mardi 14 avril 2020

Journal d’un vieux confiné – 15 avril 2020 (Aujourd’hui : Albert Camus et Maria Casarès)

Devant la banalité des infos et durant toute la période de confinement, je remplacerai mes commentaires par ce journal.


Bonjour – Bonjour,

Pour passer le temps, quoi de mieux qu’un bon livre ? Je sais bien que les bibliothèques sont fermées et les librairies aussi, mais si vous n’êtes pas allergique à la lecture sur écran, votre tablette ou votre ordi fera parfaitement l’affaire. A vous les classiques de plus de 70 ans en lecture gratuite sur une appli ad-hoc. A vous les ouvrages récents téléchargés contre un peu d’agent (moins cher quand même que l’exemplaire papier) – à moins que vous soyez adeptes de certains sites qui, sans vergogne, vous permettent de charger et de lire gratos ? C’est condamnable, mais en ces temps de fermeture des bibliothèques, il y a des circonstances atténuantes.
Maintenant il reste à choisir le bon livre, celui qui va vous déconfiner en vous faisant entrer dans des univers parallèles où vous retrouvez ces personnages avec lequel vous allez passer de longs moments surtout si, comme moi, vous êtes adeptes des pavés, ces livres de plus de 500 pages qui vous assurent une lecture interminable.
Dans le genre, celui que je viens de lire est exemplaire : la correspondance 1944-1959 entre Albert Camus et Maria Casarès : 1500 pages en Folio de poche. Qui dit mieux ?

Certains d’entre vous auront peut-être un doute : « Comment s’intéresser à une telle correspondance, qui dure 15 ans et sur tant de pages ? Je-t’aime/Tu-m’aimes ? et blablabla. Même entre des personnes aussi respectables que Camus et Maria Casarès, on doute de pouvoir s’y intéresser. Et si le bouquin nous tombe des mains, 1500 pages sur le petit orteil, ça risque de faire mal. »
Le fait est, mais je rappellerai que la correspondance entre Diderot et Sophie Volland s’étend sur 25 ans et qu’elle se lit avec passion. Car voilà le mot lâché : la passion amoureuse, quand elle est vécue à travers de telles séparations (car ne l’oublions pas : les amants qui s’écrivent sont des amants séparés) est d’une lecture captivante. D’ailleurs, il existe des romans d’amour – tout le monde le sait ! Pourquoi une telle passion serait-elle … passionnante lue dans une fiction et pas dans des échanges épistolaires ? Bien entendu c’est tellement vrai que les romans par lettre ont fait florès (à commencer par la Nouvelle Héloïse) à une époque où c’était un véritable genre littéraire.
J’ajouterai, concernant mon cas particulier : j’ai moi-même vécu une histoire d’amour par correspondance, à l’époque où ma future épouse et moi-même étions séparés par une longue distance. C’est la même histoire avec Camus : son amour avec Maria s’est constitué, s’est développé par cette correspondance, en dehors de brèves rencontres. Puis évidemment vient plus tard l’époque où ils vivaient plus rarement séparés, l’évènementiel prenait le dessus et on peut être intéressé par tous ces personnages connus qui ont fait la trame de leur vie (Camus et la polémique autour de l’Homme révolté ; Maria avec tous ces comédiens dont elle a partagé l’existence).
Oui : 1500 pages de la vie de ces deux personnages si exceptionnels qu’on se demande s’ils ont vraiment existé !

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