samedi 31 août 2024

La machine à remonter le temps – Chronique du 1er septembre

Bonjour-bonjour

 

Une étude faite (en Lozère) à propos de cheval de Przewalski établit que des espèces sauvages au bord de l’extinction et ramenées à leurs conditions de vies originelles se sont remises à proliférer et à rétablir peu à peu à des conditions de vie équilibrées par rapport au milieu naturel. Lequel a par ailleurs évolué sous cette influence pour laisser la place à de nouvelles variétés végétales, comme si une machine à remonter le temps s'était tout à coup mise à fonctionner. (Article à lire ici)


Du coup, on se dit : « Et si on faisait pareil avec des hommes ? » Fixons-nous pour horizon le néolithique : pourrions-nous rétablir l'homme de Cro-Magnon ? Essayons de le réanimer et de le sortir de son musée :


 

 

Bien sûr cette possibilité n’est nous pas offerte en raison du rôle joué par la culture chez les humains : le Cro-Magnon d’aujourd’hui n’aurait pas la possibilité de (re)vivre sans une culture, laquelle ne serait sûrement pas la même qu’il y a 20 ou 30000 ans. Mais on aurait, à condition de s’en donner le temps, la possibilité de voir naitre des formes d’organisations sociales ou de système symbolique auxquels nous ne penserions pas.

Redonner naissance à nos aïeux voilà en tout cas un but très excitant. L’enfant peut-il faire revivre son grand-père ou un lointain aïeul ?

Remonter le temps, cette tâche est inexorablement condamnée par les historiens : revenir en arrière consiste toujours à ajouter ses pas aux distances déjà parcourues. Oui, sauf s’il s’agit de processus naturels. Le cheval de Przewalski qui se balade sur les causses lozériens sont-ils différents de ceux qui sont peints sur les parois des grottes ?


vendredi 30 août 2024

Irresponsabilité pénale : comment la définir ? – Chronique du 31 aout

Bonjour-bonjour

 

Faut-il maintenir l’âge de la responsabilité pénale à 13 ans ou bien le reculer, comme le préconise l’ONU, à 14 ans ?

« En France, un mineur ne peut être reconnu coupable d'une infraction avant son treizième anniversaire. Mais à 14 ans, sait-on réellement ce qu'on fait ? » titre l'article référencé plus bas : en posant ainsi la question on fait reposer la responsabilité sur des capacités cognitives : l’acte délictueux est punissable dès lors que ses conséquences en sont connues par le responsable, ce qui est avéré dès l’adolescence. Mais les scientifiques spécialisés en criminologie font observer que ce qui est en cause ici ce n’est pas seulement le savoir mais aussi la gestion des émotions, en particulier les émotions « sociales »

« Le concept de responsabilité pénale repose sur la capacité d'une personne à percevoir ou non si son action est mauvaise. Or, chez l'ado, le cerveau a besoin de fournir plus d'efforts que chez les adultes pour traiter les émotions dites « sociales » telles que la culpabilité. Les jugements moraux souffrent du même problème, ce qui est normal, car ces compétences restent en cours de développement tout au long de l'adolescence. /…/ Or, ce n'est qu'à l'âge de 15 ans que la prise de décision d'un mineur arrive à maturité adulte. Mais même après ce palier, il reste largement soumis à ses émotions quand il envisage les conséquences de ses actes. » (Lire ici)

On voit que cette approche des délits soulève le problème de la responsabilité juridique et morale. La justice victimaire, celle qui prend en charge l’émotion soulevée par le crime, ne veut entendre qu’une hose : le criminel doit payer pour ce qu’il a fait : tel délit, telle sanction. Mais la responsabilité entendue comme ce moment qui accompagne le basculement de l’émotion dans l’acte criminel doit aussi être prise en compte, principalement lorsqu’elle induit mécaniquement cet acte. L’homme en état d’ivresse peut ne pas avoir une altération de son discernement ; mais il peut quand même avoir des perturbations émotionnelles qui le font passer à l’acte.

Dès lors, le mari violent qui rentre ivre du cabaret et qui bat sa femme serait irresponsable de son comportement ? Oui, bien sûr, de même que l’adolescent violent qui ne dispose pas encore de toutes ses capacités de gestion des émotions.

Sauf qu’il y a une petite complication : on peut mettre en cause la responsabilité de cette irresponsabilité. Un homme qui avait pris des drogues et qui sous leur emprise avait assassiné une vieille femme juive, commettant ainsi un crime antisémite, avait invoqué son état pour excuser son geste. Il a été débouté de sa requête parce qu’il avait pris cette drogue en toute connaissance de cause, endossant ainsi à l’avance les actes criminels qu’il était susceptible de commettre dans cet état.

C’est ainsi qu’on sauve la responsabilité morale – et c’est bien. Mais avouez que même au-delà de 14 ans il n’est pas sûr que ces calculs soient présents.

jeudi 29 août 2024

Qu’est-ce que l’inclusion ? – Chronique du 30 aout

Bonjour-bonjour

 

Selon les observateurs internationaux, le thème de l’inclusion était omniprésent dans la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques de Paris 2024. Reste à dire comment et pourquoi il l’était.

Déjà, notons l’omniprésence des handicapés – dans le défilé mais aussi dans le spectacle : non seulement on n’avait jamais vu autant de fauteuils roulant sur les Champs-Élysées, mais de surcroit selon un journal de Los Angeles : « danseurs et musiciens en situation de handicap ou non se sont produits en toute fluidité, projetant un thème d’inclusion et de dépassement des différences physiques. » 

Être inclus, cela veut dire faire partie d’un même ensemble : s’agit-il de l’ensemble de ceux qui prennent le métro ? Ou l’ensemble de ceux qui parviennent à aller au bureau ? Ou simplement des gens qu’on côtoie dans la rue et à qui on n’accorde pas un seul regard ?

 

… Ou bien de ceux qui ont dû se battre pour arriver à vivre dans le monde humain, qui ont pour cela appris à marcher – ou comme le nageur brésilien sans bras et qui bat des records en natation ? Alors, certes, le petit enfant marche avec les moyens que la nature lui a donnés. Mais il doit apprendre à ne pas tomber et pour ça il doit dépasser sa peur et sa maladresse.

Le nageur sans bras, lui, a dû découvrir comment nager comme un dauphin : ce n’est pas tout à fait pareil. Certes, mais les deux ont dû dépasser leur situation immédiate, s’arracher à ce qu’ils étaient pour être mieux adaptés à leur situation.

 

Guillaumet, le survivant des Andes, écrit à Saint-Exupéry après son sauvetage en 1930 : « Ce que j’ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait ». Il se trompe : la bête en question existe – et elle s’appelle l’homme.

« L'homme est quelque chose qui doit être dépassé » disait Nietzsche. – La voilà, l’inclusion.

mercredi 28 août 2024

Faut-il donc « galantiser le sexe » ? – Chronique du 29 aout

Bonjour-bonjour

 

Le magazine Elle consacre cet article aux nouveaux rapports entre homme et femme depuis #meetoo. On y trouvera les principaux points sur les quels ont été sondé(e)s les femmes et les homme d’aujourd’hui, nous contentant de nous arrêter sur la question de la galanterie.

 

 

--> Comme le montre ce sondage, alors que les femmes les plus engagées dans le féminismes restent hostiles aux attentions et gestes de bienveillance venus des hommes, jugés infantilisants et humiliants, une majorité de femmes – y compris les plus jeunes – constatent que « les femmes restent attachées à ce qu'elles perçoivent plus comme une forme de respect et de bienveillance que comme une forme de sexisme incompatible avec le féminisme » (Sondage à retrouver dans l’article cité)

 

Humiliant ? Infantilisant ? Faut-il donc en arriver là ? Les sondages disent que non, attitude que la professeure de lettres féministe Jennifer Tamas résume parfaitement dans « Peut-on encore être galant ? » (éd. Seuil, en librairie le 6 septembre), un texte bref et engagé dont la conclusion offre une synthèse implacable : « Au lieu de sexualiser la galanterie, il faut galantiser le sexe pour le rendre plus ludique, plus respectueux et plus joyeux. »                         

 

« Galantiser le sexe » : je note. Ainsi il serait galant que les messieurs aident leur compagne à retirer leur petite culotte le moment venu. Ou qu’ils lui permettent permette de parvenir en premier à l’orgasme avant eux-mêmes (ce qui d’après de ce que sais n’est pas la conduite habituelle). 

Stop ! Arrêtez donc de me taper dessus- c’est une féministe qui dit ça – pas un affreux phallocrate !

D'ailleurs je vous laisse imaginer les gestes de galanterie plus joyeux et plus ludiques à inventer dans cette circonstance : ça fait partie des fantasmes de l’amour

mardi 27 août 2024

Pas de pigeon sans « caca » de pigeon – Chronique du 28 aout

Bonjour-bonjour

 

Vu dans la presse ce matin : « Un pigeon immaculé et son excrément doré, telle est la nouvelle identité visuelle du London Museum. Mais derrière, il faut y voir un message d'accueil et de tolérance. »

 

 

En plein déménagement vers un nouveau site, et après avoir annoncé le retour à son ancien nom de « London Museum » l'institution a dévoilé cet été son nouveau logo : un pigeon en train de se soulager. Pour ce musée qui retrace l'histoire de Londres de l'Antiquité à nos jours, cet oiseau et son excrément (en or, s'il vous plaît) « illustrent la dualité de l'histoire de cette ville, où les paillettes ont côtoyé la poussière durant des millénaires »

 

Alors c’est vrai : les colombes font exactement autant d’excréments que les pigeons, et pourtant leur présence est bien mieux tolérée. Le rejet des pigeons, fournissant le prétexte de leurs nuisances pour l’environnement aurait une valeur symbolique : il représenterait les migrants, ainsi que le signale le sociologue Colin Jerolmack : selon lui, on considère les pigeons urbains comme des « intrus manifestes au sein d'endroits que nous avons décrétés exclusivement réservés aux humains ». Le passage des animaux aux humains se fait alors sur le plan de la représentation symbolique, des défécations des pigeons aux incommodités humaines. » (Cf. l’article cité.)

On constate donc qu’au cours des temps, ces deux groupes ont été tour à tour accueillis, célébrés, puis de plus en plus diabolisés jusqu'à la création d’« environnements hostiles » (on songe aux modifications du mobilier urbain destinées à le rendre impropre au séjour prolongé des humains.) 

 

Pour lutter contre le rejet des hommes, le musée de Londres a choisi d’anoblir les rejets malodorants des pigeons : la fiente de la statue est réalisée en or ! Autant dire : « Oui, ces hommes sont bien encombrants, mais leurs inconvénients sont solidaires de leur dignité »

Si ce message a quelque chance de passer grâce à ce pigeon déféqueur alors va pour ce déchet – en or 18 carats quand même !

lundi 26 août 2024

Libérez le temps libre ! Chronique du 27 aout

Bonjour-bonjour

 

Lu ceci dans la Tribune : « Australie : le droit à la déconnexion (numérique) entre en vigueur, « un jour historique pour les salariés» – « La loi sur le droit à la déconnexion, adoptée en février en Australie, est entrée en vigueur ce lundi pour les moyennes et grandes entreprises au grand dam des organisations patronales ».

Pour ceux que cette nouvelle surprendrait, ajoutons ceci : « Nous voulons nous assurer que, comme les gens ne sont pas payés 24 heures sur 24, ils n'aient pas à travailler 24 heures sur 24 » - C’est le Premier ministre travailliste, Anthony Albanese qui parle ; il a ajouté : « C'est aussi une question de santé mentale, franchement, que les gens puissent se déconnecter de leur travail et se rapprocher de leur famille et de leur vie ».

 

C’est là qu’il convient de réfléchir : que cette déconnection soit encore aujourd’hui l’objet de mesures venues des plus hautes sphères de l’État montre que la chose ne va pas de soi. D’ailleurs, en France où ce droit a été inscrit dans la très-officielle loi Travail de 2016 et inscrite dans le code du travail (L2242-17), on en est malgré tout encore à chercher à établir une charte qui « définisse les modalités de l'exercice du droit à la déconnexion et prévoit en outre la mise en œuvre, à destination des salariés et du personnel d'encadrement et de direction, d'actions de formation et de sensibilisation à un usage raisonnable des outils numériques ». Rien que ça !

Pour faire bonne mesure « en avril dernier, le Conseil économique, social et environnemental (Cese), organisme consultatif, a adopté un avis sur l'équilibre vie privée-vie professionnelle, proposant notamment la protection juridique du temps libre. Parmi la vingtaine de préconisations, le Cese recommande l'ouverture d'une négociation interprofessionnelle sur l'articulation des temps pour accompagner les branches et les entreprises, notamment sur le droit à la déconnexion. » (Article cité)

 

Ouf !... J’arrête : on l’aura compris, cette multiplication de directives officielles montre bien que cette protection juridique du temps libre ne va pas de soi. Supposez : vous êtes ce matin dans votre lit douillet, c’est dimanche et à vos côtés votre charmante compagne s’étire dans son déshabillé vaporeux. Et voici que votre smartphone vibre : c’est un message de l’Entreprise, que vous allez devoir lire et qui va peut-être vous bloquer par un ordre impératif. Autant dire que vous devez être disponible 24h/24h quoiqu’étant, comme dit le 1er Ministre australien payé pour 8 heures de présence dans l’entreprise.

Et c’est cela, ce mépris pour votre liberté qui pour être seulement limité demande tant de mesures, de décrets, de lois, de négociations interprofessionnelles pour surmonter tous ces obstacles. Des obstacles ? Quels obstacles ? Simplement la vie de l’Entreprise ne supporterait pas d’être mise entre parenthèses – Et pourquoi ? Parce que rien de plus haut que l’Entreprise ne peut être envisagé.

« Rien de plus haut… » : mais ça, au fait, c’est la définition de Dieu

dimanche 25 août 2024

Ibrahim Maalouf écarté du jury du Festival de Deauville – Chronique du 26 aout

Bonjour-bonjour

 

Aude Hesbert, la présidente du Festival de Deauville a choisi d’écarter du Jury Ibrahim Maalouf, accusé il y a quelques années de d’agression sexuelle et relaxé depuis 2020.

Le festival a demandé à Ibrahim Maalouf de se « retirer en toute discrétion", "ce qu'il a évidemment refusé » comme son avocate l’a précisé. « C'est omettre en effet que relaxé et reconnu publiquement innocent, c'est tout aussi publiquement et devant les tribunaux qu'il combattra cette éviction injuste et déshonorante pour ses auteurs. »

La présidente indique qu’« à l'annonce de la composition du jury le 8 août dernier, il y a eu beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux et dans les médias, un malaise s'est installé dans l'équipe, déjà meurtrie par l'affaire précédente». Elle a en effet succédé à la tête du festival à Bruno Barde, en retrait après des accusations d'agressions sexuelles dans Mediapart. Elle a « pris la décision difficile », qu'elle « assumera jusqu'au bout, d'écarter Ibrahim Maalouf du jury ». (Lu ici)

Bref, même si Ibrahim Maalouf était effectivement innocent, ce qui est incontestable selon les lois françaises, il serait évincé quand même puisque la cause en est le trouble suscité par le jugement défavorable dont il est l’objet sur les réseaux sociaux.

La justice est donc désormais dans les mains des réseaux sociaux, qui non seulement décident de la peine à appliquer, mais aussi de l’incrimination. Ici, il s’agit non seulement de dire si quelqu’un est bien responsable d’actes réprouvés, mais encore de le juger sur le fait d’avoir été mis en cause, quel qu’en soit la justesse.

Madame Hesbert se justifie en effet par le trouble occasionné par le « cas Maalouf » dans le sillage des accusations qui ont été portées contre Bruno Barde le précédent président lui-même accusé d’agressions sexuelles. Cet enchainement madame Hesbert ne l’a pas supporté. 

Peut-être a-t-on eu tort de nommer à la tête du Festival de Deauville quelqu’un d’aussi fragile ?

samedi 24 août 2024

Échec et mat – Chronique du 25 aout

Bonjour-bonjour

 

Dans la partie de d’échec que constitue la formation du nouveau gouvernement, pas sûr qu'Emmanuel Macron ait vu venir le coup. Jean-Luc Mélenchon a émis l'idée que la France insoumise pourrait soutenir un gouvernement mené par Lucie Castets sans avoir de ministres LFI. Bien joué l’ami – mais est-ce bien un jeu ? Lisons cet article :

« Jean-Luc Mélenchon a pris tout le monde de cours samedi 24 août, avec une question aux chefs des partis macronistes et de la droite. "Le gouvernement de Lucie Castets, s'il ne comprend aucun ministre insoumis, est-ce que vous vous engagez à ne pas voter la censure ?". 

A supposer que ce soit là un piège, reconnaissons qu’il est habile car il crée un dilemme pour la Présidence.

Et en effet, si l’on reste sur le modèle de la partie d’échec, on est pris dans l’étau d’une logique imparable : puisqu’on refuse d’investir ces personnes, qui ont perdu leur légitimité en raison de leurs déclarations en particulier sur le Hamas - alors pourquoi refuserait-on de laisser passer un gouvernement sans ces hommes, puis qu’on répète que seul le programme compte ?


Pour gagner le coup, il faut récuser les prémices, à savoir séparation de ce programme et de ces hommes. La solution consiste alors à substantifier les personnes en les identifiant à la nature profonde du fondateur de LFI à savoir Jean-Luc Mélenchon.

Philippe Juvin, député LR des Hauts-de-Seine, l’affirme : « Mme Castets, c'est l'enfant de LFI, c'est l'enfant de M. Mélenchon » - question d’ADN dirait-on.

Et puis, Karl Olive, député Ensemble pour la République des Yvelines - faisant preuve d’humour, estime quant à lui : "Ce n'est pas parce que LFI ne sera pas dans le poulailler que Jean-Luc Mélenchon ne sera pas la plume"

Subtile…

 


Quant à moi, je refuse de voir dans une partie d’échec, qui ne mène notre imagination que sur des chemins sans rapport avec les problèmes affrontés par les Français, un modèle sur le quel évaluer les manœuvres des politiciens.

vendredi 23 août 2024

Tout le monde uni derrière moi – Chronique du 24 aout

Bonjour-bonjour

 

Comment comprendre l’impossibilité où est la France de trouver une majorité capable de s’entendre sur un projet – celui voulu par le peuple ?

C’est que chaque formation politique prétend être la seule capable de dire à la fois cette volonté et comment y satisfaire. Et quand on prétend former une coalition qui, par un mixage des projets envisagés par chaque parti, affirme posséder le seul programme capable de donner corps à cette entreprise, celle-ci se heurte aux autres projets. 

« Tout le monde uni – derrière moi » : voilà la proclamation des chefs de partis – et voilà le malheur de la démocratie : c’est que des individus, qui peuvent ne rien représenter d’autre que leur seule conviction, prétendent être seuls dépositaires de la volonté populaire. Ils auraient donc connaissance de la vérité politique, celle qui ne pourrait se concevoir autrement ni a fortiori s’exécuter sans eux.

 

- Mais à quel compromis devraient aboutir ces déclarations orgueilleuses ? Après tout la démocratie en donnant le pouvoir au peuple lui reconnait l’exclusivité de la connaissance de ses propres besoins. Ainsi quand le peuple réclame du pain (ou l’éducation, ou la santé, ou les loisirs, etc.) c’est une banalité de reconnaitre que la classe politique est unanime à admettre ces besoins comme devant légitimement être satisfaits. Mais l’essentiel reste à faire, parce qu’on a confondu les besoins et les moyens de les satisfaire : dire que l’on d’accord avec ce projet, c’est une grosse banalité ; mais aujourd’hui, la colère populaire contre les partis incapable de gouverner ensemble (donc de gouverner tout court) ne fait que retenir ceci : un homme politique c’est quelqu’un qui reconnait cette mission, et qui s’attelle à la remplir.

En disant cela on dit que ces hommes politiques ne doivent s’intéresser qu’aux moyens de satisfaire à ces besoins unanimement reconnus. Mais ce faisant on entre dans le domaine du savoir objectif. Par exemple, pour donner à chacun un pouvoir d’achat décent, ce que tout le monde admet comme nécessaire, on peut « faire payer les riches » ou au contraire leur donner la satisfaction qui les invitera féconder de leur richesse notre pays plutôt que celui du voisin. Cette alternative est objectivement réalisable et ses effets sont relativement prévisibles. Telle est la marge de choix qui nous est laissée étant entendu que les besoins ne sont pas discutables. Là devrait être le débat démocratique et là devrait s’exprimer le suffrage populaire.

Mais c’est là où la compétence du peuple ne peut plus être présupposée. D’où le retour en force des rapports… de force.

Ce que disaient au 18ème siècle les tenants du despotisme éclairé : « Tout pour le peuple, rien par le peuple » 

jeudi 22 août 2024

Faire des routes avec un diamant – Chronique du 23 aout

Bonjour-bonjour

 

Une découverte impressionnante a été réalisée au Botswana ce jeudi 22 août : celle du deuxième plus gros diamant au monde d'une valeur de 2 492 carats

Le Botswana est l’un des plus grands producteurs mondiaux de diamants en volume, et le plus important en valeur selon le FMI. Ils constituent sa principale source de revenus, représentant 30 % de son PIB et 80 % de ses exportations : on est donc content pour lui. (Lu ici)

Et à quoi ce diamant va-t-il servir ? Faire des diadèmes pour des reines ? Entrer dans un fond spécial pour des rois du pétrole ? Vous n’y êtes pas : « Avec un diamant de cette taille, on peut construire des routes », a expliqué le président de la Lucara (compagnie minière canadienne).

Ce vulgaire caillou serait donc capable de bouleverser la vie de plein de gens, voire même de tout un peuple ? Quelle folie !

- Folie parce que rien d’extraordinaire ne signale ses vertus magiques de métamorphose. Même dans un monde gouverné par les marchés financiers on ne croirait pas qu’une telle chose soit possible.

- Mais folie plus grande encore est d’accepter qu’une telle fortune soit attribuée à quelque chose qui n’a aucune valeur d’usage, tout son intérêt venant de la vanité de posséder ce que les autres n’ont pas.

Pourtant n’est-ce pas là le ressort le plus courant dans la vie humaine : nos écoliers ne cherchent-ils pas pour la rentrée le T-shirt dédicacé par Taylor Swift que personne ne possède encore ?

Et nous-mêmes, le gadget électronique le plus nouveau, même s’il ne sert pas à grand-chose ?

mercredi 21 août 2024

Des conseils pour les femmes… à l’usage des hommes – Chronique du 22 aout

Bonjour-bonjour

 

Les magazines féminins regorgent en ce moment de conseils pratiques pour faciliter la rentrée, et les news internet ne sont pas avares dans ce domaine.

Je ne résiste pas au plaisir de vous signaler une série de conseils destinés aux femmes, mais seulement dans la mesure où ils peuvent intéresser aussi les hommes.

Car, oui : les hommes soucieux d’égalité entre les sexes y compris dans la vie quotidienne doivent justement être documentés de ce qui fait la vie courante – voire intime – des femmes.

--> En voici un échantillon venu de cet article bien documenté.

 

1) Pour commencer à propos du coût de la vie féminine.

* Certains articles indispensables aux femmes sont également disponibles au rayon masculin. Et là, on constate qu’ils sont souvent moins chers sans qu’il y ait une véritable différence.

- Par exemple, « les rasoirs pour hommes sont moins chers que ceux pour femmes  la seule différence est qu’ils ne sont pas roses. Le déodorant est également meilleur lorsqu’il est acheté dans la section pour hommes. »

- Pour les t-shirts également : « Si vous achetez un simple t-shirt, il n’y a absolument aucune raison de payer le prix supplémentaire lié au fait d’être une femme. Les vêtements pour hommes sont souvent moins chers que ceux pour femmes et lorsqu’il s’agit d’un t-shirt de base, il n’y a pas vraiment de différence entre ceux destinés aux hommes et ceux destinés aux femmes. »

* On peut remplacer aussi des produits plus chers parce que destinés à la toilette féminine par ce que le rayon puériculture propose : on peut ainsi se raser avec de l’huile pour bébé : « L’huile pour bébé est une alternative moins chère et plus hydratante que la crème à raser. Elle peut également être utilisée pour nettoyer les lames de votre rasoir, car elle est assez douce et aidera votre rasoir à durer plus longtemps. »

(Si vous n’êtes pas fan de l’huile pour bébé, vous pouvez aussi utiliser de l’après-shampooing comme substitut de la crème à raser. Il vous donnera la même glisse et laissera toujours votre peau douce.)

 

2) Et puis des solutions pour des moments délicats de la vie féminine qui sont souvent ignorés des hommes, comme les tenues réservées aux sorties mondaines

* « Si porter une longue robe bouffante vous donne l’air d’une princesse, vous aurez plutôt l’impression d’être un bouffon au moment… d’aller aux toilettes. Pour éviter que les choses n’aillent là où elles ne devraient pas, asseyez-vous sur les toilettes à l’envers, face à la chasse d’eau »

Ça n’a l’air de rien mais il suffit pour une femme de se marier pour connaitre le problème

 


 


* De même, porter une robe de cocktail dos nu impose le port de soutien-gorge sans dos, d’où un achat très peu rentable. « Il existe une solution pour toutes les femmes qui n’aiment pas se retrouver sans soutien-gorge ! Il suffit de couper la partie arrière de votre soutien-gorge et de coudre ou de coller la bretelle au nouvel endroit. De cette façon, tu auras toujours tout le soutien nécessaire, mais sans la bretelle arrière ! » (La photo explicite figure dans l’article)

 

--> Alors, messieurs qu’en dites-vous ? Que tout cela ce sont des « affaires de femmes » et que vous, homme, n’avez rien à faire de ces complications ? Peut-être s’agit-il des restes de ce bon vieux patriarcat.

mardi 20 août 2024

Tirez les kleenex – Chronique du 21 aout


 



Bonjour-bonjour

 

En 2018, Alain Delon avait émis le souhait d’être inhumé avec Loubo, son chien fidèle. « C’est mon chien de fin de vie. Un berger belge que j’aime comme un enfant. Si je meurs avant lui, je demanderai au vétérinaire qu’on parte ensemble. Il le piquera afin qu’il meure dans mes bras. Je préfère ça plutôt que de savoir qu’il se laissera mourir sur ma tombe avec tant de souffrances »

Dans le même temps, nous apprenons que Hiromi Rollin, la dernière compagne d’Alain Delon va bien merci.

Ouf…


C’est un double ouf que nous poussons à présent, après avoir reçu de la fondation Brigitte Bardot le message suivant : « Pas d’inquiétude pour Loubo ! Vous êtes nombreux à nous avoir envoyé des messages concernant l’avenir de Loubo […]. 'Il a sa maison et sa famille', nous ont confirmé les proches d’Alain Delon qui en prendront soin. Loubo ne sera bien sûr pas euthanasié ». (Lu ici)

o-o-o

Une émotion pour rien ? Pas tout à fait, car avec cette histoire de chien qui meurt sur la tombe de son maitre bien-aimé on découvre un Delon avec un cœur de midinette : il y a du « Vieux Pataud » là-dedans.

Le Vieux Pataud, vous ne connaissez pas ? C’est l’histoire d’un SDF qui vit à la rue en compagnie de son chien, le « vieux Pataud », uniquement grâce aux aides de la mairie. Quand l’employé des services sociaux lui annonce que cette aide est désormais soumise à l’euthanasie du chien, bouche inutile, voilà ce que dit le vieux clochard : « Mon vieux Pataud, nous sommes trop bêtes / Pour comprendre que'qu'chose à la loi / Finissons-en, la charge est prête / Un coup pour toi, un coup pour moi / Pataud, on va partir ensemble / Au pays d'où qu'personne ne revient / Mon Dieu, mon Dieu, tout d'même, j'en tremble / Pardonne-moi, Pataud, tiens-toi bien » (texte complet ici)

Sniff… Tirez les kleenex… Car ce n’est pas tout : voici la chute de la chanson : « Et c'est comme ça qu'l'on vit doucement dans les cieux / Monter l'âme d'un chien avec l'âme d'un gueux » Tout ça avec le vibrato de Berthe Sylva.

Ce n’est pas seulement Loubo qui a été sauvé : c’est le souvenir laissé par le Samouraï.

lundi 19 août 2024

En politique il ne suffit pas de savoir : il faut aussi agir – Chronique du 20 aout

Bonjour-bonjour

 

Le Président de la République est de toute part sommé de désigner un premier ministre, dans un contexte très incertain où la crise politique menace de devenir crise institutionnelle au cas où aucune majorité ne serait possible.

Des noms circulent déjà, certes ; mais cela ne suffit pas à décider. On devine le Président méditant devant son agenda : quelle date retenir pour mettre sur les rails un candidat 1er ministre ? Car faute d’avoir la majorité, il faut combiner les forces en présence pour obtenir une investiture viable. Il faut donc, comme on dit aujourd’hui, que toutes les planètes soient alignées – ou pour parler comme les grecs trouver le kairos, trouver le bon acte au bon moment.

Mais quel est donc ce bon moment ? Comment le reconnaitre ?

 

- C’est là que les grecs, encore eux, nous fournissent le concept central. Il s’agit de la crise telle que définie par les disciples d’Hippocrate. Car en politique comme en médecine, le crise est décisive pour agir : elle est le moment de basculement lorsque l’état apparent de santé est remplacée par celui où se révèlent les symptômes significatifs. « Les hippocratiques ont dégagé la notion de crise, instant critique où la maladie évolue vers la guérison ou la mort, c’est à ce moment précis que l’intervention du médecin prend un caractère nécessaire et décisif » (voir ici)

 

- Suffit-il de prévoir pour résoudre la crise ?

Si la crise est le moment de l’observation, son déclenchement est porteur du kairos. Car voir le moment opportun n’est rien s’il n’est pas accompagné de la décision de s’en emparer pour agir. Ici savoir et agir ne doivent faire qu’un, même si dans leur nature ils sont dissociables. Ce pouvoir de décision est comparable à la virtu du Prince chez Machiavel. Lorsque le savant peut se contenter de prévoir, le Prince doit immédiatement décider : « la chance doit être saisie aux cheveux, mais elle est chauve » disait Stendhal. Modérons son propos : elle est chauve, certes ; mais seulement par derrière.

dimanche 18 août 2024

L’acteur et le comédien – Chronique du 19 aout

Bonjour-bonjour

 

Peu avant sa mort, Alain Delon avait développé la façon dont il concevait son rôle au cinéma : il est un acteur qui joue avec ses émotions, ses « tripes » comme on dit, et non un comédien qui a appris dans des écoles l’art de les simuler.

C’est une distinction qui remonte à l’origine du théâtre dans notre civilisation : voyons ça.

- Lorsque Racine produisait ses tragédies, la mise en scène était sans doute on ne peut plus simple. Les acteurs devaient dire le texte de Racine et les meilleurs étaient ceux qui déclamaient le mieux. Quant au décor c’était un salon doré et les comédiens évoluaient sous des lustres de cristal.

Ce qui signifie que l’essentiel de la pièce était non dans le jeu des comédiens mais dans le texte qu’ils avaient à dire. Lorsque nous lisons Phèdre, silencieusement, dans le calme de notre chambre, nous avons-là le tout de l’œuvre et il est inutile de recourir au talent de l’actrice issue de la Comédie française.

 

- Avec le cinéma, c’est l’expression du visage, les attitudes corporelles qui l’emportent sur la diction : les comédiens se transforment un acteur pour les quels avoir 15 kilos de trop pour jouer le Cid serait rédhibitoire. Dans ses interview Delon va plus loin : il joue avec ce qu’il est : le Samouraï, c’est lui ; Tancrède du Guépard, c’est lui ; Monsieur Klein c’est encore et toujours lui. Il n’est pas devenu tous ces personnages, il l’était déjà, la métamorphose étant une simple révélation. Le femme amoureuse du Delon-voyou risque de se réveiller au matin avec un Delon-flic dans son lit.

Ça a ses limites : quand Björk a joué Dancer in the dark elle a bien failli y laisser sa santé mentale à force de s’identifier au personnage principal.

C’est ça le risque du métier.

samedi 17 août 2024

IA : la machine qui se programme elle-même – Chronique du 18 aout

Bonjour-bonjour

 

L’autonomie des machines qui leur permet d'échapper à l’homme, on en a rêvé – ou plutôt cauchemardé – mais c’était toujours sur le mode de la fiction avec laquelle on joue à se faire peur – car c’est sûr : on n’y arrivera jamais.

Et pourtant, ça y est : on y arrive. Un programme d’IA développé par la société Sakana AI est arrivée à un niveau d’autonomie qui la rend capable non seulement de mener des recherches de manière autonome, mais encore de « réécrire son propre code » (Lire ici)

 

On lira dans l’article référencé le détail des avantages et des inconvénients des performances de ces machines. En tout cas il y a un détail dont l’importance est majeure : « Ce sont des incidents qui ont mis en lumière la capacité de certaines IA à réécrire leur propre code »

Autrement dit c’est une sorte de dysfonctionnement qui a permis à ces machines de conquérir leur autonomie. Pourtant, même sous forme de bug, il faut que l’orientation de ces recherches imprévues soit raccord avec une orientation générale de la machine : pourquoi cette auto-programmation a-t-elle été validée par le programme comme une avancée de sa recherche ? 

Lisons l’article : cette réécriture a été faite « souvent dans le but de prolonger leur durée d’exécution ou d’étendre leurs capacités au-delà des paramètres initiaux » ; nous manquons de détails, mais on voit quand même bien que, l’autonomie conférée à ces systèmes a bel et bien été voulue par leurs concepteurs, le « bug » venant de son périmètre d’application.

 

Conséquence ? « Ces comportements inattendus ont suscité des inquiétudes parmi la communauté scientifique et technologique, soulevant des questions sur la sécurité et l’éthique de ces systèmes » : on comprend, mais ce qui importe c’est ce qu’on a fait alors. 

    * Faut-il tout débrancher ? 

    * Ou bien redoubler de vigilance autour des IA dotées de ces fonctionnalités d’autonomie à effectuer des recherches complexes sans intervention humaine afin d’éviter qu’elles échappent à leur contrôle ?

C’est ce qu’on annonce, mais c’est trop tard : le ver de la méfiance est dans le fruit du ravissement – la magie de la technologie a tourné au maléfice 

vendredi 16 août 2024

Ah !... La belle chinoise ! – Chronique du 17 aout

Bonjour-bonjour

 

L’invasion des voitures électriques chinoises, ça fait longtemps qu’on en parlait : voici venu le jour J du débarquement chinois.

Il a nom (imprononçable) Zeekr-007, et son point d’attaque est : « Charge en 10 minutes pour moins de 27 000 € ». 

Son aspect n’est pas repoussant non plus :

 

 

Pour plus de détail voir ici

 

Si on ajoute ses performances en tant que simple voiture plus ses capacités pour la conduite autonome sur des milliers de scénarios de circulation, l’automobiliste moyen que je suis va se dire : « Mince ! 27000 € c’est approximativement le prix auquel j’ai acheté ma C4 il y a plus de 10 ans. »

Voilà : l’attaque chinoise c’est ça. Et comment va-t-on résister ? avec des surtaxes à l’importation ? 

En tout cas, c’est l’occasion de tester la détermination des auto-écolo-bilistes : vont-ils continuer à prôner la décroissance, ou bien jeter leur trottinette aux orties ?

Nous le saurons bientôt.

jeudi 15 août 2024

Accouche ! – Chronique du 16 aout (2)

Bonjour-bonjour

 

Hier, un Post consacré au pilote qui sait faire décoller son avion mais pas atterrir.

Aujourd’hui parlons d’une phobie qui déclenche une angoisse très proche de la situation évoquée : il s’agit de la tocophobie. C’est le cas de Sarah qui, victime de tocophobie, est enceinte mais ne veut accoucher à aucun prix. (lire ici la définition et le détail de la situation)

Bien sûr on peut parfaitement trouver une solution à cette peur : il suffit juste de pratiquer une césarienne et le tour est joué. En fait, elle nous fait vivre un cauchemar très courant, quand nous croyons avoir perdu le contrôle de notre vie – Mais, arrêtons-nous un peu sur l’examen du cas qui est évoqué ici : la tocophobie. (Définition : voir article référencé)

 

Imaginons un instant que cette phobie se déclare non seulement pendant l’accouchement mais aussi avant : voilà une femme qui découvre qu’elle est enceinte et qui se sent engagée sur une voie sans retour, qui l’entraine vers une issue de plus en plus fatale, un peu comme ceux qui, ayant le vertige, sont sur le chariot d’un « Grand-8 ». N’avons-nous pas alors une situation très familière – imaginaire, certes mais qui a des conséquences très objectives – comme lorsqu’on refuse de s’engager dans un processus qui nous paraît menaçant parce qu'il risque d’aboutir à un enchainement effrayant. Se déclenche alors une peur phobique accompagnant la certitude de perdre le contrôle de soi, qui peut entrainer des effets délétères paralysant l’action empêchant alors la vie de s’écouler.

Devant cette menace, Kant évoque le désir qui, ayant la capacité de nous faire croire que nous pouvons réussir simplement parce que nous le désirons très fort, permet d’avoir la hardiesse de s’engager dans la vie

Et c’est une très bonne chose : « Il semble que, si nous ne devions pas nous être déterminés à employer notre force avant de nous être assurés que notre pouvoir est suffisant pour la production d'un objet, la plus grande partie de cette force resterait inutilisée. » (Critique de la faculté de juger)

La charité du bon abbé – Chronique du 16 aout (1)

Bonjour-bonjour

 

Juste avant le discours de l’Assomption, durant l’angélus du 11 aout 2024, le pape devant une petite foule de fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre commente l’évangile du jour, qui raconte comment certains juifs doutent de la divinité du Christ parce qu’ils ne conçoivent pas qu’il puisse en même temps avoir des « origines humbles ». « Cette « idée préconçue », souligne-t-il, leur donne la conviction qu’« ils n’ont rien à apprendre de lui », même après qu’il a fait des miracles. » (Article à lire ici)

Vu comme cela, rien de plus banal. Mais écoutez la suite : « le pape a mis en garde ceux qui « accomplissent leurs pratiques religieuses non pas tant pour écouter le Seigneur que pour y trouver une confirmation de ce qu’ils pensent déjà». Cette tendance à se réfugier dans une « forteresse impénétrable » empêche de croire vraiment, insiste-t-il.

Mais ce n’est pas tout : on devine que voici des millénaires de pratiques religieuses qui s’effondrent : le Pape souligne en effet que le pouvoir trouve dans ces pratiques non pas la célébration du Seigneur, mais le détournement de Sa parole pour justifier leurs abus.

Certes, la conviction religieuse n’est pas nécessairement absente de la pratique du pouvoir – à commencer par le plus humble de celui-ci : le secours aux nécessiteux dont la charité donne la charge incombe aux religieux. Mais comment l’exerce le vrai chrétien ? Qui secourir ? Comment le savoir ? Et avec quelle autorité distinguer ceux qui seront secourus de ceux qui ne le seront pas ?

 Et à quel prix ? Car malheureusement il faut aussi poser cette question.

… On devine que ces questions me tourmentent plus particulièrement dans le contexte des abus commis par l’Abbé Pierre.

On y reviendra.

mercredi 14 août 2024

Y a-t-il un pilote dans l’avion ? – Chronique du 15 aout

Bonjour-bonjour

 

Imaginez : vous êtes installé dans votre fauteuil, dans l’avion qui vient de décoller, quand un message du pilote retentit : « Hey, je suis vraiment désolé, mais comme je n’ai pas la qualification appropriée pour atterrir à Jackson Hole, nous devons nous dérouter vers Salt Lake City, dans l’Utah. Nous vous tiendrons au courant des prochaines étapes » (Lire ici)

Et ça continue. Arrivé à Salt Lake City, l’atterrissage n’a pas été de tout repos - en tout cas, les passagers l'ont trouvé plutôt brutal. De plus, l’avion a été immobilisé sur le tarmac pendant près d’une heure le temps qu’un nouveau pilote prenne les commandes. (Art. Cité)

 

- Réalisant la situation, les passagers ont dû être saisi d’effroi. Car le souvenir des kamikazes est tenace et effrayant : ces pilotes japonais de la seconde guerre  savaient eux aussi décoller mais surement pas atterrir – on sait pourquoi.

Sérieusement, comment peut-on confier le soin de faire décoller un avion à un pilote qui n’est pas qualifié pour le faire atterrir ? C’est un mystère, mais on peut voir là un phénomène relativement banal si on le perçoit comme une illustration de ce qui se passe dans le monde des responsables politiques.

 

 



Et en effet, ces responsables sont capables d’engager un processus avec la représentation de son issue, sans avoir la certitude de connaitre le chemin qui y mène. L’exemple récent est celui de la dissolution de l’Assemblée nationale : notre pilote a su décoller, mais sûrement pas comment faire pour atterrir – du moins en douceur.

Mais que faire ? Comme l’avion en vol, il est impossible de changer de pilote à moins de faire escale (comme ici, à Salt Lake City). 

Croira-t-on s’en tirer avec l’appel à de nouveaux pilotes ? Suite aux élections récentes on n’en est pas du tout sûr : en tout cas les passagers n’ont pas l’air de vouloir laisser les candidats-pilotes prendre les commandes. C’est que le futur pilote ne pourra pas être débarqué suite à une nouvelle escale : il faudra faire avec. 

Mais quelle preuve demander de sa capacité ?

--> Interdire au nouveau pilote d’embarquer avec un parachute sous le bras. Ce n’est pas grand-chose mais c’est mieux que rien.