mardi 21 avril 2020

Laisser-aller ou liberté retrouvée ? – Chronique du 22 avril 2020

Bonjour-Bonjour

Mon oreille encore ensommeillée a capté ce matin une information selon laquelle les hommes seraient moins nombreux à prendre une douche quotidienne et resteraient en pyjamas toute la journée ; simultanément des femmes ne mettraient plus de soutien-gorge, et l’une d’elle déclarait même au journaliste que c’était pour elle un plaisir. (Lire l'article détaillé ici)

Sélection subjective de l’information ? Peut-être – mais qu’importe ? Il n’en reste pas moins que le laisser-aller parait gagner du terrain, suivant la déstructuration des actes sociaux. Car ne l’oublions pas, si la « distanciation sociale » impose d’éviter des gestes tels que serrage de mains, accolade, baisers etc. (1), alors il serait logique que les autres attitudes prises spécialement pour répondre à une attente culturelle soient à leur tour abandonnées. D’autant que, symétriquement, ces gestes ou manières sociales correspondent à une contrainte qu’on abandonne avec plaisir, comme lorsqu’en vacances on se libère peu à peu du respect de l’horloge, du calendrier et même des habitudes d’hygiène : le bain de mer remplace alors la douche quotidienne.
« Le respect est : Incommodez‑vous. » disait Pascal qui tenait ces obligations pour arbitraires – et rappelons qu’à son époque les gestes sociaux de respect devant les « Grands » étaient infiniment plus contraignants que de nos jours – mais en même temps très utiles car elles permettent de percevoir la hiérarchie sociale. Dans les tableaux du 17ème siècle représentant des salons, le Roi est facile à localiser c’est celui qui porte son chapeau à l’intérieur de la pièce, où il ne lui sert à rien sauf à montrer qu’il est le chef. On a aussi plus prosaïquement décrit le comportement agressif des poules dans les poulaillers de plus de 50 animaux parce qu’elles ne peuvent plus au-delà de ce chiffre mémoriser la « hiérarchie du coup de bec » c’est-à-dire de quelle poule elle doit le supporter et à quelles autres elle peut l’infliger sans réaction.
Aujourd’hui, plus de relation sociale (in praesentia du moins) : du coup plus besoin de marqueurs sociaux ; et donc laisser-aller qui permet d’abandonner ces gestes, ces vêtements qui les manifestent. Plus d’hygiène ? Plus de soutien-gorge ? Ce ne seraient que de marqueurs sociaux alors ?
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(1) On fait aujourd’hui une distinction entre distance physique (ne pas approcher, ne pas toucher même par promiscuité dans un ascenseur) et la distanciation sociale qui correspond comme il est dit ici aux gestes imposés par le savoir vivre. 

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