vendredi 31 janvier 2025

Faut-il croire que les morts soient morts ? – Chronique du 1er février

Bonjour-bonjour

 

« Je ne crois pas que les morts soient morts. Ceux qui sont de l’autre côté influencent notre vie. » a déclaré François Bayrou le 27 janvier en évoquant sa foi chrétienne.

Le Premier ministre a, dans le même temps, annoncé vouloir scinder en deux le texte sur la fin de vie, focalisant le débat sur les soins palliatifs et menaçant de le stériliser sur l’aide active à mourir. Cette attitude a été reliée à ses déclarations sur ses convictions concernant la mort.


On va pousser des hauts cris, parler du viol de la laïcité, du mépris pour les libertés républicaines, de la soumission à un ordre religieux révolu. Il n’empêche : nos croyances sont bel et bien mobilisées par cet engagement totalement dogmatique – qu’il soit pour ou contre le projet de loi.

Et en effet : si je me prononce pour que soit mis un terme de la vie, quelle que soit la pathologie qui la brise, tant qu’elle est là, la question de son destin mortel est ouverte. 

- En étant mortel, à quel avenir me conduit la mort ? Suis-je anéanti, réduit à une mutation dans laquelle « je » ne peut plus rien signifier et dans lequel je serais dilué ? Ou bien la mort n’est-elle qu’un passage, un sas qui permet d’accéder à un monde différent ? Mon « moi » serait-il maintenu dans son intégrité, resterait-il post-mortem quelque chose qui aurait encore un rapport avec ma vie ?

 

Car c’est là que le problème se pose : si je crois que la mort n’est pas le néant, alors je donne nécessairement un sens particulier à la vie. Même si je crois que je vais me diluer dans un grand « Tout », cet avenir implique ma façon de vivre, par exemple pour me préparer un karma favorable. 

--> Et alors il n’est pas sûr que les souffrances de ma fin de vie n’aient pas également des conséquences favorables pour « après ». Que les athées jubilent en s’imaginant maitre de leur ultime instant – ça les regarde. Mais qu’ils n’oublient pas que la fin de vie est pour les croyants quelque chose de très-précieux.

Qu’on relise la « Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies » de Pascal.

jeudi 30 janvier 2025

Lady Marianne : au paradis du Rock, un ange avec des gros seins – Chronique du 31 janvier (2)

Bonjour-bonjour

 

La mort de Marianne Faithfull me touche au plus près de mon passé. Souvenir d’une belle et libre jeune femme, dont l’histoire a toujours été une énigme improbable.

Qu’on en juge : elle a été celle que le manager des Stones a découvert avec stupéfaction : « J’ai vu un ange avec des gros seins et je l’ai signée. », avant d’ajouter qu’elle possède également une très jolie voix, pure et cristalline. (lire l'article)

 

 

Descendante par sa mère, baronne autrichienne, de l’écrivain Leopold von Sacher-Masoch (= je voulais croire que ce n'était pas un hasard) elle incarna avec Mike Jagger le Swinging London des années 60 – faisant rêver les jeunes de la génération yéyé.

L’auteur de l’article consulté affirme : « Grâce à Marianne Faithfull, les Stones deviennent des voyous beaucoup plus sophistiqués. » autant dire que l’influence intello de Marianne Faithfull les a rendus écoutables par les jeunes étudiants dont j’étais.

Que de fois j’ai été attristé par la probabilité de sa mort prochaine : que cet ange déchu et rongé par les drogues puisse monter un paradis était absolument insupportable.

 

L’histoire de Marianne Faithfull est d’autant plus improbable qu’elle ne s’arrête pas là. Les années 80 voient sa résurrection tant dans la pop qu’au cinéma. Ce n’était plus la même : sa voix jadis pure et fragile est maintenant brisée, rauque : « Trop de drogues, trop de fatigue, je ne sais plus… », dira-t-elle. Mais elle était restée « une sorte d’Iggy Pop au féminin à qui son passé sulfureux offre une crédibilité inattaquable »

 

Françoise Hardi, Marianne Faithfull…Personnellement je reste convaincu que la jeunesse aérienne de certaines jeunes femmes donne une idée assez juste de ce que devrait être l’immortalité. 

Macron-bâtisseur – Chronique du 31 janvier (1)

Bonjour-bonjour

 

On s’étripe à l’Élysée : il ne s’agit pas du budget de la France mais de vitraux de Notre-Dame. Alors que les architectes veulent remettre en place deux verrières en parfait état, issues de la rénovation de Viollet-Le-Duc, le Président Macron a lancé un concours pour les remplacer par des verrières contemporaines et il entend bien mettre en place ces nouveautés.

 

Vitraux de Notre-Dame en cours de restauration


On peut lire ici : « Les gardiens de « l’architecture en France » affirment que le changement des vitraux du XIXe siècle imposé par le président produirait un remplacement qui détruirait la sombre harmonie de la cathédrale – ces verrières étant d’ailleurs protégées par la loi. Un recours doit être déposé devant le tribunal administratif de Paris ; une pétition a recueilli 278 000 signatures. »

Mais l’essentiel n’est pas là ; devant l’acharnement du Président à imposer son projet personnel on se dit que l’enjeu est plus personnel qu’esthétique. Il s’agirait de laisser une trace derrière lui dans ce monument qui défie les siècles. Que pour toujours (ou presque) il y ait, associé à Notre-Dame de Paris, le nom du « Président Macron », comme l’est encore celui de Viollet-le-Duc. Après tout Mitterrand a bien sa Grande Bibliothèque et Jacques-Chirac le Musée du quai de Branly-– pourquoi pas la « Verrière Macron » ? D’ailleurs cette interprétation s’entend de Paris jusqu’en Australie, si on en croit notre article. 

S’entrecroisent alors deux éléments : 

- d’une part cette vocation des présidents français à graver dans le marbre leur nom au palmarès des héros qui ont fait la France 

- et d’autre part cet autoritarisme qui est la marque de fabrique des décisions du Président français et la source systématique des contestations que les accompagne.

mercredi 29 janvier 2025

La grande lessive – Chronique du 30 janvier

Bonjour-bonjour

 

Que n’a-t-on pas dit des bienfaits du sommeil ? Qu’il facilitait la mémoire, qu’il permettait la production des neurotransmetteurs essentiels à son fonctionnement… Lady Macbeth voyait déjà en lui la récompense des âmes pures.

Éh bien c’est peut-être elle qui a vu le plus juste : selon des recherches de pointe il s'avère que pendant notre sommeil, notre cerveau traverse un cycle de « rinçage » neurologique en se régénérant durant la nuit.

« Le système glymphatique, activé durant le sommeil et décrit comme le « réseau d’égouts » du cerveau, a été identifié chez la souris il y a un peu plus de dix ans seulement. Il agit comme un mécanisme d'élimination des déchets et ne fonctionne de manière optimale que pendant le sommeil. » écrit cet article qui ajoute que des recherches sur les humains corroborent ces découvertes sur l’animal. 

Laissons régner le flou que cet article de vulgarisation ne dissipe pas : de quel déchets sommes-nous débarrassés durant la nuit ? S’agit-il de résidus matériels résultant de son fonctionnement ordinaire ? Oui sans doute, mais - pourquoi pas ?- aussi bien des représentations obsédantes, des souvenirs traumatisants, permettant même la cicatrisation des "plaies" ouvertes durant le jour ?  L’oubli bienfaisant serait-il l’effet de cette « grande lessive » nocturne ? Pourrir la nuit des prisonnier, en les réveillant fréquemment et en laissant allumé un éclairage puissant n’est-elle pas connue pour être une technique de torture, insidieuse mais terriblement efficace ?

En tout cas ces expériences confirment ce que je crois depuis assez longtemps : à la base de phénomène cérébro-intellectuels il y a un déclenchement de mécanismes organiques.

Descartes avait raison.

mardi 28 janvier 2025

Des puces jusque dans nos poubelles – Chronique du 29 janvier

Bonjour-bonjour

 

Au cours de cette année votre commune va peut-être l’annoncer : votre poubelle va être équipée d’une puce. Bien sûr il ne s’agit pas de cet indésirable petit insecte mais d’un équipement électronique bien dissimulé dans le conteneur :

- Voici comment les choses vont se passer :

« Le camion à ordures lève la poubelle, la bascule pour en vider le contenu dans sa benne et la repose au sol. Au passage, un ordinateur embarqué pèse la poubelle  deux fois - à la montée quand la poubelle est pleine, et à la descente, quand elle est vidée –  calculant  le poids des déchets ainsi collectés, tandis qu’est lue la puce, avec les coordonnées du foyer concerné. » (Lu ici)

- Les données correspondantes telles que le nombre de fois où la poubelle est vidée, sa localisation ou encore son poids, sont enregistrées afin de facturer la collecte en proportion. Il s’agit aussi, écrit notre article, de permettre aux ménages de « conscientiser leur consommation et gestion des déchets. »

« Conscientiser » : le mot est lâché. Nous n’avons pas conscience des « choses » mises dans notre poubelle – choses qui s’y transforment instantanément en déchets : tout s’anéantit en tombant dans notre poubelle.

Éh bien non : la réalité, c’est que le contenu de la poubelle va s'accumuler jusqu'à être collecté par camion, véhiculé jusqu’à une déchetterie et incinéré. 

--> Ça coute cher et c’est mauvais pour le dégagement de Co2 !  Grâce à la surveillance de ma poubelle, je pourrai dire par exemple au vu de ma facture : « J’ai produit 150 kilos de néant cette année : c’est encore trop ! »

 

Tout ça c’est quand même un peu hard, ne trouvez-vous pas ? Qu’on espion surveille votre poubelle, la pèse, en calcule le coût, détermine la fréquence de collecte (pas plus d’une fois toutes les trois semaines : vous n’oublierez sûrement pas de la sortir en été après le repas de sardines grillées). De toute façon, chaque collecte coûtera 1,20 € par ménage, le double pour des familles utilisant des bacs de 240 litres : ça en tout cas vous ne l’oublierez pas.

Et le climat ? Ces dispositifs permettent non seulement de mesurer la quantité de déchets jetés mais aussi d'optimiser la fréquence de la collecte, réduisant ainsi l'empreinte carbone liée au traitement des ordures. 

- Mais, je vous sens quand même mécontent : vous n’aimez pas être espionné dans vos actes – 

même les plus insignifiants. Il ne s’agit pas en effet de mettre un mouchard sous votre voiture, mais simplement de contrôler combien de fois vous jetez quelque chose : même ça vous parait invasif, surtout que ce n’est peut-être encore qu’une début. 

- Imaginez un peu : la consommation d’eau est devenue beaucoup trop importante compte tenu de la sécheresse estivale : on va vous inciter à moins consommer. Or, un usage surconsommateur, c’est la chasse d’eau. Bientôt grâce à une puce sur le mécanisme de votre chasse d’eau on saura combien de fois vous la tirez. Vous qui la faites fonctionner juste après un petit pipi, sachez que votre geste sera enregistré, comptabilisé et facturé pour ce qu’il est : du gaspillage.

Pour faire des économies vous devrez faire pipi en prenant votre douche.




lundi 27 janvier 2025

Auschwitz : lutter contre la haine – Chronique du 28 janvier

Bonjour-bonjour

 

On n’en finit pas d’épiloguer à chaque anniversaire d’Auschwitz sur la shoah, son l’inhumanité, et sur les horreurs que les hommes font aux hommes. Et il faut bien le constater : ça n’avance pas ! A peine éradiqués ici, les crimes contre l’humanité renaissent là ; on met en place des tribunaux internationaux, des sanctions et des peines : rien n’y fait.

- Peut-être faudrait-il prendre le problème par un autre bout : au lieu de regarder ces massacres horribles comme des exceptions, considérons-les comme des faits ordinaires habituellement réservés aux conflits de voisinage et ici démultipliés à l’échelle d’un pays. La shoah, la déportation massive de tout un peuple comme Trump le propose aujourd’hui pour les gazaouis, tout cela est strictement la même chose que cette maman qui vient de faire mourir d’inanition sa fille (après l’avoir faite souffrir de toute sorte de façons).

- Hannah Arendt a fait scandale au procès d’Eichmann en parlant à son propos de « la banalité du mal » : si nous reprenons aujourd’hui sa formule, ce n’est pas pour dire que nous sommes tous des bourreaux nazis en puissance ; mais simplement que toutes ces cruautés, cet acharnement à faire souffrir et périr nos semblables ne vient pas d’une perversion particulière. C’est un dérivé de la haine.

L’élément essentiel ici, ce n’est donc pas un contexte politique ou culturel particulier : c’est cette passion basique que chacun porte en germe dans son cœur – la haine. C’est elle dont le développement transforme un petit monsieur tout gentil en fonctionnaire implacablement acharné à la perte de femmes et d’enfants. C’est elle que le dictateur de 1984, le roman dystopique de George Orwell, cultive avec son « quart d’heure de la haine ». C’est elle que vous ressentirez si on vous livre le criminel qui a assassiné votre femme et vos enfants – à moins que ce ne soit votre voisin qui vous gêne avec ses bruits envahissants.

La chose n’est pas simple : en dehors de l’effort que suppose l’éradication de certaines de nos passions, n’y a-t-il pas des cas où la haine parait non seulement justifiée, mais encore nécessaire ? Peut-on livrer une guerre « juste » sans éprouver ce ressort qui mobilise les forces ? Où faire passer la ligne rouge qui sépare la haine juste de la criminelle ? La corde qui a pendu les dignitaires nazis à Nuremberg valait-elle mieux que la chambre à gaz ?

dimanche 26 janvier 2025

Edmond Dantès, d’Artagnan, Jean Valjean : 3 superhéros – Chronique du 27 janvier

Bonjour-bonjour

 

Avec 2 (futures) nouvelles versions les Misérables rejoignent le Comte de Monte-Cristo et les trois mousquetaire au palmarès des œuvres littéraires françaises les plus adaptées au cinéma. (Voir ici)

Connaissant la politique mercantile des réalisateurs, on admettra que si les héros de ces romans sont sur les écrans c’est parce qu’ils sont plébiscités par le public d’aujourd’hui, et qu’ils incarnent des personnages particulièrement significatifs.

Et en effet, ils sont tous trois en possession d’une force peu commune : l’un (Edmond Dantès) a su triompher de l’enfermement dans le bagne-prison de l’Ile d’If – sa force étant aussi par ailleurs constituée par une fortune immense ; l’autre (Jean Valjean) possède une force herculéenne, mais aussi une force d’âme conquise au contact de Monseigneur Bienvenu ; enfin, le jeune héros des Mousquetaire de Dumas en qui tout un chacun peut se reconnaitre – fort de sa jeunesse et de son enthousiasme. 

Mais pourquoi leur histoire passionne-t-elle tant ? Il ne s’agit pas du style particulier de ces auteurs puisque ceux qui se précipitent voir le film tiré de leur histoire n’ont en général pas lu une ligne écrite de leur main.

- Remarquons que ce sont des vainqueurs (des winners diraient nos amis américains). De plus, ils font triompher le bien, ils punissent les méchants et ils rétablissent les malheureux injustement maltraités. 

Mais le principal reste à dire : ces histoires ont aussi un poids politique. On dira que cette affirmation est ridicule : ces adaptations cinématographiques sont du pur divertissement ; inutile d’y chercher un message politique.

Pourtant, n’oublions pas l’avertissement que Victor Hugo met en préface des Misérables : ce livre sera utile tant que le mépris des hommes existera (lire ici). Et puis, D’Artagnan et ses compagnons ne luttent-t-ils pour affermir le pouvoir légitime ? Quant à Edmond Dantès le monde dans lequel il évolue est celui où éclot le capitalisme sauvage qu’aucune loi autre que celle du profit ne régule : la vengeance du Conte de Monte-Cristo est certes très personnelle, mais sa victoire n’est-elle pas aussi la nôtre, victime de l’administration arbitraire et des patrons égoïstes ?

Jean Valjean, Edmond Dantès, d’Artagnan : trois superhéros.

samedi 25 janvier 2025

Je n’ai pas cotisé pour que ça profite à d’autres – Chronique du 26 janvier

Bonjour-bonjour

 

L’idée de taxer les retraités afin de boucler le budget de la Nation soulève des protestations indignées. « Je n’ai pas cotisé pour que ça profite à d’autres » : la proposition de taxer les retraités suscite un tollé. 

--> On retrouve ici cette confusion tenace entre les retraites par capitalisation et les retraites par répartition. Selon nous, la persistance de cette confusion n’est pas un hasard : chacun veut croire que ses cotisations durant son activité sont la source de sa pension, comme si les sommes versées étaient capitalisées et reversées comme une rente. Bien entendu il n’en est rien et on confond le droit à toucher une pension avec l'argent versé. Les spécialistes de la retraite par répartition utilisent avec gourmandise l’expression de « solidarité intergénérationnelle » : peine perdue ! Chacun croit dur comme fer que l’argent qu’il verse aux caisses de retraites lui sont destinées exclusivement ; l’idée de soutenir des séniors trop vieux pour travailler l’indiffère complètement, à croire que, s’il n’y avait que lui, ils pourraient bien crever de faim.

Laissons pour le moment les leçons de morale à d’autres et demandons-nous plutôt pourquoi on ne passe pas à la retraite par capitalisation puisqu’elle serait mieux acceptée, d’autant que ce système génère des fonds de pensions qui font des ravages sur les marchés boursiers : une manne dont la France aurait bien besoin ces temps -ci.

Eh bien, rappelons-nous : nous étions au début des années 2000, juste avant la crise des subprimes de 2007 : les retraites par capitalisations étaient entrain de faire discrètement leur apparition, par petites touches, dans le système des retraites française. Malheureusement la faillite du système bancaire gangréné par la spéculation immobilière a entrainé le discrédit de ce système : et si votre argent géré par les banques partait en fumée avant que vous ayez atteint l’âge d’en profiter ? Du coup la capitalisation est réservée aux pensions complémentaires.

Mais foin de ces données techniques. Revenons à l’attitude morale démasquée par l’exclamation citée dans notre titre : la solidarité n’est pas seulement ignorée – elle est aussi refusée. Imaginer qu’on n’est pas seulement obligé de travailler pour vivre, mais encore qu’on doive payer pour faire vivre un inactif, un peu comme au Japon avec ces vieillards impotents perchés sur le dos leur fils (comme dans la Balade de Narayama, film dont je modifie intentionnellement l'histoire)

 


 

La ballade de Narayama – de Shohei IMAMURA

 

Oui, c’est pas top, n’est-ce pas ? D’autant qu’avec la baisse de la natalité, chaque actif a maintenant un sénior sur chaque épaule.

vendredi 24 janvier 2025

Quand un « plus » n’est pas forcément un « mieux » - Chronique du 25 janvier

 Bonjour-bonjour

 

Notre époque véhicule encore de vieilles croyances, en particulier celle de la productivité, qui veut que faire plus est signe de progrès. Plus de voiture, plus de touristes, plus de foie gras, plus de milliardaires…

- Stop, réfléchissons d’abord. Rappelons d’abord la formule de Paul Ricoeur : « Le progrès, c’est un plus qui est aussi un mieux ». Renvoyant ainsi l’évaluation au contexte culturel, aux pratiques sociales et historiques, il supprime l’essentialisation du progrès : rien n’est un progrès par nature, mais seulement par relation à l’usage qui en est fait. (En annexe le texte en question)

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- Prenons un exemple : la multiplication des écrans numériques publicitaires dans les gares.

 



Je vous laisserai lire l’article expliquant pourquoi cette multiplication liée à des accords entre la SNCF et les annonceurs a été jugé profitable par les deux partenaires. Je m’en tiendrai à l’explication (scientifique) de la raison pour laquelle nous sommes plus particulièrement sensibles aux publicités affichées sur écran. 

Et ce n’est pas sans raison : 

- outre leurs souplesse d’emploi commandé instantanément par un clic de souris, les écrans ont un autre avantage :

- ils démultiplient les annonceurs avec des messages en rotation toutes les 6 secondes, 

- mais ce n’est pas tout : un écran numérique est 4,5 fois plus regardé que sa part d’espace dans l’environnement.

- et il se trouve que notre cerveau est sollicité plus efficacement par les écrans qui nous présentent des images-mouvement : « Nous recevons un choc de dopamine quand nous percevons une information qui peut nous être utile. C’est un instinct, notre cerveau est fait pour être attiré par des images en mouvement. » ( à lire dans l’article cité)

o-o-o

Pour en revenir à la question du progrès demandons-nous si ces écrans ne sont pas un réel progrès ? 

On dénonce alors le fait qu’un écran LCD de 2 m² consomme autant d’électricité qu’un Français moyen, ce qui situe son impact total à 245 kg de CO2 émis par année d’utilisation, soit l’équivalent d’un vol aller Paris-Berlin pour un passager. Et tout cela pour transformer les gares en des centres commerciaux où l’intérêt général est sacrifié au profit de logiques purement mercantiles.

Après, nous dirons que le « mieux » des uns n’est pas forcément celui des autres.

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Annexe :

« Le thème du progrès ne se constitue que si on décide de ne retenir de l’histoire que ce qui peut être considéré comme l’accumulation d’un acquis. [...] Ce trait [de l’histoire] c’est celui qui permet justement de l’appeler progrès et non pas seulement évolution, changement ou même croissance affirmer que cette croissance d’outils, de savoir et de conscience est un progrès, c’est dire que ce plus est un mieux ; c’est donc attribuer une valeur à l’histoire. [...] Il semble donc que la valeur qui se révèle, dès ce niveau, c’est la conviction que l’homme accomplit sa destination par cette aventure technique, intellectuelle, culturelle, spirituelle, oui, que l’homme est dans sa ligne de créature, quand, rompant avec la répétition de la nature, il se fait histoire, intégrant la nature même à son histoire, poursuivant une vaste entreprise d’humanisation de la nature. Il ne serait pas difficile de montrer avec détail comment le progrès technique, au sens le plus étroit et le plus matériel, réalise cette destination de l’homme : c’est lui qui a permis de soulager la peine des travailleurs, multiplié les relations interhumaines et amorcé ce règne de l’homme sur toute la création. Et cela est bien. [...] [Pourtant] les discussions sur le progrès sont finalement assez stériles ; d’un côté on a tort de condamner l’évolution, mais de l’autre on n’a pas gagné grand-chose à en faire l’éloge. En effet cette même épopée collective qui a une valeur positive, si on considère en bloc le destin des hommes, la réalisation de l’espèce humaine, devient beaucoup plus ambiguë si on la rapporte à l’homme concret. A chaque époque ce que nous savons et ce que nous pouvons est à la fois chance et péril ; le même machinisme qui soulage la peine des hommes, qui multiplie les relations entre les hommes, qui atteste le règne de l’homme sur les choses, inaugure de nouveaux maux : le travail parcellaire, l’esclavage des usagers à l’égard des biens de civilisation, la guerre totale, l’injustice abstraite des grandes administrations, etc. On trouverait une même ambiguïté attachée à ce que nous appelions tout à, l’heure le progrès de connaissance ou de conscience. » P. RICOEUR - Histoire et vérité (p. 81-86) – 1955

jeudi 23 janvier 2025

Éducation à la vie affective et sexuelle : un abrégé – Chronique du 24 janvier

 

Bonjour-bonjour

 

Connaissez-vous ce que contient le programme pour l’Éducation à la vie affective et sexuelle qui doit entrer en vigueur à la rentrée 2025 ? Non ?

- Vous allez dire que c’est un peu tard pour vous soucier d’apprendre un tel programme. Peut-être (ou pas ?) mais il n’est pas top tard pour savoir de quoi vont parler les ennemis de ce programme qui vont l’accuser de provoquer la dégénérescence de l’Occident.

- Passons sur le programme de l’école maternelle et élémentaire (voir ici) et attardons-nous sur le collège et le lycée.

« - En 6e  ils doivent appréhender les changements du corps et le respect des autres l'orientation sexuelle et le fait de développer librement leur personnalité, » 

- notamment en 5e où ils apprennent à "différencier sexe, genre, orientation sexuelle et respecter leurs diversités".

- En 4e, la sexualité est abordée comme une "réalité complexe" ("pouvant faire intervenir le plaisir, l'amour, la reproduction, etc") et en termes de santé (dont la prévention des risques). Les "incidences des réseaux sociaux sur les relations" sont aussi évoquées.

--> Résumons : respect du corps et des personnes va de paire avec le développement « libre » de sa personnalité. Autant dire que nulle normalisation ne doit paraitre.

- En 3e, les élèves doivent être amenés à "interroger les liens entre bonheur, émotion et sexualité", "savoir reconnaître et caractériser des contextes de danger et de vulnérabilité" (risques, mécanismes d'emprise...), les violences sexuelles ou les discriminations.

--> Comprendre le lien entre « bonheur émotion et sexualité » : bigre ! J’en connais qui se feraient recaler parmi ceux ou celles qui rentrent de boite avec « leur coup du soir » !

- La classe de seconde permet d'"explorer les tensions entre l'intime et le social" (dont la protection à l'ère des réseaux sociaux). Les élèves doivent, entre autres, "comprendre que les différences biologiques entre les femmes et hommes ne déterminent pas les expressions, les comportements et les rôles attribués au genre 'masculin' et 'féminin'". Pour la première fois dans le programme, il est proposé, "à partir de témoignages", de leur faire "prendre conscience que le sexe biologique peut ne pas correspondre à son identité de genre".

--> Alors là, j’applaudis des deux mains, mais j’exige que chacun, dès qu’il est en âge de rencontrer ses semblables et de les différencier les uns des autres soit capable de réciter et de commenter ces leçons. Bien entendu la formation des enseignants doit être à la hauteur.

La première doit permettre d'aborder "les conduites, tentations, plaisirs et risques" (à travers par exemple l'étude d'œuvres).

--> Là place aux grands classiques (La princesse de Clèves ?)

La terminale "rassemble les acquis permettant à l'élève d'appréhender la sexualité en jeune adulte responsable". Il s'agit, entre autres, de "savoir résister individuellement et collectivement aux violences sexistes et sexuelles et aux discriminations liées au sexe, à l'identité de genre, à l'orientation sexuelle".

--> Hummmm ! Voici le moment venu d’ouvrir l’œuvre du Marquis de Sade….

mercredi 22 janvier 2025

Mesdames, encore un effort… – Chronique du 23 janvier

Bonjour-bonjour

 

La mort de Bertrand Blier remet au premier plan son film « Les valseuses » et sa misogynie montrant le personnage incarné par Miou-Miou insensible au plaisir sexuel subir ce qu’il faut bien appeler des viols répétés et tout cela dans une joyeuse ambiance de comédie de mœurs.

On dit que ce film ne serait plus possible aujourd’hui du fait de la contrainte du mouvement #metoo qui condamne cette apologie du machisme. 

Mais s’agit-il seulement de viols ? Lisons les remarques de Cédric Klapisch remontant à 2020 quand il refusait de réduire Les Valseuses à son machisme :  "Il y a quelque chose qui parle du plaisir féminin et qu'on ne voit pas dans beaucoup de films", expliquait-il, défendant aussi une "liberté de ton dérangeante" mais "intéressante". "Ça pousse très loin l'idée de la liberté", disait-il.

Prenez par exemple le cas de la séquence où le personnage interprété par Patrick Dewaere se met à téter le sein de Brigitte Fossey (dont c’était le retour à l’écran) après avoir écarté son bébé. 



Ignoble. Mais le pire est à venir et c’est justement ce qui réjouit Klapisch : la séquence se termine sur la descente du train de la jeune femme attendue par son jeune mari. Et Depardieu de dire « Il a de la chance, on lui a bien chauffée » : on devine qu'au-delà de l’excitation bénéfique à l’homme, cette agression sexuelle a été aussi bienfaisante pour celle qui en a été victime, et c’est bien le ton général du film : les femmes frigides doivent être forcées sexuellement pour profiter quand même de la vie. 

C’est ça l’idée de liberté qu’il faut, selon Klapisch, pousser plus loin, encore et encore. 

- Rappelez-vous de l’adresse aux français du Marquis de Sade : « Français, encore un effort si vous être républicains » (1795 - lire ici  2ème partie) : il s’agissait de légaliser la prostitution des femmes.

Jusqu’où faut-il donc aller pour être libre ?


mardi 21 janvier 2025

La dette ? Une affaire qui marche ! – Chronique du 22janvier

Bonjour-bonjour

 

Lu ce matin : « La France a placé ce mardi pour 10 milliards d'euros d'obligations à 15 ans « longs », attirant une demande plus de treize fois supérieure. Un bon signal pour Bercy, qui va devoir emprunter plus de 300 milliards d'euros cette année dans un contexte politique agité. » De quoi rassurer sur l'attractivité de la dette française aux yeux des investisseurs, dans un contexte politique et économique difficile ». (Vu ici)

 

Eh oui ! Les bonnes nouvelles étant plutôt rares par les temps qui courent, prenons celle-ci : c’est sans aucune difficulté que nous pouvons continuer à nous endetter. Nos futurs usuriers se bousculent pour le devenir, c’est tout juste s’ils ne nous offrent pas un petit cadeau, agenda ou stylo bille à 4 couleurs, pour obtenir qu’on les déleste de dizaines de milliards.

 

Et vous vous demandez peut-être pourquoi un pays si gaspilleur, si insouciant devant son déficit, inspire malgré tout confiance, au point que les prêteurs affluent pour fournir leur argent ? Certes, les taux d’intérêts ne cessent d’augmenter, mais si le risque de banqueroute française existait on ne retrouverait quand même pas tant de volontaires que cela. C’est donc que ces gens-là sont certains d’être remboursés quoiqu’il en soit. Et comment ce prodige s'opère-t-il ? demanderez-vous. C’est votre épargne qui accomplit ce miracle. 

- Sachez, bonnes gens que vous détenez dans vos bas de laine largement de quoi payer la dette française et que, si le peuple de France voulait effacer l’ardoise, il le pourrait sans même se priver.

- Mais attendez, vous voulez dire que l’État pourrait faire main basse sur nos livrets-écureuils si le marché le lui demandait ?

- Hé-Hé….

lundi 20 janvier 2025

Une protection anti-bisou – Chronique du 21 janvier (2)

Bonjour-bonjour

 

Hier la cérémonie d’investiture du 47ème Président des Etats-Unis d’Amérique a été l’occasion d’observer l’attitude de Melania, la « first lady » dont on savait qu’elle n’était pas ravie d’y participer, réprouvant ce nouveau séjour à la Maison-Blanche – et aussi, il faut bien le dire, assez exaspérée de devoir afficher le couple uni qu’elle est censée montrer à l’Amérique.

Aussi quand elle parut, son chapeau stupéfia jusqu’aux spécialistes – voyez plutôt :

 


Les experts en matière de chapeau d’apparat rappelèrent que la Reine d’Angleterre portait certes des chapeaux envahissants, mais qui toujours dégageaient son visage. Or voici que la First Lady américaine dissimulait la moitié de son visage sous un chapeau qui n’aurait pas surpris dans un western de Sergio Leone – mais là, au Capitole, un jours d’investiture !....

Or voici que le moment venu Donald Trump fait son entrée et passe au milieu de ses proches pour atteindre l’estrade où il va être acclamé. Il sert au passage les mains et, approchant son épouse, il se prépare à lui faire un baiser.

Et voici ce qui se passa :

 

 

 

Bien joué, l’artiste !

Drill, baby, drill. (Fore, mon chou, fore) – Chronique du 21 janvier (1)

 



 

 

Bonjour-bonjour

 

« Drill, Baby, drill » : cette consigne de forer le sol dans le but de découvrir de nouveaux gisements de pétrole est l’injonction que Donald Trump oppose à la politique « verte » de protection de l’environnement. Même les plus protecteurs de la nature parmi ses soutiens pensent qu’il y a ceux qui, de naissance ont le droit de produire et de consommer le pétrole – ce sont les américains – et les autres.

On a là un très remarquable refus de changer de mode de vie : celui qui ne passe même pas par la dénégation. Certes beaucoup des électeurs du 47ème Président des USA croient aux légendes selon lesquelles c’est le changement d’orbite de la terre qui cause le réchauffement climatique, et que les hommes n’en sont pas responsales et encore moins capables d’y faire quelques chose – mais ici, ce sont des gens qui disent : « Je sais bien qu’il ne faudrait pas, mais je n’y peux rien. Je fais partie d’une race de producteurs/consommateurs pétroliers. C’est dans la nature du peuple américain. Il faut l’accepter ».

On aurait le même refrain à propos du port d’armes : « Je dois être armé pour, protéger la Constitution ; tous les américains ont ce devoir » - ou encore : « Nous avons toujours été et nous sommes encore des conquérants d’espaces nouveaux, nous allons annexer le Groenland et le Canada ».

Bref, les américains possèdent un droit naturel qui leur épargne de prendre soin des autres êtres également naturels. Je ne sais pas comment leurs pasteurs se débrouillent avec ça, quel statut leur religion donne au devoir de charité – peut-être voient-ils ça comme étant réglé par la justice céleste du seigneur ?

- En tout cas, la Planète ne dit pas « Merci » au 47ème président.

dimanche 19 janvier 2025

Déblayer les rues de Mayotte – Chronique du 20 janvier

Bonjour-bonjour


Lu dans la presse ce matin : « À Mayotte, ça commence à puer, il faut vite qu'on réagisse : après le cyclone Chido le nettoyage de l'île est devenu indispensable »

 

Le lecteur-philosophe s’arrête de lire et se prend à réfléchir : le nettoyage de Mayotte, suite au ravage du cyclone invite à réfléchir sur les déchets en général, sur leur origine, sur leur existence, sur leur élimination. Autant dire que les philosophes sont mobilisés – mais d’ailleurs ils n’ont pas trop à se forcer tant « le » déchet a sollicité ceux qui réfléchissent sur les modes d’existence en général et sur celui des déchets en particulier. Le questionnement n’a cessé de régresser vers leurs causes premières depuis les décennies passées. 

1) En effet, la question était autrefois : « Que faire des déchets ? ». Comme les espèces animales nous avons été sollicités par la question de leur élimination. De même que l’oiseau fait ses besoins en dehors du nid, les humains se sont débarrassés de leurs déchets, parfois en les regroupant dans des lieux dépotoirs. Les archéologues qui fouillent les forteresses médiévales le savent : dans les latrines on retrouve bien des objets mis au rebut, cassés ou devenus sans usage.

2) Mais aujourd’hui, le questionnement est remonté dans la hiérarchie des interrogations sur le mode d’existence. Ainsi le déchet n’est pas un absolu : nos excréments sont bien des déchets par rapports à nous, ils sont même le tout premier de nos déchets, mais ils sont aussi un produit complexe et très précieux si on les considère en rapport avec l’usage qu’on peut en faire – pour l’horticulture par exemple, le crottin de cheval est considéré comme de l’or pour le potager. A partir de quand quelque chose sort-il de l’inexistence pour accéder au statut de réalité ? Faut-il donc considérer que les déchets nous révèlent que rien n’existe dans l’absolu, mais seulement en rapport avec l’usage qu’on peut en faire ? 

3) Et donc nous voici au niveau métaphysique : que penser de l’existence qui n’a pas de réalité absolue, mais seulement prise dans un système de relation, de telle sorte que le complexe (la société par exemple) serait antérieur à l’élémentaire (l’individu) ?

4) Mais alors, finie l’opposition entre l’existence et l’inexistence : ce qui a péri ici, peut être repris et ressuscité là. Les tôles du bidonville de Mayotte, arrachées par l’ouragan ici peuvent être récupérées plus loin pour reconstruire un nouvel abri.

5) Et même la mort : ne serait-elle pas un état transitoire, simple parenthèse entre deux formes de fonctionnement selon des contextes différents ? Et donc la cryogénisation aurait de l’avenir

 

 

 

… sauf qu’on ne sait pas le quel.

samedi 18 janvier 2025

L’école : pourquoi faire ? – Chronique du 19 janvier

Bonjour-bonjour

 

Le vendredi 17 janvier, la nouvelle ministre de l’éducation nationale a donné un aperçu de la « méthode Borne ». Elle consiste à « évaluer l’efficacité des dispositifs » avant de prendre « les décisions qui s’imposent, de manière très pragmatique » et à « faire confiance aux équipes éducatives ». Mais surtout aucun tabou, aucune prérogative ne saurait faire obstacle aux réformes dont elle s’estime porter la charge. (Lire ici)

- Alors qu’elle est confrontée à la crise de recrutement, Elisabeth Borne pose un sujet gros des pires conflits : celui de la durée des vacances, en particulier celle des vacances d’été jugée trop longue et discriminantes : « Les coupures longues se traduisent par des pertes de niveau pour les élèves les plus fragiles. »

--> Élisabeth Borne a donc assuré être en faveur d’un raccourcissement des vacances scolaires estivales : « Les vacances d’été de 2025 ne changeront pas mais, pour 2026, cela dépendra de l’issue des discussions », a assuré la ministre de l’Éducation. 

Tout ça me rappelle l’époque de Claude Allègre qui prétendait « remettre les élèves au centre des préoccupations ». Ainsi si le raccourcissement des vacances est bénéfique pour les élèves défavorisés, les profs doivent s’incliner et renoncer à 2 semaines de farniente. Or, s’il y a un sujet de combat sur lequel les profs sont prêts à se faire couper en morceaux plutôt que de reculer, c’est bien celui des vacances. Alors même qu’on peine à recruter des profs, voilà qu’on rend leur charge encore moins attractive ! Car on ne le dit pas assez, les profs restent attachés à leur vacances, 7 semaines de travail + 2 semaines de congés + 2 mois d’arrêt tous les 10 mois. Pas touche !

On dira qu’il ne s’agit là que d’habitudes que la charge de professeur ne saurait justifier.

Oui-Oui… Sauf que les parents eux-mêmes estiment que l’école a pour charge de s’occuper des gamins pendant qu’ils vont travailler. Qu’on se mette en grève et c’est l’affolement dans la famille. Si donc le rôle des profs c’est de garder les enfants bien au chaud durant que leurs parents vont bosser, c’est aussi leur obligation de les remettre en circulation quand c’est le temps des vacances, voyage, tourisme, restaurant et consommation spécialisée. 

Vous voyez ce que je veux dire ?

 


Et ça : ça compte pour du beurre ?

vendredi 17 janvier 2025

Chez les riches… ce sont les ultra riches qui font scandale. – Chronique du 18 janvier

Bonjour-bonjour

 

Lu ce matin, à propos des incendies de Los Angeles : « D’un côté de la rue, des maisons en ruine dont seule la cheminée a survécu aux flammes. De l’autre, un petit village de boutiques encore intactes, protégées par des camions-citernes et des pompiers privés. /…/ Dans ce quartier huppé de la mégapole américaine, les pompiers de la ville ont échoué à protéger les habitations, mais le milliardaire Rick Caruso a sauvé son centre commercial en engageant des sociétés privées. « Nous avons été embauchés et nous avons reçu l’ordre de rester ici. Je n’ai pas le droit de vous en dire plus », glisse un homme en uniforme jaune et vert, avant son briefing avec une vingtaine de collègues. » (Lu ici)

 

 


 

Bien sûr, la gravité de la catastrophe est suffisamment manifeste pour saturer les messages de détresse venus de Los Angeles. Mais on devine qu’il y a aussi des circonstances aggravantes telles que le manque de secours et l’inégalité dans le travail des pompiers.

C’est surtout cela qui nous frappe ce matin : on découvre en effet que des milliardaires ont embauchés des pompiers « privés » dont la tâche est de protéger les biens de ces richissimes habitants à l’exclusion des autres. Y aurait-il une famille au milieu des flammes qui appellerait au secours tandis que l’incendie sort déjà de leurs fenêtres, ils ne bougeraient pas si ces gens n’ont pas payé pour cela.

On l’a compris : ce sont les privilèges qui font scandale et non les catastrophes en elles-mêmes. Que ma maison brûle, je ne ferai que pleurer à condition que toutes les autres brûlent aussi. Mais que ma maison soit détruite alors que d’autres dans le même cartier restent debout et voilà l’indignation qui redouble ma souffrance : je crie au meurtre prémédité. 

- En France, on a un repère de l’injustice avec la situation du peuple en 1789. Le comble de l’injustice et du caractère odieux des privilégiés était alors illustré par ces propos attribués à Marie-Antoinette : « Que veut le peuple ? » demandait-elle alors que les émeutes parisiennes résonnaient jusqu’à Versailles. « Le peuple veut du pain, Altesse » lui répondait-on. « Le peuple n’a pas de pain ? Qu’il mange de la brioche » répliquait alors la Reine de France.

A Los Angeles, la brioche s’appelle Pompiers privés.

jeudi 16 janvier 2025

De la prison au bureau ovale – Chronique du 17 janvier

Bonjour-bonjour

Vous avez vu ?

Ces deux photos de Donald Trump :

 


- Photo d’identité judiciaire (à gauche) ; et la photo officielle du 47ème président des Etats-Unis (à droite)

Étrange, n’est-ce pas ? Cette photo officielle en particulier. Aucun président n’offre une telle image de lui-même dans la fonction présidentielle – de même que personne ne pose dans cette attitude combative lorsqu’il est inculpé.

Mais peut-être que ces images n’existeraient pas sans cette autre, prise lors de l’attentat qui faillit le tuer 

 

 

On y voit le candidat surpris en plein meeting par un tireur qui faillit le tuer – qui, en tout cas, lui ôta un bout d’oreille – se dresser (au lieu de se cacher), le poing levé, en appelant au combat.

C’est cette attitude combative qu’il évoque aujourd’hui, alors qu’il devient ce Président détenteur de la puissance : le message est clair et fort ; si j’étais Groenlandais, ou Canadien, ou Chinois, je ne serais pas rassuré.

Quoi ? J’ai omis de citer les Européens ? 

Bien vu !

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N.B. sur l'usage prémonitoire de cette photo, voir mon Post ici