Alors que Jean-Michel Bérégovoy, adjoint EELV au maire de la ville de Rouen s’inquiétait : « On souhaite que des études précises de la qualité de l'air soit réalisées. Il y a 8000 mètres carrés de matière amiantée dans l'atmosphère. C'est énorme », le Préfet quant à lui écartait tout risque : « Dans l'air, il n'y a pas d'inquiétude à avoir, c'est tout à fait clair. Par contre, il y en a sur le site de l'usine et il va y avoir un travail de restauration très poussé à mener. » (Lu ici)
Ecoutons le Préfet : « C’est tout à fait clair » ; voilà une expression qui incite à la modération ; c’est une rhétorique qui n’est pas un simple ornement du discours mais bien un acte visant à emporter l’adhésion.
Le procédé utilisé par le Préfet consiste à affirmer une chose comme une évidence dont la lourde présence est encore dans tous les esprits. Une chose à la quelle l’interlocuteur se doit d’adhérer, qu’il ne peut songer à nier pas plus qu’une réalité objective.
« C’est tout à fait clair »… Reste à repérer ces modérateurs lorsqu’ils sont à l’œuvre. On a vu que l’évidence objective était sollicitée pour emporter l’adhésion comme lorsqu’on dit : « On voit bien que… », ou alors : « S’impose alors l’idée… »
Attention ! Il ne s’agit pas de conclure un raisonnement en bonne et dûe forme, et qui pourrait se formuler par C.Q.F.D. ; il s’agit d’une évidence de l’ordre de l’intime conviction, qui s’impose intuitivement à chacun et donc aussi à tous. On aurait le même effet avec un modérateur d’unanimité : « Tout le monde sera d’accord pour dire » ; ou plus vague : « On sait tous que… »
Mon voisin qui ne s’embarrasse pas de rhétorique procède de la même façon : « Vous êtes bien d’accord avec moi, M’sieur ? » C’est un peu rustique comme manière, mais au fond ça ne change rien. On est prié de s’aligner.
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