vendredi 3 avril 2020

Didier Raoult justifie ses méthodes et tacle le conseil scientifique

Le professeur Raoult sera peut-être un jour considéré comme le sauveur de bon nombre de malades du coronavirus. Il n’en restera pas moins celui qui a introduit la « post vérité » dans les sciences.
Il y critique « l’influence des spécialistes de la méthode », présents dans les institutions de l’éthique médicale qui ont de fait dénaturé leurs missions. Ces « méthodologistes » ont des « réflexions purement mathématiques
Il réclame que « les médecins reprennent leur place avec les philosophes et avec les gens qui ont une inspiration humaniste et religieuse dans la réflexion morale, même si on veut l’appeler éthique », et à « nous débarrasser des mathématiciens, des météorologistes dans ce domaine ». (Lire ici)
En clair, il demande que les tests scientifiques à propos des médicaments soient abandonnés au profit du résultat constatable immédiatement et non de longues semaines plus tard.
Que reproche-t-on au professeur Raoult ? D’avoir refusé de mettre en place, lors de l’administration de la chloroquine à ses patients atteints du coronavirus, d’un groupe témoin auquel on n’administre qu’un placebo. Car comme cette maladie évolue vers une guérison spontanée dans 80% des cas, il est suspect de prétendre que ces guérisons soient néanmoins le fait du médicament. 

Mais ce qu’on peut reprocher à professeur Raoult c’est principalement de vouloir faire admettre comme vrai ce qui n’a pas été démontré, mettant à bas une exigence méthodologique qui remonte en médecine au moins à Claude Bernard ; pour lui, pas de vérité en médecine sans l’administration de la preuve expérimentale.
Ça ne vous rappelle rien ? Oui, en effet : ça rappelle la post-vérité bien connue depuis l’ère Trump, mais déjà répandue auparavant. Le dictionnaire d’Oxford la définit ainsi : « l'expression « post-vérité » fait référence à des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d'influence pour modeler l'opinion publique que les appels à l'émotion ».
Bien entendu, ces circonstances venaient particulièrement du domaine politique et social. Mais voilà que du fait de l’épidémie la santé entre dans ce secteur ; je veux dire : dans le domaine où les émotions ont plus d’importance que la vérité.
Le professeur Raoult serait-il le Trump de la médecine ?

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