mardi 31 décembre 2024

2025 : annus horribilis ! (ou pas ?) – Chronique du 1er janvier

Bonjour-bonjour

Ça y est ? Bien réveillé ? Pas trop la G.D.B. ?

Parce qu’il va falloir assurer : nous sommes en 2025, année où nous allons miraculeusement basculer en… 2027 !

Vous ne me croyez pas ? Alors reprenez un peu les info politiques du mois de décembre : le RN est déterminé à bloquer le gouvernement par des censures successives, de sorte que de crises en crises, de dissolution en dissolution, le Président démissionne et que le nouvel élu fasse revoter pour avoir une nouvelle assemblée plus à sa main : nous voilà en 2027 sans avoir vieilli d’un iota.

En attendant, il faudra bien que le budget ait été voté d’une façon ou d’une autre et accepté par l’Europe et puis par les Marchés : votre petit Écureuil va en prendre un sacré coup ! Et puis les retraités, ça coûte cher et ça ne rapporte que des bulletins de votes : encore faut-il que « l’offre-retraité » existe et soit avantageuse. Si c’est pour conserver le niveau des pensions sans indexer les retraites sur l’inflation, préparez votre panier pour les Restos-du-Cœur.

 


Mais, oupffff….

 

…. voici que mon épouse, lisant ce Post pardessus mon épaule, vient me serrer le cou et n’accepte de relâcher son étreinte mortelle qu’à la condition que je corrige : il y a selon elle des gens heureux qui ne tiennent pas compte de la bêtise envahissante des réseaux sociaux, ni de la haine qui grignote nos rapports avec nos voisins - et que la frugalité de leurs fins de mois n'attriste pas. Selon elle, il y a aussi des français qui vont au travail le matin le cœur chantant et qui reviennent le soir avec encore assez d’énergie pour s’occuper de leur petite famille.

Bref, des gens heureux qui ne demandent rien de plus à la vie et qui, du coup, ont tout ce qu’elle a pu nous promettre.

Si c’est ça, 2025, alors, Bonne année !!!!

lundi 30 décembre 2024

Bilans et promesses - Chronique du 31 décembre 1 et 2

 Bonjour-bonjour

 

31 décembre : C’est le « moment double face », quand on peut faire en même temps des vœux prospectifs et des bilans qui englobent l’année passée. Mais la différence est réelle : alors que les vœux sont de l’ordre du possible, le bilan est de l’ordre du réel – raison pour laquelle on l’évite en cette période de fête autant que possible parce que le réel est rarement festif.

En sera-t-il ainsi ce soir avec les traditionnels « vœux du Président » ? Imaginez-vous que le Président Macron va nous dire : « Voici ce que j’avais promis d’engager comme actions il y a un an, classées selon que mes promesses ont été réalisées ou non, et réussies ou non. »

Bien sûr que non, mais vérifier, n’importe qui peut le faire. Comme cette station de radio qui, reprenant la promesse de désengorger les urgences prononcée il y a un an, s’est placée hier matin armée d’un micro à la sortie du service d’Urgence d’un grand hôpital pour demander aux patients qui en sortent comment les choses se sont passées. Le patient interrogé ce matin (et on veut croire qu’il n’a pas été sélectionné en fonction de sa réponse) répond : « 7 heures d’attente ». Certes il se peut qu’il s’agisse d’un jour défavorable, mais cette réponse recoupe l’expérience commune : rien n’a changé.

Et ainsi de bien des choses : si on ne s’intéresse ni à ce qui a réussi ni à ce qui a été raté et qu’on fasse un simple bilan qualitatif des engagements du Pouvoir, ce dernier risque bien d’être qualifié « d’impuissant ».

Et justement ce mot – « le pouvoir », désigne-t-il exactement la nature de cet exécutif qu’on a pris l’habitude de considérer comme responsable de tout ce qui arrive dans le domaine politique, juridique et économique ? Le seul qui pourrait détenir valablement ce titre serait un régime qui contrôlerait tout ce qui peut arriver dans le pays, y compris (si possible) les ouragans et les sécheresses, comme par exemple avec le régime de Pyongyang.

- Mais alors, c’est juste le contraire qui se passe dans une démocratie : pour obtenir un effet notable, les dirigeants démocrates doivent espérer que le seul fait d’énoncer des projets suffirait à les réaliser. Par exemple – croyant que les Urgences sont en train de se désengorger comme l’a promis le Président, les gens inquiets de leur santé s’abstiendraient de se rendre dans ce service pensant qu’il serait toujours temps d’y aller plus tard – si ça persiste. On sait que c’est le contraire qui arrive.  

Allez – Bonne année quand même !

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La promesse du petit doigt – Chronique du 31 décembre (2)

 

(Re)-bonjour,

 

La promesse du petit doigt est une façon courante de promettre quelque chose, en s’appuyant sur cette comptine : 

« Pinky, pinky bow-bell, / Whoever tells a lie / Will sink down to the bad place / And never rise up again. » (« Petit doigt, petit petit carillon / Celui qui dit un mensonge / Sombrera au mauvais endroit [ira en enfer] / Et ne se relèvera jamais [ne ressuscitera jamais] »)

 


Ferez-vous une telle promesse ce soir, au lieu de faire des vœux totalement irresponsables ?

C’est pourtant une curieuse façon de s’engager dans une promesse : geste fort certes puisqu’il évoque une alliance physique avec celui qui en est le bénéficiaire, mais aussi geste faible, le petit doigt étant le plus faible maillon de chair possible – que ne se serre-t-on pas la main ?

- Mais n’est-ce pas une manière réaliste de promettre quelque chose ? Je veux dire : l’union des petits doigts sont une façon de promettre quelque chose de ridiculement petit, mais qui peut être réitéré à n’importe quel moment la journée. Ça ferait comme si le Président nous annonçait le matin « Aujourd’hui les services d’Urgence seront engorgés mais que ça ne durera pas plus de 7 heures avant de pouvoir consulter. » Et l’après mdi : « Je fais le nécessaire pour que le RER n’ait pas de retard – sauf si quelqu’un se jette sur les voies »

dimanche 29 décembre 2024

La mort dans une petite seconde – Chronique du 30 décembre

Bonjour-bonjour

 

Dans les actualités d’hier une petite vidéo de quelques secondes, montrent un gros Boeing entrain de glisser « sur le ventre » sur une piste d’atterrissage :

 

 

Et voici l’info : « Un avion s'est écrasé sur la piste d’atterrissage de l’aéroport de Muan en Corée du Sud. Au moins 150 personnes sont décédées. On le voit ici, glissant sur le ventre, juste avant de percuter un mur de béton et de prendre feu. » (Lire ici)

Origine de l’accident ? Sans doute des oiseaux qui se sont engouffrés dans les moteurs de l’avion. Petite cause grand effet ?

Probable - mais ce qui émeut particulièrement ici, c’est le décalage entre l’image de l’avion intact et celle du même avion qui explose une fraction de seconde plus tard en percutant des bâtiment et un mur situé en travers de la piste. On imagine ces centaines de passagers suspendus au-dessus de l’instant mortel et qui devinent peut-être déjà qu’ils vont mourir – mais qui sont encore bien vivants. Et si nous avions le pouvoir de les sauver durant cette ultime seconde ? Car on voit que nous pouvons repasser le film à l’envers : pourquoi ce pouvoir ne serait-il pas aussi celui de faire bifurquer l’évènement ?

Cette émotion tient aussi à l’impression que l’évènement se décide dans les toutes dernières fractions de secondes : comme n’importe quel accident il ne tient qu’à un cheveu que l’avion finisse par s’arrêter en bout de course… Sauf qu’il y a un mur en travers de la piste, sans doute pour empêcher les avions d'en sortir là où des bâtiments ont été construits. Ce mur est l’image de la fatalité : il est incontournable, il fixe inexorablement le destin de ceux qui s’en approchent – c’est la fin.

Regardez encore cette photo : les passagers sont morts mais ils ne le savent pas encore.

Et nous ?

dimanche 22 décembre 2024

Vacances de Noël

 Chers amis,

comme chaque année le Point du jour se met en vacances de ce jour jusqu'au lundi 30 janvier.

D'ici là amusez-vous bien.

J-P Hamel

samedi 21 décembre 2024

Lost in translation – Chronique du 22 décembre

Bonjour-bonjour

 

L’attentat de Magdebourg dont nous parlions hier produit une rumeur qui enfle au fil des heures.

Mais ce développement ne produit pas de clarté, juste une incompréhension galopante : un psychiatre qu’on dit « perturbé » ... psychologiquement ; un saoudien qui agit en lutte contre l’islamisme dont il accuse l’Allemagne de vouloir empoisonner l’Europe ; un terroriste qui se rend tranquillement à la police qui l’encercle au lieu de mourir en héros…

Robert Frost a dit un jour que, « C'est la poésie qui se perd dans la traduction /Lost in translation/ » : à Magdebourg aussi on ne s’y reconnait plus du tout.

 

Mais ne l’oublions pas : l’une des causes de la stupeur du public, c’est qu’un pareil attentat – dont tout le monde soupçonnait le risque – ait pu se produire tout bêtement parce qu’on n’a pas su sécuriser le passage du tram à travers le Marché de Noël. Simplement parce que les blocs de béton efficaces contre le passage de voiture bélier auraient empêché les rames de passer : 

– Et alors, qu’est-ce qu’on fait capitaine ? 

– On ouvre l’œil !

Si je me permets de revenir sur ce sujet, c’est qu’à Reims on a la même configuration et qu’on a juste maintenu le tram en dehors de l’emprise du Marché de Noël. Dira-t-on que c’est tout simple après coup ? Oui, mais il y a des erreurs qu’on ne commet pas deux fois : lors de l’attentat de Nice en 2015 on avait barré l’accès avec des voiture en travers de la rue ; seulement le terroriste a contourné en passant… sur le trottoir ! Alors comment a-t-on pu oublier que ce qui permet au tram de passer pourrait laisser passer la voiture du terroriste ?

 

Bref: qu’est-ce qui est le plus incompréhensible ? Qu’un arabe soit islamophobe ou que le service de sécurité de Magdebourg soit à coté de ses pompes ?

- Les deux mon capitaine !

vendredi 20 décembre 2024

Attaque terroriste sur le marché de Noël de Magdebourg – Chronique du 21 décembre

Bonjour-bonjour

 

Un homme tout seul peut bouleverser la vie de milliers – voire de millions – d’autres.

Et il peut le faire sans de réelles difficultés alors même qu’on s’attend à une telle attaque.

C’est ce que montre l’attentat jugé terroriste à la voiture bélier sur le marché de noël de Magdebourg qui a fait 2 morts et de nombreux blessés – tandis que le conducteur était arrêté.

En Allemagnes les marchés de Noël ont fait l’objet dans le passé de nombreux attentats islamistes : on se doute qu’ils sont spécialement sécurisés. A Magdebourg, la voiture en cause a dû enfoncer les barrières de sécurité, et puis zigzaguer dans la foule avant d’être stoppée par les forces de l’ordre présentes sur le marché. On a donc évité que l’attentat soit « pire » – mais on n’a pas évité « le pire », à savoir les morts et les blessés.

Cet homme dont on ne connait pas l’appartenance à un réseau islamiste était possiblement un loup solitaire, quelqu’un d’« irrepérable », et d’« inarrétable ». Et pourtant c’est un tel homme qui va déstabiliser la société allemande en attisant la haine entre les communautés en pleine crise politique où le débat sur l’immigration va devenir un enjeu.


- On peut mettre en cause la fragilité des démocraties, mais ce serait trop politiser cet attentat. N’importe quel groupe humain qui se sent attaqué en tant que tel – et c’est le cas lorsque n’importe quel habitant de la ville est un potentiel visiteur du Marché de Noël – aura une réaction d’éviction du groupe d’où visiblement l’attaque est venue. Les musulmans de Magdebourg pourront bien nier leur affiliation à cet acte : ils seront discriminés, et dans ce cas, ça peut dire quelque chose de très dangereux.

jeudi 19 décembre 2024

« Ne partez pas trop vite sans nous avoir donné des solutions » - Chronique du 20 décembre

 

 


 

Bonjour-bonjour

 

Le voyage à Mayotte avec les supplications dont le Président Macron en visite là-bas a été l’objet nous font comprendre pourquoi les rois de France avaient autrefois le don de guérir par l’application des mains : ce pouvoir thaumaturgique venait relayer celui de la parole quand il venait à faillir.

En effet, que vaut la personne d’un chef, qu’il soit roi ou président ? La chef vaut ce que vaut sa parole pour donner à manger à ceux qui ont faim, des vêtements à ceux qui ont froid, un abri à ceux dont l’ouragan a tout détruit. C’est ce que le Président sait parfaitement : s’il vient dans cette ile c’est avec des avions remplis de secours, et des ressources suffisantes pour effacer rapidement le désastre. Les discours, les paroles consolatrices versées sur les plaies de ces malheureux, c’est bon pour les caméras, mais les mahorais le savent : l’avion présidentiel parti, il ne restera plus rien.

On aurait peut-être tendance à attribuer cette demande d’assistance au fait de l’habitude qu’ont ces populations d’obtenir la satisfaction de leurs besoins de la part de la lointaine métropole – sorte de fantasme dans la brume de l’éloignement. (On pense au culte du cargo en Mélanésie)

--> Mais imaginez un peu : vous venez tout juste de vous lever, et vous découvrez qu’il n’y a plus rien autour de vous : vous n’avez rien que ce pyjama sur votre dos. Plus rien, ni pour vous abriter, ni pour faire votre petit déjeuner – tout à disparu et vous ne savez même pas si votre famille vit encore. La nature elle-même n’est plus que ruines qui s’effondrent sous vos pas. Que faire ? Dans ces ténèbres, la première étincelle vient avec l’idée que ce qui vous manque n’a pas disparu : il y a quelque part quelqu’un ou quelque chose qui dispose de ce qui vous manque et votre première idée c’est de vous en emparer, soit par la supplication, soit par la violence. Or, voici qu’un homme apparait, les poches pleines et suivi d’autres hommes qui énumèrent les ressources dont ils disposent : qu’ils ne partent surtout pas avant d’avoir donné ce qu’ils ont. Nous sommes aux toutes premières représentations qui peuvent venir dans votre esprit – et c’est comme cela depuis le début de l’humanité.

mercredi 18 décembre 2024

Attention au cadeau « tout pourri » - Chronique du 19 décembre

Bonjour-bonjour

 

Je suis sûr que vous faites partie des gens qui sont préoccupés par le souci de faire des cadeaux de noël à la fois personnalisés et qui montrent combien nous sommes soucieux de montrer notre attachement à ceux à qui on les offre. Comment ne pas se tromper ?

 

- Le plus simple est de prendre la question à l’envers : en quoi consistent les cadeaux ratés ? Il ne restera plus ensuite qu’à les éviter.

Cet article en détaille suffisamment de cas pour commencer à établir une typologie de ces cadeaux et, à partir de là, de la mentalité de ceux qui les ont offerts. Car ne l’oublions pas : si le cadeau est le marqueur d’une relation, il éclaire déjà sur la personnalité de celui qui l’offre. Et, comme le signale l’auteur de cet article, le cadeau est un fait social total, comme l’explique Marcel Mauss (auteur, ce n’est pas un hasard de l’Essai sur le don), ce qui suffit à montrer son importance.

Je regrette de ne pouvoir, du fait de sa longueur, partager un commentaire détaillé sur cet article : vous aurez l’occasion de le faire vous-mêmes à l’apéro avec vos amis. 

 

- Quelques échantillons :

Des cadeaux qui marquent le désintérêt de la personne destinatrice : une paire de chaussettes Lidl ; une boite de foie gras à quelqu’un qui milite contre la souffrance infligée aux bêtes ; un coffret « découverte du vin » à une personne en désintoxication.

Le désintérêt est flagrant, à moins que ce ne soit intentionnel, du moins pour les derniers cas.

Il y a aussi les cadeaux ratés en apparence, mais reçus avec une signification bien précise : il s’agit alors de marquer son hostilité : on offre un peu de haine. Comme le chauve qui reçoit pour Noël des shampooings ou le « Bic-4 couleurs » - réservé habituellement à accompagner les demandes de dons de la part des Associations humanitaires.

Direz-vous que l’intention n’est pas assez claire et que le "donateur" n’est peut-être pas si hostile ? Que direz-vous alors de ce cas : « Une tante a offert à toutes les femmes de la famille une serpillière et une éponge soi-disant “révolutionnaires” alors que les hommes recevaient une bouteille de vin. » ?

On rétorquera que ces cas sont vraiment outranciers, que personne ne commettra de telles erreurs sauf à le vouloir ? Alors, songez au cadeau que vous vous apprêtez peut-être à faire dans une semaine : le Goncourt. Écoutez la réaction de Jean-Marc, la cinquantaine, a reçu le dernier Goncourt qui, selon lui « marque l'absence absolue d'imagination pour un cadeau en se la jouant : « Je t'offre un livre, la culture c'est important ».

mardi 17 décembre 2024

Moscou : la trottinette qui tue – Chronique du 18 décembre (2)

Bonjour-bonjour

 

Ce matin, je lis ceci : « Un engin explosif dissimulé dans une trottinette garée au pied d’un immeuble a causé, mardi matin, la mort d’Igor Kirilov et de son assistant à Moscou. L’élimination du haut-dignitaire de l’armée russe a été revendiquée par l’Ukraine. »



Dans les années 70 le genre parodique avait envahi les romans policiers ou d’espionnage : le commissaire San Antonio en faisait la brillante démonstration. Or voici qu’en 2024 la fiction est rattrapée par la réalité avec cette histoire de trottinette bourrée d’explosif qui tue un haut dignitaire russe.

On ne sait de quoi s’étonner le plus : qu’un tel assassinat soit perpétré par des espions au vu et au su de tout le monde ; ou bien que ce soit grâce à une trottinette.

- Pour ma part, cette irruption de la trottinette dans la vie quotidienne des adultes avait été déstabilisante. Il y a 4 ans voyant un homme genre cadre sup’ – costard cravate – sur un tel engin propulsé à toute vitesse par un silencieux moteur électrique, je me suis dit « Tu dois t’y résoudre, les temps ont changé, finis les bolides rutilants, place aux engins efficaces quel qu’en soit le ridicule ». Depuis ces trottinettes ont envahi nos trottoirs au point de passer inaperçues pour porter des engins explosifs.

- Reste que les assassinats perpétrés par des espions sont en général très discrets : ils passent la plupart du temps pour des accidents tout à fait ordinaires. Or, ici c’est tout le contraire : l’article cité impose l’idée que cet assassinat est volontaire ; c’est comme si OSS117 se mettait des girandes de Noël autour de son 307 Magnum pour descendre le professeur von Zimmel. 

Selon l’article cité il s’agit pour les service ukrainiens de passer un message à Poutine en lui montrant que la force est du côté ukrainiens qui battent ainsi en brèche les services secrets russes qui pourtant se vantent de leur toute-puissance. 

On va pouvoir relire San Antonio.

Argentine : y somos màs pobres – Chronique du 18 décembre (1)

 


 

Bonjour-bonjour

 

Alors que de stériles et désolants débats se succèdent à l’Assemblée nationale, certains regardent désespérément à l’étranger dans l’espoir d’y trouver un modèle efficace.

Et voici qu’un espoir apparait là où on ne l’attendait pas : l’Argentine du Président Milei.


- Qu’on lise (ici) pour s’en persuader : « Alors que le pays subit une grave crise économique depuis un an, l'Institut argentin des statistiques vient d'annoncer une hausse de 3,9 % du PIB pour le troisième trimestre de cette année. Javier Milei n'a pas caché son optimisme pour 2025, au vu de ces résultats. »

Et cela réussi par l' "homme à la tronçonneuse" : « suite à un plan drastique de coupes dans les effectifs de l’emploi public (en à peine un an, 33.000 emplois publics sont retirés) et de réduction des dépenses, le président argentin a coupé 30 % du total des dépenses publiques. »

Les dirigeants français doivent sursauter en lisant cela : à eux qui doivent aussi réduire et la dépense publique et les effectifs, l’Argentine de Milei donne un vrai espoir.

Sauf qu’il y a de la casse : « la cure d'austérité est sévère et le pays s'enfonce rapidement dans la récession… Le nombre de personnes pauvres explose durant le premier semestre de l'année et atteint 52,9 % de la population. En tout, 5 millions de personnes tombent dans la pauvreté pendant ces six premiers mois notamment les plus jeunes et les retraités. »

 

--> On se dit qu’il n’y a pas de miracle : faire un pays riche peuplé de pauvres, le libéralisme sait faire ça : aujourd'hui, les estimations de croissance économique sont situées autour de 5 % pour 2025. Mais en septembre près de 53% des argentins vivaient sous le seuil de pauvreté.

- Un miracle toutefois, il y en a un : la population ne s’est pas révoltée pour retrouver un niveau de vie décent, car au fond de leur malheur ils sont heureux (oui !) de voir disparaitre tous ceux qui étaient responsables de l’inflation galopante.

Mais il faudrait quand même ne pas oublier les pauvres : elle est longue, la mémoire qu'ils ont gardée de leurs malheurs

lundi 16 décembre 2024

Une chaumière et un cœur – Chronique du 17 décembre

Bonjour-bonjour

 

Ce matin, je lis (ici) qu’entre 2011 et 2021, la baisse de fécondité a augmenté, particulièrement chez les femmes jusqu’à 35 – 40 ans diplômées. 

1) « Dans cette baisse, il y a du renoncement, de l’empêchement, mais aussi du report. Il va falloir attendre pour voir quel est le poids relatif de ces trois phénomènes. Il y a certainement un peu des trois. L’avenir nous le dira », précise Didier Breton, de l’Institut national d’études démographiques (Ined)

2) Par ailleurs, il observe qu’entre 2011 et 2021, la baisse de la fécondité est liée à une diminution de la part des personnes qui vivent en couple cohabitant. Or, elle représente l’une des conditions préalables à l’arrivée d’un enfant.

--> On le comprend intuitivement : si l’on fait de longues études on n’est d’abord pas disponible pour couver un petit. Et puis il faut aussi du temps disponible pour l’élever au lieu de chouchouter une brillante carrière. 

Mais il faut aussi des conditions particulières pour le fabriquer : il faut cohabiter !

Eh ! oui, les amis : pour faire des enfants il faut une chambre, un lit et une ambiance petite déjeuner du matin au plum’ avec les étirements langoureux de la belle que vous allez féconder pour le plus grande joie de la France ! Bon, je m’embrouille moi : il faut aussi une bouteille de téquila et deux verres pour caractériser la fin de la soirée. Avouez quand même que ça va ensemble.

C’est vrai que ça n’a rien à voir avec la botte de foin et la paille mêlée aux cheveux blonds de la fermière. Mais si c’est ça qu’on doit ressusciter, alors la fécondité n’a pas fini de baisser dans notre beau pays.

« Evviva u papa ! » - Chronique du 16 décembre

Bonjour-bonjour

 

« Evviva u Papa » : c’est en langue Corse la bienvenue qui a été souhaitée au Pape arrivant hier sur « l’Île de beauté » : en cape rose caractéristique du 3ème dimanche de l’Avent, le Pape a célébré une messe gante de plus de 7500 fidèles réunis sous la statue de Napoléon à Ajaccio.

- Au cours de la prise de parole qui a suivi, le Pape à tenu à redéfinir le concept de laïcité qu’il souhaite « non pas figé mais évolutif et dynamique. », signifiant par-là que la laïcité « à la française » qu’on date généralement de 1905 a fait son temps et qu’il convient de l’assouplir pour l’adapter aux nouvelles formes de vie religieuse. 

 

À partir de là tout n’est que brume et interrogation dans mon esprit. Car que veut dire le Souverain Pontife ? Sans doute que la présence des pratiques religieuses dans l’espace public doit être favorisée, et que les lois qui heurtent les fidèles dans leur foi doivent être reportées. Toutefois, on sait qu’un pays éminemment catholique comme l’Espagne a été parmi les premières nations à autoriser l’avortement et le « mariage pour tous » : ça ne l’empêche nullement de favoriser les processions nocturnes avec flambeaux, tenues de pénitents et statues des saints portées à travers les rues. On peut aussi évoquer les établissements éducatifs privés, dont l’existence a fait problème durant des siècles, en particulier avec les jésuites.

Revenir avant le loi de 1905, ce serait donc ça la laïcité selon le Vatican ? Mais comme c’est présenté en même temps comme une évolution, demandons-nous qu’est-ce qui caractérise la pratique religieuse en France durant – disons les 50 dernières années ?

            * Déjà, c’est précisément le recul de cette pratique : on ne cesse de fermer des églises dans des paroisses désertées par les fidèles. Que les processions et les premières communions soient à nouveau pratiquées comme des célébrations publiques, et comptons combien de catholiques sont là pour les suivre : il n’est pas sûr que le nombre de pratiquants engage une grande foule à suivre.

            * Et puis, la laïcité, ce n’est pas pour une seule religion, c’est pour toutes les religions. Or, depuis 50 ans en France, c’est l’Islam qui s’est développé tant pour le nombre de fidèles que pour le poids que cette religion occupe dans leur vie. Mais alors certaines exigences des musulmans, issues de la charia ou des pratiques courante de la religiosité (voile, prières publique enseignement de l’intolérance, etc.) deviendront des faits compatibles avec la laïcité française – alors même que la France reste hostile à ce genre de pratiques.

 

Si le Pape est favorable à la restauration de la religiosité d’avant 1905, il le peut. Mais il ne peut pas en même temps nous dire que là est l’aventure du progrès.

Êtes-vous « Y » ou « Z » ? – Chronique du 15 décembre

Bonjour-bonjour

 

Avez-vous entre 18 et 30 ans ? Et employé dans une entreprise, qu’elle soit de la high-tech ou de la restauration ? Dans ce cas on suppose que vous privilégiez votre vie privée sur votre vie de travail et que vous êtes prêt à démissionner, au cas où on vous demanderait un engagement personnel impliquant des sacrifices dans votre vie personnelle.

C’est sans doute pour cela que les spécialistes s'attendent à une vague de démissions en 2025. D’ailleurs c’est probablement du fait de cette nouvelle attitude, que Pauline, intermittente du spectacle déclare aujourd’hui : « Beaucoup de jeunes ne veulent juste pas d'un travail aliénant, répétitif et avec de mauvaises conditions. Je pense au contraire que quand il s'agit de faire les choses qu'on aime, on a une énergie et une force d’action ! Nous remettons juste en question les codes et les contraintes de l'ancien monde. » (Lu ici)

On nous dit que ce genre de déclaration est nouvelle : on se demande en quoi ? Est-ce donc révolutionnaire de réclamer d’être mieux considéré que son emploi par son employeur ? La découverte que l'importance de la vie personnelle l’emporte sur celle du travail et que le respect du patron est conditionnel – c’est juste donnant-donnant – ça date de 1968, autant dire que ça remonte déjà à loin. 

- Reste que


 les acquis de 68 n’ont pas duré et que le chômage de masse est passé par là : les travailleurs se sont mis à genoux pour obtenir du travail même aliénant, même sous-payé. On devine que si le chômage devait aujourd’hui remonter considérablement, d’un coup la ponctualité, la concentration, le sérieux reviendraient même chez les jeunes en début de carrière. En attendant, même obscurément chacun sait que dans le rapport de force que constitue le marché de l’emploi la pénurie de main-d’œuvre est un atout pour le travailleur.

- Questionnons les boomers qui sont passés par de nombreuses étapes au cours de l’histoire récente : « Quand j’entends Pauline dire que les jeunes remettent en cause les codes de « l’ancien monde », je ne peux qu’applaudir. Seulement il faut aussi se rappeler que le « nouveau monde » risque de ne pas durer très longtemps : la crise actuelle en France risque bien de le mettre à mal très vite, et alors – sachez-le Pauline – vous allez voir les jeunes qu’ils soient Y ou Z se remettre aux ordres du patron, pour ne pas assiéger les guichets de l’ANPE. »

vendredi 13 décembre 2024

Enfin, les ennuis commencent ! – Chronique du 14 décembre

Bonjour-bonjour

 

François Bayrou nommé hier premier ministre, a rappelé cette citation de François Mitterrand au lendemain de son élection de mai 1981 : « Enfin, les ennuis commencent ». On aura reconnu une allusion à l’opiniâtre lutte pour le pouvoir qui prend fin avec la victoire… et qui débute avec d’autres luttes pour le conserver.

- Il s’agit d’un rappel du Prince de Machiavel pour qui la conquête et la conservation du pouvoir résument l’essentiel de l’art du Prince, dont même le talent pour bien gouverner et pour faire le bonheur de son peuple est subordonné à l’utilité pour bénéficier du pouvoir.

Et on se prend à s’interroger à propos de François Bayrou : à supposer que son acharnement depuis 50 ans à occuper la première place en politique soit avérée, s’agit-il d’une disposition naturelle dont on ne peut rendre compte parce qu'elle ne dépend de rien, étant elle-même une passion fondamentalement inscrite dans la nature de cet homme ?

Ou, si l’on veut, y a-t-il des personnes qui, de naissance, possèdent le talent et la volonté de dominer les autres non pour les détruire, mais pour obtenir qu’ils le suivent dans leur volonté de dominer ? Si c’est le cas, alors soyons bien attentifs : on doit trouver de gens comme ceux-là non seulement parmi les jeunes loups de la politique, mais encore dans les compétiteurs de tous genres, que ce soit en sport ou dans le monde de l’entreprise – voire même dans les familles ?

- Pourquoi pas ? Mais n’oublions pas l’essentiel : si la gouvernance dont nous parlons doit être reconnue comme une tendance fondamentale, il faut bien la discerner de la violence qui conduit certains à détruire tous ceux qu’ils dominent. L’autorité politique, et toutes les formes de pouvoir dont elle est une variété, exerce cette domination dans le but de démultiplier sa volonté par la volonté de tous. Par contre, le dictateur finit toujours soit par détruire son peuple, soit par être détruit par lui. La politique ce n’est pas cela.

Ça ne suffit pas pour être rassuré.

jeudi 12 décembre 2024

Véhicule électrique et érosion fiscale – Chronique du 13 décembre

Bonjour-bonjour

 

Un souci majeur des États en ce (futur) début d’année fiscale 2025 : le calcul des recettes de l’État qui montre une perte progressive des ressources apportées par la taxe sur les carburants en raison de la plus large diffusion des voitures à moteur électriques qui s’accompagne de la baisse de la consommation de carburants habituellement fortement taxés.

C’est la Norvège qui nous donne un aperçu de la situation : « Premier pays au monde en termes d’adoption des véhicules électriques, avec plus de 90% des ventes de voitures neuves, le pays scandinave fait déjà face à une érosion significative de ses recettes fiscales dans le secteur automobile (..) » (Lu ici)

Autrement dit l’essence est un carburant qui, non seulement fait rouler les voitures, mais qui fait aussi tourner le moteur de l’État. On retrouve la contradiction bien connue entre l’intérêt de la planète et l’intérêt de l’État : le premier ne peut être sauvé qu’au prix de l’appauvrissement du second. Par ailleurs, l’idée d’augmenter la fiscalité sur l’électricité est contreproductive puisque celle-ci est aussi la source d’énergie des entreprises.

- Remarquons que dans tout cela il n’est fait aucune mention du souci écologique de « sauver la planète » : on la sauvera « si » on peut s’enrichir malgré tout. Il y a une inversion des sources d’intérêt : au lieu de sauver la planète et, au passage, d’espérer un bonus fiscal, on cherche à garder ce bonus tout en espérant une amélioration en matière de pollution.

Le fameux « quoiqu’il en coûte », qui a permis à la France de négocier au mieux la période du confinement (avantage qu’elle paye fort cher aujourd’hui), ne fonctionne pas aujourd’hui car il se paye au prix d’un déséquilibre du budget – mais a-t-il jamais fonctionné ?

mercredi 11 décembre 2024

Le rire est-il le propre de l’homme ? – Chronique du 12 décembre

Bonjour-bonjour

 

Cette formule rabelaisienne archi-connue – trop peut-être – finit par occulter toute remise en cause : oui, le rire est bien le propre de l’homme, puisque ce proverbe médiéval est dans toutes les têtes depuis toujours, et surtout depuis que Rabelais l’a placée dans « L’avis au lecteur » de Gargantua.

Est-ce bien sûr ?  Car voilà : les progrès de la photographie multiplient à présent les clichés insolites de nos amies les bêtes, et parmi elles certaines semblent bien contredire Rabelais : 

 

Publié récemment par les Comedy Wildlife Photography Awards 

qui sont un concours international de photographie


Mais à vouloir trop démontrer on risque de fausser ce qu’on montre. Car avons-nous la moindre raison de croire que, comme semble le montrer cette image, les otaries ont une vie sociale calquée sur la nôtre et qui de surcroit implique un langage ? Et si nous le croyons ne risquons-nous pas d’être victime d’anthropomorphisme ?

« Anthropomorphisme » : le mot est lâché ; car cette attitude qui interprète le comportement des animaux d’après le nôtre est bel et bien impliquée en permanence dans nos rapports avec les bêtes et bien entendu principalement avec nos animaux de compagnie.

 

Regardons notre chat (ou notre chien) : l’attrait qu’il a pour nous n’est-il pas le produit de cette croyance que ses sentiments sont les mêmes que les nôtres, ses calculs d’action les mêmes que nos déductions logiques ? Avons-nous la moindre raison de croire que notre chat ne nous aime pas comme nous l’aimons ? Bien sûr c’est moi et moi seul qu’il vient voir quand il rentre à la maison, et on me dit qu’il semble désemparé quand je ne suis pas là. Mais ne peut-on interpréter tout cela en fonction d’autres mécanismes propres aux félins et qu’on retrouve chez tous les chats – comme on devrait interpréter l’« amour » exclusif du chien pour son maitre à partir de la structure de la meute et de l’attitude du chien par rapport à son chef ?

Mais après tout, tout cela nous rapproche des animaux : car si nous pratiquons l’anthropomorphisme, n’est-ce pas parce que, tout comme le chien, nous attribuons aux animaux notre propre organisation sociale ? La meilleure chance de survie nous vient de l’attitude d’attachement de nos compagnons de tribu, c’est donc un facteur favorable à la survie de l’espèce qui nous pousserait à croire que l’amour et la haine se propagent en dehors de l’espèce humaine.

mardi 10 décembre 2024

Justice sociale : augmentez le SMIC et baissez les retraites – Chronique du 11 décembre

Bonjour-bonjour

 

Qui doit payer le déficit ? « Les riches ! » disent en chœur les français dans la rue.

 « Oui mais qui est riche ? » demande-t-on alors ? Car en dehors de Bernard Arnaud il y a plein de gens capable de mettre des sous de côté, et pas seulement chez l’Écureuil.

- Cet article détaille assez finement le niveau de richesse des français selon leur tranche d’âge. 

Selon le dernier rapport de l'institut, le patrimoine des Français atteint son maximum à 75 ans, avant de décroître. On est à l'apogée de sa fortune de plus en plus vieux.

 


Raisons pour lesquelles le niveau de vie des personnes âgées augmente au fil du temps : 

1) les pensions de retraite sont aujourd'hui globalement plus élevées et permettent aux retraités de ne pas puiser dans leur épargne pour assumer leurs dépenses quotidiennes, 

2) Par contre, l'espérance de vie augmentant, les héritages arrivent de plus en plus tardivement. 

--> La protestation des jeunes est donc fondée : ce sont les plus vieux, donc les improductifs qui maximisent leurs ressources alors que les plus jeunes, en même temps les plus productifs doivent se serrer la ceinture.

En effet les ressources sont à leur plus bas chez les jeunes de 18 à 24 ans, âge auquel les revenus sont faibles ou inexistants et qu’il est encore trop tôt pour posséder des biens. 

Comment supporter cela, quand on gagne peu avec une perspective de carrière qui montre une probable stagnation au niveau du SMIC. Quant à l’héritage de la grand-mère on sera soi-même bien vieux quand il arrivera (- Loué soit le seigneur de nous garder nos séniors à notre affection !), nous serons nous-mêmes bien vieux.

Bref : pourquoi ne pas augmenter les impôts des retraités ?

- « Parce que ce sont nos ainés et qu’on nous les montre en vieux manteaux à récolter des épluchure de pommes-de-terre dans les poubelles des restaurants ? » Je le crois : l’opinion publique penche du côté de la compassion et assimile le niveau de ressources des français à celui de ces grand-mères calamiteuses.

Compassion ou pas, les gouvernements Macron successifs ont mis en avant la nécessité de rémunérer le travail, ce qui veut dire, donner moins aux vieux pour donner plus aux jeunes.

Impopulaire ? Faites donc un référendum là-dessus.

lundi 9 décembre 2024

Notre-Dame : le phénix renaissant de ses cendres – Chronique du 10 décembre

Bonjour-bonjour

 

Ce matin, lisons the Guardian, célèbre journal britannique, suite à la réouverture de la cathédrale de Notre-Dame de Paris : « C’était comme revivre l’émerveillement à couper le souffle que la cathédrale Notre-Dame aurait inspiré au XIVe siècle, lorsque la lumière des rosaces projetait un kaléidoscope de couleurs sur ses murs pâles et crèmeavant que des centaines d’années de fumée liturgique, pollution et flammes ne les noircissent… » 

« And the bells, the bells rang out » conclut avec lyrisme le Guardian.

Et d’évoquer « le Phenix renaissant de ses cendres »

Le Phénix ?

 


On parle bien de cet oiseau légendaire qui renaissait de ses cendres après s’être auto-immolé dans un brasier ? Mais alors, cette « auto-immolation » est un acte volontaire et bénéfique. Appliqué à Notre-Dame il signifie que l’incendie d’avril 2019 a été une destruction nécessaire pour que l’édifice du 14ème siècle renaisse de ses cendres. Et donc c’est de façon tout à fait inappropriée qu’on s’interroge sur les causes de l’incendie : ce n’est pas « Comment cet incendie s’est-il déclenché ? », mais bien « Pourquoi la cathédrale a-t-elle brûlé ? »

Oui, c’est cela même : nous sommes devenus matérialistes au point de ne nous intéresser qu’à la façon dont les choses se passent ; plus d’interrogation sur le sens des évènements ; rien que la question portant sur la cause immédiate : « d’où est venue l’étincelle qui a tout embrasé » ; et pas du tout « qu’est-ce que signifie cette catastrophe » – et d’ailleurs, est-ce bien une catastrophe ?

dimanche 8 décembre 2024

Plus de guerre = moins de guerre – Chronique du 9 décembre

Bonjour-bonjour

 

Il y a des gens qui sautent de joie en apprenant que Bachar al-Assad a fui le pays abandonnant le pouvoir aux milices islamistes coalisées contre son régime. Et puis il y en a d’autres qui se taisent, ou qui murmurent que l’avenir nous dira si le régime qui va se mettre en place sera meilleur ou pire que celui qui vient de tomber. Car, si barbare soit-il, le pouvoir d’al-Assad pourrait en effet avoir été un moindre mal, du moins au point de vue des occidentaux. 

--> Du fond de l’horreur sourd une faible lueur qui laisse penser que ce serait pire si elle venait à s’éteindre. Voilà ce qui fait réfléchir : que cette lueur ait été captée par des personnes extérieure au pays, qu’elles aient été de simples espoirs et non des réalité, peut-être. Mais au moins on a pu avoir l’espoir que les choses changent – ce qui signifie qu’on n’était pas tout à fait en Enfer, car l’Enfer ne peut être qu’absolu, c’est-à-dire sans espoir.

La question n’est pas tellement de savoir si on a de l’espoir en voyant s’installer au pouvoir des islamistes : l’avenir n’est pas écrit. Mais, nous retournant sur le passé immédiat, on peut se demander ce qui a permis le renversement de Bachar al-Assad, ce pouvoir qui précédemment paraissait inébranlable. S’agit-il de circonstances qui ont affaibli les deux soutiens du régime syrien, à savoir la Russie et l’Iran ?

Dans ce cas, on découvre que la Russie occupée par la guerre en Ukraine n’était pas en situation de soutenir une autre guerre ; ainsi que l’Iran, déjà affaibli par les frappes israéliennes sur le Hezbollah, qui n’a pas pu défendre les positions du pouvoir, par exemple à Alep. 

--> Ainsi plus de guerre signifierait moins de guerre ? Ce n'est pas encore la paix, mais c'est enfin une bonne nouvelle !

samedi 7 décembre 2024

Les Français croient encore que 2 + 2 = 6 – Chronique du 8 décembre

Bonjour-bonjour

 

Dans ce moment de honte que constitue pour nous la déconfiture politique et économique du gouvernement, il y a quand même une fierté qui subsiste encore : c’est le moment du « quoiqu’il en coûte » quand la France, pratiquement seule, a affronté l’épidémie du covid pour empêcher la misère de venir s’ajouter à la maladie.  

Aujourd’hui encore, quand la dérive des comptes publics fait la honte des services soi-disant compétents, les citoyens restent inébranlables : le secours de l’État a été essentiel durant le confinement et a permis de sauver les hommes et les entreprises. La honte a été pour ceux qui ne l’ont pas fait.

Or, voici que ce bloc de certitude se fissure et ça vient de Suisse. Lisez plutôt (ici) : 

« A quel moment les Français comprendront-ils que l’urgence économique s’impose à la réalité politique ? Comment la France peut-elle persister à croire que « deux et deux font six »? questionne. Selon Richard Werly, correspondant à Paris du journal Blick, la politique du "quoi qu’il en coûte" a profondément ancré l’idée que "l’argent public était magique". »

 

Cette croyance est-elle bien que l’argent est magique et qu’il surgit quand on en a besoin ? Peut-être, mais il y a un sortilège encore plus fort : celui que les élus politiques pouvaient donner satisfaction aux électeurs dans tous les cas. Et s’ils ne le font pas, il y a des cohortes d’apprentis magiciens qui revêtent la défroque d’Harry Potter pour financer leurs dons au peuple. 

Oui, les hommes dans le besoin se tournent instinctivement vers une force protectrice, qui fut initialement celle des parents avant de devenir celle des organisations ad hoc et puis celle du Roi ou chef d’État.

N’importe qui, même un affreux despote – qu’importe ? Quand vous avez faim et froid, vous ne demandez pas qui vient vous nourrir et vous réchauffer – n’importe qui à condition d’en avoir le pouvoir.

C’est plutôt ça qui nous manque aujourd’hui

vendredi 6 décembre 2024

A deux, c’est mieux – Chronique du 7 décembre

Bonjour-bonjour

 

Le problème politique actuel, c’est que la Constitution a été écrite pour le bipartisme et pas pour le tripartisme. Or en comptant la droite (avec le RN), la gauche (avec le NFP), on a aussi le centre (alias « bloc-central »). Or, le bipartisme ça veut dire un parti qui a la majorité et un autre qui forme l’opposition minoritaire. Avec trois partis, il peut se faire qu’aucun d’entre eux n’ait la majorité et qu’il faille en passer par la négociation, le compromis et l’alliance. Tous ces mots qui sont bannis de notre culture politique, du moins lorsqu’il faut gouverner. 

On comparera avec la constitution allemande dans la quelle pour former un gouvernement il est nécessaire d'établir une coalition engagée solennellement sur un programme contraignant : le multipartisme est écrit dans la constitution du pays et rien de ce qui nous arrive en ce moment ne saurait faire un blocage (sauf lorsque la coalition vole en éclat comme en ce moment).

- Bref : on l’a compris, nul renversement de gouvernement ne pourra modifier cette crise, que nous n’avons évitée jusqu’à présent qu’en raison du bipartisme présent dans l’hémicycle, suite à des élections, ou grâce à une situation particulière qui empêche l’opposition de s’unir (comme avec Rocard qui avait un gouvernement minoritaire). Notre seule espérance est une modification dans la composition des groupes au sein du Palais Bourbon permettant à une coalition stable de se former : on a dit « stable » et les projections montrent qu’on en est très loin.

L’avenir n’est pas écrit, mais le présent nous montre qu’un tel déséquilibre dû à une telle pérennisation des forces est ruineux. Il semble que la première victime d’une telle situation soit la proportionnelle qui en l’état dysfonctionne même avec le scrutin majoritaire.

 

Bref : en politique comme en amour, le couple est la solution, car les ménages à trois, ça ne marche pas.

jeudi 5 décembre 2024

Dormez-en paix : je règne – Chronique du 6 décembre

Bonjour-bonjour

 

Les discours du Président Macron sont toujours intéressants à écouter : pas forcément pour leur contenu politique, mais principalement pour la rhétorique qu’ils mettent en jeu.

Ainsi de celui d’hier qui avait une nervure centrale toute trouvée avec la réouverture de la cathédrale Notre-Dame, simultanée avec le chaos politique de l’Assemblée nationale qui menace de ruine toutes les petites gens que l’État est pourtant supposé protéger. Car aux bâtisseurs héroïque accomplissant l’impossible parce que nous sommes français s’opposent les démolisseurs égoïstes qui refusent de considérer la vie quotidienne des gens par simple ambition personnelle.

Bon – Reste qu’aucune rhétorique n’a jamais fait tourner le monde ni se lever le soleil le matin. Tous ces beaux parleurs n’ont de puissance que celle que nous leur accordons. Quand La Boétie affirmait que toute servitude est volontaire, il pointait déjà ce fait que jamais le despote n’a d’autres armes que celle que nous lui fourbissons et jamais d’autres bras pour les manier que les nôtres. On proteste en disant que si cela vaut en démocratie, en revanche les despotes se contentent d’avoir quelques hommes capables de pointer des canons et peu leur importe les poings levés contre leur tyrannie. Oui, mais avant d’en arriver là, et parfois malgré cela, l’arme du despote est la séduction. Il ne se contente pas d’endormir l’opinion : ce qu’il veut c’est être aimé de ses sujets, et que le peuple se mette à genoux devant lui pour recevoir sa bénédiction en même temps que son asservissement.

Machiavel disait que le Prince ne doit pas gouverner avec l’amour de ses sujets, jamais certain, mais avec leur crainte toujours sûre à obtenir. Ce qui est confirmé par Orwell dans 1984, son roman dystopique, où Watson, le résistant héroïque finit par aimer le tyran Big-Brother.

Être aimé : tel est le climax de la domination.

mercredi 4 décembre 2024

Y aura-t-il de la neige en décembre ? – Chronique du 5 décembre

Bonjour-bonjour

 

Il arrive de temps à autre que, pour fuir la saturation des infos exclusives et entêtantes – telle que la crise politique de ces jours-ci – je recherche des informations a priori inintéressantes, soit parce qu’étant minuscules elles n’ont aucun contenu informatif, soit parce qu’elles sont d'une absolue banalité. 

Ainsi de cette information météorologique : « Arrivée d’air polaire ce week-end : d’abondantes chutes de neige attendues à des altitudes de plus en plus basses » (lu ici)

Voilà une information bien prévisible car oui, il y aura de la neige en décembre, que ce soit ici ou là. En plus c’est une info bien dérisoire concernant le temps qu’il va faire, qui alimente usuellement l’inessentiel comme de parler de la pluie et du beau temps.

Voilà l’info plus importante : pour éviter, tout en parlant, de parler de l’essentiel, il faut alimenter la conversation évoquant l’inessentiel. Car, qu’est-ce que l’inessentiel ? Un quasi néant, quelque chose qui est juste sur le bord du rien du tout, qui lorsqu’on en parle risque d'entrainer cette réponse : « Oui. Et alors ? ». Il faut avant d’en parler, s’assurer qu’on ne risque pas de se prendre un râteau de ce genre, en évoquant quelque chose qui de façon coutumière est un sujet pertinent de conversation.

Tel est bien la météorologie, comme si s’intéresser au temps qu’il va faire était sécurisant : en effet celui qui considère de telles infos comme utiles est quelqu’un qui n’a pas d’autres souci en tête : un heureux homme ! 

Pour savoir si vous êtes un homme comme cela, demandez-vous quel geste vous faites en premier en vous réveillant : allumez-vous la radio sur une station d’info 24/24 ? Ou bien ouvrez-vous les volets pour voir le temps qu’il fait ?

Voilà un test de bonheur bien facile à réaliser.