dimanche 11 septembre 2022

Les nazis seraient-ils l'avenir de l'humanité ? – Chronique du 12 septembre

Bonjour-bonjour

 

« Pour sauver la planète, il faut aller jusqu’à la misère ».

Cette phrase a été entendue hier sur un plateau télé prononcée par Jean-Marc Jancovici qui soutenait ainsi que la pauvreté dont on nous menace régulièrement au cas où nous appliquerions les recettes des écolos décroissants est encore bien au-delà des possibilités dont notre planète dispose pour compenser nos prélèvements.

 

Je n’imagine pas trop la différence entre la pauvreté et la misère, sauf que j’imagine que les pauvres satisfont pauvrement leurs besoins, alors que dans la misère la faim, le froid et la maladie sont au programme. Et encore, j’imagine comme aujourd’hui la misère secourue – par exemple par des plans de sauvetage de l’ONU ; or si Jancovici a raison, pour limiter suffisamment nos prélèvements dans la nature, c’est l’humanité entière qui devra se retrouver à ce niveau. Dès lors, plus personne ne pourra secourir personne.

 

BRRrrrrrrrr… Comment empêcher que cela n’arrive ?

            * D’abord cela n’arrivera jamais, car l’instinct de survie qui est supérieur à tout raisonnement, fera que les plus puissants trucideront tous les individus surnuméraires afin de ramener la masse humaine au niveau de ce qu’elle peut raisonnablement demander à la nature.

Les nazis seraient-ils l'avenir de l'humanité ?

            * Pas forcement car il ne faudrait pas oublier que le rapport de l’homme à la nature est médié par le niveau culturel et technique. Par exemple, quand les premiers européens arrivèrent en Australie on admet que l’île-continent comportait 500000 habitants. Autrement dit l’Australie pouvait nourrir un demi-million d’humains en fonction des techniques des chasseurs-cueilleurs encore dominantes à l’époque. Quelques siècles plus tard l’Australie comporte comme on le sait un peu plus de 25 millions d’habitants et on n’entend pas dire que ce soit un problème de nourrir tous ces gens. 

Le niveau technique d’une population est déterminant dans la recherche de sa densité maximum, et à l’échelle des ressources de la planète le problème quoique différent revient à ça : comment exploiter les ressources naturelle sans empêcher leur renouvellement ?

Nous voilà ramenés à la transition écologique : c’est plutôt rassurant, non ?

…. Sauf que l’alternative c’est l’holocauste

samedi 10 septembre 2022

Que va devenir le chapelier de la Reine ? – Chronique du 11 septembre

Bonjour-bonjour

 

Pour ceux qui, comme moi, aiment quand l’actualité devient brûlante, faire un pas de côté pour voir ce qui surgit à la marge, il est un sujet qui s’impose : quid du chapelier de la Reine ?

C’est que ce chapelier dont on sait qu’il fut personnellement choisi pour être le créateur des couvre-chef de la Reine, spécialisé donc dans la création de ces chapeaux improbables doit se retrouver au chômage aujourd’hui : pour qui donc les ferait-il à présent ?

o-o-o

Dans quelle activité ce chapelier pourrait se reconvertir à présent ? 

            * Rester chapelier et fournir des chapeaux à Amélie Nothomb ? Quand on a œuvré pour la Reine on de condescend par à chapeauter une écrivaine fantasque. 

            * Peut-être fabriquer des nids pour les cigognes ? Il lui suffirait de reprendre la forme utilisée pour les chapeaux de la Reine et de la retourner.

 

Nous verrons bien. L’essentiel est ailleurs : la Reine a trouvé avec ses chapeaux une marque distinctive dont tous les monarques ont usé. Si vous êtes devant un tableau du 17ème siècle représentant dans un salon un groupe de gens habillés comme des nobles repérez celui qui porte un chapeau : c’est le Roi. Lui seul a le droit de rester couvert ; tous les autres doivent être tête-nue. 

--> Je suis sûr que même sans utiliser cette étiquette, la Reine d’Angleterre ne se permettait jamais de sortir sans son chapeau. On raconte que lors de sa dernière visite en France, on eut toutes les peines du monde à lui trouver une voiture française assez haute de pavillon pour lui permette d’y entrer sans retirer son chapeau. Imagine-t-on la Reine tête nue en voiture ?

Elisabeth II avait l’habitude de dire que ses chapeaux ainsi que la couleur de son tailleur étaient nécessaires pour que le public puisse la distinguer de loin. 

 


Du temps du Roi Soleil il fallait à tout prix que le Roi ait des signes qui le distingue de ses courtisans. Aujourd’hui, il faut simplement afficher son image.

Autre temps, autres mœurs. 

 

 

 

 

vendredi 9 septembre 2022

Et la nature dans tout ça ? – Chronique du 10 septembre

Bonjour-bonjour

 

Je tombe des nues mes chers amis : dans le compte-rendu de la visite du Président aux rencontres agricoles du Loiret, je lis qu’il attend du monde agricole qu’il satisfasse aux objectifs bien connus : nourrir les français tout en respectant l’environnement et en assurant l’indépendance nationale.

- Rien que de très normal me direz-vous. Qu’est-ce donc qui fait sursauter ? C’est que, pour parvenir à ces objectifs, c’est un bouleversement complet qui est demandé au monde agricole : il doit devenir celui des entrepreneurs du vivant. Oui, vous avez bien lu  « entrepreneurs du vivant » ; désormais nos agriculteurs ne travaillent plus la terre, n’exploitent plus les forêts, n’élèvent plus les troupeaux. Leur objet, leur matière première, c’est tout ce qui vit : ce qui pousse dans les champs, ce qui respire sur la terre, mais encore ce qui nage dans l’eau et puis aussi les arbres, les bosquets – et puis aussi la vie sous toutes ses formes, aussi bien celles qui existent que celles qui seront créées par diverses manipulations.… Et pour cela nos bonnes vieilles fermes doivent devenir de véritables entreprises, soumises à la logique entrepreneuriale. Le Président l’a d'ailleurs annoncé fièrement hier : un « réseau d'incubateurs d'entrepreneurs d'entreprises agricoles innovantes » richement doté sera mis en place.

 

Moi, je demande : et la Nature dans tout ça ?

Eh bien, je n’en sais trop rien, mais je redoute qu’elle ne soit plus du tout d’actualité – mais ça, ce n’est pas vraiment un scoop. Déjà en 1954 Heidegger dans son ouvrage « La question de la technique » dénonçait la façon dont les hommes avaient transformé la nature, lui refusant toute spécificité pour la définir en termes de stock dans lesquels nous venons puiser ce qui nous parait utile. Ce que Heidegger appelle « l’arraisonnement de la nature » consiste en effet dans cette opération qui transforme la nature en stock d’énergie à exploiter. (1)

L’ultime étape de ce processus réside dans le moment où l’homme lui-même devient un fonds à consommer. En sommes-nous arrivés là ? Je ne sais pas. En revanche je redoute que l’éviction de la nature au profit du vivant ne soit qu’un peu de poudre aux yeux, dans la mesure où on devine derrière tout ça une logique entrepreneuriale poussée à son paroxysme – 

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(1) Sur cette question, on peut lire ceci

jeudi 8 septembre 2022

La reine est morte – Vive le roi ! – Chronique du 9 septembre

Bonjour-bonjour

 

Oui, la Reine Elisabeth 2 est morte et beaucoup de britanniques ont le sentiment d’avoir perdu leur grand-mère.

- Leur grand-mère, peut-être – mais pas leur reine. Car celle-ci est immortelle en tant que dépositaire de la souveraineté qui constitue la part incorruptible des monarques ; Elisabeth 2 est morte mais elle s’est immédiatement réincarnée en la personne de Charles 3, son fils. Tel est le sens de l’adage « Le Roi (ou la Reine) est mort(e), vive le roi » signifiant que le roi succède à la reine dans l’instant même de son dernier souffle. Cette théorie distingue le corps naturel faillible, sujet à la maladie, à la décrépitude et à la mort – du corps social, qui survit à la mort du roi et des sujets, qui les incorpore, et n’est soumis ni à la maladie ni à la décrépitude.

Le théoricien qui a dégagé le premier cette conception (1) voulait montrer que cette représentation  de la souveraineté est directement issue de la théologie christique : Jésus est en effet à la fois homme et donc mortel, et en même temps Christ ressuscité qui trône à la droite du Père. « Le roi, dans son corps naturel et charnel, est un homme mortel tout comme Jésus de Nazareth, qui fut crucifié sous Ponce Pilate et mis au tombeau. Le même roi, succédant à son prédécesseur défunt (« le roi est mort, vive le roi »), oint lors du sacre, paré de ses insignes, de la couronne, du globe et du sceptre, est semblable au Christ ressuscité, tête de l’Église des croyants, qui est son corps sur terre » précise cet article de Wikipédia.

 

… Tout ça est bien beau, mais voilà que nous sommes en train de comparer le nouveau roi Charles 3 au Christ – rien que ça. 

 


o-o-o

- Que va-t-il devenir maintenant que sa maman n'est plus là ?

- Moi, ce qui m’intéresse c’est de voir comment les britanniques aux prises avec une crise économique sans précédent vont digérer cette perte. Vont-ils comme pour Diana se réunir afin de pleurer tous ensemble ? Ou bien sans attendre la fin de la trêve de 12 jours de deuil, vont-ils ressortir les banderoles et installer des piquets de grève ?

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(1) Il s’agit de Ernst Kantorowicz, professeur à Princeton, qui publia en 1957 « Les Deux Corps du roi. Essai sur la théologie politique au Moyen Âge », repris en Folio histoire n° 293.

mercredi 7 septembre 2022

Primum vivere deinde laborare - Chronique du 8 septembre

Bonjour-bonjour

 

Parmi les surprises qui accompagnent les bouleversements qui se succèdent depuis 2 ans, on trouve le mouvement, baptisé la « Grande démission » (the Great Resignation aux US), qui se caractérise par la démission de travailleurs et d’employés qui quittent un emploi pourtant stable. Venu des Etats-Unis où il entraine des pénuries de mains-d’œuvre et provoque une augmentation des salaires (voir ici), cette tendance se généralise maintenant aux pays développés dont la France.

Mouvement incompréhensible pour ceux qui en sont restés à l’époque du chômage de masse où un CDI paraissait être le Graal, il évoque pourtant quelques souvenirs dans les vieux cerveaux des boomers.  

- Rappelons-nous : nous étions en 1973, un film venait de sortir qui s’appelait « l’An 01 » : il décrivait une époque utopique où les gens refusaient de travailler, les seules activités encore en marche étant celles dont la nécessité était flagrante : le mot d’ordre était « On arrête tout et on réfléchit ».  Cette utopie était une critique du productivisme et de l’économie de marché. On croyait à l’époque que le refus du travail était la condition pour accéder à la liberté et au développement personnel. 

 

Aujourd’hui, c’est un peu de ce mouvement qui est ressuscité, avec ces travailleurs qui refusent de continuer à subir des conditions d’emploi jugées insupportables. Venu de la restauration durant le covid, quand on n’a plus retrouvé à la réouverture des restaurants des gens pour travailler en décalé tout en étant payé au lance-pierre, ce mouvement a fait tache d’huile dans tous ces emplois mal payés et éreintant tel que « les services à la personnes ».

--> Conséquence : plus personnes pour aller torcher les boomers qui croupissent dans les ehpads, ni pour tenir la caisse du Carrefour.

 

Ne croyez pas pour autant que ce serait là une révolte de « la France d’en bas ». Mon médecin me disait récemment que le manque de praticiens de ville tient aussi au fait que les jeunes médecins qui prennent aujourd’hui la succession des vieux ne voulaient plus travailler comme eux, 12 heures par jour et 6 jours sur 7. Eux aussi veulent du temps libre pour aller chercher leurs gamins à la sortie de l’école et des week-end avec les amis.

Primum vivere deinde laborare

mardi 6 septembre 2022

De l’amour comme lien politique – Chronique du 7 septembre

Bonjour-bonjour

 

La rentrée politique semblait terminée et puis voici deux des principaux compétiteurs de la Présidentielle qui sortent de leur silence ; il s’agit d’Éric Zemmour et de Jean-Luc Mélenchon. C’est à ce dernier que je consacrerai ce billet, en particulier pour l’injonction qu’il lance à tous ceux qui dans son parti seraient volontaires pour entrer en compétition en 2027 : Faites-vous aimer !

« Le premier qui déclenche une guerre civile [au sein du mouvement], il aura affaire à moi. (…) Il y a toujours des bonnes raisons pour déclencher des guerres... Mais voilà ma consigne : faites-vous aimer. Celui ou celle qui sera le plus aimé du grand nombre, vous verrez que cela vous paraîtra naturel de dire : 'allez, vas-y !' » (Interview dans Reporterre le 6 septembre)

 

Si vous voulez que l’électorat vous suive, faites-vous aimer des gens : le conseil parait évident, mais est-ce possible ? Et puis, est-ce nécessaire ?

            * Machiavel pensait l’inverse, expliquant qu’un Prince doit gouverner avec autorité, n’hésitant pas à inspirer de la peur. « Ne cherche pas à te faire aimer mais plutôt à te faire craindre, car il est incertain d'être aimé, mais certain d’être craint ». (1)

- Toutefois il s’agit pour lui de maintenir les sujets dans une attitude de fidélité, et non de les conquérir, ce qui semble être le propos de monsieur Mélenchon. Admettons donc son injonction.

            * La question principale est : « Comment se faire aimer ? » … Vaste sujet qui englobe toutes sortes de façon de provoquer l’amour : être plutôt un séducteur prompt à abandonner ses conquêtes comme Don Juan ? Être un homme d’État admiré mais lointain comme Charles de Gaulle ? Ou encore une âme généreuse qui aime et qui est tendrement aimée, comme l’était l’Abbé Pierre ? 

Devant ce foisonnement on se dit qu’il y a des cas où ce conseil a des chances d’être pernicieux ; mais surtout on se demande si l’amour est une bonne façon de créer du lien politique ?

Rappelons-nous en effet que, quoiqu’il pense de la démocratie représentative, c’est pour réussir dans ce cadre que monsieur Mélenchon propose l’amour comme ressort. Chaque citoyen est supposé avoir pour règle de voter non pas pour le plus efficace, ni pour le mieux placé dans l’action à entreprendre – mais pour celui qu’il aime.

Façon de dire que nous sommes désormais dans un démocratie émotionnelle, qualifiant ainsi un régime où ce sont les élans affectifs qui servent de moteur politique.
C’est dans le cadre de cette démocratie-là que monsieur Mélenchon à raison de dire à ses compagnons « 
Faites-vous aimer ! »

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(1) Je résume la pensée de Machiavel contenue dans le chapitre 17 du Prince. A lire ici.

lundi 5 septembre 2022

Refuser de passer l’aspi : bientôt un délit ? – Chronique du 6 septembre


Bonjour-bonjour

 

Verrons-nous bientôt des hommes appréhendés par la police, alors qu’ils avaient refusé de faire la vaisselle, parce que leurs compagnes ont porté plainte contre eux ?

… Bien sûr ce n’est pas encore vrai : mais ça va peut-être le devenir bientôt, si la proposition de Sandrine Rousseau est retenue. Celle-ci déclare en effet « travailler à un délit de non-partage des tâches domestiques » (Lire ici)

On imagine facilement qu’ils sont nombreux ceux qui, hommes ou femmes, sont révoltés par une telle judiciarisation des relations de couple ? Hé bien pas du tout ! Voyez plutôt : « Le guide d'achats Consolab, au travers d'un sondage Ipsos, s'est penché sur la perception des Françaises quant à l'idée d'un "délit de non-partage des tâches domestiques". Sur 1 992 personnes sondées, la proposition de Sandrine Rousseau est loin d'être jugée irraisonnée : 50% des femmes et 44% des hommes y sont favorables. » (Art. cité)

Le commentaire de tout cela doit donc être balancé : oui le partage des tâches domestiques reste à faire ; et non la loi ne devrait pas s’y intéresser.

Il y a donc plusieurs points à considérer :

            * D’abord les faits : on considère en effet que désormais l’égalité hommes-femmes passe par celle du partage des tâches domestiques. La pandémie a mis en évidence combien les femmes devaient s’affairer pour maintenir la maison en état pendant que leur conjoint piochait le clavier de son ordi bien après le télétravail, poursuivant indéfiniment des jeux pour adolescents. 

Il me semble d’ailleurs que cette reconnaissance est engagée depuis assez longtemps, puisque la même étude Consolab/Ipsos indique que 56% des femmes en couple sondées jugent leur conjoint "plus impliqué" que ne l'était leur père.

            * Ce projet est pourtant assez délétère, puisque soumettre le partage des tâches ménagères à une loi signifie qu’il ne peut être l’objet d’une transaction entre les époux : le partage 50/50 voulu par la loi n’est pas négociable. 

Plus encore : désobéir à une loi est par définition punissable : en cas de désaccord, la loi devrait protéger les femmes contre leurs feignants de maris, exactement comme elle le contraindra à payer leur pension alimentaire quand ils auront divorcé. Et c’est comme ça : la loi est la loi, elle est impérative quel que soit son contenu.


C’est là que ce projet parait pernicieux puisqu’il suppose que les femmes se sentent aussi menacées dans leur être par les hommes qu’ils les violent ou qu’ils leur laissent la charge du foyer. Et c’est là aussi qu’il faut être un peu méfiant : refuser une telle assimilation ne signifie pas que la charge mentale mise en question ne soit pas quelque chose de sérieux – et les femmes ont bien raison de le dire. 

Seulement aujourd’hui, en faire l’objet d’un délit judiciaire c’est complètement ringard : les réseaux sociaux sont beaucoup plus efficaces, comme en témoignent les affaires d’abus sexuel ou des hommes sont tombés alors que les faits dénoncés étaient prescrits.

Mesdames, allez-y ! Mettez sur Instagram votre selfie du w-e dernier :

Hello Tribu Vu ici