idée qui n’est pas utopique tout en étant de gauche.

 

--> En voilà une bonne idée : merci les suisses !

dimanche 8 septembre 2024

Que ma joie demeure – Chronique du 9 septembre.

Bonjour-bonjour

 

J’en vois ce matin qui ont la larmichette à l’œil : oui, les J.O. c’est fini. Finis les grands espoirs de médailles, finis les enthousiasmes devant le petit écran, finies les holàs, sur le canapé du salon, (juste avec la voisine ? Pourquoi pas ?). Et combien d’années à attendre, avant de voir revenir ces espoirs, ces joies auto-engendrées, ces mouvements collectifs qui soulèvent les habitués de la machine à café ? Du coup, il n’y a plus dans votre âme que des passions tristes, car les pensées joyeuses se sont éteintes en même temps que la flamme olympique.


- Hé bien, cher(e)s ami(e)s, ne désespérez pas. Des passions et des joies, vous pourrez en trouver d’autres – peut-être pas plus facilement, mais en tout cas plus durablement – par exemple avec les élections ou les manifestations qui reviennent tous les samedis : rappelez-vous de votre vieux Gilet-Jaune avec écrit dessus « Macron-démission ! » ; et la fraternité des ronds-points : vous l’avez oubliée celle-là ? 

Aucun rapport entre les J.O. et les manifs’ politiques ? Et alors ? Toutes ces joies sont interchangeables, peut-être pas dans leur contenu, mais dans leur vécu : le voilà votre réconfort.

- La vérité, c’est que les J.O. ne sont qu’une machine à fabriquer de l’enthousiasme et rien de plus. Et des machines comme celle-là, il y en a des quantités, plus elles sont minuscules et plus elles sont nombreuses. Alexis de Tocqueville le disait : « Les /…/ hommes se passionnent pour les petites choses, quand les grandes viennent à leur manquer. »

Qui dira quelle est l’importance comparée des victoires sportives et des victoires politiques ? En tout cas, la pensée de Tocqueville, c’est qu’on trouve toujours une passion à vivre et que, lorsque ce n’est pas pour la réforme des retraites, c’est pour une victoire handi-sport.

Oui, la vérité, c’est que seule la passion enthousiasmante est belle à vivre. Et qu’importe la passion qui se vit ainsi ?

samedi 7 septembre 2024

Comment allez-vous ? – Chronique du 8 septembre

Bonjour-bonjour

 

Aujourd’hui, le « Point-du-jour » soucieux de briser un tabou qui affecte notre santé relaie cette information selon laquelle les W.C. à l’occidentale sont malsains pour notre santé.

 

Alors que ce souci quotidien nous préoccupe depuis des siècles (« La question que nous nous posons tous très ouvertement, banalement, chaque jour, à savoir "comment allez-vous " ou "comment vas-tu ?" est en lien direct avec nos selles. Au Moyen Âge, c'était l'indicateur principal de bonne ou de mauvaise santé et cette expression renvoyait directement à la qualité de ce que nous déposons et aux transits des interlocuteurs. »), voici qu’un chercheur nantais est en train de révolutionner notre façon de faire nos besoins : « Le design (des W.C.) actuel, inadapté et peu hygiénique, contraint en effet 90 % des femmes à se maintenir au-dessus de la cuvette pour éviter tout contact dans les espaces publics. Pourtant, il est prouvé depuis 1991 que cette posture favorise la stagnation urinaire et ainsi accroît le risque d’infections et de cystites. Si la majorité de l'humanité s'accroupit pour faire ses besoins, ce n'est pas pour rien. C'est la position la plus naturelle pour évacuer et c'est d'ailleurs la posture qu'adoptent les enfants lorsqu'ils sont sur le pot », explique Antoine Lahorgue un inventeur nantais.

 

- D’où cette invention :

 


« Le système Mulasana mis au point par Antoine Lahorgue est tout simple : c'est un "accroupisseur suspendu" adaptable sur n'importe quel WC. »

 

Certes, l’objection à cette pratique viendra des personnes âgées incapables d’escalader le dispositif et qui auront besoin d’un adaptateur (image de droite). Mais songeons aussi à toute la période de la vie où cela ne pose aucun problème.

 

Quant à moi, je songe au tabou qu’il faut briser pour envisager d’évoquer comme je le fais ici, et comme devront le faire tous ceux qui discuteront des avantages du procédé évoqué : nous avons intégré la dichotomie pur/impur qui distingue, dans notre corps, les fonctions excrémentielles des autres fonctions. Car ne l’oublions pas : le bon fonctionnement des premières est aussi indispensable que la respiration ou les battements de notre cœur.

( Noter que Les blasons du corps féminin de Clément Marot font une place au Blason du cul, qu’on trouvera en ligne ici)

- Plus généralement : tout ce qui pénètre et tout ce qui sort de notre corps doit le protéger des impuretés : les tabous alimentaires en témoignent. Quant à ce qui est expulsé du corps, ces impuretés doivent être canalisées, puis exclues de la vie relationnelle normale. Qu’on songe aux précautions qui isolent les femmes lors de leurs menstrues.

vendredi 6 septembre 2024

Procès de la soumission chimique – Chronique du 7 septembre

Bonjour-bonjour

 

Le procès des viols de Mazan a été surnommé le « procès de la soumission chimique » en référence à l’usage d’anxiolytiques tels que le Temesta. Après y avoir consacré un Post il y a quelques jours (cf. ici) je reviens sur la question de l’usage de ces substances pour commettre ces crimes. C’est qu’en effet de tels abus ont été perpétrés au cours de temps de façon plus ou moins systématiques. Certes on ne connaissait alors ni le Temesta ni aucune substance chimique, mais on disposait d’alcool.

Pour évoquer ces pratiques on peut se reporter au Journal des Goncourt qui, délaissant un instant le récit de leur voyage en Allemagne, racontent leurs aventures licencieuses.

Il faut dire d’emblée que le procédé utilisé alors pour abuser des femmes est l’alcool, en particulier le vin. Les frères sont donc en maraude dans des rues de la Bavière lorsqu’ils croisent deux sœurs qui sont des jeunes femmes d’origine apparemment populaire. Les frères leurs proposent un excellent repas servi dans une auberge qu’elles n’auront jamais l’espoir de fréquenter vue la modicité de leurs ressources. Une fois installées, les deux frères les saoulent soigneusement puis les font monter dans leur chambre d’hôtel : une seule pour les deux, ils ont l’habitude de tout partager (1). Seulement quand ils commencent à les déshabiller, elles sortent de leur torpeur et se mettent à crier très fort : aucune des deux ne veut paraitre nue devant l'autre. Obligés de demander une chambre supplémentaire, les voilà qui parviennent à leur fin, qu’ils racontent donc comme une péripétie de leur voyage, non pas pour avoir commis ce viol, mais pour le désagrément accidentel à l’auberge.

Bref : l’abus sexuel quel qu’il soit demande un pouvoir soit par la violence, soit par la séduction, soit par l’annihilation de la résistance. 

Ont peut en être sûr : l’alcool reste un moyen extrêmement fréquent de soumettre des femmes : la tradition du repas avant la mise au lit (avec ou non le « dernier » verre) en est l’écho.

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(1) Ils ont pour maitresse habituelle leur femme de ménage qu’ils partagent, une semaine Edmond, l’autre Jules. On apprend incidemment qu’ils la soulent copieusement pour obtenir des faveurs spéciale qu’elle ne leur consentirait pas à jeun.

jeudi 5 septembre 2024

Un premier ministre, combien ça coûte ? – Chronique du 6 septembre

Bonjour-bonjour

 

Habemus ministerium !

Ça y est, c’est fait ! Nous avons un premier ministre, et pas n’importe lequel : le dernier nom de la liste – celui auquel personne ne pensait, qui œuvrait silencieusement dans sa niche, nouant patiemment les fils de ses influences, sachant se faire petit pour mieux passer les obstacles.

Cet homme est l’image même de la modestie souvent absente de l'action politique, et de l’obstination, deux qualités manifestement dominantes chez Michel Barnier. En plus après 50 ans de vie politique il a pour lui le temps long, jouant encore aujourd’hui de son prestige de co-organisateur des J.O. d’Albertville en 1992 ; le temps long c’est précieux quand on doit gérer la dette… Il est vrai que si on n’oublie rien alors remonte à la surface un vote oublié pour maintenir la pénalisation de l’homosexualisé en 1982 : Michel Barnier apparait alors comme un fossile survivant d’une période révolue depuis très longtemps.

Mais qu’importe ? Sa robustesse dans les rounds de négociation du brexit lui sert de sauve-conduit pour surmonter les crises qui l’attendent.

 

Le citoyen se demande malgré tout pourquoi lui, et pourquoi maintenant ? N’y aurait-il pas un sombre complot permettant de maintenir au pouvoir ce premier ministre alors que tous les autres étaient promis à l’abattoir ?

On refuse de croire que le Président l’ait désigné par résignation, voyant que tous les autres étaient menacés de censure, simplement parce qu’avec son nom on arrivait à la fin de la liste des ministrables. On flaire qu’il a, plus probablement, conclu un pacte de non-agression avec le RN.

Mais alors, à quel prix ?

- Oui, c’est ça la vraie question : un premier ministre, combien ça coûte ?

mercredi 4 septembre 2024

Viol sous Temesta (Procès des viols de Mazan) – Chronique du 5 septembre

Bonjour-bonjour

 

Il y a des faits divers qui vous sautent dessus sans crier « Gare ! » et qui ne vous lâchent plus. Il en va ainsi du procès de cet époux criminel qui a, durant de nombreuses années régulièrement drogué sa femme pour la livrer au viol commis par des inconnus recrutés sur Internet – près d’une centaine, une cinquantaine seulement retrouvés et jugés en ce moment. (Lu ici)

Un fait divers tel que celui-ci peut passionner pour un plaisir malsain de vivre de façon fictive les abus qu’on n’imaginerait pas – en tout innocence.

Invraisemblable, n'est-ce pas ? Mais, sommes-nous si innocent ?

- Après avoir drogué son épouse (au Temesta) le mari participait aux viols et les filmait, encourageant ses complices en des termes particulièrement dégradants. Mais il ne réclamait aucune contrepartie financière, sa seule motivation semblant être d'assouvir ses fantasmes.

La perversion de ce crime est si évidente qu’on semble protégé de toute généralisation : pas nous !

Voyons cela de plus près. Car le procès juge les hommes violeurs aussi bien que le mari drogueur-voyeur. Ces hommes se disent innocents : cette femme endormie leur a été présenté comme étant consentante – la seule précaution étant de ne pas la réveiller.

- Ces hommes se seraient donc interrogés sur le consentement de la femme qui leur était livrée. Ce n’est pas l’avis de la sociologue Véronique Le Goaziou qui interroge sur le passage à l’acte lors de ces viols : « Par définition, quand on passe à l'acte, on ne se pose pas de questions sur le consentement /…/ Le passage à l'acte, c'est justement le fait de n'être pas arrêté, par soi-même, par la barrière de la conscience, de l'interdit, du surmoi, du contrôle social ou des loi ».

« On est dans le rapport de soumission, dans le jeu de pouvoir, dans la toute-puissance, dans le pétage de verrou, dans l’exultation de soi. On peut dire de tout ça que c’est du patriarcat », juge la sociologue.

Me Camus, avocat de la victime en tire la conclusion suivante : « On peut en tirer l'enseignement qu'il y a un problème aujourd'hui avec le consentement en matière sexuelle. Tous, très clairement, auraient dû tourner les talons immédiatement. »

Si ces viols sont des actes banals, c’est bien que le passage à l’acte sexuel est par lui-même corrompu. Le ver est déjà dans le fruit !

 

Ce procès est aussi l’occasion de voir une femme honteusement traités se retourner pour fixer d’un impitoyable regard ses bourreaux :

 


Quand on voit cette image on sait que les mots ne suffisent plus pour évoquer ce « fait divers »

La honte a changé de camp.

mardi 3 septembre 2024

Septembre, mois de m*** – Chronique du 4 septembre

Bonjour-bonjour

 

Pas besoin d’études scientifiques : nous savons tous que le mois de septembre est mal vécu, occasion de craintes, d’anxiété, voire même d’angoisse. On parle parfois de « gueule de bois de rentrée » lorsque l’été s’éloigne. 

- Et en effet l’été, saison de la procrastination (« On verra ça à la rentrée »), mais aussi de l’espérance de plaisirs joyeux est source de nostalgie ou de déception qui se condensent en septembre : « Vous vous attendez à ce que votre été ou vos vacances soient formidables, et puis ce n'est pas le cas. Il y a parfois un décalage entre les attentes et la réalité, ce qui peut être un déclencheur d'anxiété. » (lire ici)

Cette année est de ce point de vue exceptionnelle : grâce à l’effet prolongé des Jeux olympiques puis paralympiques, les crises – politique d’abord puis économique – n’entrainent aucune émotion populaire. Les oppositions politiques ont beau s’époumonner pour nous crever le tympan à coup d’avertissements de trahison des dirigeants et d’apocalypse pour le pays dès aujourd’hui - et puis, rien n’y fait. On continue à hurler notre joie au soir d’une moisson de médailles.

Oui, mesdames et messieurs, rien n’y fait. Les extrémistes le disent et le répètent : c’est dans la rue qu’on résoudra les problèmes de la servitude imposée par un pouvoir anti-démocratique, et de la misère des fins de mois qui commencent le 15, et rien ne bouge : même les black-blocs étendus à poil sur le sable semblent avoir oublié leurs défroques à la maison.

Si septembre est un mois calamiteux, alors admettons que les français ont, quant à eux, oublié de consulter leur calendrier.

lundi 2 septembre 2024

Des sites réputés… invivables – Chronique du 3 septembre

Bonjour-bonjour

 

Le surtourisme est devenu le souci premier de certains lieux devenus invivables du fait d’une surabondance de touristes. On évoque facilement Venise ou la Chapelle Sixtine, mais on retrouve le même phénomène chez nous, à Montmartre ou au Mont Saint-Michel.

Lorsque les mesures destinées à freiner cette cohue sont trop longues à venir, les habitants eux-mêmes cherchent des solutions pour endiguer ce flot. Par exemple avec ces faux panneaux d’avertissement, l’un assurant que telle plage est infestée de méduses, l’autre annonçant deux heures et cinquante-trois minutes de marche pour atteindre telle crique, quand ils n’inventent pas carrément la fermeture de toute une plage, avec de la rubalise étendue à travers la voie d’accès.

 

 

On pense alors aux ruses des français cherchant à freiner l’invasion des armées nazies en retournant les panneaux routiers. Hélas ! Le GPS a rendu caduque ces ruses.

--> Reste donc à inventer d’autres freins à l’invasion de touristes. En Galice, par exemple, « une soixantaine d’habitants d’O Hío (qui en compte 3.000 au total) ont entrepris de faire sans arrêt des allers-retours sur les passages piétons, pour empêcher les trop nombreux véhicules de circuler, provoquant d’immenses embouteillages sur la route des plages très prisées de Pinténs, Vilanova et Nerga. » (Lu ici)

On pourrait aussi imaginer de fermer tous les restaurants des environs de sites recherchés… mais bien sûr on touche-là la limite de la lutte contre les touristes : c’est qu’ils représentent une source de revenus et que ces lieux touristiques sont des biens consommables source de profit importants.

Le problème advient lorsque les gens eux-mêmes font partie de ces bien consommables. Le vieux marin qui répare ses filets sur le port, le gamin qui joue dans les amoncellements de pierres d’une muraille effondrée : allez-vous remonter le mur ou créer un parking utile aux habitants sur le Vieux-Port ?