samedi 31 décembre 2022

Allez – la bonne année quand même ! – Chronique du 1er janvier

Bonjour-bonjour

 

L’actualité ne nous lâche pas : même un premier janvier un pape peut décider de laisser un testament spirituel en mourant inopinément. 

Ainsi de l’ex-pape Benoit XVI, décédé hier et dont le testament, rédigé en 2006, durant son pontificat, a été dévoilé hier, et dont on lira ici quelques extraits.

Et dans ce document, il déclare : « À tous ceux à qui j'ai causé du tort d'une manière ou d'une autre, je demande pardon du fond du cœur ». Là on sursaute : si les fautes pour lesquelles le pardon est demandé ne sont pas nommées, c’est qu’elles sont ignorées. Et pourtant le Pape demande qu’on le pardonne pour ces fautes-là aussi : est-ce donc possible ? 

                        - Pour cela il faut qu’on soit responsable non seulement de ce qu’on a fait pour l’avoir voulu, mais encore des effets négatifs de nos actes, alors même qu’on n’y avait pas songé – voire même qu’on ne pouvait pas les connaitre. 

            - En admettant cette responsabilité il faut aussi admettre que le pardon sollicité après coup puisse être accordé. 

            - Et d'ailleurs, n’est-on pas également responsable de cette ignorance ? On peut pardonné de la faute qu'on a commise ; mais est-ce la même chose de demander pardon pour avoir ignoré les conséquences négatives de nos actes - alors même qu’on aurait dû en avoir conscience, et du coup ne pas la provoquer ? C'est un peu comme celui qui impose par la violence un acte sexuel et qui, ensuite, s’excuse en disant : « Pardonne-moi je ne savais pas que ça te déplaisait »

            - Alors, de quoi Joseph Ratzinger aurait-il dû avoir conscience ? Que les musulmans ne seraient pas heureux de sa description de leur religion comme d’une source inextinguible de violence ?

            - Que les pédocriminels de son diocèse aient fait des victimes, raison pour laquelle a « omis » de les signaler à la police ?

            - Que lutter comme il l'a fait  contre la théologie de la libération, priverait les pauvres et les opprimés de leur espoir de retrouver leur dignité ? 

            - Que prétendre que le préservatif risquait de développer le sida au lieu d'en protéger aurait des conséquences sanitaires désastreuses ?


Il y a de quoi en effet demander pardon ; mais il y a aussi matière à s’étonner d’une pareille inconscience de la part d’un pape, qui a été de surcroit l’un des plus proches collaborateur de Jean-Paul II.

Plutôt que de demander pardon pour avoir nui à des pauvres gens dont le seul tort est d’avoir cru en l’Église, il aurait mieux valu qu'il démissionne tout de suite.

 

Allez – la bonne année quand même !

vendredi 30 décembre 2022

Nouvel an : de l’instant à la durée – Chronique du 31 décembre

Bonjour-bonjour

 

Vous n’êtes pas sans savoir que dans le nuit prochaine nous allons basculer dans l’année 2023. Et que pour cela de très nombreux fêtards vont de pays en pays hurler le compte à rebours accompagnant les derniers instants de 2022 = 10-9-8-7-6-5-4-3-2-1-ZERO !

Comme si le temps qui passe était fait d’instants eux-mêmes dépourvus de durée, qui s’égrènent comme les gains dans le sablier :

 

 

A cette conception, d’autres philosophes objectent que si la durée n’est pas dans les instants, elle doit être entre les instants. Et les égrener comme on va le faire ce soir sur les Champs Élysées ne servira à rien si l’on ne prend pas en compte cette continuité qui les enrobe et les charrie comme des bouchons sur l’eau. L’image du temps n’est alors plus le sablier mais le robinet – et le passage à l’an nouveau insaisissable parce que dilué dans un écoulement indécomposable : 

 

 

A Descartes et ses instants entre les quels seul Dieu peut intervenir pour restaurer dans l’Être un monde qui s’écroule, s’oppose Bergson avec sa durée qui est partout et l’instant nulle part.

Qui a raison ? Examinons la réalité pour en avoir le cœur net : si les instants existaient, le 1er janvier à zéro heure tout aurait changé puisque la fin 2022 n’aurait aucun rapport avec début 2023. – Si par contre ce changement ne change rien (autrement dit s’il n’existe aucune différence entre le 31 décembre au soir et le 1er janvier au matin) alors c’est Bergson qui a raison.

Et si ce 1er janvier vous avez l’impression que les murs de votre chambre se sont resserrés sur vous, au point de vous coller un mal de tête carabiné, alors dites-vous que vous avez la Gueule de bois et voilà tout.

jeudi 29 décembre 2022

Mort de Pelé : Trois jours de deuil national décrétés au Brésil – Chronique du 30 décembre

Bonjour-bonjour

 

Aujourd’hui, le monde du football est en deuil : le « Roi Pelé » vient de mourir à l’âge de 82 ans. Trois jours de deuil ont été décrétés au Brésil, tandis que les plus grands joueurs mondiaux y vont de leur éloge funèbre. (Article à lire ici)

Qu’un « simple » joueur de football puisse être admiré soit ; mais qu’à sa mort il soit célébré comme un héros national – voire même comme un demi-Dieu – doit retenir notre attention : on voit apparaitre ici une tendance de nos sociétés contemporaines à donner une place de premier ordre à ceux qui nous divertissent.

- Certains vont pinailler : quoi ? Le football relégué au rang de simple « divertissement » ?! Mais alors comment comprendre la fusion exceptionnelle entre un peuple tout entier et l’équipe qui a joué sous ses couleurs ?

 


- Oui, c’est vrai, je le concède. Mais peut-être faudrait-il alors admettre que les exploits reconnus comme étant les plus fantastiques sont ceux qui ont été réalisés pour la simple gloire, celle qui, dans l’Antiquité, ne conférait aux vainqueurs qu’une couronne de lauriers. 

--> La preuve en est qu’on a oublié l’occasion pour laquelle le soldat de Marathon a couru jusqu’à Athènes, sur une distance de plus de 40 kilomètres, pour ne retenir que l’exploit sportif. (1)

 

 

L’arrivée à Athènes de l’envoyé de Marathon selon Luc-Olivier Merson (1869)

 

Bref : toutes les sociétés, au cours de l’histoire, n’ont pas reconnu les mêmes exploits comme signe de l’existence des héros. Mais elles ont toutes retenu la gratuité de ces exploits comme marque de leur grandeur.

----------------------------

(1) C’est à Plutarque qu’on doit d’avoir retenu le nom d'Euclès, envoyé de Marathon à Athènes pour prévenir de la victoire sur les Perses, et qui serait mort d'épuisement à l'arrivée, après quelques heures de course (cf. cet art. Wiki)

mercredi 28 décembre 2022

Peut-on philosopher avec des enfants ? – Chronique du 29 décembre

Bonjour-bonjour

 

Aujourd’hui mes amis, j’en ai un peu assez de chroniquer l’actualité. Ça suffit la guerre, l’épidémie, le froid, le chaud, les députés irascibles, les députés violents avec leurs femmes, les curés violeurs d’enfants… Bref : tout ça hop ! à la poubelle.

 

Je ne délaisse pas pour autant l’actualité qui me livre un article sur… la pratique de la philosophie avec les enfants – et moi, qui suis « philosophe » mais qui n’ai pas d’expérience particulière du dialogue philosophique avec les enfants, je suis intéressé à plusieurs titres.

 

- D’abord, savoir ce que signifie « philosopher » avec les enfants ; et puis apprendre ce qu’il en sort. Sur le premier point, l’article mentionné énumère un certains nombre d’éléments qu’on lira ici (1). On met l’accent sur « l’empathie cognitive » mais ce n’est bien sûr pas elle qui motive les enfants à accepter de philosopher.

 

- Mais c’est aussi l’occasion de me rappeler comment moi-même j’ai eu ce genre de questionnement alors que j’avais 6 ou 7 ans. Certains enfants s’interrogent sur leur naissance (« Où j’étais avant de naitre ? ») ; quant à moi je me suis senti assailli par une troublante incertitude concernant ma mort : l’imaginant comme un néant, je me suis dit : « Et si j’étais un autre qui naissait au moment de ma mort, quelle différence ça ferait que ce soit en réalité moi-même qui remplissait ce nouveau corps ? »

Voilà une question qui ne m’a jamais quitté, au point que j’ai toujours l’image du lieu où je me trouvais au moment où cette pensée m’est venue : preuve que son contenu non seulement m’avait troublé sur moment, mais qu’ensuite sa réponse ne m’est pas arrivée avant bien longtemps. 

- Car, oui : finalement j’ai eu la réponse. A savoir que la conscience de soi est toujours liée à une histoire personnelle, et que si d'aventure je me réincarnais il faudrait que ce soit avec toutes ces expériences affectives - qui manqueraient bien sûr s'il s'agissait d'introduire dans un nouveau corps une âme toute neuve.

- Toutes le théories de la réincarnation, y compris celles venues du transhumanisme ont buté sur ce fait : même si on parvenait à stocker dans un disque dur toutes les informations qui nous sont parvenues, quelle qu’elles soient, durant toute notre vie, il y manquerait le vécu affectif qui les environnait. On parle sans cesse de l’expérience rapportée par Proust lorsqu’il a mangé ses madeleines trempées dans du thé : ça, aucun procédé mécanique ne saurait le conserver. Et si la migration de ma conscience était imaginable il faudrait aussi qu’elle emporte avec elle ces états de conscience. Ce que personne n’a jamais imaginé, j’en veux pour preuve que Platon a imposé aux âmes des défunts, avant de se réincarner, de boire l’eau du Styx qui leur apporte l’oubli.

-------------------------------

(1) Juste pour calmer les impatients, notons que ce dialogue apprend aux enfants 1° qu’il est normal de s’étonner de certaines questions et de certains états ; 2° et également légitime d’avoir certaines idées et certaines réponses ; 3° à condition de savoir se « mettre à la place » de l’autre et de l’écouter défendre d’autres vérités que la sienne.

Pour le reste écoutez l'émission référencée plus haut.

mardi 27 décembre 2022

Croissez et multipliez… – Chronique du 28 décembre

Bonjour-bonjour

 

Tandis que notre monde privé regorge de sécurités, d’assurances, de boucliers etc., celui de la finance n’aime vraiment que le risque : en témoigne cette info repris d’un article de BFM-News : « Les investisseurs saluent la fin de la quarantaine obligatoire pour les personnes arrivant sur le territoire chinois : l’appétit pour le risque revient à la Bourse de Paris. » 

- Bien sûr n’importe quel risque ne ferait pas grimper la Bourse : s’il s’agissait d’une guerre régionale dans les zones de production de pétrole ou d’une émotion populaire secouant un dictateur ami des financiers, ça ne serait pas la même chose. Mais voilà que la Chine redémarre ses usines qui produisent à destination des investisseurs occidentaux libérant le flux des capitaux : bonne affaire ! Bien sûr il va peut-être y avoir un million de morts du covid en Chine, suite à ce débridage sans aucune sécurité : mais si les financiers se soucient de leurs capitaux, peu leur chaut que des travailleurs périssent : on l’a bien vu avec le sort des travailleurs immigrés au Qatar.

o-o-o

C’est l’occasion de revenir à la notion de risque dans son rapport à la finance : si par « finance » on entend toute opération qui permet louer de l’argent en échange d’un intérêt, on peut alors admettre que celui-ci soit justifié par le risque encouru de ne jamais revoir son argent.

Soit – Mais ça ne suffit pas : ce n’est pas seulement l’anticipation du remboursement qui compte, c’est aussi le bénéfice réalisé par l’argent investi – c’est donc sa fructification qui importe.

- On sait que l’Église a interdit le prêt à intérêt comme une spéculation revenant à extorquer de l’argent aux plus pauvres obligés d’emprunter pour vivre. Pourtant, la Bible contient un passage fort troublant où la finance et le gain produit par les intérêts est fortement valorisée : il s’agit de la Parabole des talents qui enseigne que faire fructifier de l’argent répond symboliquement à la volonté de Dieu (Matthieu, 25 :14-30). Comment comprendre ?

C’est que cette condamnation ne visait pas le profit d’entreprise, ni la participation à un projet avec les risques correspondants, ou tout investissement en fonds propres, car il s’agit en réalité de tout ce qui « participe à ses risques et périls au commerce du marchand et au travail de l’artisan » car alors il est « en droit de réclamer, comme une chose lui appartenant, une part du bénéfice » comme dit saint Thomas d’Aquin.

Voilà les marché absouts, eux qui font circuler leur argent par gros temps, quand les risques encourus sont bien présents ? 

 

- Pas si vite ! Qu’en est-il du mécanisme permettant à de l'argent de "faire des petits" ? 

Le propre du capitaliste est en effet de tirer de l’argent un bénéfice qui n’entame en rien son capital, ce qui, toujours selon saint Thomas (Summa Theologiae II IIae q 78) revient à « vendre séparément l’usage de l’argent et la substance même de l’argent ; or l’usage de l’argent … ne diffère pas de sa substance » : la substance d’un morceau de pain ne diffère pas  de son usage qui est de le consommer. Or, en prêtant mon argent, je fais payer son usage qui appartient en effet à l’emprunteur, mais pas sa substance qui me revient sous forme de monnaie sonnante et trébuchante.

C’est bien ce que l’usurier entend faire de son or : le conserver et continuer à s’enrichir en le faisant circuler uniquement pour en toucher les intérêts. Et c’est aussi ce que fait le capitaliste dont le credo est l’accumulation du capital somme d’argent définie par sa merveilleuse propriété de s’accroitre indéfiniment.

C’est ce que Marx entendait par le fétichisme de l’or et de l’argent.

------------------

N.B. Les références à Thomas d’Aquin sont reprises de ce site.

lundi 26 décembre 2022

La santé n’a pas de prix, mais elle a un coût. – Chronique du 27 décembre



Bonjour-bonjour

 

Comme vous, mes amis, je suis perplexe devant la grève des médecins généralistes : habitué à ne même pas même savoir combien coûtent mes frais de santé, je regarde cette revendication des médecins qui veulent doubler leurs honoraires, comme quelque chose d’indifférent : après tout c’est le problème de la sécu – pas le mien !

- Pourtant, il me suffit de deux secondes de réflexions pour deviner que cet argent finira toujours par sortir de ma poche : les honoraires des médecins, tout comme le prix des médicaments peuvent bien être totalement pris en charge, finalement c’est toujours à nous, patients-consommateurs de soins qu’il incombera de financer les hausses.

 

Impossible donc d’éviter la question : faut-il accepter le doublement des honoraires de nos médecins ?

- Déjà, on peut se dire qu’il y va d’une logique de marché : nous manquons de médecins, donc le prix de leurs interventions doit augmenter en proportion de leur rareté, car, comme le dit l’adage bien connu, « Tout ce qui est rare est cher ». Ainsi les pauvres n’ont qu’à se dispenser de tomber malades, et quand ils le seront les voilà priés de se soigner eux-mêmes : car la collectivité ne pourra pas indéfiniment couvrir des frais médicaux en perpétuelle augmentation. C'est qu'il n’y a pas que les honoraires des médecins : les labo qui réalisent toujours plus d’analyses et de tests demandent aussi toujours plus de remboursements ; idem pour l’imagerie médicale ; et ne parlons pas du coût des interventions chirurgicales, même réalisées en ambulatoire.

- Alors, prêt pour payer ? Oui ? Et du coup prêt aussi pour laisser les pauvres (ceux qu’un ex-président appelait les « sans-dents ») dans leur état morbide ? D’accord ? Pas d’accord ? 

En tout cas, voilà un sujet beaucoup plus sensible qu’il n’y paraissait au premier abord. Nul doute que ça va devenir un thème de débat politique, certains exigeant que la République française, patrie des droits de l’homme soit aussi celle de la sécurité sanitaire ; et d’autres fulminants parce que notre système de santé est ruiné par des migrants, qui ont choisi l’hospitalité française uniquement pour s’y faire soigner gratis.

La santé n’a pas de prix, mais elle a un coût.

dimanche 25 décembre 2022

Les chinois victimes d’un « rhume sévère » - Chronique du 26 décembre

Bonjour-bonjour

 

Loin de moi l’idée de rire du malheur des autres, en particulier de celui des chinois victimes d’une vague sans précédent de contamination au covid. En revanche, comment ne pas rire en voyant les contorsions désespérées de la censure pour trouver une cohérence entre les cris de victoires poussés, trois année durant, à propos de la politique « zéro covid », et l'obligation aujourd’hui de justifier sa suppression comme une décision de la sagesse du puissant président Xi Jinping – tout cela pour faire oublier que les chinois sont à présent livrés à eux-mêmes, sans soins, sans hôpitaux, sans secours, au déferlement du virus ? (Lire ici)

 

- Tout ce que les communicants du parti ont trouvé, c’est de dire que « la politique zéro Covid a effectivement démontré la supériorité du système socialiste chinois », ajoutant que son évolution est une « optimisation » permettant désormais de s’adapter aux nouveaux variants du virus tout en « donnant la priorité à la vie et à la santé du peuple ». Oui, vous avez bien lu : il s'agit de donner la priorité à "la vie et à la santé du peuple chinois" : là le rire s’étrangle dans ma gorge : ce sont des millions de morts qui sont passés à la trappe, comme s’ils n’étaient pas le prix que la Chine a accepté de payer pour parvenir à l’immunité face au virus.

Mais la mauvaise conscience ne se laisse pas étouffer comme ça : les restes de réseaux sociaux chinois ne laissent pas passer des annonces comme celle qui prétend que la mort de Wu Guanying, concepteur des mascottes des Jeux olympiques de Pékin de 2008, résulte d’un « rhume sévère » à l’âge de 67 ans. 

--> Lorsque les menteurs continuent de mentir dans l’indifférence générale parce que personne n’écoute plus leurs mensonges, alors la honte de leur propre impuissance est à son comble. Ne reste plus qu’à faire comme en Corée du Nord où le mot « covid » est interdit comme criminel.

mardi 20 décembre 2022

Congés de Noël

 Le Point du Jour prend quelques jours de congés pour noël

Retrouvons-nous lundi prochain 26 décembre

... et, en attendant, passez de bonnes et frugales fêtes de Noël !




lundi 19 décembre 2022

Terrain de foot transformé en piste de course … pour chameaux – Chronique du 20 décembre

Bonjour-bonjour

 

Après la fin du mondial de football, la question revient au premier plan : que vont devenir ces somptueux et immenses stades dans un pays de moins de trois millions d’habitants qui dispose à présent de huit stades de 40000 places ? La question a été examinée (lire ici), et voici quelques réflexions que j’en ai tirées.

- D’abord, on croit savoir que certains de ces stades ont été conçus pour être démontés et réutilisés ailleurs. Renseignements pris, il ne s’agit que d’un stade dont les gradins supérieurs seront démontés et offerts à l'Afrique. Pour le reste, aucun projet sauf pour le stade Al Bayt qui accueillera, dans le haut de ses tribunes, un restaurant, un hôtel cinq étoiles, une clinique du sport. Une piste de course de chameaux sera également installée non loin de l'enceinte. (Art. référencé)

On le devine : les pertes financières ont été déjà programmées pour la mise au rebut de ces installations et probablement déjà prises en compte dans les bilans prévisionnels.

 

- Toutefois, le cas des stades Qataris ne sont pas sans précédent : des sites abandonnés sitôt la compétition finie, et dévorés peu à peu par la nature, on en a déjà vus, comme après les JO de Rio (2016) ou d'Athènes (2004).

 

- En réalité, ce qui a permis de faire exister ces lieux continuera d’exister après la coupe du monde : il suffirait de trouver d’autres compétitions internationales et leur intérêt serait renouvelé. On devine que le Qatar va viser l’organisation des J.O. de … 2036. Autant dire qu’il va falloir mettre tous ces stades dans de la naphtaline pour les conserver si longtemps.

 

- Mais l’essentiel n’est évidemment pas là : il est de comprendre que la politiques internationale de ces petits États relève du spectacle, entendez qu’il s’agit de shows permanents et que ces stades privés de télé ou de médias modernes n’existeraient tout simplement pas. Rien de ces manifestations si vivantes et si grouillantes soient-elles ne pourraient s’enraciner dans ces étendues arides de sables et de pierres où pourtant vivent ces peuples d’anciens bédouins.

 

Risquons-nous de voir s’installer chez nous de telles manifestations ? – Oui, pourquoi pas ? Pour le faire il suffirait de disposer de fonds importants et de ne pas être regardants sur les déficits de l’opération.

dimanche 18 décembre 2022

Ni rire, ni pleurer… mais comprendre – Chronique du 19 décembre

Bonjour-bonjour

 

Ne vous attendez pas, chers amis, à ce que je pleure avec vous, ni bien sûr, à ce que je rie. Spinoza l’avait dit : « Ni rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre. » (Traité politique)

- Comme je ne suis pas théoricien du sport, je ne sais pas non plus analyser un match de football comme celui que la France a perdu hier.

Par contre, je sais une chose : le vainqueur est pendant quelque temps persuadé d’avoir d’un seul coup atteint une puissance qui le rend éternel. Les joueurs argentins sont devenus des Dieux vivants et leur être en est tout entier magnifié. 

Mais cet effet de la victoire n’est pas particulier au football : tous ceux qui atteignent leur objectif éprouvent la même sensation. Nous sommes en présence d’un phénomène qui touche à l’ontologie, entendez que c’est l’être dans son ensemble qui se trouve transformé, que ce soit par la victoire ou par la défaite, puisqu’on devine que les footballeurs français ont éprouvé l’amertume d’avoir dégringolé jusqu’en bas de l’échelle. Que croyez-vous qu’éprouve le malheureux qui, hier soir, a mis le ballon à côté lors des tirs au but ?

 

- Que se passe-t-il en effet dans cette situation ? J’ai osé le terme « ontologie » pour attirer l’attention sur le fait que c’est l’être dans son entier, qui est transformé. On lira en note (1) une définition du terme, mais surtout on gardera dans l’esprit l’idée, là encore venue de Spinoza que la joie, l’exultation accompagne la sensation d’avoir acquis un degré de perfection de plus dans la vie.

--> Mais attention ! Spinoza dit bien que c’est le changement de niveau et non le niveau lui-même qui est à l’origine de cette joie : on peut très bien être passé de nul à médiocre et en éprouver de la joie – les supporters argentins devraient le garder en mémoire.
Bien entendu la tristesse qui accompagne la défaite suit le chemin inverse. Simplement il est plus facile de conserver, avec l’idée de la revanche, le relativisme du niveau auquel on a reculé.

Même pour ceux qui restent de marbre devant un match de foot, celui-ci conserve sa caractéristique de révélateur de la nature humains. C’est peut-être déplaisant, mais c’est comme ça. (2)

--------------------------

(1) Ontologie : Théorie de l’être. Partie de la philosophie qui a pour objet l'étude des propriétés les plus générales de l'être, telles que l'existence, la possibilité, la durée, le devenir. (lire ici)

(2) Sur l'aléa de la victoire et la disproportion entre ses effets et l'aléa de la conquête , voir ce Post.

samedi 17 décembre 2022

Réponse à tout – Chronique du 18 décembre

Bonjour-bonjour

 

Aux élections législatives de Tunisie, seuls 8,8 % des électeurs, soit 803 000 électeurs sur 9 millions, ont voté. (Lu ici)

Alors que l’opposition avait appelé aux boycott le président de l’autorité électorale, Farouk Bouasker, a reconnu un « taux modeste mais pas honteux ». Il a toutefois estimé que ce taux s’expliquait par « l’absence totale d’achats de voix (…) avec des financements étrangers », contrairement au passé, selon lui. 

Cet homme a décidément réponse à tout, et on tire son chapeau à l’imagination et à l’aplomb du pouvoir qui nous persuade que ce résultat est la preuve de son honnêteté. Le scandale aurait été que ces élections aient eu plus de 50% de votant, preuve que 40% des électeurs tunisiens auraient été achetés par une puissance étrangère. Dans le genre post-vérité, on ne fait pas mieux.

Mais l’opposition qui avait, rappelons-le, appelé au boycott a-t-elle raison de plastronner ?  

 

De fait les tunisiens ne croient plus au pouvoir des urnes : depuis des moisla crise économique est la préoccupation majeure des 12 millions de Tunisiens, avec une inflation de près de 10 % et des pénuries récurrentes de lait, de sucre ou de riz. (Art. Référencé). 

--> Vous pouvez être certain que venir parler aux tunisiens de droits de l’homme, liberté d’expression et d’opinion ne suffira pas à les faire sortir de chez eux pour aller voter. Mais qu’un dictateur démontre qu’il sait comment donner à tous un travail et un salaire – oui : ça pourrait les intéresser. Ce que veulent les tunisiens, c’est un pouvoir qui assainisse l’économie et qui assure un revenu décent à tous. C’est pour avoir chassé les incapables et corrompus qui s’étaient installés à la tête de l’État que l’actuel dictateur a été accueilli à bras ouvert par le peuple. L’inconvénient des dictateurs c’est qu’ils ne savent pas rendre le pouvoir en temps opportun.

vendredi 16 décembre 2022

Êtes-vous prolophobe ? – Chronique du 17 décembre

Bonjour-bonjour

 

La phobie a le vent en poupe : islamophobie, émétophobie (phobie du vomi), tripophobie (phobie des trous), agoraphobie, gynécophobie, coulrophobie (phobie des clowns)…


 

Voir ici

 

Et maintenant voici Corinne Masiero qui dénonce la prolophobie c'est-à-dire la discrimination envers les prolétaires, ces employés « qui ne vivent que de leurs revenus, et qui ont souvent du mal à boucler leurs fins de mois ». Elle-même déclare en avoir été victime : « Il y a un malaise, un mal-être que j’ai vécu très jeune et que j’avais du mal à qualifier. Tout ce que je savais, c’est qu’il se créait quand j’étais entourée de "gosses de bourges" – pour le dire vite » (Lu ici

Que des troubles tels que ces peurs paralysantes et génératrices d’anxiété existent, nul doute. Toutefois, restons attentifs au fait que les phobies sont toujours des pathologies et que leur présence ne justifie jamais leur contenu, puis que par définition elles dépendent essentiellement d’un état perturbé du psychisme. (1)

 

- Toutefois, il est trompeur de parler de phobie lorsqu’on a à faire à un phénomène socio-culturel. La « prolophobie », dont parle Corine Masiero n’a sans doute rien à voir à-avec un trouble pathologique étant dûe à un sentiment de supériorité de classe engendré par une situation de domination socio-économique. On a eu exactement le même phénomène du temps de l’aristocratie envers les bourgeois, et plus encore envers la paysannerie. Les films de Marcel Pagnol dans les années 30 ont présenté la (ridicule) prétention des parisiens à être supérieurs aux marseillais ; on ne parlait pas d’alors de « massaliphobie » - à juste titre- mais aujourd’hui on n’hésiterait pas à le faire.

--> Qu’on me comprenne : je n’ai rien contre des formules un peu risquées mais tellement imagées lorsqu’elles jouent parfaitement leur rôle d’attrape lecteur. Par contre – on le voit bien avec l’islamophobie – beaucoup prennent ce terme au premier degré et en profitent pour juger que ceux qui rejettent la religion musulmane ont des attitudes condamnables, à la limite de la normalité : ces gens feraient de leur liberté de parole un usage que ne couvre pas la liberté d’expression.

Parler d’islamophobie c’est interdire à peu de frais l’examen critique de cette religion – évaluation pourtant garantie par notre république. 

----------------

(1) « Les phobies sont une forme de troubles anxieux où l’angoisse se focalise sur un objet, une situation ou une activité précise qui ne la justifie pas » Lire cet article

jeudi 15 décembre 2022

Les banques de chaleur – Chronique du 16 décembre

Bonjour-bonjour


Ça se passe outre-manche mais ça pourrait bientôt arriver chez nous : des endroits où les gens privés de chauffage chez eux, viennent se réchauffer et éventuellement se restaurer à petit prix.

« Dans les cafés ou bibliothèques qui mettent des livres à disposition, on ne pousse pas les gens à lire ou à emprunter des livres, le but est que chacun se sente le bienvenu. Plus que des endroits pour se sentir au chaud, il s'agit aussi de lieux où parler, où oublier les difficultés. » précise cet article. Il est vrai que la chaleur ça ne concerne pas seulement le corps, ça concerne aussi le cœur : retrouver des gens pour parler avec eux, quand on est habituellement réduit à vivre seul, dans un logement froid, c’est quand même important.

 

Une banque de chaleur dans un café londonien, le 30 novembre (Voir ici)

 

- A Bristol, Marvin Rees (le maire travailliste), l'avait annoncé : « Cela ressemble presque à la guerre, mais nous travaillerons avec des organisations communautaires pour mettre en place des endroits chauds où les gens peuvent aller s’ils en ont besoin. » C’est vrai qu’on pense au blitz de 1940, les bombardements en mois. 


- Cette situation est très révélatrice de notre période : nous vivons l’histoire à reculons : ça a commencé par l’épidémie de covid, imitant la grande peste de Londres (1665), ça se poursuit avec la misère qui n’est pas sans rappeler les romans de Dickens, et voilà maintenant la seconde guerre mondiale qui s’invite dans notre Noël. – Oui, je dis « notre » noël, car ce qui se passe en Angleterre risque bien d’arriver chez nous : ce n’est pas tant la pénurie de ressources énergétiques que leur prix qui nous menace. Les Anglais pourraient très bien se chauffer normalement, et certains d’entre eux ne manque surement pas de le faire. Mais il faut ensuite payer le prix de factures multipliées par 10 ou 15 : c’est bien ce qu’on nous promet.

 

Face à cette situation on peut faire deux choses : soit s’adapter, soit demander à l’État de nous secourir. La première attitude conduit les britanniques à ouvrir des lieux où se réchauffer ; la seconde encourage le gouvernement français à multiplier les boucliers, à grand renfort d’emprunt.

 

Nous, français, avons une solution plus confortable ? Oui, mais ne vous insurgez pas si un jour les Qataris débarquant chez nous pour demander les clefs d’un pays qu’ils viennent de racheter.

mercredi 14 décembre 2022

Des joies simples et pures… - Chronique du 15 décembre

Bonjour-bonjour

 

« Des joies simples et pures » : tel est le commentaire du Président de la République pour décrire l’effet produit par la qualification de la France hier en demi-finale de la coupe du monde de football. 

Pour qui a en mémoire les débordements des supporters des clubs dans les gradins du stade, les déferlements de nationalisme haineux dans les bars avoisinants, on est un peu stupéfait : la politique, dont on disait qu’elle ne devait pas se mêler de sport, viendrait-elle à son secours pour le laver « plus blanc » ? Ou bien y aurait-il dans la victoire quelques chose de salvateur qui tournerait l’âme vers la joie sans arrière-pensées ?


o-o-o


La joie : tel est le mot qui change tout : car il ne s’agit pas de jouissance perverse devant les larmes de l’ennemi ; je crois que les propos du Président nous invitent à oublier le football avec ses passions et ses intrigues : il s’agit de vivre pleinement et uniquement ce moment privilégié qu’est la joie apportée par la victoire.

Et c'est vrai : la victoire est un moment qui peut être entièrement pur, dans la mesure où il n’est fait que de la libération des élans profonds et de la sensation de perfection qui l’accompagne. 

- La perfection serait donc possible ? Sans doute dans la mesure où, bien qu’inaccessible elle est malgré tout éprouvée lors du succès - et on en a la preuve avec l’oubli total et assumé des échecs passagers subis au cours du match : oubliés les passes ratées, les penalties passés à côté, les fautes sur les adversaires : seule la victoire est belle parce que, quand elle est là, il ne reste plus qu’elle.

 

o-o-o



Vu ici (1)

 

Bien sûr en face, la tristesse et les larmes : dans l’échec il n’y a que l’échec – perdus les exploits qui n’ont servi à rien : dans cet instant l’équipe défaite est toute entière réduite à néant. Oh, bien sûr il y a les propos consolateurs, qui peuvent même être objectifs, et qui abondent ; sans doute les grands champions sont ceux qui relèvent très vite la tête : la revanche est pour bientôt ! 

Mais l’effet de l’échec est, tout comme celui de la victoire, une forme de transmutation, l’être vivant et conscient devenant de part en part cet objet - merveilleux ou lamentable - mais qui, comme objet aliène totalement le sujet.

Sartre a fait de cette situation une analyse existentialiste bien connue par ailleurs. (2)

-------------------------

(1) En fait il s’agit des larmes d’une photographes marocaine après la défaite des Lions de l'Atlas en ouverture de la CAN de 2019.

(2) « C’est comme objet que j’apparais à autrui » écrit Sartre dans l’être et le néant à propos de la honte. Voir le texte ici.

mardi 13 décembre 2022

Le parcours des Bleus boost l'économie française – Chronique du 14 décembre

Bonjour-bonjour

 

« Les Bleus boostent l'économie française » !  En lisant cette information, vous avez je suppose tressailli de joie : grâce aux performances de notre équipe de football, la France va remonter la pente économique, se réindustrialiser et regagner des parts de marché abandonnées aux chinois !

Hélas ! Lisant l’article vous découvrez qu’il s’agit des consommations habituelles durant les matchs de football : pizza, pack de bière : don Pépé, le pizzaïolo, et Franprix sont les bénéficiaires dont l’article vante les performances économiques. Mais ne faisons pas la fine bouche : des enseignes comme Darty brillent également grâce à la survente de télé et … de friteuses. Et tout ça malgré une inflation à 10%

 

Je sens monter en moi le persifflage et l’ironie méchante : « – Quoi ! me dis-je : voilà à quoi se résume l’économie de notre pays pour ces gens-là ? Sont-ils donc si petits que leur regard n’aille pas plus loin que la pizzéria du coin ? » Mais c’est également petit de se croire savant au point de se gausser de ces ignorances. Mieux vaut profiter de ce genre d’information pour repérer une constante de notre mentalité : bien que régulièrement déprimés, les français sont avides de retrouver une position dominatrice. Dominons le foot mondial et voilà que nous nous rêvons en Napoléon du ballon rond. 

- Mais il n’y a pas que cela : tout comme la théorie du ruissellement en économie libérale affirme que les plus petits et les plus pauvres profitent des réussites des grandes richesses, la gloire des footballeurs ruisselle également sur nous, à commencer par les petits commerces : une pizza ou un pack de bière vendus durant la coupe du monde ont une valeur décuplée. 

--> Un pays qui produit la bière Giroud ou la pizza Mbappé ne peut être qu’un grand pays.


C’est la gloire qui ruisselle sur nous depuis le sommet de notre pyramide sportive

 

lundi 12 décembre 2022

Éloge de l’inconscience – Chronique du 13 décembre

Bonjour-bonjour

 

Alors que le boycott du foot-au-Qatar : pfuittt ! plus personne n’en parle ; alors qu'on se précipite tous sur la télé pour applaudir les Bleus ; alors que le Président soucieux de ne pas gâcher les fêtes de fin d’année déplace le débat sur la réforme des retraites – rien que pour tout ça : oui nous pouvons célébrer pleinement l’oubli de la réalité au bénéfice de ces joyeusetés. 

 

- Notre moral (en entendant par là le sentiment de joie ou de tristesse) est le résultat d’une pesée qui met d’un côté les peines venues la plupart du temps du réel, et de l’autre, les joies, venues la plupart du temps de l’oubli du lendemain.

On peut imaginer que l’inconscience fasse basculer la pesée du côté de la joie, puisque si le bonheur est une joie sans limite de durée, alors on n’est jamais heureux qu’à la condition d’oublier l’avenir. Mais comment être inconscient si l’avenir comporte une grave menace ? Le condamné à mort, qui fume sa dernière cigarette au pied de l’échafaud peut-il en jouir pleinement sachant ce qui l’attend ? 

De fait, tout dépend de l’intensité du plaisir immédiat. Supposons qu’au lieu de la cigarette on propose à notre condamné une dernière copulation : oublierait-il dans les bras de cette femme le supplice qui va suivre ? Pascal pensait que nous trouvions dans des divertissements de ce genre une joie dûe à l’oubli de notre condition pécheresse : il considérait que ça marche en effet.

Notre président, dont nous savons qu’il a médité Pascal, a pensé que, dans les effets d’un éventuel succès footballistique et dans les agapes des réveillons, nous pourrions oublier qu’il faudra bientôt travailler plus longtemps pour accéder à la retraite.

Au Moyen-Âge, Noël ! était le cri de joie poussé par le peuple à l’arrivée d’un heureux événement. Ça peut marcher encore aujourd’hui. 

A condition d’y ajouter : « Grizou » !

dimanche 11 décembre 2022

Prend l’oseille et tire-toi ! – Chronique du 12 décembre

Bonjour-bonjour

 

La corruption s’est invitée dans l’actualité européenne avec la mise en prison de madame Eva Kaili la vice-présidente du Parlement européen, alors qu’on venait de la prendre en flagrant délit en possession de sacs de billets. (Lu ici)

Le Qatar est mis en cause dans cet évènement, confirmant la réputation faite aux pays du Golfe d’acheter les décisions favorables, au point que certains fabricants de déguisement pour carnaval en ont fait l’un de leur thème favori :

 


Mais avons-nous raison d’être surpris ? les « rois du pétrole » seraient-ils les seuls à pratiquer l’art de la corruption ? Le « lobbying » officiellement défini et pratiqué ne correspond-il pas à une situation équivalente et admise ? Selon La Toupie, « Le lobbying est aussi très présent à Bruxelles, auprès de la Commission Européenne, où il y aurait, selon Wikipedia, 15 000 lobbyistes. » (Voir ici)

 

Au fond, ce qui nous scandalise résulte d’un déni de réalité : nous voulons croire à la vertu des pays démocratiques, reprenant souvent sans le savoir les principes posés il y a bientôt trois siècles par Montesquieu : selon lui, outre le force des lois et celle du Prince, « il faut, dans un État populaire, un ressort de plus qui est la vertu » (Espr. des lois, III,3). 

Les américains ont depuis longtemps fait là-dessus des expériences pour mettre en évidence ce fait : on demandait à des étudiants pour combien d’argent ils accepteraient de manger leur poisson rouge tout vivant. Les sommes (imaginaires) pouvaient atteindre un montant vertigineux, mais ils parvenaient quand même par accepter de le faire.

- On est curieux alors de savoir combien d’argent il y avait dans les sacs de madame Eva Kaili : en espérant qu’il y ait eu une somme astronomique, preuve de la vaillante résistance à la corruption de la vice-présidente du parlement européen.

samedi 10 décembre 2022

Que le meilleur perde – Chronique du 11 décembre

Bonjour-bonjour

 

 

Suite à l’élimination de son équipe par la France, le milieu de terrain anglais Declan Rice a déclaré : « On a plutôt bien joué par moment. (...) A mon avis la meilleure équipe a perdu ce soir, et cela prouve notre niveau. » (Lu ici)

On m’en voudra peut-être de revenir sur un sujet déjà abordé hier, donnant ainsi une place prépondérante au football dont je ne suis pas le meilleur analyste. Je demande qu’on veuille bien considérer la continuité des propos qui, mis bout à bout entre hier et aujourd’hui, permettent de former une réflexion conséquente.

 

Supposons en effet que cette déclaration du joueur anglais ne soit pas un propos suscité par le dépit d’avoir perdu ce match malgré un engagement sans faille : ceci signifierait que la valeur des joueurs ne suffit pas à décider de la victoire et de l’échec. Car pourquoi les meilleurs auraient-ils perdu ? Qu’est-ce qui pourrait perturber la qualité intrinsèque d’une équipe pour la pousser vers une issue malheureuse – alors même qu’elle est supérieure ?

 

- Pour répondre, on pourra se reporter à mon Post d’hier où je disais que l’écart de valeur entre celui qui marque et celui qui loupe est si minime que rien ne peut permettre de le distinguer, et c’est bien sûr encore plus vrai lorsqu’il s’agit du même joueur : ce qui fut le cas hier pour le joueur qui marqua le premier pénalty et qui manqua le second, puisque c’était Harry Kane dans les deux cas.

Mais comment juger de la valeur intrinsèque d’un joueur ? Hormis le match gagné ou perdu, quel critère accepter ? On dit « Seule la victoire est belle » et on ricane devant cette grosse banalité.

Certes – Mais quel autre critère trouver ?